Luther eut-il en partie raison ?
Le 31 octobre 1517, Martin Luther placarde sur les portes de l’église de la Toussaint de Wittemberg ses 95 thèses condamnant violemment le commerce des indulgences pratiqué par l’Église catholique, et plus durement encore les pratiques du haut clergé — principalement de la papauté.
En 1518, Luther est convoqué à Augsbourg où il rencontre le légat du Pape, le cardinal Cajetan. Le dialogue entre le grand commentateur thomiste et l’Augustin est voué à l’échec. Léon X poursuit cependant ses efforts et il nomme Karl von Miltitz nonce apostolique qui demande à Luther de renoncer à attaquer les indulgences. Bien que Luther ait acquiescé, la rupture est déjà consommée. Depuis 1517, Luther a une autre vision du salut par la foi et de la mission de l’Église. Le pape Léon X pense, pour sa part, qu’il a épuisé toutes les méthodes pour ramener le moine récalcitrant à plus de douceur dans ses attaques ; de plus, il croit que le fond du problème n’est qu’une vive discussion entre dominicains et augustiniens. Exaspéré et préoccupé par l’avance des Turcs en Europe, il lui ordonne de se rétracter par la bulle pontificale Exsurge Domine, mais Luther la brûle en public et rompt avec l’Église catholique. Un an plus tard, commence contre lui un long procès qui aboutira à son excommunication. Convoqué en avril 1521 devant la diète de Worms, Martin Luther refuse à nouveau de se plier aux exigences de l’Église. Il est mis au ban de l’Empire, ce qui signifie que n’importe qui peut le mettre à mort impunément. Mais Luther jouit déjà d’un fort secours populaire et il a des amis politiques qui le protègent.
Aujourd’hui, devant ces événements, on peut penser que Luther a été injustement condamné et qu’en plusieurs points, il avait peut-être raison !
Luther avait peut-être raison...
Dans l’année où Luther affiche la proclamation de ses 95 thèses, le Concile de Latran V se termine. Ce concile voulu par Léon X avait comme visée une réforme de l’Église. Depuis longtemps, on considérait et réclamait une réforme qui toucherait autant «la tête que les membres». La situation officielle de l’Église ne pouvait pas être mieux décrite que par ce document officiel commandé par Paul III. Ce Pape qui ouvrira le Concile de Trente avait créé une commission de neuf personnes indépendantes de la Curie où se retrouvaient Gasparo Contarini, un diplomate vénitien laïc créé cardinal en 1535, Reginald Pole, cousin et adversaire de Henry VIII, Jacques Sadolet, évêque humaniste de Carpentras et d’autres personnalités religieuses et laïques. La commission travailla en secret en 1536 et remit son rapport au Pape le 9 mars 1537. Ce rapport officiel qui reçut le nom de Consilium décrivit, sans ménagement, les maux de l’Église. Dès le début, le rapport s’adressant au Pape ne craint pas d’écrire : « Certains papes, tes prédécesseurs […] se sont trouvé des maîtres selon leurs désirs […] pour enseigner que le Pape est le maître de tous les bénéfices et que dès lors, puisque c’est à bon droit que le maître vend ce qui lui appartient, il ne peut tomber dans la simonie. Ils ont enseigné aussi que la volonté du Pape, quelle qu’elle soit, est la règle directrice de ses opérations et de ses actions : le résultat indubitable est que tout ce qui lui plaît lui est aussi permis1». Ce constat des maux de l’Église rejoignait le même diagnostic lors du discours d’ouverture du Concile de Latran V le 15 mai 1512, prononcé par Gilles de Viterbe, le général des Augustins. Viterbe était «l’un des esprits les plus éminents de son temps». Il émut son auditoire jusqu’aux larmes en montrant que l’Église «avait abandonné la lumière originelle» de son Fondateur et il dénonçait comme cause de la corruption «la richesse ecclésiastique dont l’origine remonte à l’officialisation du christianisme jusqu’alors pauvre et martyr2.
Il n’était pas le premier : une assemblée de notables, lettrés et gens de zèle, convoquée à Tours à la demande de Charles VIII en 1493, sonnait, à sa manière, la même alarme.
