M. l'Abbé Pagès, vos probables erreurs sur les Juifs, on les nie ou pas ?
Le contexte :
Extraits de commentaires ICI sur ledit article, entre l'Abbé Arbez et l'Abbé Pagès :
Abbé Arbez : « …. Je le répète, vous induisez les lecteurs en erreur, et vous en portez la responsabilité, seul, puisque sans mandat pastoral. »
Abbé Pagès : « … Est-ce parce que vous n’avez rien à opposer à mes arguments que vous vous essayez à attaquer ma situation pastorale ? Mais que faites-vous d’autre alors que de signer votre défaite intellectuelle? »
Avis aux lecteurs
Au cours de mon article, j’essaierai par conséquent de répondre à votre objection lancée ci-dessus au Père Arbez. Non au niveau d'un défi intellectuel mais d'une argumentation personnelle sincère de catholique.
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Bonjour Monsieur l'Abbé Pagès,
Avant-propos
Avant d'évoquer votre réponse très évasive à mes commentaires sur votre article, je tiens d'abord à exprimer toute la considération que je porte envers votre zèle missionnaire via vos contenus internet divers, quand ils s'appuient sur le saint enseignement de l'Eglise. Car j'ai pu observer ici et là, j'y reviendrai, que vous vous laissez aller à prendre clairement vos libertés avec le saint Magistère vivant, aussi bien à mon avis sur la forme (votre état d'esprit) que sur le fond (la doctrine). En plus de vous mettre probablement M. l'Abbé en porte-à-faux avec votre conscience et votre hiérarchie, cette attitude ne peut que gâcher de mon point de vue les bons fruits de votre travail d'évangélisation sur l'Internet. N'oublions pas que le diable fait tout pour semer de l'ivraie dans nos vies, en profitant de nos faiblesses pour étouffer la croissance de la bonne semence (Mat 13, 24-30).Votre charisme propre dans cette œuvre d'évangélisation est visiblement celui d'un prophète qui appelle le peuple de Dieu et tout homme sincère, sans compromission ni langue de bois, à la vigilance et à la conversion sérieuse, sous peine d'être en danger de damnation éternelle.Raison de plus pour veiller à ce que ce message prophétique, fort utile aujourd'hui dans notre contexte de tiédeur, d'indifférence et d'apostasie silencieuse (dixit le Bx Jean-Paul II), ne soit pas parasité par des considérations idéologiques subjectives ou relevant de la pure passion.
Je ne prétends pas M. l'Abbé en écrivant ces lignes voir tout à fait clair, mais permettez-moi, à mon humble place de laïc catholique, de vous faire réfléchir à cela, car certaines de vos réactions sur le Web tendent à trahir parfois une personnalité peu prompte à l'autocritique et très têtue. Vous êtes en quelque sorte parfois, si j'ose dire, le pendant d'Arnaud Dumouch (ce qui ne manque pas de piquant!), mais avec une personnalité et une théologie différente !
S'il y avait ne serait-ce qu'une seule ligne inspirée par l'Esprit de Dieu dans mon présent article, je prends le pari que vous m'en remercierez tôt ou tard... C'est pourquoi M. l'Abbé, je souhaite vivement que vous receviez mes critiques sans détour, comme l'expression de ma sincère communion fraternelle dans le Christ Jésus avec vous. Soyez assuré de mon humble prière.
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Introduction en forme d'Avertissement !
Je me souviens Père Pagès que vous m'aviez récemment un soir fait la remarque, dans un commentaire sur gloria.tv, que mon article sur les Juifs et le négationnisme n'avait rien à voir avec le vôtre, portant soi-disant exclusivement sur le sionisme d'un point de vue théologique. Outre le fait que vous avez dû le survoler pour affirmer à tort cela, je vais vous donner la preuve très concrète et très troublante que nos deux articles sont liés. En effet, voici le dernier commentaire posté sous l'article de votre blog daté du 24 Septembre dernier, par le dénommé « Abbé Etienne H ». Je vous laisse apprécier la teneur et la portée de ses propos :
« […] Quand on pense que tout ce que l’Eglise catholique a écrit après la 2ème guerre mondiale sur ses relations avec le judaïsme a été basé sur le mensonge de la shoah/holocauste,on peut bien comprendre que les textes catholiques eux-même sont biaisés et donc caduc et non directifs pour les fidèles catholiques.
