+†+Yesus Kristus azu+†+

« Il n’est pour l’âme aliment plus suave que la connaissance de la vérité » (Lactance)

L’infaillibilité du magistère ordinaire-universel

Le magistère ordinaire-universel, généralement appelé « MOU » en abrégé est l’enseignement général et constant des évêques unis au Pape, dispersés à travers le monde. Il n’est pas nécessaire que tous soient d’accord, mais une quasi-unanimité suffit.

Le Magistère de l’Eglise

Pie IX

Pie IX enseigne et définit le MOU de la manière suivante :

« Quand même il ne s’agirait que de la soumission due à la foi divine, on ne pourrait pas la restreindre aux seuls points définis par des décrets exprès des Conciles œcuméniques, ou des Pontifes romains et de ce Siège Apostolique ; il faudrait encore l’étendre à tout ce qui est transmis, comme divinement révélé, par le corps enseignant ordinaire de toute l’Église dispersée dans l’univers, et que pour cette raison les théologiens catholiques, d’un consentement universel et constant, regardent comme appartenant à la foi. » (Lettre apostolique Tuas Libenter à Mgr Gregor von SCHERR, archevêque de Munich et Freising – Sur la soumission au Magistère de l’Église)

D’après le commentaire de l’abbé Matthias GAUDRON dans son Catéchisme catholique de la crise dans l’Église, (5ème édition, Éditions du Sel, page 39), cela signifie que le MOU est caractérisé par un enseignement touchant à la foi ou la morale, que les évêques l’enseignent avec autorité (c’est le propre du magistère), de manière universellement unanime et en tant que divinement révélé aux Apôtres ou nécessaires pour garder le dépôt de la foi et donc comme immuable et obligatoire.

Nous rappelons le caractère obligatoire d’un tel document adressé à un seul évêque :

« [Ce que nous venons de dire] est conforme aux enseignements et avertissements que vous savez déjà formulés, vénérable Frère, soit dans Nos Lettres ou Instructions aux divers archevêques et évêques, soit dans celles de Notre prédécesseur Pie VIII, édictées par ses ordres ou par les Nôtres. Il importe peu que ces Instructions aient été données seulement à quelques évêques qui avaient consulté le Siège Apostolique, comme si la liberté était accordée aux autres de ne pas suivre cette décision ! » (Grégoire XVI, Lettre Non sine gravi, à Mgr Étienne MARILLEY, Évêque de Lausanne et Fribourg, 23 mai 1846, Enseignements Pontificaux, n° 190)

Ainsi, dès lors que le Pape s’exprime en tant que Pape, sur la foi et la morale, s’il s’adresse à ne serait-ce qu’à un seul Évêque, il est présumé qu’Il s’adressât virtuellement à toute l’Église.

Mgr Henry SAUVÉ affirme que :

« pour qu’une définition papale soit infaillible, la constitution ne dit pas qu’il soit nécessaire :

1° Que le Pape s’adresse explicitement à toute l’Église dans l’acte par lequel il définit. A la rigueur, le Pape pourrait s’adresser à un évêque ou à une seule nation et vouloir définir une doctrine qui devrait être tenue par toute l’Église. » (Le pape et le concile du Vatican, Berche & Tralin, p. 322 : http://www.liberius.net/livre.php?id_livre=833)

L’autorité de Mgr SAUVÉ en la matière est incontestable puisqu’en plus d’avoir été Théologien pontifical et consulteur de l’Index, il fut Théologien du Pape au Concile du Vatican, qui définit le dogme de l’infaillibilité !

Mgr Louis-Gaston de SÉGUR affirme le caractère infaillible de cinq Brefs adressés par Pie IX à une seule personne ou une seule association, au début de son livre Hommage au jeunes catholiques libéraux :

« Quelques semaines auparavant, le Pape avait adressé aux catholiques allemands un Bref Apostolique qui présente un caractère dogmatique encore plus explicite, s’il se peut, que ceux qui devaient les suivre » (Hommage aux jeunes catholiques libéraux, in : Œuvres de Mgr de Ségur, 1887, tome 10, page 363)

« Encore une fois, cinq Brefs, cinq Brefs dogmatiques, se succédant à de si courts intervalles, s’adressant à l’Allemagne, à l’Italie, à la Belgique, à la France, exposant des principes et donnant des directions qui regardent tous les enfants de l’Église : franchement, que faut-il de plus pour manifester jusqu’à l’évidence, chez le souverain Docteur et Pasteur de l’Église, l’intention formelle d’enseigner, et d’enseigner officiellement ? » (Hommage aux jeunes catholiques libéraux, in : Œuvres de Mgr de Ségur, 1887, tome 10, page 386)

Aussi, Pie IX félicita Mgr Louis-Gaston de SÉGUR pour l’ensemble de son œuvre en 1876, dans le Bref par lequel il couronne son opuscule L’enfer, dans cet article : Un auteur catholique à lire : Mgr Louis-Gaston de SÉGUR (1820-1881). On y lira aussi que Pie XI parlait de « Mgr Louis-Gaston de Ségur, prêtre d’une vie sainte, d’un profond savoir et d’une grande piété. » (Lettres apostoliques Quod ad conventus concédant des indulgences, privilèges, induits et dispenses aux Congrès eucharistiques, 7 mars 1924, Actes de S. S. Pie XI, tome 2 (année 1924), pages 36-37). Mais spécialement pour Hommage aux jeunes catholiques libéraux, particulièrement pour en pointant spécialement la mention faite de ces Brefs ! Voici les félicitations qu’il lui fit parvenir, telle qu’elle fut retranscrite dans l’édition des œuvres complètes de Mgr de SÉGUR, ou ce livre est précédée (tome 10, pp. 347-348) :

« N. T.-S. P. le Pape Pie IX, aux, pieds duquel j’avais déposé un des premiers exemplaires de cet opuscule, a daigné l’agréer et m’a fait répondre, par son Secrétaire des Lettres Latines, Son Excellence Révérendissime Monseigneur Nocella, quelques paroles de félicitation. Voici la partie de cette lettre qui concerné l’Hommage aux jeunes catholiques libéraux :

