Catéchèses Paul VI 9108

9 octobre 1968 : L'AUTORITE DANS L'EGLISE EST SERVICE

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Dans l'enseignement du Concile


Chers Fils et Chères Filles,



Le Concile — dont nous n'aurons jamais fini de parler, non pas pour faire de l'érudition sur un événement terminé et passé, mais pour nous pénétrer des idées vivantes qui doivent inspirer notre vie religieuse et morale à la suite de cet événement — a mis bien en évidence un mot ancien chargé d'un sens nouveau : le mot « service ». On trouve même dans la Constitution sur l'Eglise le mot « diaconie ». (Lumen gentium,
LG 24). Ce mot se réfère directement au ministère de ceux qui ont des fonctions pastorales dans le Peuple de Dieu: soit comme évêques (ibid. LG 20 LG 24 LG 27 LG 32 ; Christus dominus, CD 16) ; soit comme prêtres (Presb. Ord.) ; soit comme diacres (Lumen gentium, LG 29) ; soit comme séminaristes (Optatam totius, OT 4 OT 9) ; soit comme religieux (Lumen gentium, LG 46). Mais il s'étend aussi aux laïcs (Lumen gentium, LG 36 Ap. actuos. Ap 29 Lumen gentium, LG 40 LG 42), aux époux chrétiens (Ap. actuos. AA 11). Ce mot trouve un écho impératif dans d'autres expressions qui ont une grande importance dans le langage de l'Eglise, lorsqu'il s'agit de l'apostolat, de la charité, de la justice, du bien commun (par exemple dans le volume l'Episcopat et l'Eglise universelle, du P. congar, pp. 101-132).


Dans l'Ecriture


C'est un mot dont il faut se souvenir, parce qu'il est au centre du plan de notre salut, lequel fut compromis radicalement par sa négation originelle: « Non serviam. Je ne servirai pas » (cf. Jr 2,20), c'est-à-dire par la rébellion de l'humanité contre l'ordre et l'amour de Dieu. Ce mot devait être repris par le Messie rédempteur, qui est précisément appelé dans la prophétie d'Isaïe « le serviteur de Dieu » (Is 42,1, etc.). Jésus se l'est appliqué à lui-même, et il en a fait son programme propre : « Le Fils de l'homme, a-t-il dit de lui-même, n'est pas venu pour être servi, mais pour servir » (Mt 20,28). Dans tous ses aspects (cf. Ph 11), dans tout son enseignement (Mt 18,4 Lc 22,24-27), dans tous ses exemples (Lc 9,55 Jn 13,14-15), il apparaît humble et soucieux non de ses intérêts propres, mais des intérêts des autres.

Il en est de même pour les apôtres. Saint Paul qui, en tant qu'apôtre, est revêtu d'une autorité qu'il affirme énergiquement, est toujours pénétré du devoir qu'il a de servir. C'est ainsi par exemple, qu'il écrit dans la II° Epître aux Corinthiens : « Nous ne sommes que vos serviteurs, pour l'amour de Jésus » (2Co 4,5) ; et aux Thessaloniciens : « Nous nous sommes faits tout petits au milieu de vous » (1Th 2,7-12).Plutôt que de commander, il aime mieux faire preuve d'indulgence (cf. 1Co 7,6 2Co 8,8).


« Serviteur des serviteurs de Dieu »


Cette conception des rapports entre celui qui est constitué chef et responsable de la communauté des fidèles s'est perpétuée dans l'Eglise. Elle s'applique — et cela va de soi — à l'exercice du pouvoir hiérarchique, conformément au précepte et à l'exemple du premier des apôtres, Pierre, qui exhorte spécialement les anciens (c'est-à-dire les évêques et les prêtres) à se comporter comme des pasteurs, « non pas en faisant les seigneurs à l'égard des fidèles, mais en devenant les modèles du troupeau » (cf. 1P 5,3). Même lorsque ce pouvoir devra être revêtu d'autorité (cf. 2Co 10,8 2Co 13,10), de dignité (Rm 11,13 2Co 3,8), et de prestige (cf. 1Co 1,21 Ga 1,8 2Co 11,28 cf. saint Ignace d'Antioche, saint Cyprien, et la tradition successive), cette conception s'avérera toujours (les exagérations et les défauts mis à part) comme interprétant essentiellement la formule de saint Augustin : « Servir et non dominer » (De Civ. Dei, 19, 17 ; PL. XLI, 647) ; formule qui deviendra protocolaire avec le Pape Grégoire le Grand (590-604), lequel, reprenant des expressions analogues déjà en usage (cf. saint augustin, ep. 217, PL. XXXIII, 978), s'attribuera à lui-même, en qualité de « Souverain Pontife de la très bonne ville de Rome » (jean le diacre, Vita S. Gregorii, 2, 1 ; PL. LXXV ; 87), le titre resté traditionnel de « serviteur des serviteurs de Dieu » (cf. PL. LXXVII, 747 : « Je suis le serviteur de tous les prêtres ». Cf. DACL, 15, 1, 1360 et s.).


