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Le PAPE DICTATEUR par Marc-Antoine Colonna -45-

De quoi s’agissait-il ?

Le 7 juin 2015, ces mesures extrêmes ont été interrompues de manière inattendue : le Père Fidenzio Volpi a été victime d’un accident vasculaire cérébral. Il a été hospitalisé immédiatement mais est décédé à 11h00 ce jour-là. Le nouveau Commissaire choisi pour l’Institut était le Père Salésien Sabino Ardito, avocat canonique, qui a poursuivi la même tâche, mais avec une approche plus modérée. Au moment d’écrire ces lignes, l’état complet – y compris les membres qui restent – de l’Ordre est inconnu. Les dernières nouvelles sont qu’au moins quinze maisons des FFI ont été fermées, 60 Frères ont officiellement demandé à être libérés de leurs vœux – on ne sait pas combien sont simplement partis – et au moins quelques maisons des Sœurs auraient refusé des vocations à cause de la crise. Le nouveau Commissaire se prépare à réécrire les constitutions de l’Ordre pour abolir la consécration spéciale à Marie, une disposition qui avait été approuvée par le Pape Jean-Paul II. Il est également proposé de changer le vœu de pauvreté absolue afin que l’Ordre puisse à l’avenir posséder des biens ; l’objet de ceci semble être de permettre au Vatican de contrôler l’Ordre par ses biens.

Les lettres et les actions du Père Volpi ont fourni des éclaircissements sur un point : « L’intervention chez les Franciscains de l’Immaculée a été précipitée par leur attachement croissant aux positions théologiques Catholiques Traditionnelles et pas seulement à la Messe latine traditionnelle. » [Emphase dans l’original.] Alors que de nombreux catholiques ont tenté de minimiser la participation et l’approbation de l’affaire par le Pape François, la dissolution continue de l’Ordre après la mort du Père Volpi, en particulier après tant d’interventions des fidèles faisant appel au pape, ne peut laisser que peu de doutes.

Le Vaticaniste Sandro Magister a écrit au sujet de « l’étonnement » du monde catholique face à l’attaque du Vatican contre l’ordre, disant que « les Franciscains de l’Immaculée sont l’une des communautés religieuses les plus florissantes nées dans l’Église Catholique au cours des dernières décennies ». Mais il est à noter que les religieux nommés pour superviser la prise en charge étaient eux-mêmes membres de congrégations en déclin rapide, y compris les Capucins du Père Volpi et les Salésiens du Père Ardito. Alors que les Franciscains de l’Immaculée ont connu une croissance exponentielle en seulement un peu plus de quarante ans, les Frères Mineurs ont subi une chute des vocations, passant de 27 009 membres en 1965 à 15 794 en 2005, soit une baisse de 41%. Il convient de se demander si c’est bien le succès même de l’approche plus traditionnelle des FFI qui a attiré la colère des "progressistes" dont l’expérience de 50 ans semble avoir échoué.

Cette spéculation a été répétée en septembre 2016 par le Vaticaniste Giuseppe Nardi, qui a écrit : « Le Commissaire et le chef de la Congrégation des Religieux ont confirmé ce que les observateurs soupçonnaient depuis le début : La raison en était la caractéristique de l’Ordre mentionnée ci-dessus. Un ordre de rite nouveau, qui s’était déplacé vers le rite traditionnel, attirait de nombreuses vocations de jeunes et attirait de plus en plus l’attention d’autres ordres de rite nouveau, qui commençaient à s’intéresser à cette "histoire à succès", un tel ordre ne devrait évidemment pas exister. » La destruction des FFI a été un message bien reçu par ces autres ordres qui ont pris soin de garder la tête basse.

Dans tout cela, l’attitude du Pape François a été typiquement opaque. Il a fait la sourde oreille aux innombrables pétitions et supplications des Frères et des fidèles, assis comme spectateur olympique des forces en conflit au sein du Vatican (José Rodríguez Carballo et le Cardinal Braz de Aviz), qui étaient en position de pouvoir mais avec un arrière-plan discutable. Aucune preuve canonique formelle n’a jamais été faite contre le Père Manelli, les allégations informelles sont restées sans fondement et aucun tribunal ecclésiastique ou laïc n’a condamné Manelli pour comportement inapproprié. Mais même les conclusions contre son propre Commissaire par les tribunaux séculiers n’ont pas suscité de réponse de la part du Pape.