«… Devant les incessants témoignages du zèle qui vous distingue dans la défense de la vérité et de la Religion, Notre Très-Saint Seigneur le Pape PIE IX a pensé qu’il y avait lieu de vous envoyer une fois déplus ses félicitations. Sa Sainteté, en effet, a reçu votre opuscule intitulé : Hommage aux jeunes catholiques-libéraux ; et le Saint Père a vu par votre lettre que, dans ce nouvel écrit, mettant sous les yeux de vos lecteurs les Lettres Apostoliques, écrites par Sa Sainteté pour prémunir les fidèles contre les principes catholiques-libéraux et contre leurs fauteurs, vous vous êtes soigneusement appliqué à donner sur ce sujet aux jeunes gens de précieux avis, capables de les préserver fort heureusement de ce mal perfide.

Le Très-Saint Père a grandement loué votre zèle à cet égard. En attendant qu’Elle puisse lire et goûter votre travail, Sa Sainteté est persuadée que si, par d’autres excellents écrits, vous avez eu déjà le bonheur défaire du bien à vos concitoyens, vous avez acquis par celui-ci un nouveau mérite devant DIEU, et une fois de plus vous aurez été sérieusement utile à vos lecteurs.

Rome, le 1er avril 1874. »

Aussi, dès lors que le Pape s’exprime en tant que Pape, sur la foi et la morale, s’il s’adresse à ne serait-ce qu’un seul Évêque, il est présumé s’adresser virtuellement à toute l’Église.

De même, le Cardinal Louis BILLOT, SJ, expliquera :

« Troisièmement, le concile dit : « s’acquittant de sa charge de pasteur et docteur de tous les chrétiens » et il ajoute : « par toute l’Eglise ». Ces expressions figurent ici pour que la définition soit plus claire. En effet, la doctrine de foi et de mœurs est en tant que telle une doctrine qui oblige toute l’Eglise. […] Car dès qu’on à affaire à une définition digne de ce nom, on doit nécessairement y reconnaître une déclaration adressée à toute l’Eglise et qui émane du pape en tant qu’il exerce sa charge de pasteur et docteur de tous les chrétiens. Et il n’est pas requis que cet acte du pape soit adressé de façon matérielle à tous les fidèles ou à tous les chrétiens ; il suffit qu’il ait l’intention explicite de procéder à un jugement définitif, qu’aucune décision postérieure ne pourra plus modifier, mettant ainsi un terme à une controverse. Pour donner un exemple, on peut citer la lettre adressée par le pape saint Léon le Grand à l’évêque Flavien de Constantinople, qui condamne l’hérésie d’Eutychès et qui définit en termes très précis ce que l’Eglise catholique tout entière doit croire et enseigner, au sujet du mystère de l’Incarnation du Seigneur. Tout le monde compte ce texte parmi les plus célèbres définitions ex cathedra des pontifes romains. » (Tractatus de Ecclesia Christi, question 14, thèse 31, I, I.2, Rome. Traduction française : L’Eglise, Courrier de Rome, 2010, tome II – Sa constitution intime, n°984, pp. 480-481)

Citons enfin un autre très grand théologien, le Père Timothée ZAPELENA, SJ :

« Il n’est pas nécessaire qu’un document qui contient une définition soit dirigé à l’Eglise universelle ; il suffit qu’il soit destiné à toute l’Eglise, bien qu’il ne soit immédiatement adressé qu’à des évêques d’une région dans laquelle l’erreur est répandu. » (De Ecclesia Christi, pars altera, Thèse XVIII, Rome, 1940)

Aussi, on verra Pie XII trancher infailliblement et définitivement la question des « méthodes naturelles » lors de son discours du 29 octobre 1951, pourtant adressé matériellement aux seules sages-femmes italiennes ! C’est en tout cas la sentence de tous les moralistes.

Par ailleurs, on en compte plus les Lettres, Bulles et Encycliques adressées à seulement une partie de l’épiscopat mais que tout le monde reconnaît comme portant des définitions obligatoires pour toute l’Eglise, à titre définitif.

La doctrine étant par nature universelle, la question que nous devons donc nous poser lorsque nous avons affaire à un document papal traitant de doctrine, adressé matériellement à une portion seulement de l’Eglise, la question à se poser n’est pas « A-t-il l’intention de s’adresser à l’Eglise universelle ?« , mais à l’inverse, présumer qu’il le fait, et en conséquence se demander : « Y a-t-il quelque chose dans le texte ou le contexte qui m’autorise à penser qu’il ne s’adresse pas virtuellement à toute l’Eglise ?« .

Par ailleurs la quatrième condition requise pour caractériser la locution ex cathedra, le prononcement définitif, il suffit que le Pape exprime que cette doctrine est révélée, ou contenue dans la Sainte Ecriture, ou de foi, ou nécessaire à croire pour le salut, ou de droit divin, etc, ou bien au contraire si cette doctrine est dite contraire à la foi etc. En effet, un catholique doit l’assentiment de l’intelligence à l’intégralité du Magistère ; l’Esprit Saint ne peut donc pas permettre qu’une déclaration prétendant manifester la foi puisse errer.

Concile Vatican I

Le concile dans la basilique Saint-Pierre de Rome.

« Or, on doit croire d’une foi divine et catholique tout ce qui est contenu dans les saintes Écritures et dans la Tradition, et tout ce qui est proposé par l’Église comme vérité divinement révélée, soit par un jugement solennel, soit par son magistère ordinaire et universel. » (Constitution Dei filius, chapitre III « De la Foi »).

Léon XIII

« Quant à déterminer quelles doctrines sont renfermées dans cette révélation divine, c’est la mission de l’Église enseignante, à laquelle Dieu a confié la garde et l’interprétation de sa parole ; dans l’Église, le docteur suprême est le Pontife Romain. L’union des esprits réclame donc, avec un parfait accord dans la même foi, une parfaite soumission et obéissance des volontés à l’Église et au pontife Romain, comme à Dieu lui-même.