Un devoir inhérent à l'autorité


Cela veut dire que le service est un devoir inhérent à l'autorité ; et ce devoir est d'autant plus grand que l'autorité est plus élevée. Cette notion ressort de l'étude de la nature et des fonctions de la société humaine ; elle découle de l'idée de bien commun et d'utilité publique, d'égalité entre les hommes, d'inviolabilité de la personne humaine ; elle vient du droit naturel (cf. Taparelli, Saggio di diritto naturale, n. 426, etc. ; lener, Lo stato sociale contemp,. p. 95 et s.), mais l'histoire montre combien elle a été altérée et contredite par les passions humaines. Le Christ l'exprime dans son Evangile (Lc 22,25), et elle est restée dans l'Eglise. Aujourd'hui, la société profane en fait également sa loi, même si elle n'est pas toujours entrée dans les moeurs (cf. Coste, Morale internationale, 1964).

Aujourd'hui, cette notion demeure et reprend vie avec le Concile ; elle est l'un des critères dont s'inspire le renouveau de la vie de l'Eglise. Elle n'est pas une nouveauté, mais une tradition. Qu'il Nous soit permis de citer ces célèbres paroles de manzoni à propos de son personnage idéal, Federigo Borromeo, lequel était « persuadé dans son coeur... qu'il n'y a pas de juste supériorité d'un homme sur d'autres hommes, sinon pour les servir » (Prom. Sposi, chap. 22).


Des formes coutumières qui font place à un style nouveau dans l'Eglise


Et nous devons nous réjouir, nous qui sommes si facilement portés à parler en mal de notre temps, parce que ce principe selon lequel l'autorité est un service n'est plus contesté par personne. Dans l'Eglise de Dieu il rencontre un assentiment unanime, même si certaines apparences extérieures et certaines formes coutumières, qui s'effacent progressivement pour faire place à un style nouveau dans l'Eglise, pourraient évoquer des idées de puissance arbitraire, de profit personnel, de prestige fastueux, de supériorité héréditaire, toutes choses que l'histoire des temps passés a accréditées comme légitimes, mais a ensuite transmises comme si elles étaient inhérentes à la nature et à l'exercice de l'autorité.



L'histoire d'aujourd'hui nous met devant une évidence bien différente : l'Eglise est service. Si l'autorité dans l'Eglise est encore et toujours nécessaire, parce qu'elle est voulue par le Christ et qu'elle découle de lui (Mt 16,18-19), et si par conséquent elle conserve son indispensable valeur constitutionnelle et mystique, comme véhicule des mystères divins (1Co 4,1), comme interprète de la vérité (Lc 10,16) et de la volonté du Christ dans son Eglise (Jn 21,15 et s.), néanmoins, elle se revêt toujours plus manifestement des attributs qui lui sont propres et qui sont d'ordre pastoral et évangélique. Elle se présente comme un service, et donc un amour, un sacrifice courageusement assumé pour le bien des autres, pour le bien du troupeau de Dieu, pour l'Eglise tout entière (cf. Jn 10,11).


La primauté de la conscience ne dispense pas de servir l'Eglise


Cette vision purifiée de la structure hiérarchique et communautaire de l'Eglise se prête à une longue méditation, et l'actuelle vitalité de l'Eglise conduit cette méditation à de vastes considérations historiques, à de nouvelles résolutions de sincérité ecclésiale, à la sage élaboration de nouvelles lois canoniques. Nous sommes ainsi amenés à penser que tous nous avons dans l'Eglise notre « diaconie », notre service à accomplir. Ni l'exaltation de la personnalité humaine de chacun, ni la revendication de la liberté religieuse dans la société, ni la primauté active reconnue à la conscience éclairée par la doctrine autorisée de l'Eglise au sujet de la loi divine, ne nous dispensent d'offrir nos services avec générosité, docilité et ordre pour le bien de nos frères et le développement de la vie de l'Eglise. Bien au contraire, nos droits personnels trouvent dans ce service leur expression libre, honorable et méritoire.


L'autorité ne vient pas de la communauté ecclésiale, mais de Dieu, et elle est destinée au bien du peuple de Dieu


C'est ainsi également que cette vocation de service, qui, dans le sacerdoce ministériel devient une mission totale, ne change rien aux prérogatives des fonctions de la hiérarchie, de son autorité doctrinale et juridictionnelle, de son pouvoir de sanctification. Certains aujourd'hui affirment à tort que ces prérogatives découlent démocratiquement de la communauté ecclésiale, du peuple de Dieu. Mais c'est de Dieu qu'elles découlent, du Christ, de l'ordre sacré et du mandat dont est investi celui qui dans l'Eglise est constitué dans la hiérarchie. En fait, ces prérogatives sont destinées au bien du peuple de Dieu. Aujourd'hui cette destination revêt une importance primordiale. Elle suppose que l'autorité s'exerce d'une manière correspondant toujours mieux à sa nature spirituelle et à sa finalité pastorale, c'est-à-dire au service qui la justifie et exige qu'elle soit toute humilité et amour. Mais s'il en est ainsi, l'autorité n'en doit que d'autant plus refléter en elle l'image du Christ, vivant dans celui qui représente, promeut et perpétue sa mission de salut dans l'Eglise.