Je résume : trafic des choses saintes, abus des indulgences, des pardons ou des quêtes, vénalités du culte, vagabondage des moines, insolence des «prêcheurs ignares, de méchante vie» ou scandale des ordinations achetées, sacerdoce rempli par des clercs sans vertu, sans lettres, vicieux, fidèles dévorés par les exactions des juges d’Église. Se plaçant sur un autre registre, l’assemblée déplore l’absence de synodes, la suppression des élections traditionnelles aux charges ecclésiastiques, la violation du droit par dispenses et exemptions de toute sorte et, bien sûr, le ravage des commendes qui donnent des mercenaires et non pas des pasteurs. La base de tout, conclut Imbart de la Tour, est «cette dissolution intérieure qui, depuis deux siècles, par le progrès de l’individualisme, sous l’action combinée de la politique et des intérêts de classe, la rivalité du pape, du roi, des féodaux, détruit, avec toute garantie législative, cet équilibre de libertés et de forces qui avaient constitué le catholicisme médiéval, idéalisé peut-être, grâce au recul du temps3.
Ces constatations, qui sont récurrentes dans l’Église dans la mesure où elles s’attaquent principalement aux conditions extérieures des actes des personnes en autorité, méprisent souvent les causes plus profondes. A l’époque de Luther, on subit encore les influences très fortes venues des universités presque entièrement livrées au nominalisme d’Ockham, au laïcisme rampant avec Marsile de Padoue (1275 ou 1280-env. 1343) et John Wyclif (1328-1384), influences que le Grand Schisme d’Occident (1378-1417) a accentué avec sa suite, le conciliarisme4. Cette Église, depuis le Schisme d’Orient (1054), perdait peu à peu sa gloire. Ne lui reprochait-on pas cette victoire de l’empire Ottoman ? N’aurait-elle pas dû combattre les Turcs dont la victoire menaçait l’Europe ?
Les thèses d’Ockham sur l’Universel se répandirent dans l’enseignement de toutes les matières, même en philosophie politique. Il n’est plus possible de concevoir une autorité politique qui serait de «droit divin», même pas celle du Pape. «D’une manière générale, le problème de la vérité de la foi ne peut être lié à celui des structures de l’Église, quelles qu’elles soient. Ni le pontife romain ni l’Église romaine ne sont infaillibles. Le concile général ne l’est pas davantage, car l’Écriture ne garantit que l’infaillibilité de l’Église universelle, et la sauvegarde des vérités de foi peut aller jusqu’à être confiée à un petit nombre de ses membres, voire à un seul5. »
S’il en est ainsi chez Ockham, on ne peut être surpris de Marsile de Padoue, le Defensor Pacis qui chante l’hymne de la souveraineté du peuple et qui devient un critique acerbe de l’Église. Pour lui, l’Église n’est qu’une assemblée inorganique de chrétiens qui doivent trouver leur structure dans l’organisation civile. S’il détruit toute la vérité de l’autorité hiérarchique, Marsile de Padoue ajoute que, si elle persiste, l’autorité du Pape qui ne s’exerce qu’en matière spirituelle n’est cependant pas absolue. Elle doit s’appuyer sur un ensemble de chrétiens qui se réunissent pour discuter et approuver ses directives. C’est le début des thèses du Conciliarisme. Ces thèmes “laïcisants” et ces critiques contre le Pape feront l’objet des pages les plus radicales écrites par Luther, principalement dans ses lettres écrites en allemand à l’attention de tous les publics : La captivité babylonienne de l’Église et dans La Lettre à la noblesse allemande.
John Wyclif émet des thèses audacieuses sur l’Eucharistie où il rejette la transsubstantiation et sur l’Église qu’il considère comme une communauté de prédestinés n’ayant à leur tête que le Christ. C’est un déni du Pape, chef temporel et visible de l’Église. Entre l’homme et Dieu, enseigne Wyclif, il y a un lien direct qui permet à Dieu et à lui seul de diriger la conscience de tout homme. En conséquence, aucune autre autorité religieuse ne peut diriger les consciences. On retrouve ici la trame d’un traité important de Luther sur La Liberté chrétienne.