L’obéissance doit être parfaite, parce qu’elle appartient à l’essence de la foi, et elle a cela de commun avec la foi qu’elle ne peut pas être partagée. Bien plus, si elle n’est pas absolue et parfaite de tout point, elle peut porter encore le nom d’obéissance, mais elle n’a plus rien de commun avec elle. La tradition chrétienne attache un tel prix à cette perfection de l’obéissance, qu’elle en a toujours fait et en fait toujours le signe caractéristique auquel on peut reconnaître les catholiques. C’est ce que saint Thomas d’Aquin explique d’une manière admirable dans le passage suivant :

« L’objet formel de la foi est la vérité première, en tant qu’elle est manifestée dans les Saintes Écritures et dans la doctrine de l’Église, qui procèdent de la vérité première. Il suit de là que quiconque n’adhère pas, comme à une règle infaillible et divine, à la doctrine de l’Église, qui procède de la vérité première manifestée dans les Saintes Écritures, n’a pas la foi habituelle, mais possède autrement que par la foi les choses qui sont de son domaine… Or, il est manifeste que celui qui adhère à la doctrine de l’Église comme à une règle infaillible donne son assentiment à tout ce que l’Église enseigne ; autrement, si, parmi les choses que l’Église enseigne, il retient ce qui lui plaît et exclut ce qui ne lui plaît pas, il adhère à sa propre volonté et non à la doctrine de l’Église, en tant qu’elle est une règle infaillible. La foi de toute l’Église doit être Une, selon cette parole de saint Paul aux Corinthiens (I Cor., 1) : « Ayez tous un même langage et qu’il n’y ait pas de division parmi vous. » Or, cette unité ne saurait être sauvegardée qu’à la condition que les questions qui surgissent sur la foi soient résolues par celui qui préside à l’Église tout entière, et que sa sentence soit acceptée par elle avec fermeté. C’est pourquoi à l’autorité du Souverain Pontife seul il appartient de publier un nouveau symbole, comme de décerner toutes les autres choses qui regardent l’Église universelle ».

Lorsqu’on trace les limites de l’obéissance due aux pasteurs des âmes et surtout au Pontife Romain, il ne faut pas penser qu’elles renferment seulement les dogmes auxquels l’intelligence doit adhérer et dont le rejet opiniâtre constitue le crime d’hérésie. Il ne suffirait même pas de donner un sincère et ferme assentiment aux doctrines qui, sans avoir été jamais définies par aucun jugement solennel de l’Église, sont cependant proposées à notre foi, par son magistère ordinaire et universel, comme étant divinement révélées, et qui, d’après le concile du Vatican, doivent être crues de foi catholique et divine. Il faut, en outre, que les chrétiens considèrent comme un devoir de se laisser régir, gouverner et guider par l’autorité des évêques, et surtout par celle du Siège apostolique. Combien cela est raisonnable, il est facile de le démontrer. En effet, parmi les choses contenues dans les divins oracles, les unes se rapportent à Dieu, principe de la béatitude que nous espérons, et les autres à l’homme lui-même et aux moyens d’arriver à cette béatitude. Il appartient de droit divin à l’Église et, dans l’Église, au Pontife romain, de déterminer dans ces deux ordres ce qu’il faut croire et ce qu’il faut faire. Voilà pourquoi le Pontife doit pouvoir juger avec autorité de ce que renferme la parole de Dieu, décider quelles doctrines concordent avec elle et quelles doctrines y contredisent. De même, dans la sphère de la morale, c’est à lui de déterminer ce qui est bien, ce qui est mal, ce qui est nécessaire d’accomplir et d’éviter si l’on veut parvenir au salut éternel ; autrement, il ne pourrait être ni l’interprète infaillible de la parole de Dieu, ni le guide sûr de la vie humaine.

Il faut encore pénétrer plus avant dans la constitution intime de l’Église. En effet, elle n’est pas une association fortuitement établie entre chrétiens, mais une société divinement constituée et organisée d’une manière admirable, ayant pour but direct et prochain de mettre les âmes en possession de la paix et de la sainteté. Et, comme seule elle a reçu de la grâce de Dieu les moyens nécessaires pour réaliser une telle fin, elle a ses lois fixes, ses attributions propres et une méthode déterminée et conforme à sa nature de gouverner les peuples chrétiens. » (Encyclique Sapientiae Christianae, 10 janvier 1890, sur les principaux devoirs des chrétiens, n° 31 à 35)

Léon XIII explique encore l’origine et la nécessité du MOU :

« Il est donc évident, d’après tout ce qui vient d’être dit, que Jésus-Christ a institué dans l’Eglise un magistère vivant, authentique et, de plus, perpétuel (Conc. Vat. sess. III. cap. 3), qu’Il a investi de Sa propre autorité, revêtu de l’esprit de vérité, confirmé par des miracles, et Il a voulu et très sévèrement ordonné que les enseignements doctrinaux de ce magistère fussent reçus comme les Siens propres. Toutes les fois donc que la parole de ce magistère déclare que telle ou telle vérité fait partie de l’ensemble de la doctrine divinement révélée, chacun doit croire avec certitude que cela est vrai ; car si cela pouvait en quelque manière être faux, il s’ensuivrait, ce qui est évidemment absurde, que Dieu Lui-même serait l’auteur de l’erreur des hommes.