Le discours a tenir envers les juifs d’aujourd’hui reste le même que celui que Jésus tenait en son temps envers les pharisiens et les docteurs de la loi et il n’y en a pas d’autre possible. Salutations fraternelles. »
(Abbé Etienne H.) ... !!!
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Mon commentaire
Ces propos négationnistes et antijuifs sont proprement effrayants de la part d'un prêtre et confirme ô combien la justesse de mon autre articleconnexe à ce sujet ici !!!
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Sur le fond de l'article et votre réponse à mes commentaires
Je vous remercie d'avoir pris un peu de votre temps pour me répondre, vous mettant ainsi en cohérence avec votre demande formulée à l'Abbé Arbez sur votre blog, d'argumenter les critiques sur votre article.
Cependant, votre conclusion toute en fermeture (« ceci dit, je n'ai pas davantage de temps à consacrer à cette discussion »), ainsi que l'argument de votre réponse simpliste, qui balaie en quelque sorte d'un revers de la main le contenu à mon sens complexe de mes coms, en y voyant un pur et simple contresens, me donnent la désagréable impression, pour tout vous dire, d'un manque de sérénité, d'une fuite, et d'un enfermement dans votre logique personnelle.
Il est par ailleurs peut-être utile de préciser que je partage peu la ligne politique de Dreuz.info sur lequel intervient l'Abbé Arbez, site sioniste pur et dur s'il en est, et accessoirement aussi sa ligne économique, trop libérale. Et que je considère la position de l'Abbé Arbez sur ce site, quant au sionisme et à Israël, parfois aussi erronée et radicale que la vôtre, mais dans un sens opposé. Je note d'ailleurs, non sans une certaine ironie que, par un « hasard malheureux », ce site partage vos propres conceptions islamophobes, en particulier celles sur le « choc des civilisations » (lequel a aussi ses « idiots utiles » tout comme ceux de l'islam...), lesquellesconceptions sont contraires, faut-il le rappeler ici M. l'Abbé, à l'enseignement de l'Eglise. J'y reviendrai...
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Votre réponse, M. l'Abbé, a au moins la grande utilité de clarifier un point très important aux yeux de vos lecteurs, à travers votre remarque suivante :
« Vous vous contentez (Abbapère) de me reprocher d'être en contradiction avec l'enseignement actuel du Magistère... »
Vous avez donc la lucidité de reconnaître ici indirectement (ou alors précisez-moi si je déforme encore votre pensée M. l'Abbé!) que vous n'êtes pas en parfait accord, c'est peu dire, avec le Magistère actuel de l'Eglise au sujet du judaïsme, d'Israël et des Juifs. Les textes de l'Eglise (voir infra) auxquels je vous ai renvoyé dans mon 2ème com ont-ils achevé de vous en faire prendre douloureusement conscience ?...
Ainsi M. l'Abbé, vous prenez le risque de qualifier la position actuelle du Magistère de l'Eglise à l'égard des Juifs, d'Israël et du sionisme (cf. vos réponses à l'Abbé Arbez sur votre blog et à « Kénose » sur gloria.tv), d'uniquement « pragmatique », « d'ordre pratique », et vous laissez entendre que le pasteur d'âmes et l'évangélisateur que vous êtes, regarde le magistère pastoral de l'Eglise sur cette question comme ne l'obligeant pas à l'obéissance.
