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Louis de Bourbon - Les descendants du Roi-Soleil

Dimanche 13 juin, dans la chambre de l’hôtel particulier, sur la Ve Avenue, où ils sont accueillis à New York. A la naissance, Louis (devant), pesait 3,34 kilos. Alphonse avait 36 grammes de plus. C’est peut-être ce qui l’a retardé...
Dimanche 13 juin, dans la chambre de l’hôtel particulier, sur la Ve Avenue, où ils sont accueillis à New York. A la naissance, Louis (devant), pesait 3,34 kilos. Alphonse avait 36 grammes de plus. C’est peut-être ce qui l’a retardé... © Pascal Rostain
Entretien à New York avec Olivier O’Mahony , Mis à jour le

A New York Louis de Bourbon, le prétendant à la couronne de France, nous présente ses jumeaux.

­­­­­­­­­«Vous tombez pile poil pour la fin des biberons ! » Jean, baskets, chemise à carreaux, le prince Louis de Bourbon déboule dans le hall de la résidence new-yorkaise où il a posé ses valises il y a sept mois. Avant de le rencontrer, j’avais demandé à son secrétaire particulier, Xavier Bureau, comment s’adresser à lui. « Appelez-le, “Monseigneur”, ce serait parfait », m’avait-il répondu comme une évidence. Sauf qu’en voyant débarquer ce gaillard souriant de 1,90 mètre, au look très hidalgo et au fort accent espagnol, cela ne m’est pas venu à l’esprit un instant. En exclusivité, il nous présente Louis, l’aîné de ses jumeaux, dauphin de France .

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Paris Match. Que vous êtes-vous dit quand Louis est né ? “Vive la France” ?
Louis de Bourbon. J’étais d’abord très ému en tant que père, et puis, en effet, je suis conscient de l’importance d’avoir un héritier mâle. Je remercie Dieu de m’avoir envoyé deux garçons. Je suis heureux que ma lignée continue...

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Comment allez-vous éduquer le dauphin ?
Exactement comme mes parents m’ont élevé, c’est-à-dire de façon normale. Entre jumeaux, c’est toujours mauvais de dire à l’un qu’il est l’aîné et à l’autre le cadet, donc les deux seront traités pareil. Progressivement, j’essaierai de leur transmettre l’héritage Bourbon.

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Vous avez l’air d’être un pur produit de votre époque, vous ne portez pas votre chevalière avec blason, êtes-vous vraiment monarchiste ?
Oui, mais pas antirépublicain.

Vous vous voyez monter un jour sur le trône de France ?
Si les Français m’appellent, je ne me déroberai pas. Mais je ne revendique rien.

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Vous en sentez-vous capable ?
Je me sens prêt. Ce sera un changement de vie important, bien sûr, mais les grandes responsabilités ne me font pas peur. Marguerite, ma femme m’aide. Quand elle s’est mariée avec moi, elle savait qui elle épousait. Elle m’accompagnera là où j’irai. Elle prend des cours de français à l’Alliance française au cas où...

Si vous devenez roi de France, quel est votre programme ?
Je vois une monarchie constitutionnelle à l’espagnole, avec un roi qui fait office d’autorité morale, d’ambassadeur de son pays à l’étranger, garant de l’unité du pays, rappel de l’Histoire.

Dans l’esprit des Français, le prétendant au trône de France est le prince Henri d’Orléans, fils du comte de Paris, pas vous !
Le comte de Paris a intenté un procès à mon père pour contester son titre de duc d’Anjou et ses armes “pleines” [les trois fleurs de lys], et la Cour de cassation lui a donné tort en 2003. Depuis, les choses sont claires, et comme je viens d’avoir un héritier mâle, je le présente à la France.

Ne craignez-vous pas de rallumer la querelle ancestrale entre les Bourbons et les orléanistes ?
Je ne cherche de querelle à personne et n’ai aucun ressentiment. Aux célébrations des quatre cents ans de la mort d’Henri IV, j’ai revu le prince Jean, le fils d’Henri d’Orléans, et ça s’est très bien passé entre nous.

Mais on vous reproche d’être espagnol. Êtes-vous français aussi ?
Les deux ! J’ai un passeport français. Ce qui est dommage, c’est que le nom Bourbon soit tombé dans l’inconnu en France. L’autre jour, je suis allé au consulat français de New York inscrire mes enfants. J’ai fait la queue comme tout le monde, et quand j’ai décliné mon nom, je voyais bien qu’il ne disait rien à la dame qui s’occupait de moi. Il y a deux cents ans, elle n’aurait pas réagi ainsi...

Avez-vous beaucoup vécu en France ?
Non, mais ce n’est pas faute d’avoir essayé. A la fin des années 80, mes parents m’ont inscrit au lycée Passy-Buzenval, à côté de chez ma mère qui habitait à Garches. Et puis mon père est mort accidentellement en 1989. Ce fut dramatique et, pour m’aider à me reconstruire, ma mère a préféré m’envoyer chez ses parents à Madrid, ce qui m’a fait beaucoup de bien. Jusqu’à ma majorité, j’ai donc été isolé de la France, mais pas coupé. J’étais au lycée français. Mes grands-parents maternels, très proches de mon père, m’ont encouragé à prolonger son héritage, entretenir le contact avec ses amis. Ils me parlaient beaucoup de la France. Pendant ce temps, ma grand-mère paternelle assurait la “régence” en me représentant à certains événements. A 18 ans, j’ai joué pleinement mon rôle de prétendant au trône de France. Aujourd’hui, j’y viens quatre ou cinq fois par an, pour des occasions importantes.