« Seigneur, si nous sommes dans l’erreur, c’est Vous-même qui nous avez trompés » (Richardus de S. Victore, De Trin., lib. I, cap. 2). Tout motif de doute étant ainsi écarté, peut-il être permis à qui que ce soit de repousser quelqu’une de ces vérités, sans se précipiter ouvertement dans l’hérésie, sans se séparer de l’Eglise et sans répudier en bloc toute la doctrine chrétienne ? Car telle est la nature de la foi que rien n’est plus impossible que de croire ceci et de rejeter cela. L’Eglise professe, en effet, que la foi est une vertu surnaturelle par laquelle, sous l’inspiration et avec le secours de la grâce de Dieu, nous croyons que ce qui nous a été révélé par Lui est véritable : « nous le croyons, non point à cause de la vérité intrinsèque des choses vue dans la lumière naturelle de notre raison, mais à cause de l’autorité de Dieu Lui-même qui nous révèle ces vérités, et qui ne peut ni Se tromper ni nous tromper » (Conc. Vat. sess. III. cap. 3). Si donc il y a un point qui ait été évidemment révélé par Dieu et que nous refusions de le croire, nous ne croyons absolument rien de la foi divine. Car le jugement que porte saint Jacques au sujet des fautes dans l’ordre moral, il faut l’appliquer aux erreurs de pensée dans l’ordre de la foi.

« Quiconque se rend coupable en un seul point, devient transgresseur de tous » (Jacques II, 10). Cela est même beaucoup plus vrai des erreurs de la pensée. Ce n’est pas, en effet, au sens le plus propre qu’on peut appeler transgresseur de toute la loi celui qui a commis une faute morale ; car s’il peut sembler avoir méprisé la majesté de Dieu, auteur de toute la loi, ce mépris n’apparaît que par une sorte d’interprétation de la volonté du pécheur. Au contraire, celui qui, même sur un seul point, refuse son assentiment aux vérités divinement révélées, très réellement abdique tout à fait la foi, puisqu’il refuse de se soumettre à Dieu en tant qu’il est la souveraine vérité et le motif propre de foi. « En beaucoup de points ils sont avec Moi, en quelques-uns seulement, ils ne sont pas avec Moi ; mais à cause de ces quelques points dans lesquels ils se séparent de Moi, il ne leur sert de rien d’être avec Moi en tout le reste » (S. Augustinus, in Psal. LIV, n. 19).

Rien n’est plus juste : car ceux qui ne prennent de la doctrine chrétienne que ce qu’ils veulent, s’appuient sur leur propre jugement et non sur la foi ; et, refusant de « réduire en servitude toute intelligence sous l’obéissance du Christ » (II Corinth., X, 5), ils obéissent en réalité à eux-mêmes plutôt qu’à Dieu. « Vous qui dans l’Evangile croyez ce qui vous plaît et refusez de croire ce qui vous déplaît, vous croyez à vous-mêmes, beaucoup plus qu’à l’Evangile » (S. Augustinus, lib. XVII, Contra Faustum Manichæum, cap. 3). Les Pères du Concile du Vatican n’ont donc rien édicté de nouveau, mais ils n’ont fait que se conformer à l’institution divine, à l’antique et constante doctrine de l’Eglise et à la nature même de la foi, quand ils ont formulé ce décret : « On doit croire, de foi divine et catholique, toutes les vérités qui sont contenues dans la parole de Dieu écrite ou transmise par la tradition et que l’Eglise, SOIT PAR UN JUGEMENT SOLENNEL, SOIT PAR SON MAGISTÈRE ORDINAIRE ET UNIVERSEL [ndlr : mots en lettres capitales dans le document original], propose comme divinement révélée.

Pour conclure, puisqu’il est évident que Dieu veut absolument dans Son Eglise l’unité de foi, puisqu’il a été démontré de quelle nature Il a voulu que fût cette unité et par quel principe Il a décrété d’en assurer la conservation, qu’il nous soit permis de nous adresser à tous ceux qui n’ont point résolu de fermer l’oreille à la vérité et de leur dire avec saint Augustin : «Puisque nous voyons là un si grand secours de Dieu, tant de profit et d’utilité, hésiterons-nous à nous jeter dans le sein de cette Eglise, qui, de l’aveu du genre humain tout entier, tient du siège apostolique, et a gardé, par la succession de ses évêques, l’autorité suprême, en dépit des clameurs des hérétiques qui l’assiègent et qui ont été condamnés soit par le jugement du peuple, soit par les solennelles décisions des Conciles, soit par la majesté des miracles ? Ne pas vouloir lui donner la première place, c’est assurément le fait ou d’une souveraine impiété ou d’une arrogance désespérée. Et si toute science, même la plus humble et la plus facile, exige, pour être acquise, le secours d’un docteur ou d’un maître, peut-on imaginer un plus téméraire orgueil, lorsqu’il s’agit des livres des divins mystères, que de refuser d’en recevoir la connaissance de la bouche de leurs interprètes, et, sans les connaître, de vouloir les condamner ?» (De utilitate credendi, cap. XVII, n. 35).

C’est donc, sans aucun doute, le devoir de l’Eglise de CONSERVER et de propager la doctrine chrétienne DANS TOUTE SON INTÉGRITÉ ET SA PURETÉ [ndlr : mots en lettres capitales dans le document original]. Mais son rôle ne se borne point là, et la fin même pour laquelle l’Eglise est instituée n’est pas épuisée par cette première obligation. En effet, c’est pour le salut du genre humain que Jésus-Christ S’est sacrifié, c’est à cette fin qu’Il a rapporté tous Ses enseignements et tous Ses préceptes ; et ce qu’Il ordonne à l’Eglise de rechercher dans la vérité de la doctrine, c’est de sanctifier et de sauver les hommes. Mais ce dessein si grand, si excellent, la foi, à elle seule, ne peut aucunement le réaliser ; il faut y ajouter le culte rendu à Dieu, en esprit de justice et de piété et qui comprend surtout le sacrifice divin et la participation aux sacrements ; puis encore la sainteté des lois morales et de la discipline. Tout cela doit donc se rencontrer dans l’Eglise, puisqu’elle est chargée de continuer jusqu’à la fin des temps les fonctions du Sauveur : la religion, qui par la volonté de Dieu a en quelque sorte pris corps en elle, c’est l’Eglise seule qui l’offre au genre humain dans toute sa plénitude et sa perfection ; et de même tous les moyens de salut qui, dans le plan ordinaire de la Providence, sont nécessaires aux hommes, c’est elle seule qui les leur procure.