Citons les nombreux documents pastoraux sous forme de catéchèses, discours, notes, etc. que je vous ai donc cités en partie dans mon 2ème commentaire :
Jean-Paul II aux représentants de la communauté juive de Mayence (7 novembre 1980) ; Jean-Paul II - Allocution du Pape à la Synagogue de Rome – 13 avril 1986 ; Jean-Paul II - Discours du Saint-Père, aux participants au colloque « Les racines de l’antijudaïsme en milieu chrétien »; Jean-Paul II - Discours à la commission biblique pontificale (11 avril 1997) DC n° 2159, 406-407 ; Jean-Paul II - Discours au Yad Vashem (Jérusalem, 2000) ; Jean-Paul II - Allocution du Pape à la Synagogue de Rome – 13 avril 1986 ; Benoît XVI - Discours à la Synagogue de Cologne (2005) ;Benoît XVI - Lettre à l’occasion du 40e anniversaire de la déclaration Nostra ætate (2005) ;Pour une correcte présentation des juifs et du judaïsme dans la prédication et la catéchèse de l’Église catholique ; « Nous nous souvenons : une réflexion sur la shoah » (message du Saint-Père Jean-Paul II au Cardinal cassidy) ICI ; Discours du pape benoît XVI au Reichstag de Berlin en 2011 ; Discours de Benoît XVI à la Synagogue de Rome ;
Bref, si vous vous étiez mis vraiment à l'écoute* de ces documents de l'Eglise qui expriment une pensée cohérente et profonde, vous n'auriez pas pu écrire votre article exactement tel quel !
(* l'étymologie nous enseigne qu'"obéir" vient du latin "obedire", lui-même composé avec le verbe "audire", écouter. Le mot obéir a donc une parenté avec « écouter »)
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Parenthèse sur la question de la fidélité au Magistère
A ce propos, je vous conseille Père Pagès la lecture d'une étude sur l'autorité magistérielle de Vatican II, ici. Laquelle étude rappelle que les fidèles catholiques dignes de ce nom, a fortiori les Prêtres et les Évêques, sont tenus d'obéir, de par la Foi catholique, au saint Magistère, même à celui dit authentique, en plus du Magistère infaillible... C'est pourquoi lesensus fidei, mal compris trop souvent par des catholiques traditionalistes rebelles et nostalgiques, ne peut exempter de l'obéissance de foi aux autorités ecclésiales et au saint magistère, vivants, qui, de façon ordinaire, d'après la Foi catholique, sont assistés habituellement par l'Esprit-Saint pour guider le peuple de Dieu à travers le Magistère dit authentique (Mt 18,18; CEC n°892; Lumen Gentium, 25).
Nos Evêques et Papes pécheurs ne sont certes pas toujours de bons exemples à imiter en pratique, mais en revanche, efforçons-nous de mettre en pratique la doctrine magistérielle (bien restituée entre autres sources par le CEC et plus exhaustivement sur le site www.vatican.va ) qu'ils sont chargés divinement de nous transmettre, à condition bien entendu qu'ils ne la déforment pas non plus comme cela peut arriver parfois hélas, ce qui pousse malheureusement des fidèles à s'égarer eux-mêmes en se radicalisant et en se durcissant dans des positions opposées...
Rappelons également M. l'Abbé que le saint Magistère vivant (à savoir celui du Pape élu légitimement, avec les évêques du monde entier unis à lui) est le seul capable d'interpréter authentiquement la Tradition et l’Écriture d'après la Foi catholique... On ne peut donc se réclamer de la Tradition contre lui, à moins évidemment d'en tirer logiquement toutes les conséquences : la rupture de communion et l'adhésion à l'idéologie de la FSSPX, ou encore plus radicalement à celle du sédévacantisme...
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Pour en revenir à votre article lui-même, contrairement à ce que vous avez affirmé curieusement, votre article n'aborde pas uniquement la question théologique de la signification du retour des Juifs en Israël (le sionisme), mais aussi collatéralement celles-ci : la place de la religion juive ou judaïsme, le statut actuel du peuple juif aux yeux de Dieu et la résistance à la grâce des Juifs, donc indirectement aussi le mystère de leur aveuglement provisoire. Et pour une raison simple, toutes ces questions étant inévitablement intriquées ; on ne peut en aborder une sans en approcher de près ou de loin une autre... C'est pourquoi votre objection consistant à résumer mes commentaires à un contresens intégral me donne l'impression, je le répète, d'une pirouette...
