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In Nomine Domini

In Nomine Domini

« Je suis venu dans le monde pour rendre témoignage à la vérité » (Jean XVIII. 37)


La corruption des moeurs (bis repetita 4)

Publié par Jean-Baptiste sur 28 Novembre 2016, 09:29am

Suite à mon dernier article sur la morale conjugale, j'ai encore reçu un commentaire véhément d'un certain Paul VI, c'est-à-dire d'un impertinent qui usurpe le nom du vicaire du Christ, ce qui est réprouvé par l'Église. Cette personne n'a toujours rien compris au magistère des derniers papes, et elle n'est pas la seule.

La question de la moralité conjugale s'envisage par rapport à l'état de tolérance que suppose le mariage : et donc l'Église décrit comme un acte honnête le fait, pour deux époux, de s'unir sans nécessairement qu'ils aient tous deux une intention procréatrice immédiate. Mais chez celui qui demande le devoir, c'est toujours au minimum un péché véniel. L'acte n'est bon dans sa globalité qu'en vertu de l'intention pure de celui qui rend le devoir (si son intention est bel et bien pure) ; mais l'acte individuel de celui qui demande le devoir est un péché véniel, comme le suppose la condamnation du Pape Innocent XI. J'ai expliqué, dans mon dernier article, que suivant l'enseignement traditionnel la notion de plaisir seul vise une seule et unique hypothèse : celle où l'un des époux au moins demande l'usage du mariage sans finalité procréatrice.

En tout cas il est absolument faux de parler comme si les papes modernes avaient défini cette question, comme on l'entend souvent dire : une définition (ou une détermination) suppose un enseignement clair, dépourvu d'ambiguïté. Si donc les papes modernes avaient voulu déterminer cette question, ils auraient dit : "l'usage du mariage sans finalité procréatrice est exempt de péché, même véniel, si l'intégrité de l'acte est préservée et si la tempérance des époux garantit la pureté de leur intention" (ce genre de formule). Mais ce n'est pas ce qu'ils ont dit, et tant que les catholiques n'auront pas compris qu'ils s'exprimaient dans le cadre de l'état de tolérance que suppose le mariage, ils n'entendront rien au magistère récent. C'est pourquoi les papes modernes ont à mon avis commis une négligence en s'abstenant de donner une réponse définitive à cette question morale, qui a été fort débattue.

Si le Pape Paul VI avait défini/déterminé que l'usage du mariage sans finalité procréatrice immédiate est pur de tout péché véniel (ce qu'il n'a absolument pas fait), alors ce serait en contradiction avec les paroles de l'apôtre Saint Paul, qui parle de concession (plus précisément d'indulgence), ce qui suppose le péché. C'est pourquoi nul pape ne définira jamais la question dans ce sens !

Certains modernistes disent que la concession/l'indulgence de l'apôtre porte sur l'abstinence, ce qui est une aberration énorme. Une laïque a soutenu cela à mon frère, jusqu'à dire qu'il y avait péché à s'abstenir du mariage, ce qui est faux. Les théologiens, aux premiers rangs desquels Saint Thomas, ont toujours enseigné que l'état du célibat était supérieur à celui du mariage, plus avantageux pour le salut, au point que l'Église ne réprouve pas l'attitude de ceux qui demeurent célibataires pour des raisons égoïstes (tout en vivant dans la continence) : car bien que leur intention ne soit pas louable, le célibat est tellement plus favorable au salut que l'état du mariage qu'il est permis d'agir ainsi.

Mais bien des catholiques aujourd'hui - même sédévacantistes - ignorent totalement l'existence des mariages spirituels, où les deux époux font voeu de continence ; et pourtant plusieurs saintes (souvent mariées contre leur gré) ont fait ce voeu avec leur mari, ce qui existait déjà sous l'Ancienne Alliance, comme on le voit dans les révélations de la vénérable Anne-Catherine Emmerick. Des catholiques, saints ou non, ont pratiqué le mariage spirituel ; et des saints qui n'avaient pas la vocation religieuse l'ont fait, sans être contraints au mariage, mais par amour du mariage dans sa qualité la plus pure. Or il se trouve même des prêtres pour nier la légitimité de ce genre de vie, ce qui est à mon sens une honte. Je connais aussi un prêtre sédévacantiste qui s'oppose à la pratique des vierges dans le monde, pourtant constante dans toute l'histoire ecclésiastique, et recommandée à certaines âmes par des saints de premier ordre tels que le saint curé d'Ars et le Padre Pio. On ne peut pas toujours entrer dans la vie religieuse, soit pour des raisons de santé, soit même pour des raisons d'argent (il y a eu des périodes où il fallait une dot !) ; par ailleurs tout le monde n'a pas la vocation religieuse, et pourtant certaines âmes ont vocation à la virginité sans avoir la vocation religieuse (voir notamment le cas de Pauline Jaricot). C'est pourquoi les vierges dans le monde existent et ont toujours existé, même celles qui s'engagent par voeu. Il est également faux de prétendre que l'Église a réprouvé les communautés "béguines" de façon absolue : elle n'a fait que réagir à certains abus ; mais les prêtres sédévacantistes sont les spécialistes de la caricature, comme aussi l'abbé Ricossa lorsqu'il déclare récemment au journal Rivarol que les dispenses de l'état ecclésiastique sont une nouveauté de Paul VI et qu'auparavant l'Église n'avait jamais accordé de telles dispenses à des prêtres ! (le droit canon de 1917 dit lui-même le contraire).