Comme vous le voyez, très chers fils, en parlant ainsi (et abstraction faite de tout autre de Nos confrères constitué dans la hiérarchie), ce n'est pas tant Notre apologie que Notre humble autocritique que Nous voulons faire. C'est pourquoi Nous Nous recommandons à votre indulgence, à votre obéissance, à vos prières. Que le Seigneur vous en récompense par Notre Bénédiction Apostolique.



Chers Fils et chères Filles du MIAMSI,

C'est avec une joie profonde que Nous accueillons aujourd’hui les membres de votre Bureau International, apôtres laïcs représentant dix-huit pays du monde, auprès de qui la présence de leur aumônier marque l’étroite union du sacerdoce et du laïcat dans la mission de l’Eglise.

Nous savons l’extension remarquable qu’a connu le MIAMSI depuis cinq ans, notamment dans cette Amérique Latine où vos efforts portent déjà des fruits, si encourageants, et où, naguère, Nous adressant aux classes dirigeantes à l’occasion du Congrès de Bogota, Nous leur demandions instamment «d’avoir le génie du bien dont la société a besoin».

Mais, Nous le savons, aussi, plus encore que d’une extension numérique et géographique, vous avez le souci d’une conversion des personnes de vos milieux assez profonde pour que leur coeur, leur «mentalité collective», soient atteints par l’action vivifiante de l’Esprit d’Amour et de Vérité.

C’est du fond de leur être renouvelé dans le Christ - qu’elles rencontrent dans l’Ecriture et les Sacrements, dans les événements et les personnes - que doit jaillir une action capable de transformer, en esprit de justice, de fraternité et de paix, les structures économiques, sociales, politiques, culturelles qui sont, pour une si large part, entre leurs mains.

Le Père Commun sait votre désir de servir et aimer l’Eglise. Aussi met-il sa confiance dans les apôtres des Milieux Indépendants pour que - dans le respect des consciences - soit révélé à tous ceux qui vous sont liés par les solidarités sociales le nom du Dieu- Père qui les aime en Jésus-Christ. Puissent-ils ainsi trouver en plénitude «la Voie, la Vérité et la Vie»!

Au moment où vous entamez les travaux de votre bureau dans ces perspectives apostoliques, Nous vous accordons de tout coeur, chers Fils et chères Filles, à vous, à vos familles, aux mouvements que vous représentez, en gage de Notre particulière affection, Notre Bénédiction Apostolique.



16 octobre 1968 : A L'HEURE DE LA CONTESTATION ACTUALITE DU DEVOIR D'OBEISSANCE

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Chers Fils et Filles,



La réflexion sur le Concile, à laquelle nous consacrons nos conversations familières chaque semaine, rencontre un thème difficile, ou, pour mieux dire, peu populaire, celui de l'obéissance à l'Eglise.

C'est un thème compromis en premier lieu par le vent de liberté qui souffle sur toute la mentalité moderne opposée aux limitations et aux contraintes de la spontanéité et de l'autonomie de la personne humaine, opposée aussi à l'autonomie des groupes associés par rapport à une autorité extérieure. Ce thème est compromis en second lieu par l'apologie de la liberté, dans ses divers aspects de liberté personnelle, comme une exigence de la dignité humaine (cf. Gaudium et Spes,
GS 17), de liberté des fils de Dieu (cf. Si 15,14-15) proclamée dans l'Evangile (cf. Gaudium. et Spes, GS 41), de liberté de conversion (cf. Ad Gentes, AGD 13), de liberté de l'Eglise (cf. Dign. humanae, DH 13), de liberté dans l'Eglise (cf. Lumen Gentium LG 37 etc.), de liberté religieuse dans le domaine des règlements de l'Etat (cf. Dign. humanae), de liberté de la recherche scientifique, de liberté d'information, de liberté d'association, etc. (cf. Gaudium et Spes) ; apologie que nous trouvons dans tous les documents conciliaires. Comment peut-on parler d'obéissance après toutes ces affirmations, si conformes à l'esprit humain, à la maturité de la psychologie contemporaine, au développement de la société civile, à l'intolérance vis-à-vis de la discipline des nouvelles générations ?


L'obéissance mise en question


Le terme d'« obéissance » n'est plus accepté dans le langage moderne, même là où, par la force des choses, en subsiste la réalité : dans la pédagogie, dans la législation, dans les rapports hiérarchiques, dans les règlements militaires et ainsi de suite. Les mots de personnalité, conscience, autonomie, responsabilité, conformité au bien commun... prennent le dessus ; et, comme on le sait, il ne s'agit pas seulement d'un changement de paroles présenté ici par notre société, mais d'un changement profond d'idées, et l'on connaît comment cela se traduit maintenant, à travers les événements petits et grands que chacun sait.