A preuve, vous affirmez à un moment de votre article ceci :« lorsque même des catholiques justifient le sionisme, voire le judaïsme!... ». Ainsi, toute votre argumentation pourrait se résumer pour ainsi dire à disqualifier toute forme de sionisme au motif de l'incrédulité, de l'aveuglement encore actuel, dans leur majorité écrasante, des Juifs et de leur tradition religieuse, quant au Messie Jésus de Nazareth, et à spiritualiser toutes les prophéties bibliques concernant les bénédictions et la restauration de la Terre Promise, qui ne représentent plus à vos yeux que des allégories des bénédictions de Dieu pour l'Église...
A ce propos, vous ne faites à mon sens qu'esquiver très maladroitement l'objection qui vous a été adressée sur votre très troublante accusation envers « les catholiques, même haut perchés, qui d'après vous trahiraient ouvertement le Christ pour ne pas déplaire à " ceux qui usurpent le titre de Juifs – une synagogue de Satan plutôt ! » (Ap 2.9 ; 3.9)
Certains Papes et certains Evêques seraient donc de ces traîtres à vos yeux parce qu'ils voyaient d'un œil bienveillant la construction de l'Etat d'Israël, et qu'ils ont invité les Catholiques, à travers leur magistère de Pape et d’Évêque, à estimer ce qui dans la tradition religieuse juive mérite encore notre respect !? Si donc M. l'Abbé vous ne pensiez pas consciemment à eux au moment d'écrire cette invective hyperpolémique, soyez sûr que, dans les faits, cette invective les visait bel et bien directement ! Je vous laisse au jugement de votre conscience...
Je relève à nouveau M. l'Abbé, puisque vous semblez ne pas vouloir l'entendre, que vous ne savez pas faire la différence entre les juifs qui ont lutté par le passé ou qui luttent encore aujourd'hui directement et concrètement contre le christianisme et qui empêchent l'évangélisation des païens (Cf. 1 Th 2.15; Ap 2.9 ; 3.9) , et ceux d'autre part qui ne demandent qu'à vivre en toute bonne foi leur religion juive en Israël et ailleurs, sans être hostile directement au christianisme...
Par ailleurs, vous manquez d'impartialité en renvoyant vos lecteurs aux positions du Rav Chaya qui donne du judaïsme une lecture assez extrémiste, en tout cas malveillante envers le Christ Jésus en l'espèce, vu par lui en effet comme un idolâtre et un sorcier d'après un avis censuré du Talmud et transmis oralement. A contrario, d'autres rabbins ne partagent pas ce point de vue; ils pensent que Jésus était un bon juif quoique trop progressiste !... Faut-il vous rappeler M. l'Abbé que le judaïsme est pluriel et en débat interne continuel ?
Au plan théologique M. l'Abbé, sans nul doute, vous optez clairement dans votre article pour la théologie ancienne dite du remplacement (ici) (à l'opposé de la théologie dite de la double alliance (ici) , d'après laquelle les juifs n'ont pas besoin de la Nouvelle Alliance pour être sauvés). D'après vous donc, le vrai Israël est l’Eglise (sic) et les vrais juifs sont les vrais chrétiens (sic).
Pourtant, si l'Eglise est en effet le nouvel Israël (Lumen Gentium 9) et le nouveau peuple de Dieu (Nostra Aetate, 4), « cela n'implique pas le fait que l'Israël "de la chair" a été dépossédé de son élection divine et des promesses qui lui ont été faites. Le Nouveau Testament n'affirme nulle part que le rôle spécial d'Israël a pris fin avec la venue du Christ. Au contraire, il affirme la validité permanente de son alliance avec Dieu. On ne trouve pas non plus une confusion d'identité entre Israël et l'Église dans le Nouveau Testament, les deux restants cependant intimement reliés. Il y a 77 références à Israël dans le NT et aucun ne fait référence à l'Église. Essayez de remplacer le terme 'Israël' par 'l'Église' dans ces passages et vous remarquerez que le passage devient incompréhensible, par exempleRomains 10,1, "Frères, certes l'élan de mon cœur et ma prière à Dieu pour Israël c'est qu'ils soient sauvés". L'Église est le corps des croyants qui sont sauvés: comment Paul peut-il prier pour que l'Église soit sauvée?... »(Extrait du lien sus-mentionné sur la "théologie du remplacement").
