LE PORTRAIT EN ICONOGRAPHIE PALÉOCHRÉTIENNE
En archéologie, les images du Christ et des saints sont généralement étudiées en fonction de leur valeur religieuse. Rien n'est plus justifié, certes, que cette façon de voir. Mais ce n'est peut-être pas la seule manière d'étudier les images du fondateur du christianisme et des serviteurs de l'Eglise, et je pense plus particulièrement à celles de ces figurations qui n'évoquent aucune scène, aucun événement historique, mais simplement Jésus ou des saints.
Il me semble qu'on relève plus d'un trait caractéristique de ces images et qu'on se rend mieux compte de la façon dont elles furent incorporées dans le répertoire iconographique du christianisme, en les classant toutes sous la rubrique générale de portraits. Ce classement n'a rien d'artificiel. Non seulement, il s'agit effectivement de portraits, c'est-à-dire d'images qui prétendaient représenter des personnages historiques concrets, mais de figurations qui génétiquement procédaient de plusieurs catégories précises de portraits tels qu'on les connaissait dans la société gréco-romaine, aux premiers siècles de notre ère. Notre essai se propose justement de montrer cette continuité, qui apparaît surtout si l'on envisage les portraits chrétiens par catégories qui correspondent aux types courants de portraits profanes, dans les premiers siècles de notre ère.
C'est seulement lorsqu'on réalise qu'il s'agit d'un prolongement pur et simple d'un faisceau de traditions liées à l'art du portrait antique, qu'on se rend compte aussi de la place essentielle que le portrait tenait dans le répertoire de l'art chrétien antique; une bonne moitié des images chrétiennes disparaîtraient si on décidait d'exclure toutes les figurations qui évoquent, non pas la doctrine chrétienne, ni l'histoire providentielle, mais ceux qui en furent les artisans. C'est une espèce de découverte qu'on a le sentiment de faire, lorsqu'on constate pour la première fois cette importance accordée au portrait et la ténacité avec laquelle on a tenu à la maitenir à travers les âges.
Tous les portraits qu'on verra ne témoignent pas d'une analyse un peu plus poussée d'une physiognomie : il y en a qui figurent