Sur cette circulation d’idées audacieuses arriva le Grand Schisme d’Occident, déclenché après la mort de Grégoire XI en 1378. Cédant à l’insistance de Brigitte de Suède et de Catherine de Sienne, le Pape avait quitté Avignon en 1377. Après sa mort, un an plus tard, le conclave composé de 16 cardinaux élut, au prix de lourdes transactions, l’archevêque de Bari, Bartolomeo Prignano, qui prit le nom de Urbain VI. La première homélie que fit le nouveau Pape à ses cardinaux leur reprocha durement leur esprit de richesse et les incita à la pauvreté. Ces membres de la Curie, habitués aux douceurs d’Avignon, goûtèrent fort peu les rudesses de cet Italien. Par d’habiles manœuvres, ils arrivèrent à le déposer. Réunis dans un autre conclave dans le palais du Comte Honorato à Fondi, les cardinaux élurent le Cardinal Robert de Genève, qui pris le nom de Clément VII. Deux mois plus tard, en novembre 1378, Urbain VI l’excommunia. L’Église était entrée dans une période de schisme qui dura jusqu’au Concile de Constance où le discours de Jean de Gerson réussit à faire l’unanimité sur l’élection d’un nouveau Pape, le 11 mai 1417, tout en proclamant que le Concile lui était supérieur. L’élu, Martin V, et son successeur légitime, Eugène IV, s’abstinrent de publier les décrets conciliaristes et rétablirent ainsi le pouvoir de juridiction universel du Pape sur toute l’Église.
L’autorité du Pape, jusqu’alors un souverain universel incontestable, avait été fortement ébranlée. Survint la chute de Constantinople en 1453. Le monde entrait dans la Renaissance. Avec le déferlement sur l’Europe des œuvres philosophiques grecques et latines, le courant humaniste, auquel se joignit le mouvement scientifique, ouvre à l’élite intellectuelle d’autres horizons. L’autorité d’Aristote, en philosophie, s’évanouit, entraînant la ruine du thomisme qui s’écroule sous le triomphe du nominalisme. Parallèlement, on assiste à la montée des identités nationales et à la constitution des royaumes emportant un sentiment croissant d’indépendance autarcique vis-à-vis de toute autorité extérieure y compris, et surtout, celle du Pape. Les progrès de la navigation ravivent le commerce, les découvertes des Amériques viennent augmenter les richesses du Continent. L’Église dans ses élites semble sombrer devant ce nouveau monde. Les jeux de l’esprit philosophique rhétorique et poétique séduisent, les prouesses analytiques des discours nominalistes suscitent l’admiration. On se plaît aux discussions oiseuses. On multiplie les discours, on pratique les simonies, on court après les bénéfices. Pour beaucoup d’esprit lucides, l’Église n’est plus le témoin de la foi. Et le Pape, plus préoccupé de politique que du salut des âmes, est le premier visé et le premier responsable ! Il l’est depuis Ockham et Wyclif. On ne s’en était pas aperçu. Luther va se charger de découvrir les plaies. Il n’est pas le seul ! Mais il semble être le seul qui en ait eu le courage et la force, et le génie.
Luther le réformateur ?
Luther s’est-il vu comme un réformateur ? Dans un premier temps, non ! Luther a voulu, et seulement voulu, ramener l’Église à sa véritable foi. A la foi des temps apostoliques ! A ces temps où il n’y avait ni magistère, ni proclamation des dogmes, à ces temps où en scrutant la Parole de Dieu, on découvrait dans cette méditation le mouvement de l’Esprit. En ces temps où l’on partageait en égaux, à la Table du Seigneur, son corps et son sang, signe de notre salut ! En ces temps où il n’y avait que des chrétiens sans prééminence hiérarchique. Pour faire sa «réformation», il est entraîné à faire table rase de toutes les œuvres de l’Église. L’a-t-il vraiment voulu ? Ou a-t-il été emporté par son propre élan qu’il n’a pu maîtriser ? Une chose est cependant certaine : Luther a vu clairement que l’Église avait besoin d’une réforme. Peu après le Concile de Latran V, il écrit : «L’Église a besoin d’une reformatio et ce n’est pas la tâche d’un seul Pontife ou de nombreux cardinaux (comme le récent Concile l’a bien montré) mais celle du monde entier, ou plutôt de Dieu seul. Seul Dieu qui engendre les temps connaît celui de cette reformatio6.