Mais, de même que la doctrine céleste n’a jamais été abandonnée au caprice ou au jugement individuel des hommes, mais qu’elle a été d’abord enseignée par Jésus, puis conférée exclusivement au magistère dont il a été question, de même ce n’est point au premier venu parmi le peuple chrétien, mais à certains hommes choisis, qu’a été donnée par Dieu la faculté d’accomplir et d’administrer les divins mystères et aussi le pouvoir de commander et de gouverner. Ce n’est, en effet, qu’aux apôtres et à leurs légitimes successeurs que s’adressent ces paroles de Jésus-Christ : « Allez dans le monde tout entier, prêchez-y l’Evangile… baptisez les hommes… faites cela en mémoire de Moi… Les péchés seront remis à ceux à qui vous les aurez remis ». De la même façon, ce n’est qu’aux apôtres et à leurs légitimes successeurs qu’Il a ordonné de paître le troupeau, c’est-à-dire de gouverner avec autorité tout le peuple chrétien, lequel est en conséquence obligé, par le fait même, à leur être soumis et obéissant. Tout l’ensemble de ces fonctions du ministère apostolique est compris dans ces paroles de saint Paul : « Que les hommes nous regardent comme ministres du Christ et dispensateurs des mystères de Dieu » (I Corinth., IV, 1) ». […]

Au contraire, ce véritable pouvoir, dont nous parlons, est déclaré et affirmé dans ces paroles : «Et les portes de l’enfer ne prévaudront point contre elle». – «Qu’est-ce à dire, contre elle ? Est-ce contre la pierre sur laquelle le Christ bâtit l’Eglise ? Est-ce contre l’Eglise ? La phrase reste ambiguë ; serait-ce pour signifier que la pierre et l’Eglise ne sont qu’une seule et même chose ? Oui, c’est là, je crois, la vérité : car les portes de l’enfer ne prévaudront ni contre la pierre sur laquelle le Christ bâtit l’Eglise, ni contre l’Eglise elle-même » (Origenes, Comment. in Matt., t. XII, n. 11). Voici la portée de cette divine parole : L’Eglise, appuyée sur Pierre, quelle que soit la violence, quelle que soit l’habileté que déploient ses ennemis visibles et invisibles, ne pourra jamais succomber ni défaillir en quoi que ce soit. « L’Eglise étant l’édifice du Christ, lequel a sagement bâti « sa maison sur la pierre » ne peut être soumise aux portes de l’enfer ; celles-ci peuvent prévaloir contre quiconque se trouvera en dehors de la pierre, en dehors de l’Eglise, mais elles sont impuissantes contre elle (Origenes. Comment. in Matth). Si Dieu a confié Son Eglise à Pierre, c’est donc afin que ce soutien invisible la conservât toujours dans toute son intégrité. Il l’a donc investi de l’autorité nécessaire ; car, pour soutenir réellement et efficacement une Société humaine, le droit de commander est indispensable à celui qui la soutient. Jésus a ajouté encore : « Et Je te donnerai les clés du royaume des cieux ». Il est clair qu’Il continue à parler de l’Eglise, de cette Eglise qu’Il vient d’appeler Sienne, et qu’Il a déclaré vouloir bâtir sur Pierre, comme sur son fondement. […]

Et parce qu’il est nécessaire que tous les chrétiens soient liés entre eux par la communauté d’une foi immuable, c’est pour cela que par la vertu de Ses prières, Jésus-Christ Notre-Seigneur a obtenu à Pierre que, dans l’exercice de son pouvoir, sa foi ne défaillît jamais. « J’ai prié pour toi, afin que ta foi ne défaille point » (Luc, XXII, 32). Et Il a ordonné, en outre, toutes les fois que les circonstances le demanderaient, de communiquer lui-même à ses frères la lumière et l’énergie de son âme : « Confirme tes frères » (Ibid). Celui donc qu’Il avait désigné comme le fondement de l’Eglise, Il veut qu’il soit la colonne de la foi. « Puisque de Sa propre autorité Il lui donnait le royaume, ne pouvait-il pas affermir sa foi, d’autant que, en l’appelant Pierre, Il le désignait comme le fondement qui devait affermir l’Eglise ? » » (Sess. III, cap. 3). » (Encyclique Satis Cognitum, 29 juin 1896 – De l’unité de l’Eglise)

Pie XI

Ce Pape enseigne à la suite de Léon XIII l’origine et la nécessité du MOU :

« Le magistère de l’Église, établi ici-bas d’après le dessein de Dieu pour garder perpétuellement intact le dépôt des vérités révélées et en assurer la connaissance aux hommes, s’exerce chaque jour par le Pontife romain et les Evêques en communion avec lui ; mais il comporte encore toutes les fois qu’il est nécessaire pour s’opposer plus efficacement aux erreurs et aux attaques des hérétiques ou développer avec plus de clarté ou de détails certains points de la doctrine sacrée, afin de les faire mieux pénétrer dans l’esprit des fidèles, la mission de procéder par décrets à des définitions opportunes et solennelles. » (Encyclique Mortalium animos, 6 janvier 1928 – Sur l’unité de la véritable Eglise, DS 3683)

Pie XII

Lors de la définition du dogme de l’Assomption, Pie XII affirma à deux reprises que le consentement quasi-unanime des évêques constituait un enseignement infaillible :

