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Une prophétie de Saint François

Une curiosité troublante, dans un des derniers billets de Maurizio Blondet: s'agirait-il des FFI? (2/11/2014, mise à jour)

Ci contre: Saint François recevant les stigmates (Frans Porbus le Jeune, 1620, Musée du Louvre)

Voir aussi:
>>> Un géant de la sainteté: St François d'Assise (catéchèse de Benoît XVI)
>>> De Maurizio Blondet, également: Rahner 1er, Pape?

L'article est, comme nous l'avons déjà dit, en accès payant sur le site EFFEDIEFFE.
En voici un mien résumé, incluant la prophétie de Saint-François découverte par l'auteur.

     

Le billet, qui s'intitule «Une prophétie de Saint François sur les tribulations de l'Eglise» commence par ces mots: Ce sont des temps où l'on scrute les prophéties....

Et de citer la mystique allemande béatifiée en 2004 par Jean-Paul II, Catherine Emmerick (1774-1824), qui avait confié ses «visions» au poète Clemens Brentano.
En juin 2013, un article de Mattia Rossi publié sur Il Foglio rapportait en particulier une prophétie extrêmement troublante sur «les deux Papes», datant de 1820: j'avais traduit l'article ici (benoit-et-moi.fr/2013-II/articles/les-2-papes-et-les-visions-de-catherine-emmerick), accompagné de plusieurs éclaircissements, il est peut-être intéressant de le relire à la lumière des évènement récents, comme la jamais vraiment démentie visite au Pape émérite des "pères synodaux frondeurs" (cf. Un scoop de La Repubblica).

«Je vois le Saint-Père dans une grande angoisse. Il habite dans un bâtiment autre que celui d'avant et il n'y admet qu'un nombre limité d'amis qui lui sont proches. Je crains que le Saint-Père ne souffrira beaucoup d'autres épreuves avant de mourir. Je vois que la fausse église des ténèbres fait des progrès, et je vois l'énorme influence qu'elle a sur les gens» (10 Août 1820).

J'avais en particulier essayé de mettre en évidence les problémes soulevés d'une part par les sources (les visions ne sont pas rapportées directement, mais à travers les récits de Brentano), et d'autre part le niveau de crédit à accorder aux «visions intérieures,» catégorie dont relèvent celles de Catherine Emmerick.

Il est certain que les évènement récents rendent ces prophéties (si tant est qu'elles soient authentiques) très impressionnantes.
On a parfaitement le droit de ne pas y croire (et alors, mieux vaut ne pas lire ce qui suit)

* * *

Mais revenons à l'article de Blondet, qui fait référence à une prophétie présumée de Saint François d'Assise, remontant à peu de temps avant sa mort, le 3 octobre 1226.
Il explique qu'il en a eu connaissance par un de ses amis érudits, Giacomo Maria Prati, également collectionneur passionné de documents anciens (1).
Ce dernier l'a découvert dans un livre publié en 1880 par l'Imprimerie de la Bibliothèque Ecclésiastique de Paris, Avenue d'Orléans 32, intitulé: "S. Francisci Assisiatis - serafici minorum patriarche - Opera Omnia.."
Le texte est à son tour inséré dans la "Medi Aevi Bibliotheca Patristica", publié par la dite Imprimerie, dont elle est le "Tomus Sextus".

Voici la traduction (par Anna) du texte original en latin, elle-même d'après la traduction en italien par Giacomo Maria Prati:

Peu de temps avant sa mort, il réunit ses frères et les alerta des futures tribulations en disant:

« Continuez avec courage et trouvez réconfort et soutien dans le Seigneur. Des temps graves de tribulation et d'affliction se hâteront de venir à votre rencontre, pendant lesquels se répandront obscurité et dangers matériels et spirituels, la charité de plusieurs se refroidira et l'iniquité des méchants surabondera. La puissance des démons sera déliée plus que d'ordinaire, la pureté immaculée de notre culte et de celui d'autres sera défigurée, au point que très peu de chrétiens obéiront au vrai Souverain Pontife et à l'Eglise romaine: un tel, qui n'aura pas été élu canoniquement, sera élevé à la Papauté au moment de sa tribulation, il tramera de donner à plusieurs la mort par ses erreurs. Alors les scandales se multiplieront, notre Religion se divisera, plusieurs seront par d'autres totalement affaiblis, tant qu'ils ne s'opposeront pas mais s'accorderont avec la dérive. Il y aura tellement d'opinions et de schismes parmi le peuple et les religieux et les ecclésiastiques que s'ils n'étaient pas abrégés selon la parole de l'Evangile, ces jours induiraient en erreur (si cela était possible) même les élus, si ce n'est qu'ils seront guidés en si terrible tempête par l'immense miséricorde de Dieu. Notre Règle et notre vie seront alors très violemment attaquées par certains. De puissantes tentations vont s'abattre dessus. Alors, ceux qui résisteront dans l'épreuve auront la couronne de la vie. Mais gare à ceux qui deviendront tièdes en se sentant en sécurité dans le seul espoir de la religion et ne résisteront pas avec constance aux tentations consenties afin d'éprouver les élus. Ceux qui - fervents de charité et avec un véritable esprit et zèle pour la vérité - seront restés attachés à l'amour de Dieu, subiront persécutions et punitions comme s'ils étaient désobéissants et schismatiques. En effet, ceux qui les persécuteront, incités par des esprits mauvais affirmeront être un grand hommage à Dieu que d'anéantir et enlever de la terre des hommes aussi nocifs. En ce moment toutefois le Seigneur sera refuge pour les affligés et il sauvera ceux qui espéreront en lui. Afin de se conformer à leur chef ils se comporteront avec foi et choisiront d'obéir à Dieu plutôt qu'aux hommes; ne voulant pas s'accorder avec le mensonge et la perfidie ils ne craindront en aucun cas la mort. La vérité sera alors ensevelie dans le silence par quelques prédicateurs, par d'autres elle sera déniée avec mépris. La sainteté de vie sera raillée par ceux qui la professent et à cause de cela le Seigneur Jésus Christ leur laissera non pas un digne pasteur mais un exterminateur.»