L'obéissance comporte un double élément extérieur à chaque individu ou à chaque groupe : écouter une autre voix que la sienne et agir en conformité à cette voix, qui exprime un commandement, qui atteste une autorité, qui plie le sujet à un mode de pensée et d'action dont il n'est pas l'auteur et dont il ne voit pas souvent le pourquoi. L'évaluation excessive des critères subjectifs ne parvient plus à faire comprendre pourquoi un autre critère extrinsèque, l'autorité, a le droit d'intervenir dans l'expression spontanée et naturelle d'un être ou d'un groupe humain. Des philosophes d'hier sont encore des maîtres pour ceux d'aujourd'hui, lesquels ne reculent pas devant les conséquences extrêmes de la contestation, de la rébellion, et même de l'anarchie et du nihilisme. On en a vu quelques violentes applications ces derniers temps. Et comme si cela ne suffisait pas à discréditer l'obéissance auprès des générations nouvelles, à les pousser à la négation, plus ou moins radicale, de cette ancienne vertu civile et chrétienne, les affirmations exagérées et intolérables se multiplient; celles de l'oppression totalitaire, imposées par un système de force et de légalisme policier très évolué, et celles de la pression publicitaire, introduite par les formidables moyens de communication « de masse » comme on dit, accueillie insensiblement et simultanément par des millions de clients dociles, acceptant ce qu'ils lisent, ce qu'ils écoutent, ce qu'ils entendent, ce qu'ils voient. L'homme moderne doit-il obéir ainsi ? Cette invasion de voix, d'idées, d'exemples, de modes, de pressions simultanées n'est-elle pas une servitude, une obéissance, inconsciente et admise, si vous voulez, qui diminue et avilit l'autonomie de la personnalité ?

Et si du domaine profane nous passons au religieux, et précisément à celui de notre vie catholique, n'est-elle pas elle aussi dominée par un dogmatisme qui étouffe la liberté de pensée et de conscience ? Que de choses il y aurait à dire à ce propos, surtout en raison des répercussions récentes suscitées par certains actes du magistère ecclésiastique : quelle est sa compétence ? quelle est son autorité ? quelle est sa stabilité ?

Nous ne parlerons pas de ce thème très vaste qui exige, pour ne pas être déformé, une analyse pesée et adéquate, que nous ne voyons pas possible pour le moment.


Le sens chrétien de l'obéissance


Ce que nous voudrions maintenant, fils très chers, qui en assistant à cette rencontre et en écoutant ces humbles paroles exercez déjà la vertu chrétienne de l'obéissance, c'est laisser en vous une vision plus juste de cette vertu. Nous aurions tant de choses à dire sur le primat relatif de l'obéissance (cf. S. Th. II-II 104,3) : n'est-elle pas en liaison étroite avec l'ordre particulier et universel, avec l'équilibre et l'harmonie de n'importe quelle société, avec le bien commun, avec le dépassement des faiblesses et inexactitudes individuelles et avec la réalisation de bons résultats collectifs et sociaux ? Où finirait la loi, l'autorité, la communauté, s'il n'y avait pas le culte de l'obéissance ? Et dans le domaine ecclésial, qu'en serait-il de l'unité de foi et de charité, si un accord des volontés, garanti par un pouvoir autorisé, lui-même obéissant au vouloir supérieur de Dieu, ne proposait pas et n'exigeait pas l'unité de pensée et d'action ? Et tout le dessein de notre salut ne dépend-il pas d'un exercice libre et responsable de l'obéissance ? Qu'est le péché, sinon une désobéissance au commandement divin, qu'est notre salut sinon une adhésion humble et joyeuse au plan miséricordieux, que le Christ a instauré pour celui qui lui obéit comme disciple, comme fidèle, comme témoin ? N'y a-t-il pas moyen de voir sous le signe de l'obéissance notre profession chrétienne, notre insertion dans l'Eglise, notre intégration, sanctifiante et béatifiante, dans la volonté de Dieu ? Le « fiat » que nous disons à tout moment dans notre prière : « que ta volonté se fasse » n'est-il pas l'acte plus habituel et plus complet de notre obéissance au suprême et intime commandement divin ? Et ne serait-il pas facile de déterminer l'heureux rapport qui existe entre la véritable obéissance et la liberté, la conscience, la responsabilité, la personnalité, la maturité, la force morale, et toutes les autres prérogatives de la dignité humaine, comme aussi notre position honorable et fonctionnelle dans la communauté de l'Eglise, si nous avions assez de patience pour revoir les titres légitimes, les exigences et les limites de l'obéissance, que l'Ecriture Sainte et l'authentique doctrine de l'Eglise nous décrivent ? Et comment pourrions-nous parler encore de paix sans faire appel au principe qui produit, au dehors et au dedans de nous, cet ordre qui justement engendre et assure la paix, l'obéissance ? Oboedentia et pax : obéissance et paix : formule chère au Card. Baronius, et ensuite au Pape Jean XXIII, auteur de l'Encyclique « Pacem in terris » (cf. Pr 21,28).

Oui, nous aurions tant de choses à dire sur ce sujet. Et on a écrit beaucoup là-dessus ces dernières années.