« Et ceux que « l’Esprit-Saint a établis évêques pour gouverner l’Eglise de Dieu [Actes XX , 28] » donnèrent à l’une et à l’autre question une réponse presque unanimement affirmative. Ce « singulier accord des évêques et des fidèles catholiques [Bulle Ineffabilis Deus, Acta Pii IX, pars 1 , Vol. 1, p. 615.] », qui estiment que l’Assomption corporelle au ciel de la Mère de Dieu peut être définie comme un Dogme de foi, comme il nous offre l’accord de l’enseignement du magistère ordinaire de l’Eglise et de la foi concordante du peuple chrétien — que le même magistère soutient et dirige — manifeste donc par lui-même et d’une façon tout à fait certaine, et exempte de toute erreur, que ce privilège est une vérité révélée par Dieu et contenue dans le dépôt divin, confié par le Christ à son Epouse, pour qu’elle le garde fidèlement et le fasse connaître d’une façon infaillible [Concile du Vatican, Constitution Dei Filius, c. 4.], le magistère de l’Eglise, non point certes par des moyens purement humains, mais avec l’assistance de l’Esprit de vérité [Jean XIV, 26.] et à cause de cela sans commettre absolument aucune erreur, remplit la mission qui lui a été confiée de conserver à travers tous les siècles, dans leur pureté et leur intégrité, les vérités révélées ; c’est pourquoi il les transmet, sans altération, sans y rien ajouter, sans y rien supprimer. » (Constitution apostolique Munificentissimus Deus, 1er novembre 1950 – Sur la définition du dogme de l’Assomption, n°12)

« Alors, puisque l’Eglise universelle, en laquelle vit l’Esprit de vérité, cet Esprit qui la dirige infailliblement pour parfaire la connaissance des vérités révélées, a manifesté de multiples façons sa foi au cours des siècles, et puisque les évêques du monde entier, d’un sentiment presque unanime, demandent que soit définie, comme dogme de foi divine et catholique, la vérité de l’Assomption au ciel de la Bienheureuse Vierge Marie — vérité qui s’appuie sur les Saintes Lettres et ancrée profondément dans l’âme des fidèles, approuvée depuis la plus haute antiquité par le culte de l’Eglise, en parfait accord avec les autres vérités révélées, démontrée et expliquée par l’étude, la science et la sagesse des théologiens, — nous pensons que le moment, fixé par le dessein de Dieu dans sa Providence, est maintenant arrivé où nous devons déclarer solennellement cet insigne privilège de la Vierge Marie. » (Constitution apostolique Munificentissimus Deus, 1er novembre 1950 – Sur la définition du dogme de l’Assomption, n°41)

Les théologiens approuvés

Nous rappelons la sentence de Pie IX mentionné plus haut, affirmant l’infaillibilité du témoignage unanime des théologiens, soumis à leurs Evêques.

Déclaration des rapporteurs de la Députation de la Foi devant le Concile Vatican I

Mgr Federico-Maria ZINELLI, Evêque de Trévise:

« L’accord des évêques dispersés a la même valeur que lorsqu’ils sont réunis : l’assistance a en effet été promise à l’union formelle des évêques, et non pas seulement à leur union matérielle. » (MANSI, tome 51, colonne 676A)

Mgr Bartolomeo d’AVANZO, Evêque de Calvi et Teano (Calvi dans la province italienne de Campanie, pas en Corse),le 2 juin 1870 :

« Permettez-moi de rappeler comment l’infaillibilité s’exerce dans l’Église. De fait, nous avons deux témoignages de l’Ecriture sur l’infaillibilité dans l’Église du Christ, Luc XXII : J’ai prié pour toi, etc., paroles qui concernent Pierre sans les autres ; et la finale de Matthieu : Allez, enseignez, etc., paroles qui sont dites aux Apôtres mais non sans Pierre… Il y a donc un double mode d’infaillibilité dans l’Église ; le premier est exercé par le magistère ordinaire de l’Église : Allez, enseignez… C’est pourquoi, de même que l’Esprit-Saint, l’esprit de vérité, demeure dans l’Église tous les jours ; de même tous les jours l’Église enseigne les vérités de foi avec l’assistance du Saint-Esprit. Elle enseigne toutes ces choses qui sont soit déjà définies, soit contenues explicitement dans le trésor de la révélation mais non définies, soit enfin qui sont crues implicitement : toutes ces vérités, l’Église les enseigne quotidiennement, tant par le pape principalement que par chacun des évêques adhérant au pape. Tous, et le pape et les évêques sont infaillibles dans ce magistère ordinaire, de l’infaillibilité même de l’Église : ils diffèrent seulement en ceci que les évêques ne sont pas infaillibles par eux-mêmes, mais ont besoin de la communion avec le pape, par qui ils sont confirmés ; le pape, lui, n’a besoin que de l’assistance du Saint-Esprit à lui promise (…) Même avec l’existence de ce magistère ordinaire, il arrive parfois soit que les vérités enseignées par ce magistère ordinaire et déjà définies soient combattues par un retour à l’hérésie, soit que des vérités non encore définies, mais tenues implicitement ou explicitement, doivent être définies ; et alors se présente l’occasion d’une définition dogmatique. » (MANSI, tome 52, colonnes 763 D9-764 C7)

Il est toutefois important de souligner qu’il est capital que pour qu’un évêque fasse partie du sujet du MOU, il doit être uni à Pierre, c’est-à-dire au Pape :

« Mais l’ordre des évêques ne peut être regardé comme vraiment uni à Pierre, de la façon que le Christ l’a voulu, que s’il est soumis et s’il obéit à Pierre ; sans quoi il se disperse nécessairement en une multitude où règne la confusion et le désordre. » (Léon XIII, Encyclique Satis Cognitum, 29 juin 1896 – Sur l’unité de l’Eglise, Enseignements Pontificaux – « L’Église », Desclée, 1959, n° 605)

Mgr János SIMOR, Archevêque d’Esztergom et Primat de Hongrie, membre de la Députation de la Foi déclara :

« Ce paragraphe est dirigé contre ceux qui prétendent qu’on n’est tenu de croire, que ce qui a été défini par un Concile, et qu’on n’est pas obligé de croire également ce que l’Église enseignante dispersée prêche et enseigne d’un accord unanime comme divinement révélé » (Rapporté par l’abbé Jean-Michel-Alfred VACANT in : Etudes Théologiques sur les Constitutions du Concile du Vatican d’après les actes du Concile, Delhomme et Briguet, Paris – Lyon 1895, Tome 2, ch. III, partie IV, art. 107, n° 621, p. 89)