Cette théologie du remplacement, jusqu'à une époque assez récente, a empêché l'Eglise de comprendre et d'accepter ce grand mystère de l'incrédulité persistante devant le Messie Jésus d'une grande partie d'Israël, qui durera nous dit l’Écriture « jusqu'à ce que la masse des non-juifs soit greffée sur l'Eglise », précisément à la suite de l'évangélisation du monde entier durant le temps dits des Nations ou des Païens (Romains 11, 25). Encore une fois je vous renvoie à mon 1er commentaire invitant à méditer certains passages clés de Romains 11... C'est comme si le Seigneur, par sa Divine Providence, sur cette question du mystère d'Israël et celui de l'Eglise, pour des raisons sans doute assez complexes et mystérieuses, avait pendant des siècles mis un voile d'aveuglement et d'incompréhension réciproque entre Israël et l'Eglise elle-même.
Mais s'agissant de l'Eglise catholique les temps changent, car l'Esprit-Saint lui a visiblement inspiré de tirer certaines leçons de l'Histoire, et de savoir décrypter les signes des temps, avec le recul historique dont elle bénéficie à présent, depuis la Shoah surtout, afin de mieux approcher le mystère d'Israël. Je vous conseille M. l'Abbé sur ce point, la lecture de ma synthèse contenue dans mon article « Stop à la passion anti-juive de groupes catholiques »...
Ainsi en est-il du signe que constitue le retour contemporain et massif de juifs en Terre-Sainte. Ce dernier projet, baptisé à partir du XIXème siècle « sionisme », a en effet presque toujours été vu par l'Eglise comme s'opposant directement à la volonté de Dieu, jusqu'au pontificat du Pape Pie XII, lequel n'était pas opposé personnellement à ce que les Juifs retrouvent progressivement la Patrie qui fut témoin de la première Alliance divine.
Votre position théologique M. l'Abbé devient selon moi incohérente lorsque, à la fois, vous semblez attribuer arbitrairement un statut en quelque sorte dogmatique à la position théologique et pastorale ancienne de l'Eglise (exprimée effectivement à travers certains de ses Pères, Saints et Papes, quand elle défendait plutôt ladite théologie du remplacement), qui regardait le retour des Juifs en Terre-Sainte comme contraire au plan de Dieu depuis la naissance de l'Eglise, et en même temps vous laissez penser que l'autorité du Magistère récent et actuel sur cette question - Juifs, judaïsme, Israël (cf. les Textes sus-cités), serait faible et relatif car uniquement d'ordre pratique (sic). Or, si la position du St Pape Pie X, déclarant « non possumus » (nous ne pouvons) à Théodore Herzl qui lui présentait son projet sioniste, a pu être nuancée voire contredite dès le pontificat du vénérable Pie XII, c'est que précisément la position de l'Eglise sur cette question n'a jamais été dogmatique, gravée dans le marbre de sa Foi !
Dans les faits, toute forme de sionisme n'est pas en soi condamné par l'Eglise. J'ai par exemple rendu compte d'un sionisme qui ne s'opposait pas au Magistère catholique en me référant à la 2ème partie de la page ici de ce site www.catholicsforisrael.com/…/28-what-do-we-m…, , qui est administré par des juifs convertis au catholicisme et par des catholiques non-juifs, et dont le nom fait écho, tout en l' « exorcisant » en quelque sorte, à celui de la fameuse nébuleuse « Christians for Israël », soutenue souvent hélas par des groupes extrémistes de chrétiens protestants évangéliques, ne rêvant que de l'affrontement final entre Israël et ses ennemis environnants, afin de susciter la Parousie, le Retour en gloire du Seigneur Jésus,à cause d'un contresens théologique sur Apocalypse 16 : 16 et 19, évoquant la bataille d'Armageddon...