Luther se voit comme un réformateur… mais un réformateur à l’intérieur de l’Église. Dans un texte fondamental qui date de 1558, Luther, contemplant ce qu’il a accompli depuis 10 ans, ne craint pas de se louer : «Je pense que j’ai fait une réformation… d’abord j’ai poussé les papistes vers les livres et en particulier vers l’Écriture Sainte et chassé le païen Aristote et les théologiens attachés aux Sommes et aux livres des Sentences, si bien qu’ils ne règnent et n’enseignent plus dans les chaires ni dans les écoles comme ils le faisaient autrefois… D’autre part, j’ai affaibli le grand faste et le marché des indulgences séductrices… Troisièmement, j’ai presque arrêté les pèlerinages. J’ai accompli beaucoup d’autres choses que les papistes doivent laisser tomber… Par ailleurs, de notre côté, j’ai, par la grâce de Dieu, pu réaliser tellement que, Dieu soit loué, un petit garçon ou une petite fille de sept ans en sait plus de la doctrine chrétienne que ne le savaient autrefois les Universités et les docteurs. Car le vrai catéchisme a de nouveau cours auprès de notre petit groupe à savoir le Notre Père, la foi, les dix commandements et ce que sont la pénitence, le baptême, la prière, la croix, la vie, la mort et le sacrement de l’autel et aussi ce que sont le mariage, l’autorité temporelle, père et mère, femme et enfant, serviteur et servante… C’est la réformation de Luther7.»
Mais emporté par son élan, Luther n’a pas réformé l’Église ; il a fondé de nouvelles Églises, entraînant la noblesse allemande à appliquer le principe qui dans toute l’Europe commençait à entrer en désuétude : cujus regio… ejus religio (ta religion sera celle de ta région). Par le fait même, il brisait l’unité spirituelle de l’Église, sa liberté et son autonomie, vis-à-vis des pouvoirs publics, et la rendait soumise aux pouvoirs temporels.
Il n’a pas réformé la hiérarchie, il a aboli le sacerdoce ministériel. Considérant à juste titre que le baptême donne au baptisé un caractère sacerdotal – le sacerdoce commun – et qu’il suffit, Luther abolit le sacerdoce ministériel et le considère simplement comme une œuvre de l’Église catholique obscurcissant la véritable foi. Par conséquent, pétri de la pensée nominaliste, la papauté n’est plus qu’une usurpation et l’épiscopat un injuste privilège.
A-t-il purifié la foi ? Il l’a transformé en fiducia uniquement. La foi n’est plus chez Luther une vertu infuse dans l’Intelligence et elle n’apporte pas avec elle la grâce transformante qui régénère l’âme et la rend agréable à Dieu. L’intelligence n’est pas illuminée par la foi et l’âme n’est pas guérie. La foi est une confiance absolue que la relation de l’homme vis-a-vis du Père a changé, par la seule justice du Christ. L’homme pécheur n’est pas transformé par la grâce, il n’est pas redevenu capable de plaire à Dieu, capable de participer à sa propre rédemption et à la rédemption de ses frères. L’homme pécheur est aussi coupable qu’avant son péché, mais Dieu, en raison de sa promesse, lui impute les perfections de son propre Fils. Le Père voit l’homme pécheur autrement. Il le voit dans son Fils et ne le juge plus comme pécheur. La relation a changé du fait de Dieu ; l’homme n’est pas changé ! Parce que le Fils innocent et juste s’est fait péché pour nous, nous ne sommes plus des vases de colère ; nous sommes devenus justifiés au regard de Dieu !