Mais maintenant nous parlerons d'une seule chose : du mystère de l'obéissance dans le Christ notre Seigneur (cf. Adam, le Christ notre Frère, II) ; mystère rayonnant de tout l'Evangile, mystère qui Le définit comme Notre Sauveur (cf. Mt 11,25 Jb 6,37 Mt 26,39 Rm 5,19 Ph 2,8 etc.) et mystère auquel nous participons, de manière que « de cet aspect fondamental de l'obéissance non seulement au Christ, mais communiquée du Christ à nous, jaillit le sens chrétien de l'obéissance » (Lochet).

Nous pourrions continuer et apprécier la découverte de l'équivalence que l'obéissance acquiert à ce niveau avec l'amour. Tout serait à dire du style nouveau, dans une substance identique, que l'obéissance acquiert dans l'Eglise à la suite des enseignements du Concile ; Nous y avons fait Nous-même allusion dans notre première encyclique « Ecclesiam suam » (A.A.S. 1964, p. 657). Concluons cette pratique neuve de l'obéissance, par le rappel de l'exhortation, que l'Apôtre Pierre, près du tombeau de qui Nous vous parlons maintenant, faisait aux premiers chrétiens : « dans la révélation de Jésus-Christ (comportez-vous) comme des fils obéissants » (1P 1,13-14 He 13,17).

Cela a été dit pour votre dignité de chrétien, pour votre fidélité, votre bonheur, avec notre Bénédiction Apostolique.




23 octobre 1968 : POUR UN ELAN MISSIONNAIRE TOUJOURS PLUS UNIVERSEL, CONFIANT ET DYNAMIQUE

23108
Chers Fils et Filles,



Une impression étrange, bien qu'elle ne soit pas insolite, émeut Notre esprit en vous regardant si nombreux, si dévots, si divers et en même temps si unis devant Nous en cette Basilique érigée sur la tombe de l'apôtre saint Pierre que le Christ veut au centre de son assemblée, de l'humanité réunie autour de lui, c'est-à-dire de son Eglise ; une impression d'immense panorama, vaste comme toute la terre, comme si les murs de la basilique étaient transparents ou qu'ils avaient disparu et Nous laissaient voir toute l'Eglise jusqu'à ses extrémités, jusqu'à ces limites où arrive le nom catholique, celles du moins où il devrait arriver par sa signification paradoxale d'universalité, appelée à embrasser tous les hommes, tous les peuples, le monde entier. Cette vision spirituelle jaillit justement de la signification de cette église, bâtie avec des dimensions démesurées, comme si elle voulait montrer son ambition fondamentale, celle d'accueillir les multitudes et — s'il était possible — l'humanité entière dans une dimension intentionnellement catholique. Cette même vision apparaît à Notre regard intérieur avec une configuration précise; en même temps qu'elle s'élargit jusqu'aux confins des horizons de l'homme, elle se maintient dans une perspective profonde : cette perspective qui détermine une nouvelle manière de voir, parcourt le même tracé catholique que Nous avons d'abord observé dans son extension et elle explique son contenu. L'Eglise entière apparaît devant Nous dans la double signification de son glorieux titre de catholique ; catholique, voulons-Nous dire, par son extension potentiellement universelle, et catholique par une exigence intrinsèque d'unité et de profonde orthodoxie, c'est-à-dire de plénitude et d'authenticité. Catholique veut en effet signifier, en même temps, universelle et orthodoxe.


Inquiétude et amour missionnaire


Vous Nous demandez dans le silence de vos coeurs : pourquoi le Pape nous parle-t-il aujourd'hui de ces aspects de l'Eglise ? Et pourquoi ces aspects se reflètent-ils dans ses yeux en regardant la foule de cette Audience ? Nous vous répondrons tout de suite : parce que dimanche, au début de la semaine, nous avons célébré la journée missionnaire. Vous le savez certainement. La journée missionnaire montre à chaque croyant l'image réelle, concrète, historique, géographique, ethnique, statistique, de l'Eglise, superposée à l'image idéale que l'Eglise elle-même, dans l'intention mystérieuse et miséricordieuse de Dieu Père, dans l'oeuvre rédemptrice du Christ, dans la diffusion dynamique et vivifiante de l'Esprit Saint, devrait assumer et assumerait si la conscience et l'activité des fidèles et des pasteurs réussissaient à faire coïncider la réalité historique de l'Eglise avec le dessein transcendant et attirant du Seigneur. La différence entre les deux images pour celui qui comprend quelque chose au destin de l'humanité constitue un grand tourment et un grand amour; le tourment missionnaire qui voit dans ces différences le côté négatif, celui d'une catholicité limitée, amoindrie ; et l'amour missionnaire qui fait sortir de cette différence même un stimulant à des initiatives nouvelles, infatigables, courageuses pour une catholicité à réaliser effectivement.