Par ailleurs Père Pagès, il est très étrange de lire sous votre plume que votre propos n'exprimerait qu'une vision uniquement théologique et non politique (sic, à l'abbé Arbez), alors qu'il prend aussi appui ponctuellement sur les arguments et positions d'une certaine idéologie, très politique celle-là, venant à la fois de la gauche "ultra" et des ultra-orthodoxes juifs antisionistes (tous deux très minoritaires en Israël) ainsi que des partis palestiniens antisionistes souvent d'obédience islamiste... Je fais allusion ici à cette partie de votre article : « … le sionisme, qui est un projet politique basé sur la discrimination raciale et religieuse (1)... ». Le (1) renvoyant à une émission de TV où s'y exprime entre autres Shlomo Sand, un polémiste et historien juif de gauche, auteur du livre controversé « Comment le peuple juif fut inventé ». Il y affirme donc que les lois religieuses juives ont influencé les lois matrimoniales civiles au début de la création de l'Etat d'Israël, et qu'un citoyen juif ne peut se marier avec une citoyenne non-juive et réciproquement.
Et alors aurais-je envie de vous répondre ? Les sociétés catholiques elles-mêmes, dans leurs époques glorieuses « très catholiques » !, n'ont-elles pas elles-mêmes pratiqué régulièrement la ségrégation religieuse, si ce n'est le bannissement pur et simple des non-catholiques, et n'ont-elles pas souvent imposé en leurs terres la conversion des conjoints non-catholiques avant le mariage ? Il est donc curieux ici M. l'Abbé de vous voir retirer la paille dans l'oeil d'Israël, d'autant plus que vous reprenez à votre compte les mots mêmes, tendancieux, de la propogande antisioniste, qui sont, je le répète, d'origine gauchiste ou islamiste (ce qui ne manque pas de sel venant de vous !) : discrimination, racisme ... et pourquoi pas « apartheid » et « camps de concentration » tant qu'on y est M. l'Abbé ?! Discrimination (voire Apartheid!) et racisme en Israël ? Certes ponctuellement comme presque partout dans le monde. Israël a dû se construire dans un environnement très hostile à tout point de vue, ne l'oublions pas, sous peine de tomber dans une vision moralisatrice à sens unique, simpliste, partiale et finalement assez hypocrite.
Mais je propose à votre lecture ces liens pour contrebalancer ce point de vue caricatural. Ici, une analyse et des commentaires sur le sujet de la démocratie et l'identité d'Israël. Et ici, un exemple cocasse.
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Conclusion
Quels que soient nos désaccords sur cette question théologique du sionisme et du judaïsme M. l'Abbé, vous conviendrez sans doute avec moi à la suite de St Paul (qui affirmait ceci « en tant qu’apôtre des Gentils, je m’efforce de rendre mon ministère glorieux, afin, s’il est possible, d’exciter la jalousie de ceux de mon sang, et d’en sauver quelques-uns » Rom 11, 13), que la sainteté de notre témoignage personnel en tant que Catholiques vis-à-vis des Juifs (en plus du facteur immaitrisable de l'aveuglement historique mystérieux et en un sens providentiel du peuple juif) détermine en partie leur conversion au Christ Jésus, surtout à notre époque marquée par le début de la fin du Temps des Nations, visible, comme vous le faites justement remarquer dans la conclusion de votre article, à travers le signe que constitue le retour massif de juifs en Terre-Sainte. A chacun de nous donc de faire très attention, dans nos comportements et nos paroles, de ne pas être un obstacle, un scandale, un contre-témoignage, pour la conversion au Messie Jésus des juifs de bonne volonté, et de refléter autant que possible dans nos vies la Présence du Messie Crucifié...
Que le Seigneur soit notre lumière et notre salut Monsieur l'Abbé !