Maurizio Blondet pose alors LA question, à propos de la prophétie: s'est-elle déjà réalisée?

La premère idée venue à l'esprit des curateurs (éditeurs) qui au XIXe siècle ont rassemblé et publié ces écrits de Saint François, nous dit Blondet, c'est le grand schisme d'Occident, survenu après l'élection d'Urbain VI en 1378, et qui pendant preque 40 ans déchira l'Eglise, quatre antipapes successifs s'opposant à cinq Papes, jusqu'à la "recomposition" en 1417.
Maurizio Blondet développe assez longuement cet épisode historique (on trouvera des détails sur Wikipedia), concluant par la remarque que durant cette période, papes et antipapes se combattirent uniquement pour des raisons de ressentiment personnel et de soif de pouvoir, mais à aucun moment ne prétendirent imposer de «nouveautés» à la doctrine.

D'où la deuxième question qui s'impose:
«Et aujourd'hui? Y a-t-il déviation de la foi chez ce pape au mauvais caractère (comme Urbain VI) et à la personnalité scindée, produit idéologique accompli du modernisme ecclésial au pouvoir?»...
«C'est sur la base de cette question - dit Blondet - qu'en relisant la prophétie de saint François, le doute surgit qu'il ne parle pas seulement du grand schisme de 1378, mais de "notre temps"».


LA PROPHÉTIE ET LES FRANCISCAINS DE L'IMMACULÉE...
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Parmi plusieurs coïncidences troublantes avec la situation acctuelle, qui apparaissent à la lecture du texte, et que l'article met en évidence, particulièrement impressionnante est la prédiction que «notre règle de vie - franciscaine - sera violemment attaquée par quelqu'un (acerrime impugnabitur); il ne semble pas que durant le grand schisme de 1378 la communauté franciscaine ait subi des pressions ou des réformes de la part d'anti-papes; ce qui vient donc irrésistiblement à l'esprit, c'est l'acharnement du Pape François contre les franciscains de l'Immaculée, certainement les derniers à suivre sans atténuation l'antique règle de saint François».

* * *

Conscient du scepticisme que les prophéties ne manqueront pas de susciter chez la plupart des gens (*), Maurizio Blondet plaide qu'il ne fait que «scruter les signes des temps», observant qu'au fond, il est illusoire de vouloir savoir si Saint François annonçait le schisme qui devait diviser l'Eglise un siècle et demi après... ou un autre épisode, y compris ce qui ce passe en nos temps «ultimes» (au sens de "fin du monde").

Quand Jésus a prédit que du Temple, dont les disciples lui vantaient orgueilleusement la grandeur "il ne restera pas pierre sur pierre qui ne soit renversée", il parle à la fois de la destruction sous Titus en 72 après JC et de la grande tribulation de la fin des temps, avant Sa seconde venue: dans Son esprit divin ces événements sont comme le calque l'un de l'autre.
Les prophètes ne sont pas des devins de faits déterminés; ce qu'ils voient par la grâce de l'Esprit, c'est quelque chose comme un archétype ultracosmique qui se révèle dans les faits récurrents.
(...)

Maurizio Blondet conclut en soulignant une dernière fois ce qu'il y a de spécifique, dans cette prophétie de Saint François: d'une part la non-obéissance de beaucoup au «vrai Pontife» (cela implique peut-être qu'il y en a un autre... faux), et surtout, l'agression violente contre l'ordre franciscain.

Chacun en fera ce qu'il voudra...

* * *

(1) En faisant une recherche sur son nom, je vois que Giacomo Maria Prati a écrit un article intitulé: Qui a écrit Lumen Fidéi? La dernière encyclique de Benoît XVI, ou la première de François? (www.academia.edu/6423905/Chi_ha_scritto_la_Lumen_Fidei_di_Giacomo_Maria_Prati )

Note ultérieure

(*) Un lecteur attentif me dit que cette prophétie est probablement un texte apocryphe.
Explications d'un frère franciscain (ofm) à lire ici. (il faut cliquer sur le lien "afficher l'historique des mails"): on trouvera en particulier le texte en latin cité par Maurizio Blondet, et une autre traduction.
Des informations sont également accessibles parmi les commentaires d'un billet du site italien <chiesa e post concilio>.

Je ne suis pas spécialiste, et j'ai tendance à faire confiance à l'ami qui m'a transmis ce lien: le franciscain offre des explications plausibles, et il semble bien connaître son sujet.
Mais ce que cette prolifération de "visions" et de "prophéties" sur la Toile, en ce moment précis (c'était impensable sous le pontificat de Benoît, et sous Jean Paul II, on a surtout parlé de Fatima) met en évidence de façon dramatique, c'est que les gens ne comprennent pas ce que fait le pape François.
Cela aussi, c'est un signe, et ce serait une erreur de le négliger.




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