Ici la méditation rencontre deux autres réalités : en premier lieu la catholicité est voulue par le dessein divin du salut : « Dieu — affirme saint Paul — veut que tous les hommes se sauvent et arrivent à la connaissance de la vérité » (
1Tm 2,4) ; en deuxième lieu, la catholicité est liée à un service de l'homme ; la charité salvatrice de Dieu, pour se réaliser et se diffuser (dans le plan qui nous a été révélé et qui est prévu par le Christ) requiert une charité apostolique, ministérielle des hommes, une charité missionnaire (cf. Rm 10,14-15 1Co 3,9).


Les objections


Entre la catholicité de droit et la catholicité de fait existe encore aujourd'hui un abîme : un mystère certainement qui a son secret et son explication seulement dans la profondeur de la pensée divine ; un drame aussi qui concerne tous ceux qui dans l'Eglise ont une responsabilité d'initiatives apostoliques et pastorales, et envahit ensuite toute l'Eglise, missionnaire par nature, comme signe, instrument, et terme du salut, et impose à tous ses membres l'obligation de reconnaître et d'assurer la fonction de diffusion de la foi et de la grâce.

Ce drame, c'est-à-dire cet appel et cette obligation, s'estompe souvent au cours de l'histoire, s'endort, et dans la conscience des fidèles diminue souvent sous des prétextes que nous connaissons bien : ça ne me regarde pas ; que pourrais-je faire ; d'autres s'en occupent, etc.... et ce drame est aussi étouffé par des sophismes : pourquoi se donner tant de mal ? une foi vaut l'autre ; ou encore : pourquoi troubler la bonne foi de tant de peuples privés de l'Evangile puisque le Seigneur peut les sauver aussi ? cela ne suffirait-il pas d'être chrétien, pourquoi vouloir que tous soient catholiques ? ou encore : l'Eglise ne doit pas prétendre à la conquête du nombre de l'universalité, ne serait-il pas suffisant qu'elle soit le « pusillus grex » (Lc 12,32) le petit troupeau des élus ?


Les espoirs


Fils très chers ! bénissons le Seigneur qui nous a permis de vivre dans une période de la vie de l'Eglise au cours de laquelle sa conscience missionnaire s'est réveillée et se développe à ce point qu'elle trouve, d'une part, une théologie (une « économie » comme on dirait dans la terminologie orientale) qui l'illumine et la renforce avec les dogmes les plus élevés et les plus centraux de la révélation (regardez le premier chapitre du décret conciliaire sur l'activité missionnaire de l'Eglise) ; de l'autre un appel à une coutume qui n'a pas été expérimentée auparavant dans l'Eglise, avec l'insistance caractéristique de tous les enseignements du Concile sur la participation totale du Peuple de Dieu, sur le témoignage communautaire, sur l'invitation à l'engagement, pour chaque fidèle, de collaborer à la cause missionnaire.

La connaissance que Nous avons de la réponse de églises locales, des familles religieuses, des associations catholiques, de tant de personnes pieuses et méritantes à l'appel missionnaire, Nous remplit le coeur d'édification, d'admiration et de joie. Nous voudrions faire arriver nos applaudissements et nos remerciements partout où ce phénomène très consolant se produit et grandit en ferveur et en signes de témoignage pratique : que Dieu bénisse tous ceux qui diffusent dans l'Eglise de notre temps les énergies spirituelles et les moyens matériels pour la rendre, dans la mesure du possible, fidèle et valeureuse dans sa vocation missionnaire.


Nous sommes tous appelés


Et encore davantage, Nous voudrions que notre voix, humble voix d'homme faible et pécheur, mais forte et consolatrice, parce que celle du successeur du premier apôtre, arrive au coeur de ces hommes généreux qui dans leur prière écoutent le Maître à la recherche de disciples ; qu'à l'invitation : viens et suis-moi » (Mt 8,22), on réponde avec promptitude comme François Xavier « Jésus ! heme aqui » « Me voici... je suis prêt ! » (cf. Tacchi Venturi, Storia della Compagnia di Gesù, II, 1, 336) ; que notre voix arrive à chaque missionnaire, à tous les fidèles des communautés catholiques naissantes ou florissantes dans les pays lointains, les réconforte tous et chacun, dans la certitude du choix qu'ils ont fait, avec l'encouragement à avancer dans leur entreprise et la promesse infaillible de l'assistance divine.

Mais cette voix s'adresse à vous, ici présents, pleine d'amour et de confiance, et en vous bénissant, Nous vous exhortons : soyez, vous aussi, des missionnaires, ayant compris et aidant la cause souveraine de la diffusion de l'Evangile dans le monde.






