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saint Martin de Tours, personnage européen, symbole du partage

Etapes de la vie de Saint-Martin

La figure de Saint Martin de Tours est inscrite dans la culture européenne depuis le IVe siècle. Ce personnage, fondateur du monachisme occidental et figure symbolique du partage, est né en 316 ou 336 en Pannonie, actuelle Hongrie, de parents païens. Après une enfance passée à Pavie, en Italie, il fut enrôlé dans l’armée romaine. Suite à sa conversion au christianisme en 337, il obtint en 356 de quitter l’armée à Worms, en Allemagne. Il se mit alors au service de Saint Hilaire, évêque de Poitiers, en France, qui le forma avant son retour dans sa Pannonie natale où il convertit sa mère au christianisme. Après un séjour à Milan, en Italie, il partit s’isoler sur l’île de Gallinaria, sur la côte ligure. De retour auprès de Saint Hilaire, il s’installa comme ermite près de Poitiers et fonda le Monastère de Ligugé, premier monastère occidental. Enlevé par les Tourangeaux, il fut élu évêque de Tours le 4 juillet 371. Il fonda un nouveau monastère à Marmoutier, près de Tours. Il mourut le 8 novembre 397 à Candes et fut enterré à Tours le 11 novembre.

Basilique Saint-Martin à Tours (F)
Au-delà de ce parcours de vie européen, la figure de Saint Martin fait aussi l’objet de culte dans toute l’Europe comme en témoigne un ensemble patrimonial exceptionnel et très varié. Près de 3700 monuments lui sont par exemple dédiés en France, plus de 500 en Espagne, 700 en Italie, 350 en Hongrie tandis que 12 cathédrales portent son nom en Europe. A Canterbury, la première église anglicane est sous son vocable et il fut pendant près de mille ans patron des rois de France mais aussi de nombreux pays européens. A ces lieux de culte et à l’immense patrimoine architectural qu’ils constituent, est associé un patrimoine immatériel, qui, s’il est oublié en partie dans certains pays, est encore très vivace ans dans d’autres régions, et ce sous des formes aussi variées que des chansons, dictons, des habitudes culinaires et agricoles, des fêtes populaires, comme l’été de la Saint Martin, des croyances…

Enfin, la dimension du partage, valeur commune de l’Europe, est au cœur de cet itinéraire. En effet, Martin de Tours est connu pour avoir partagé son manteau afin d’en donner la moitié à un pauvre qui mourait de froid. Cet épisode de sa vie, profondément lié à sa conversion au Christianisme, a très rapidement revêtu une signification symbolique et religieuse, incarnant les principes de charité chrétienne. Au-delà de la valeur chrétienne incarnée par la figure de Saint-Martin, il a semblé cependant fondamental, dans le cadre des principes et des valeurs défendus par le Conseil de l’Europe, d’en explorer les implications contemporaines d’un point de vue philosophique, social, géopolitique et culturel. C’est donc dans un esprit de dialogue interculturel et d’échange qu’elle est entendue, approfondie et expliquée.
Le partage du manteau

du local à l’européen

Installés à Tours, les porteurs de projet ont entrepris, en étroite collaboration avec les collectivités locales et régionales, la mise en place d’itinéraires de randonnée qui parcourent la Touraine sur les pas de Saint-Martin. Il s’agit de valoriser le patrimoine martinien de ce territoire profondément marqué par le passage de cette grande figure, tout en donnant à ces itinéraires locaux une dimension européenne par un souci d’interprétation et de médiation reliant les sites par des jumelages fondés sur les époques et les styles. Le Chemin de l’Eté de la Saint-Martin a été inauguré en novembre 2005 tandis que le Chemin de l’évêque de Tours, qui relie ainsi Poitiers à Tours sur une distance de 230 km autour de l’histoire de l’enlèvement de Saint-Martin a été inauguré en juillet 2006.