Redevables de cette justice qui nous est donnée gratuitement, sans mérite de notre part, nous devons accomplir les œuvres de la charité et du salut gratuitement, sans surtout penser qu’elles nous méritent quoi que ce soit. Si on lit les pages où Luther proclame cette foi, on ne peut que louer la profondeur qu’il donne à cette fiducia. On peut admirer cette foi qu’il arrache aux «œuvres» trop extérieures pour la tourner, presque désespérément, vers la seule justice du Christ. Mais l’homme demeure un homme coupable ! Il n’est pas sauvé ! Luther arrache l’homme aux funestes théories de la Prédestination engendrées par Duns Scot et Ockham, mais, sans s’en rendre compte, il réduit la miséricorde à la Justice et ne peut comprendre la grande œuvre du Père qui envoie son Fils non seulement pour satisfaire la Justice, mais surtout pour que l’homme participe à sa Rédemption. C’est ainsi qu’il le sauve.
Il en résulte une conséquence naturelle. L’Assemblée qui sur terre se donne le nom d’Église n’est pas la véritable Église. Elle est et reste une Assemblée de pécheurs. La véritable Église est celle des sauvés. Elle seule est sainte et sans tache ; mais elle est spirituelle et invisible.
Luther a vidé les pratiques sacramentelles de l’abus des rites, des pratiques normatives, des achats intempestifs (indulgences ou autres bénéfices) ; il les a aussi vidées de leur efficacité en les réduisant uniquement à des signes conventionnels. Tel est le sujet de l’un de ses principaux livres : La captivité babylonienne de l’Église, où il montre que, avec ses rites et ses normes, l’Église est enfermée dans les œuvres, comme autrefois Israël était captif à Babylone. Pour la libérer, il faut lui faire renoncer à ritualiser les sacrements et à lui montrer qu’ils ne sont que des signes et non des causes de la grâce.
L’impulsion vient plutôt de l’humanisme qui fut poussé par l’afflux des œuvres littéraires de l’antiquité à s’ouvrir aux langues anciennes et à forger les instruments d’une étude comparative des textes autant laïcs que sacrés.
Luther avait raison
Oui, Luther avait raison. En cette période de notre histoire, l’Église avait besoin d’une vraie réforme et seul Dieu pouvait l’engendrer. Que Luther n’a-t-il suivi son intuition profonde ! Emporté par son génie, blessé par ce qu’il découvrait dans l’Église, angoissé par les théories scotistes et nominalistes de la prédestination, Luther a voulu faire table rase du présent pour retrouver la pureté imaginée des premières sources. Comme si l’Esprit Saint n’avait pas conduit l’Église jusque-là et ne continuait pas à la guider. On ne réforme jamais qu’en scrutant, dans le présent, les germes qui sont prêt à se développer et tentant d’écarter les cailloux qui les empêchent d’éclore. Le génie de Luther a été trompé par le nominalisme. Il a confondu les arguties lassantes des scolastiques décadents avec la vraie sagesse des maîtres. Il a été dégoûté par la médiocrité des élites religieuses et leur a préféré les élites politiques de sa nation. Il avait l’envie du Royaume qu’il savait ne pas être de ce monde, mais oublia qu’il s’ouvre dans ce monde et non dans l’invisible ! Car le Verbe s’est incarné et il a vécu parmi nous !
Si nous suivons le moment de l’histoire, cette vraie Réforme ne fut pas celle de Luther, mais celle de l’Église catholique elle-même. Ce fut le Concile de Trente qui, malgré ses 15 ans de sessions, a donné à toute l’Église non seulement une profonde théologie sacramentaire à laquelle s’adjoignait une nouvelle discipline des œuvres pastorales et morales, mais aussi un élan de foi et de spiritualité qui s’est épanouie et a porté ses fruits jusqu’au début du XXème siècle. Luther avait raison. Seul Dieu connaît le temps de la réformation, seul il la suscite, seul il lui donne ses fruits.
Aline Lizotte
1 – Cité par Guy Bedouelle, La Réforme du Catholicisme, 1480-1620, Cerf.
2 – Ibid, p.29.
3 – Gustave Martelet, Théologie du Sacerdoce, Tome III, du Schisme d’Occident à Vatican II, p.87.
4 – Théorie qui soutient que le Concile est supérieur au Pape.
5 – Jeannine Quillet, Encyclopædia universalis, à l’article Guillaume d’Ockham.
6 – Cité par Guy Bedouelle, op.cit., p.34.
7 – Guy Bedouelle, op. cit., p.39.