30 octobre 1968 : UNE FOI AUTHENTIQUE ET INTEGRALE

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Chers Fils et Filles,



A l'occasion de la fête du Christ Roi, célébrée dimanche passé, on a récité dans de nombreuses églises du monde la profession de foi, que Nous-même avions prononcée le 30 juin, sur la place Saint-Pierre, en conclusion de la commémoration du centenaire du martyre des apôtres Pierre et Paul, qui fut célébrée comme « année de la foi », et se termina avec Notre solennel acte de foi qui a pris le nom de « Credo du Peuple de Dieu ». Vous vous le rappeliez, c'est une reprise, amplifiée de références explicites à quelques points de doctrine, du Symbole de Nicée, qui est comme vous le savez la célèbre formulation de la foi selon le premier concile oecuménique, tenu justement à Nicée (en 325, quelques années après la reconnaissance de la liberté à l'Eglise par l'Edit constantinien de 313) ; cette formule devint populaire, en latin surtout, dans la traduction de saint Hilaire de Poitiers (cf. De Synodis, 84 ; PL. 10, 536), et est répétée substantiellement par nous à la Sainte Messe, lorsqu'elle comporte, selon les rubriques, la récitation du Credo.


Connaissance et adhésion


Brève synthèse des principales vérités crues par l'Eglise catholique, orientale et latine, ce Credo a pris la solennité d'un acte officiel de notre foi ; à la valeur doctrinale objective s'est ainsi ajoutée, c'est évident, la valeur subjective de notre adhésion personnelle et communautaire à ces mêmes vérités que l'Eglise retient comme dérivées de la Révélation ; c'est pourquoi le Credo s'insère avec une autorité décisive et une vigueur fortifiante dans le désordre de nos consciences) confuses et agitées pour y mettre, sur les points fondamentaux, lumière et ordre dans les questions religieuses qui sont les plus importantes et les plus difficiles de notre vie. Il faut cependant avoir toujours présente, dans la récitation du Credo, cette coïncidence de la foi objective (les vérités à croire) avec la foi subjective (l'acte vertueux d'assentiment à ces vérités).

Pourquoi avons-Nous attiré l'attention de l'Eglise sur le double aspect de cette profession de foi ? Vous le savez, pour deux raisons. La première, parce que la foi, comme dit le Concile de Trente, fait sienne avec une scrupuleuse fidélité la pensée de saint Paul (cf.
Rm 321-28) « fides est humanae salutis initium, fundamentum et radix omnis justificationis » (Conc. Trid. Sess. VI, c. 8), la foi est le début du salut de l'homme, le fondement et la racine de toute justification, c'est-à-dire de notre régénération dans le Christ, de notre rédemption et de notre salut présent et éternel. « Sans la foi il est impossible de plaire à Dieu » (He 11,6). La foi est notre premier devoir ; la foi est pour nous une question vitale ; la foi est le principe irremplaçable du christianisme. C'est la source de la charité, le centre de l'unité, la raison d'être fondamentale de notre religion.

Et la seconde raison est la suivante : aujourd'hui, contrairement à ce qui devrait arriver avec le progrès humain, la foi, disons l'adhésion à la foi, est devenue plus difficile. Philosophiquement, à cause de la contestation croissante des lois de la pensée spéculative, de la raison naturelle, de la valeur des certitudes humaines ; le doute, l'agnosticisme, le sophisme, l'absence de préjugés devant l'absurde, le refus de la logique et de la métaphysique, etc. ... bouleversent l'esprit des modernes. Si la pensée n'est plus respectée dans ses exigences rationnelles intrinsèques, la foi aussi — qui, rappelons-le bien, .exige la raison, la dépasse, mais l'exige — en souffre ; la foi n'est pas un fidéisme, c'est-à-dire une croyance privée de bases rationnelles ; elle n'est pas seulement une recherche obscure de quelque expérience religieuse ; elle est possession de la vérité, certitude. « Si ton oeil est malade, dit Jésus, tout ton corps sera dans les ténèbres » (Mt 6,23).


Déviations et erreurs


Nous pouvons malheureusement ajouter : l'acte de foi est devenu aujourd'hui plus difficile, psychologiquement aussi. Aujourd'hui l'homme connaît principalement par le moyen des sens ; on parle de la civilisation de l'image; toute connaissance est traduite en symboles et en signes ; la réalité est mesurée à partir de ce qu'on voit et de ce qu'on entend ; alors que la foi exige l'utilisation de l'esprit, qui se déroule dans un domaine de réalités qui échappent à l'observation sensible. Disons aussi que les difficultés surgissent des études philologiques, exégétiques, historiques, appliquées à cette première source de la vérité révélée qu'est la Sainte Ecriture : privée du complément fourni par la tradition et de l'assistance autorisée du magistère ecclésiastique, l'étude de la seule Bible est aussi pleine de doutes et de problèmes qui déconcertent plus qu'ils ne renforcent la foi ; laissée à l'initiative individuelle, elle engendre un pluralisme tel d'opinions qu'elle secoue la foi dans sa certitude subjective et lui enlève son autorité sociale ; au point qu'une telle foi met des obstacles à l'unité des croyants alors que la foi doit être la base de la convergence idéale et spirituelle : la foi est une (Ep 4,5).