Quand avez-vous réalisé que vous étiez prince ?
Lors du millénaire capétien, en 1987. J’avais 13 ans. Je voyais mon père sollicité de toutes parts. J’ai compris qu’au-delà de sa vie professionnelle [il était vice-président du Banco Exterior après avoir été ambassadeur d’Espagne en Suède], il représentait quelque chose d’important. Mais il est parti trop tôt. Je n’étais pas l’aîné de la famille. Le prétendant, c’était François, qui est mort en 1984, et il s’est passé trop peu de temps entre ce décès et celui de mon père pour que celui-ci me transmette tout ce qu’il savait. Je le regretterai toujours.

La France a-t-elle vraiment besoin d’un roi ?
Pourquoi pas ? Pour moi, la ­monarchie est une forme de continuité, un lien avec l’Histoire. C’est une notion évolutive, moderne. Avec la mondialisation, on perd parfois le nord... La monarchie est un repère. Vous ne pouvez pas vous construire un futur si vous ne connaissez pas votre passé.

Comment cela ?
Prenez le général Franco. C’est mon arrière-grand-père. Ma grand-mère maternelle, dont j’étais très proche, était sa fille unique. Le gouvernement espagnol actuel fait tout pour effacer son héritage. On abat des statues, on rebaptise des rues, et c’est regrettable. Franco a créé la classe moyenne en Espagne, il a créé des forêts, des lacs et des routes, il a empêché que le pays n’entre dans la guerre et que le communisme s’installe. Évidemment il y a eu la guerre civile, mais il ne l’a pas voulue. Il ne faut pas gommer l’Histoire. Ce n’est pas parce qu’on n’aime pas la monarchie qu’il faut la faire oublier. Sans elle, Versailles ne serait pas là !

Mais vous savez bien qu’en France, depuis la Révolution, la monarchie n’est guère populaire...
La Révolution française, comme la guerre civile en Espagne, fut un moment très délicat de l’Histoire où les familles se sont entre-déchirées. C’est affreux, mais le mal est fait.

Mais où vous situez-vous, dans ces épisodes dramatiques de ­l’Histoire ?
Ce n’est pas mon rôle de ­prendre parti. A droite comme à gauche, il y a du bon et du mauvais. Mon rôle est de rappeler que la monarchie a fait de grandes choses. Henri IV, par exemple, a unifié la France et jeté ses bases économiques. Il est important de le rappeler, et je ne suis pas sûr que les manuels scolaires le fassent bien.

"Je ne vote pas"

Vous suivez la politique française ?
Je ne vote pas, autant par goût personnel que par souci de rester au-dessus des partis. Cela dit, dans mes déplacements en France, je me sens aussi bien accueilli par les représentants de droite que par ceux de gauche. Je me souviens d’une manifestation à Lyon où j’ai été salué très sympathiquement par des élus communistes.

A quoi rêviez-vous quand vous étiez enfant ?
A rien de particulier. J’ai toujours aimé l’économie, voilà pourquoi j’ai suivi un cursus en finance après le bac. Je suis rentré dans la banque, chez BNP Paribas d’abord, puis dans la banque de mon beau-père, à Caracas, dont je suis vice-président chargé de l’international.

Des passions ?
Oui, le sport. J’aime tout : le ski, le polo, le hockey sur glace, le rugby, la course à pied, le tennis, la pêche sous-marine, la chasse, le squash, la planche à voile... J’ai fait le Raid Gauloises et deux fois le marathon de New York. J’adore l’action.

Avez-vous besoin de travailler pour vivre ?
Oui, je n’ai pas de fortune personnelle ni de château ! Quand je vais à Paris, je loge chez ma mère, qui vient d’acheter un petit appartement, ou chez des amis.

Où habitez-vous aujourd’hui ?
A Caracas, depuis mon mariage, il y a bientôt six ans, avec Marguerite. Nous nous sommes rencontrés par l’intermédiaire d’un ami, à Malaga. Elle était de passage en vacances, ce fut le coup de foudre immédiat. Elle avait 17 ans, moi 26, j’ai tout plaqué pour la suivre. Depuis le début de l’année, elle habite New York pour des raisons de sécurité, car à Caracas on vit avec des gardes du corps et roule en voiture blindée, tant les enlèvements sont fréquents. Je fais l’aller-retour chaque week-end pour la retrouver, ce qui n’est pas simple car les vols directs sont rares. En plus, je n’aime pas l’avion !

Quelles sont vos chances de ­devenir roi de France ?
Je ne sais pas, ce n’est pas un chemin facile. Peut-être que de mon vivant c’est optimiste, mais ce n’est pas très grave. Je travaille aussi pour mes enfants...

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