L’Egypte fait défiler les momies de ses pharaons dans les rues du Caire

Vingt-deux chars transportant des momies de rois et reines de l’Egypte antique ont défilé samedi soir dans les rues du Caire, lors d’un spectacle pharaonique pour aller rejoindre le Musée national de la civilisation égyptienne (NMEC), nouvelle demeure des momies royales. Certains craignent une malédiction à venir.

    Des images à couper le souffle. Dans un show extraordinaire, diffusé à la télévision avec des milliers d’artistes et figurants, 22 momies de rois et reines d’Égypte, ont rejoint le Musée national de la civilisation égyptienne (NMEC). Encadrés d’une garde montée, les premiers chars noirs ornés de motifs dorés et lumineux rappelant les embarcations funéraires antiques ont quitté, à 20 heures la place Tahir et le musée du Caire, où les momies reposaient depuis plus d’un siècle.

    La place était fermée à la circulation ainsi qu’aux piétons, comme l’ensemble du trajet de quelque sept kilomètres à travers les rues du Caire jusqu’au NMEC situé dans le sud de la capitale. Sous les coups de canon, les chars sont arrivés au nouveau musée vers 20h30, accueillis par le président Abdel Fattah al Sissi.

    Place Tahir. REUTERS/Mohamed Abd El Ghany
    Place Tahir. REUTERS/Mohamed Abd El Ghany

    Dans l’ordre chronologique, le pharaon Seqenenre Tâa (XVIe siècle avant J-C.), surnommé « le courageux », a ouvert la marche, fermée par Ramsès IX (XIIe siècle avant J-C.). Parmi les momies les plus connues figurent celles des célèbres souverains Hatchepsout et Ramsès II.

    Elles n’avaient pas quitté cette place depuis le XXe siècle

    Baignée dans une lumière bleue, la procession a quitté le musée centenaire, accompagnée par un spectacle avec des figurants en costume pharaonique, de chars tirés par des chevaux, sous les battements de tambours d’une fanfare et sur fond de musique symphonique.

    REUTERS
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    « Avec une grande fierté, je me réjouis d’accueillir des rois et reines d’Égypte après leur trajet », avait tweeté plus tôt le président Sissi. Le NMEC, qui occupe un vaste bâtiment moderne, doit ouvrir ses portes au public le 4 avril. Mais les momies ne seront exposées au public qu’à partir du 18 avril.

    Audrey Azoulay, ancienne ministre de la Culture française et directrice générale de l’Unesco, a affirmé dans un communiqué que le déménagement des momies vers le NMEC était « l’aboutissement d’un long travail pour mieux les conserver et mieux les exposer ». Un travail auquel l’Unesco a participé.

    Découvertes près de Louxor (sud) à partir de 1881, la plupart des 22 momies n’avaient pas quitté la place Tahrir depuis le début du XXe siècle. Depuis les années 1950, elles y étaient exposées dans une petite salle, sans explications muséographiques claires.

    Au NMEC, elles apparaîtront dans des caissons plus modernes « pour un contrôle de la température et l’humidité meilleur qu’au vieux musée », explique Salima Ikram, professeure d’Égyptologie à l’Université américaine du Caire, spécialiste de la momification.

    Elles seront présentées aux côtés de leurs sarcophages, dans un décor rappelant les tombes souterraines des rois, avec une biographie et des objets liés aux souverains. Le caractère macabre des momies a par le passé rebuté plus d’un visiteur. « Je n’oublierai jamais lorsque j’ai emmené (la princesse) Margaret, sœur de la reine Élisabeth II, au musée : elle a fermé les yeux et est partie en courant », raconte M. Hawass.

    La crainte d’une malédiction

    Après des années d’instabilité politique liées à la révolte populaire de 2011, qui a porté un coup dur au tourisme, l’Égypte cherche à faire revenir les visiteurs, notamment en promouvant la culture. Outre le NMEC, l’Égypte doit inaugurer d’ici quelques mois le Grand musée égyptien (GEM) près des pyramides de Guizeh, qui abritera des collections pharaoniques.

     REUTERS/Mohamed Abd El Ghany
    REUTERS/Mohamed Abd El Ghany

    « Le musée de la place Tahrir ne mourra pas on va le développer » a assuré samedi soir Khaled al-Enany. Quelques jours avant l’événement, sous le hashtag en arabe #malédiction_des_pharaons, de nombreux internautes ont associé les récentes catastrophes survenues en Égypte à une « malédiction » qui aurait été provoquée par le déplacement des momies.

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    En une semaine, l’Égypte a connu le blocage du canal de Suez par un porte-conteneurs, un accident de train qui a fait 18 morts à Sohag (sud) et l’effondrement d’un immeuble au Caire qui a entraîné la mort d’au moins 25 personnes.

    La « malédiction du pharaon » avait déjà été évoquée dans les années 1920 après la découverte de la tombe de Toutankhamon, suivie des décès jugés mystérieux de membres de l’équipe d’archéologues.