Renoncer à l'usage de la chair (même lorsqu'on est marié) ne peut pas être un péché, car il n'y a aucun plaisir sur terre qui nous éloigne davantage de Dieu que celui-là. Donc il est non seulement permis à deux époux de s'abstenir totalement de l'usage du mariage, mais même c'est de loin la voie la plus parfaite, et ce fut celle de la Sainte Famille elle-même. Si l'acte sexuel était "bon", comme le prétend le Père Barbara, alors Notre-Seigneur Jésus-Christ n'aurait pas jugé indigne de naître par cette voie ; mais puisqu'Il a jugé indigne de s'incarner ainsi, c'est que l'acte sexuel est une chose mauvaise et une conséquence de la chute du premier homme. Au demeurant, St. Thomas enseigne sans ambiguïté que l'acte sexuel est mauvais, et qu'il n'y a pas de différence de nature entre la fornication et l'acte conjugal, ce qui suppose que l'acte conjugal doit être excusé pour être bon ; or, l'apaisement de la concupiscence n'étant pas la fin première du mariage, et d'autres remèdes beaucoup plus efficients étant propres à éteindre la flamme de la concupiscence, il est certain que celui qui use du mariage pour éviter l'incontinence ne commet pas un acte vertueux qui serait intégralement excusé par la fin première du mariage, mais au contraire un acte véniellement peccamineux qui n'est que partiellement excusé par la fin secondaire ; et celui qui prétend le contraire s'aveugle lui-même et veut satisfaire sa honte.

Mon objecteur qualifie le Père Barbara de "valeureux prêtre", mais le Père Barbara a enseigné plusieurs erreurs, dont une au moins condamnée par l'Église, à savoir l'idée que les enfants morts sans baptême pourraient bénéficier du baptême de désir grâce à la volonté des parents. Toutefois le problème n'est pas qu'il ait commis ces erreurs - car tout le monde peut en commettre - mais plutôt qu'il ne se soit pas rétracté lorsqu'on le lui a reproché. Une erreur plus grave sur le plan pratique est celle de décrire le sacrement de l'ordre comme un éteignoir de la concupiscence, idée fausse qui peut produire des conséquences funestes, en poussant des jeunes à entrer dans les ordres alors qu'ils n'auront pas une vertu suffisante pour garder la chasteté parfaite. De nombreux jeunes ont ainsi été poussés à entrer dans les ordres lors de retraites spirituelles, et une religieuse sédévacantiste m'a déjà dit qu'elle l'avait vu de ses propres yeux, au point que les prêtres se gratifiaient du nombre de "vocations" qu'ils "obtenaient" lors des retraites.

L'idée que l'acte sexuel serait "bon" est elle aussi étrangère à l'enseignement de l'Église, qui dit le contraire, notamment en la personne de Saint Thomas. Le Père Barbara compare le plaisir vénérien aux plaisirs du palais, ce qu'il ne faut surtout pas faire car les plaisirs de la table ne privent pas de la raison, tandis que le plaisir vénérien entraîne une privation momentanée de la raison ; et c'est la raison principale pour laquelle on doit s'en abstenir au maximum. Il faut blâmer l'enseignement du Père Barbara car il invite trop les époux à profiter des plaisirs du mariage, alors que l'Église invite à l'attitude opposée. C'est la mentalité moderne, sexologue et érotique, qui a pénétré dans l'Église d'aujourd'hui...

Vous dites que le Père Barbara a obtenu l'imprimatur de Rome, mais nous avons déjà expliqué que les théologiens qui ont fait l'éloge de son livre (ou non) ne l'ont jamais lu en entier :

"En effet, le cardinal Alfredo Ottaviani, préfet du Saint-Office (Congrégation pour la Doctrine de Foi), écrit explicitement à l'auteur depuis Rome en date du 28 novembre 1963 que « les occupations accablantes du Concile ne m'ont pas permis de l'examiner à fond ».

"L'évêque André-Jacques Fougerat de Grenoble (France) lui écrit en date du 11 janvier 1964 : « Je n'ai pu jusqu'ici que feuilleter votre "Catéchèse"... Je compte bien explorer tout cela plus à loisirs. »

"Wilfried Dufault, supérieur général des Augustins de l'Assomption, lui écrit à propos de son livre depuis Rome, en date du 28 janvier 1964 : « Je n'ai pu encore le parcourir, mais je me suis cependant bien rendu compte de son contenu » et il remet à plus tard « une lecture plus approfondie ».

"L'évêque Albert Martin de Nicolet (Québec) lui écrit au sujet de son ouvrage en date du 8 juin 1964 : « Je l'ai parcouru avec un vif intérêt. »

"Quant au cardinal Michael Browne, il lui écrit depuis Rome, en date du 7 mars 1965 : « Rien de plus nécessaire aujourd'hui que la vraie et authentique doctrine sur le mariage. C'est ce que vous cherchez à donner dans ce livre et, autant que je puis voir dans un examen sommaire, avec un grand succès. »

 

Voilà ce que valent les "imprimaturs", même de Rome !

Vous croyez peut-être que parce qu'un livre a obtenu l'imprimatur, l'évêque ou le cardinal qui a accordé cet imprimatur a lu l'ouvrage en entier ? Si c'est le cas vous vous trompez... En général, ils n'ont tout simplement pas le temps.

 

Croyez bien que je suis désolé d'avoir à évoquer ces sujets purement animaux, et je préférerais évoquer des sujets plus spirituels ; mais les hommes étant ce qu'ils sont, bis repetita.

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