De nombreuses questions demeurent, mais la plus urgente est peut-être la première : quel était le véritable motif de l’attaque contre les Frères et Sœurs Franciscains de l’Immaculée ? Si ce n’était pas la question liturgique, pourquoi était-ce la première chose à restreindre ? Pourquoi n’a-t-on jamais donné d’autre raison ? Pourquoi n’a-t-on pas abordé le fait que le décret du Cardinal Braz de Aviz s’oppose au Summorum Pontificum, un décret papal ?

Ces questions sont d’autant plus aiguës que l’affaire des Frères Franciscains de l’Immaculée est comparée à celle des Légionnaires du Christ. Le premier institut a été fondé par le bon Manelli, qui a fait renverser toutes les accusations portées contre lui par les tribunaux laïcs ; le second a été fondé par Marcial Maciel, toxicomane sexuellement libertin, qui a consacré son temps entre ses maîtresses à amasser une fortune avec les dons des riches. Peu d’organismes représentaient plus que les Légionnaires l’alliance de l’Église avec le capitalisme contre lequel le Pape François a lancé des condamnations répétées. En revanche, les Franciscains de l’Immaculée étaient des enfants dans le monde de la politique ecclésiastique. Ils ont suivi saint François en plénitude, dans leur pauvreté authentique, dans leur innocence hors du monde et dans leur dévouement à une vocation spirituelle. C’est là que se trouvait « l’Église des pauvres » que le Pape François appelait de ses vœux au début de son règne.

Dans le cas des Légionnaires du Christ, les allégations contre le fondateur et une explication des mesures qui devaient être prises ont été fournies publiquement dès le début. Le Cardinal Velasio de Paolis se comportait comme un père bienveillant envers les Légionnaires, même si leur charisme était très différent du sien.

Lorsque le Cardinal Joseph Ratzinger a été élu Pape en 2005, il a personnellement pris la décision d’enquêter sur l’affaire Marcial Maciel, fondateur des Légionnaires du Christ. Un comportement immoral grave, étayé par des preuves devant les tribunaux laïques et ecclésiastiques, était allégué et devait être traité. Benoît XVI n’a pas puni la Congrégation dans son ensemble, mais il a soigneusement et méticuleusement essayé de tamiser les effets que la mauvaise influence du fondateur avait eus, et quelles parties du charisme pouvaient être conservées. C’est la ligne qu’a suivie le Cardinal de Paolis. L’enquête a été longue et difficile, mais elle a été clôturée au début de l’année 2014.

Lorsque Jorge Bergoglio a été élu Pape en 2013, il a approuvé l’enquête sur les Frères de l’Immaculée. Aucune accusation officielle n’a été portée contre le fondateur, le Père Stefano Manelli, et aucune preuve n’a été produite. Une campagne a fait surface dans les médias pour calomnier le Père Manelli, qui a été puni d’assignation à résidence et n’a pas eu l’occasion de se défendre. En même temps, son ordre était dirigé tyranniquement par un père Capucin qui a fait crouler l’ordre par terre et s’est mis dès le début à détruire un élément significatif du charisme de l’Institut, le vieux rite de la Messe.

En reflétant cette différence de traitement, on ne peut que constater une différence dans les capacités mondaines des deux instituts. Les Légionnaires du Christ se sont distingués dès leur fondation par leurs rapports étroits avec les riches donateurs et les institutions financières, et les dons somptueux qu’ils ont faits au Vatican ont été la raison pour laquelle les accusations contre leur fondateur ont été longtemps bloquées et réprimées. Les faits parlent d’eux-mêmes, et nous voyons lequel de ces enfants de l’Église a connu la miséricorde et lequel a reçu une sévérité rarement rencontré dans un autre ordre.

(traduit de l'anglais : The Dictator Pope (Marcantonio Colonna) )

>>> Le PAPE DICTATEUR par Marc-Antoine Colonna -44-
>>> Le PAPE DICTATEUR par Marc-Antoine Colonna -46-

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Montfort.
On ne peut pas se figurer ni se représenter, étant encore sur la terre, ce qu'est le bon Dieu ;
On peut désormais se figurer ce qu'est l'Antéchrist puisque le collectif Vatican II est passé et que le personnel est là !