Les présidents des Conférences épiscopales à Rome

... chez le Pape, pour discuter du scandale des abus. Mais seulement en février. Et surtout, on ne parle pas du problème de l'homosexualité. C'est la réponse dilatoire de François aux requêtes pressantes des évêques qui réclamaient un Synode. Commentaire de Riccardo Cascioli (13/9/2018)

Ce qu'il faut souligner aussi, c'est que cette crise majeure qui secoue l'Eglise ne devrait pas être du ressort exclusif des Conférences épiscopales, simples structures administrative auxquelles on fait jouer ici grosso modo le rôle d'un syndicat dans une démocratie, lorsqu'il s'agit de discuter avec le gouvernement, alors qu'on sait que dans tous les pays (c'est devenu particulièrement évident ces jours-ci aux Etats-Unis, mais c'est le cas aussi ailleurs) les évêques sont profondément divisés et ne sauraient être représentés dans leur ensemble par les chefs de ces Conférences épiscopales. Sans aller jusqu'à convoquer un Concile, comme le suggérait hier le Père Scalese (cf. Viganogate: aux grands maux les grands remèdes), un Synode aurait été le minimum souhaitable.

Abus, les évêques au rapport mais on élude le vrai problème


Riccardo Cascioli
www.lanuovabq.it
13 septembre 2018
Ma traduction

* * *

Alors qu'un nouveau rapport révèle soixante-dix ans d'abus sexuels sur mineurs en Allemagne, le Pape convoque les présidents des Conférences épiscopales en février prochain pour aborder la question de la «protection des mineurs». Un long délai, et on ne parle pas du thème de l'homosexualité.


---

Le Pape a enfin convoqué les présidents des Conférences épiscopales du monde entier à Rome du 21 au 24 février 2019, pour discuter de la question des abus sexuels. Cela signifie que la vague de révélations récentes, y compris le mémo de Mgr Viganò, sur les couvertures à tous les niveaux des prêtres et des évêques impliqués dans d'authentiques crimes, n'est nullement le fruit d'une conspiration contre le Pape François. Il y a un problème grave et dramatique qu'il faut affroner et enfin un signal arrive de Rome.

Mais la bonne nouvelle (si l'on peut dire) s'arrête là.

La décision de convoquer une telle assemblée en février est en fait une réponse tiède à la demande d'annulation du Synode dédié aux jeunes, dans moins d'un mois, mettant en revanche à l'ordre du jour la question des abus. Le premier à écrire au Pape pour réclamer ce Synode urgent a été l'archevêque de Philadelphie, Mgr Charles Chaput, mais quelques jours plus tard, plusieurs autres évêques américains se sont joints à la demande. Aux Etats-Unis, et pas seulement, on perçoit un besoin urgent d'aborder la question, et ce n'est pas pour rien que, l'autre jour, le Préfet de la Maison papale et secrétaire personnel de Benoît XVI, Mgr Georg Gaenswein, a appelé cette question «le 11 septembre de l'Eglise».

Le président des évêques américains, le cardinal Daniele Di Nardo, a également demandé au Pape une audience (il devrait le voir aujourd'hui) pour avoir son soutien dans une enquête qui prend comme point de départ les déclarations de Mgr Viganò. Ainsi, alors que dans l'Église on perçoit la gravité de la situation et l'urgence d'y faire face au plus haut niveau, la réponse au Vatican va dans le sens de gagner du temps.
Peut-être y en a-t-il qui espèrent qu'au fil des mois l'affaire des abus sexuels se calmera, abandonnant la une des journaux, mais l'air qui s'en dégage donne plutôt l'impression que d'ici aux prochains mois les dossiers vont se multiplier.

Pas plus tard qu'hier, le contenu d'une longue enquête de la Conférence épiscopale allemande sur les abus commis en Allemagne de 1946 à 2014 a été révélé: 3677 mineurs abusés sexuellement par 1670 prêtres et religieux. Et en grande partie, les évêques ont géré la situation en déplaçant simplement le prêtre responsable d'une paroisse à l'autre. Quoi qu'il en soit, ce sont des chiffres choquants qui nécessitent une réflexion urgente. A ce stade, il faut s'attendre à ce que d'autres dossiers sortent également d'autres pays.

Mais en plus des temps de réaction, c'est l'approche du sujet qui donne quelque inquiétude. La convocation pour la réunion de février parle simplement de «protection des mineurs», et évite soigneusement de soulever la question de l'homosexualité dans le clergé. On insiste pour parler exclusivement de pédophilie, alors qu'il est clair que dans la grande majorité des cas, il s'agit d'attirance homosexuelle et d'abus sur les adolescents et au-delà. Le cas du cardinal McCarrick est exemplaire: en dehors d'un cas avéré de mineur abusé, tous ses actes sodomites ont été accomplis avec des séminaristes ou de jeunes prêtres. Et en tout cas, comme nous le disons depuis des années, le problème réside dans le système qui s'est désormais créé au sommet de l'Église, avec un lobby gay qui vise non seulement à couvrir sa propre immoralité, mais à changer le catéchisme en légitimant l'homosexualité.

Il suffirait de lire les nombreux commentaires de ces dernières semaines des intellectuels et journalistes habituels, bien placés à la cour pontificale, pour comprendre qu'on profite de l'agitation créée, précisément pour légitimer la présence des prêtres homosexuels. Le père James Martin, encore lui, a même évoqué le fantôme du nazisme (en référence à la persécution des homosexuels) pour mettre hors jeu ceux qui posent le problème de l'homosexualité. Rejetant le fait qui ressort des enquêtes sur les abus, c'est-à-dire le lien avec les tendances homosexuelles, l'important, dit-on, c'est la chasteté - qui par ailleurs concerne tout le monde - et puis il y a d'excellents prêtres qui sont homosexuels.

C'est la mentalité du monde qui est entrée dans l'Église, comme l'a dénoncé le Pape Benoît XVI dans sa Lettre à l'Église d'Irlande de 2010 dans laquelle il demandait une année de pénitence et de prière pour réparer les abus commis. Il est évident que la culture gay, qui domine le monde aujourd'hui, a pénétré profondément aussi dans l'Église et nous en voyons aujourd'hui les fruits.

Éviter ce sujet lors de la rencontre avec les évêques, ne pas réaffirmer clairement la vérité sur l'homme et donc sur le projet de Dieu concernant la sexualité et l'amour, signifie ne pas vouloir aller au fond des hoses, mais réduire le problème des abus à une question de «police», avec abondance de mesures préventives.
Ou même dissimuler, en condamnant la pédophilie, la tentative de promouvoir l'homosexualité au sein du clergé.

Un exemple est précisément l'enquête sur l'Église allemande que nous avons mentionnée plus haut. A la fin du rapport, les auteurs soutiennent que la cause de l'abus sexuel est à rechercher dans la «morale sexuelle rigide», dans le célibat des prêtres et dans le rejet de l'homosexualité. On peut parier que ce sera la ligne que suivront aussi la Cour vaticane et les "Gardiens de la Révolution".

Tous droits réservés.
La reproduction, uniquement partielle, des articles de ce site doit mentionner le nom "Benoît et moi" et renvoyer à l'article d'origine par un lien.