Abbé Jean-Michel-Alfred VACANT

« Le paragraphe IV auquel nous sommes parvenus, dit beaucoup de choses en peu de mots. II détermine en effet les conditions qu’une vérité doit remplir pour appartenir à la foi catholique, et indique la double manière dont l’Eglise propose à notre foi les dogmes révélés. Elle le fait, ou bien par ses jugements solennels, ou bien par son magistère ordinaire et universel. » (Etudes Théologiques sur les Constitutions du Concile du Vatican d’après les actes du Concile, Delhomme et Briguet, Paris – Lyon 1895, Tome 2, ch. III, partie IV, art. 105, n° 615, p. 83)

« Il était naturel que le Concile du Vatican s’occupât de l’objet de la foi dans ses enseignements sur cette vertu. Seulement en cette question comme dans les autres, il a eu surtout en vue les erreurs et les besoins de notre temps. Aussi ne s’est-il pas arrêté à décider ce qui peut être l’objet de notre foi. Il a cru l’avoir indiqué suffisamment, en déclarant dans la définition de cette vertu, qu’elle consiste a croire ce que Dieu a révélé, ab eo revelata vera esse credimus. Mais il a tenu à déclarer ce qui doit être l’objet de notre foi à tous, fide catholica credenda ; car il désirait porter un dernier coup à une erreur contemporaine déjà frappée par Pie IX et qui prétendait qu’on n’est obligé de croire que les vérités définies par un jugement solennel de l’Eglise. » (Etudes Théologiques sur les Constitutions du Concile du Vatican d’après les actes du Concile, Delhomme et Briguet, Paris – Lyon 1895, Tome 2, ch. III, partie IV, art. 106, n° 616, p. 84)

« C’est ce mode d’enseignement [du magistère] qui, par lui-même, répond le plus pleinement à la mission dont Jésus-Christ a chargé ses apôtres ; car il leur a ordonné de se disperser par toutes les nations, pour enseigner, tous les jours, toute sa doctrine. Ses paroles sont formelles : « Allez instruire tous les peuples et apprenez-leur à garder tout ce que je vous ai dit, et moi je serai avec vous tous les jours jusqu’à la fin des temps » (Matth. XXVIII, 19-20). C’est par cet enseignement que l’Église s’est établie et que la doctrine de Jésus-Christ a été manifestée au monde, avant les définitions solennelles des Conciles et du Saint-Siège, et c’est la première règle de foi dont les Saints Pères aient invoqué l’autorité. » (Etudes Théologiques sur les Constitutions du Concile du Vatican d’après les actes du Concile, Delhomme et Briguet, Paris – Lyon 1895, Tome 2, ch. III, partie IV, art. 107, n° 665, p. 93)

« Il ne faut pas oublier que le Concile Vatican range le magistère ordinaire, sur le même pied que les jugements solennels, sans faire aucune distinction entre les vérités qui en sont l’objet. Les théologiens font de même. C’est donc que le magistère ordinaire possède une autorité suffisante, pour rendre de foi catholique une vérité qui était seulement de foi divine. » (Etudes Théologiques sur les Constitutions du Concile du Vatican d’après les actes du Concile, Delhomme et Briguet, Paris – Lyon 1895, Tome 2, ch. III, partie IV, art. 107, n° 662, p. 120)

Père Francis DIEKAMP

« Les évêques individuels exercent le susdit magistère ordinaire à la fois dans leur instruction religieuse ordinaire ou dans des instructions de ce type qui ont lieu par leur commandement et sous leur vigilance, et dans les jugements publiés par les Souverains Pontifes et donnés par écrit, dans les Synodes provinciaux ou diocésains, dans la condamnation des erreurs dans les lettres pastorales, dans la publication des catéchismes ou des livres de dévotion qui sont distribués à l’ensemble du diocèse, etc.

Les livres liturgiques prescrits par les évêques et surtout par les Pontifes Romains sont d’une grande importance dans les discussions concernant le dogme. Les lois, les rites et les prières qui y sont contenues témoignent de la foi des pasteurs et des fidèles. Du consensus, selon lequel toutes les églises Orientales et Occidentales s’accordent sur la foi, vient l’obligation de donner l’assentiment de la foi. Le pape Célestin Ier [422-432] enseigna ceci : « Voyons aussi les mystères sacrés des prières des prêtres, qui viennent des Apôtres et qui sont uniformément célébrées dans le monde entier et dans toutes les églises Catholiques, afin que la loi de la prière établisse la loi de la croyance« . (Lettre XXI, 11)

La doctrine des évêques pris ensemble, aussi bien que la définition ex cathedra du Pontife Romain, ne devient pas infaillible par l’assentiment que l’Eglise croyante lui donne ; plutôt elle est infaillible en soi en raison de l’assistance divine, par laquelle elle est préservée de l’erreur. » (Theologiæ Dogmaticæ Manuale, 1917)

Père Sylvester BERRY

« L’autorité de l’enseignement ordinaire des évêques est celui qu’ils exercent en enseignant les fidèles de leurs diocèses respectifs par des lettres pastorales, par des sermons prononcés par eux-mêmes ou par d’autres approuvés en ce but, et par des catéchismes ou autres livres d’instruction par eux édités ou approuvés. Quand les évêques de l’Eglise, ainsi engagés dans le devoir d’instruire leur peuple, sont pratiquement unanimes à proclamer une doctrine de foi ou mœurs, on dit qu’ils exercent l’autorité de l’enseignement universel , et sont alors infaillibles quant à cette doctrine. En d’autres termes, une doctrine de foi ou de mœurs à laquelle la quasi- totalité des évêques de l’Eglise adhèrent, est infailliblement vraie. La foi de l’Eglise croyante doit correspondre à la foi proposée par les évêques qui constituent le corps enseignant dans l’Eglise. Par conséquent, si les évêques en tant que corps n’étaient pas infaillibles, toute l’Eglise pourrait être induite en erreur à tout moment, et de ce fait cesser d’être l’Eglise du Christ, le pilier et le fondement de la vérité. » (The Church of Christ, Saint Louis : B. Herder, 1927, pp 466-467.)