Au-delà de ces itinéraires fortement ancrés dans le territoire du département de l’Indre-et-Loire, le Centre Culturel Européen Saint-Martin de Tours, qui a été inauguré en septembre 2005, travaille activement au développement d’itinéraires transnationaux et à la mise en réseaux de sites significatifs du patrimoine martinien. Ce travail de coopération s’appuie sur une démarche d’inventaire de ce patrimoine en Europe et sur une enquête concernant les traditions et le folklore liés au culte de Saint-Martin en Europe. Scientifiques et écoles sont associés dans cette démarche qui vise aussi à une sensibilisation des plus jeunes générations.

Un Réseau des Villes et Territoires Martiniens a été constitué et des structures culturelles relais se mettent en place, comme c’est le cas à Pavie en Italie, à Szombathely en Hongrie, à Ljubljana en Slovénie, en Croatie, aux Pays-Bas ou encore en Belgique. Trois grands parcours ont d’ores et déjà été établis, reliant Tours à la région natale de Martin en Hongrie, en passant par l’Italie, mais aussi à Luxembourg et Trèves en passant par Paris et enfin à Saragosse en passant par Ligugé et Bordeaux.

Une charte de signalétique européenne, a été définie en 2005. Le balisage des chemins existant est matérialisé par des bornes s’inspirant de celles qui existaient à l’époque de Saint-Martin le long des voies romaines, tandis qu’un clou de bronze, création contemporaine du sculpteur Michel Audiard, Le Pas de Saint-Martin, est apposé sur les monuments qui lui sont dédiés ou qui sont liés à son histoire. Des panneaux culturels ont vocation à expliquer l’histoire et le site en question dans le contexte de l’itinéraire européen. Une charte européenne d’éclairage du patrimoine dédié à Saint-Martin, préparée par Pierre Bideau, propose enfin aux différents pays européens une suggestion de mise en lumière commune fondée sur une analyse des couleurs liées à Saint-Martin dans l’iconographie européenne.

orientations et perspectives

La notion de partage, qui constitue un élément particulièrement significatif au regard des valeurs défendues par le Conseil de l’Europe, fait l’objet d’une réflexion qui se concrétise par les Journées Européennes du Partage qui se tiennent chaque année du 8 au 11 novembre. Une préfiguration de cette action à vocation européenne a eu lieu en 2004 à Tours où, à l’occasion de l’été de la Saint-Martin, une opération de sensibilisation des enfants des écoles primaires au concept de partage a permis de collecter trois mètres cubes de jouets que la Croix Rouge a été chargée de redistribuer aux associations caritatives impliquées. Une table Ronde rassemblant des représentants de différentes religions et d’associations caritatives a permis de poser les bases de la signification du geste de Saint-Martin pour l’Europe d’aujourd’hui. Au-delà de la valeur religieuse du partage, ce sont ainsi les implications civiles et citoyennes de cette action qui sont ressorties de cette première approche. D’autres réunions permettront de poser les fondements philosophiques et éthiques de la notion de partage, afin d’en apprécier toutes les conséquences contemporaines, du partage de l’eau et des ressources naturelles, en passant par le partage du savoir, des informations et du patrimoine…

Départ des bateaux de Candes-Saint-Martin (F), été de la Saint-Martin 2004

L’histoire de Saint-Martin de Tours est intrinsèquement liée à celle du continent européen et les passerelles sont donc nombreuses entre cet itinéraire et d’autres voies européennes. Les problématiques liées à la valorisation et à l’interprétation du patrimoine religieux sont communes par exemple aux Chemins de Pèlerinage ou encore à l’Art roman. Par ailleurs, certains parcours d’itinéraires culturels se rencontrent et se recoupent, et ce notamment à Tours, ville de croisement, avec la Via Regia, la Via Carolingia ou les Chemins de Saint Michel. Le travail en synergie avec ces autres acteurs du Programme des Itinéraires culturels est donc envisagé et des premiers contacts ont pu être pris en vue d’une plus étroite coopération.

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