Nous en parlons avec douleur; mais c'est ainsi. C'est pourquoi les remèdes qui sont recherchés de tant de côtés pour résoudre les crises modernes de la foi, sont souvent illusoires. Il en est qui pour redonner de la force au contenu de la foi le restreignent à quelques propositions de base, qu'ils pensent être la signification authentique des sources du christianisme et de l'Ecriture Sainte elle-même ; il n'est pas nécessaire de dire combien est arbitraire, même s'il est revêtu d'apparence scientifique, et combien désastreux, un tel procédé. Il y en a d'autres, au contraire, avec des critères d'un empirisme déconcertant, qui s'arrogent le droit de faire un choix entre les nombreuses vérités enseignées par notre credo pour repousser celles qui ne plaisent pas et pour en retenir quelques-unes plus agréables. D'autres enfin cherchent à adapter la doctrine de la foi à la mentalité moderne faisant même de cette mentalité, qu'elle soit profane ou spiritualiste, une méthode et une mesure de la pensée religieuse : l'effort, bien digne par lui-même de louange et de compréhension, accompli par ce système, pour exprimer les vérités de la foi en termes accessibles au langage et à la mentalité de notre foi, a parfois cédé au désir d'un succès plus facile, taisant, tempérant ou modifiant certains dogmes difficiles. Tentative dangereuse, encore qu'elle soit nécessaire ; elle mérite un accueil favorable seulement lorsqu'elle conserve dans la présentation la plus accessible de la doctrine sa plus sincère intégrité ; « que votre parole — dit le Seigneur — soit oui, oui, non, non » (Mt 5,37 Jc 5,12), en excluant toute ambiguïté artificielle. Cette situation dramatique de la foi à notre époque Nous fait penser à la sage parole du Concile : « la sainte Tradition, la sainte Ecriture et le Magistère de l'Eglise, par une très sage disposition de Dieu, sont tellement reliés et solidaires entre eux qu'aucune de ces réalités ne se tient sans les autres » (Const. DV 10). C'est bien, pour la foi objective, pour savoir exactement ce que nous devons croire. Mais pour la foi subjective, que ferons-nous, après avoir écouté, étudié, médité honnêtement, assidûment ? Aurons-nous la foi ?


Prière pour obtenir la foi


Nous pouvons répondre affirmativement, mais en tenant toujours compte d'un aspect fondamental et, en un certain sens, redoutable de la question, c'est-à-dire que la foi est une grâce. « Tous, dit saint Paul, n'ont pas obéi à la Bonne Nouvelle » (Rm 10,16). Et alors qu'en sera-t-il de nous ? Serons-nous parmi les heureux qui auront le don de la foi ? Oui, répondons-nous ; mais c'est un don qu'il faut considérer comme précieux, qu'il faut garder, dont il faut jouir et vivre. Et il faut le demander par la prière, comme cet homme de l'Evangile : « Oui, je crois Seigneur, mais aide mon incrédulité » (Mc 9,24).

Voulons-nous, fils très chers, prier par exemple comme ceci :

Seigneur, je crois : je veux croire en Toi.

O Seigneur, fais que ma foi soit entière, sans réserves, et qu'elle pénètre dans ma pensée, dans ma façon de juger les choses divines et les choses humaines ;

O Seigneur, fais que ma foi soit libre ; qu'elle ait le concours personnel de mon adhésion, accepte les renoncements et les devoirs qu'elle comporte et qu'elle exprime le meilleur de ma personnalité : je crois en Toi, Seigneur;

O Seigneur, fais que ma foi soit certaine ; forte d'une convergence extérieure de preuves et d'un témoignage intérieur de l'Esprit Saint, forte de sa lumière rassurante, de sa conclusion pacifiante, de son assimilation reposante ;

O Seigneur, fais que ma foi soit forte, qu'elle ne craigne pas les contrariétés des problèmes, dont est remplie l'expérience de notre vie avide de lumière, qu'elle ne craigne pas l'adversité de ceux qui la discutent, l'attaquent, la refusent, la nient; mais qu'elle se renforce de la preuve de ta vérité, qu'elle résiste à l'usure des critiques, qu'elle se renforce continuellement en surmontant les difficultés dialectiques et spirituelles dans lesquelles se déroule notre existence temporelle.

O Seigneur, fais que ma foi soit joyeuse et qu'elle donne paix et allégresse à mon esprit, le rende capable de prier avec Dieu et de converser avec les hommes, de telle manière que transparaisse dans le langage sacré et profane la béatitude intérieure de son heureuse possession;

O Seigneur, fais que ma foi soit active et donne à la charité les raisons de son développement, de manière qu'elle soit vraiment amitié avec Toi, et qu'elle soit dans les travaux, dans les souffrances, dans l'attente de la révélation finale, une recherche continue de foi, un témoignage constant, un aliment d'espérance;

O Seigneur, fais que ma foi soit humble et qu'elle ne croit pas se fonder sur l'expérience de mon esprit et de mon sentiment ; mais qu'elle rende témoignage à l'Esprit Saint, et qu'elle n'ait d'autre garantie que dans la docilité à la Tradition et à l'autorité du magistère de la Sainte Eglise. Amen.


Et que se conclue ainsi, pour Nous aussi, pour vous tous l'année de la foi avec Notre Bénédiction Apostolique.





Catéchèses Paul VI 9108