Père Reginald-Maria SCHULTES, O.P.

« Le magistère ordinaire et universel est exercé lorsque l’Eglise prêche la doctrine révélée, l’enseigne dans ses écoles, la publie par les évêques, et en témoigne et l’explique par les Pères de l’Eglise et les théologiens. » (de Ecclesia Catholica Prælectiones Apologeticæ, Paris: Lethielleux, 1931, p. 355)

Père Timothée ZAPELENA, S.J.

« Le collège épiscopal succédant au collège apostolique, il est infaillible en proposant une doctrine révélée ou liée à la Révélation… Or ce collège ne se trouve pas moins dans le magistère ordinaire ou dispersé des évêques, que dans leur magistère extraordinaire ou solennel. Donc les évêques ne sont pas moins infaillibles lorsqu’ils enseignent de manière concordante par leur magistère ordinaire que lorsqu’ils exercent leur magistère extraordinaire ou solennel. Et vraiment, l’assistance et les promesses du Christ ne sont nullement limitées à l’exercice du magistère solennel et extraordinaire; bien plus, elles regardent plutôt le magistère ordinaire et quotidien des évêques : « Je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin des temps » (Matth. XXVIII, 20). » (De Ecclesia Christi, pars altera, Gregoriana, Roma 1940, pp. 60 et ss)

Mgr Valentino ZUBIZARRETA

« Le corps des Evêques en union avec le Pontife romain, soit réuni en concile, soit dispersé sur la terre, est sujet du magistère infaillible, car ce corps des Pasteurs en union avec le Pontife romain tient la place du collège apostolique et lui succède, et, par droit d’héritage, reçoit la charge d’enseigner, de gouverner et de sanctifier les hommes avec la prérogative d’infaillibilité. » (Theologia dogmatico-scholastica ad mentem S. Thomæ Aquinatis, vol. I, Theologia Fundamentalis, Tratt. II, Q. XIX, a. III, § 3, nn° 461, Bilbao 1948, p. 39)

Cardinal Jean-Baptiste FRANZELIN, SJ

« Si, à un moment ou à un autre, l’Église tout entière s’accorde à reconnaître un dogme comme doctrine de foi, cet accord est un critère qui permet de reconnaître une doctrine de tradition divine. C’est pourquoi, il n’y a aucun doute : lorsque toute l’Église s’accorde ainsi dans le passé, et lorsque, d’une façon on ne peut plus éclatante, on observe cet accord à toutes les époques, cette unanimité démontre l’existence d’une tradition divine. De la sorte, ce qui a été cru en tous lieux et en tous temps par tous les fidèles ne peut pas ne pas être révélé et faire l’objet d’une tradition divine. » (La Tradition, Courrier de Rome, 2008, thèse 24, n° 502, p. 354)

Père Michel LABOURDETTE, OP

« Le Magistère ecclésiastique ne s’exprime pas seulement dans les définitions proprement dites. Celles-ci sont un acte solennel et extraordinaire. Il s’exerce continuellement par un Magistère ordinaire qui est l’enseignement commun donné dans le monde entier par tous les évêques unis au Souverain Pontife. Celui-ci Pasteur suprême de l’Eglise – Catholicae Ecclesiae Episcopus [Evêque de l’Eglise catholique] – en est aussi le suprême Docteur. En lui repose d’abord en plénitude ce pouvoir d’enseignement. Il peut exercer seul, avec la garantie de l’infaillibilité personnelle, le Magistère extraordinaire solennel, et prononcer des définitions qui n’ont besoin d’aucune ratification conciliaire. Mais il exerce aussi, quand il enseigne comme Pasteur de l’Eglise universelle, le Magistère ordinaire. Et l’infaillibilité garantie de l’assistance divine n’est pas limitée aux seuls actes du magistère solennel. Elle s’étend aussi au Magistère ordinaire, sans toutefois en recouvrir et en assumer également tous les actes. Elle garantit absolument l’enseignement commun de l’Eglise universelle unie au Pape ; mais celui-ci, qui peut exercer seul ce Magistère, peut aussi bénéficier seul de cette infaillibilité. » (Revue thomiste, année 1950, pages 38-39, article « L’enseignement de l’Encyclique Humani generis »)

8 commentaires sur “L’infaillibilité du magistère ordinaire-universel

  1. CARLOS BEXIGA
    20 Mai 2017

    Bonjour,

    Mais alors le Pape François qui ouvre l’accès aux sacrement aux catholiques divorcé-remariés, est-il oui ou non dans la Vérité, dans la fidélité à son statut de gardien du Dépôt de la Foi ?
    Même s’il dit que son encyclique n’est pas dogmatique, il n’empêche que c’est sous son autorité papale qu’il proclame cette-ci. J’avoue être très mal à l’aise avec ce pape. J’ai l’impression que ce pape a ouvert une brèche regrettable dans le Trésor spirituel de la Foi.

    • Ressources Catholiques
      22 Mai 2017

      Bonjour,

      Le Pape François est un grand mystère, comme tous les Papes depuis Jean XXIII. Mais son exhortation apostolique n’entre pas dans le champs du magistère ordinaire-universel.

      In Christo,

      Nicolas

      • CARLOS BEXIGA
        22 Mai 2017

        Bonjour Nicolas,

        Ah bon ? Mais je croyais que les encyclique en découler ? Mais alors pourquoi certains évêques maltais entre autre, ont profité de « Amoris Laetitiae » pour autoriser certains divorcés remariés à recevoir la communion ? Et le Magister de l’Église ne les pas rappelés à l’ordre ?

        Fraternellement, Carlito

      • Ressources Catholiques
        22 Mai 2017

        Bonjour,

        Non les encyclique n’en découlent pas, même si elles s’en inspirent. Les évêques maltais en question sont des hérétiques, il faut les ignorer.

        Fraternellement,

        Nicolas

      • CARLITO
        22 Mai 2017

        Merci Nicolas, Tu me rassures !

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Cette entrée a été publiée le 19 Mai 2017 par dans Foi Catholique.