George Neumayr est un américain, contributeur régulier de ‘The American Spectator’. Il est aussi l’auteur d’un livre très critique sur François, intitulé « The Political Pope » [1]. Il était à Rome ces jours-ci pour couvrir le Synode, spectateur sévère d’un « Vatican sous occupation ennemie », otage d’une idéologie amazonienne et écologiste délétère qui n’est pas sans rapport avec la pourriture qui défigure la ville éternelle.

[1] Nous en avons parlé plusieurs fois dans ces pages. Taper son nom dans le moteur de recherche Google personnalisé (voir pied de page).

Santa Maria in Traspontina défigurée

Les étranges Dieux du Pape François

George Neumayr
The American Spectator
10 octobre 2019
Ma traduction

Pour les touristes venant à Rome, l’image de Romulus et Remus tétant une louve est familière.

Mais cette semaine, les visiteurs du Synode pan-amazonien sont tombés sur une nouvelle image: une mère amazonienne allaitant un chiot. L’image est accrochée dans une église proche du Vatican: Santa Maria in Traspontina. Je m’y suis promené l’autre jour et j’ai été frappé par le contraste saisissant entre son magnifique intérieur baroque et la propagande déchaînée sur ses murs et à proximité. Une grande partie de l’église avait été transformée en sanctuaire du sort et du culte de la nature des Amazoniens. Sous l’image de la femme qui allaite un chiot (tout en portant un bébé), une affiche déclare stupidement: « Tout est relié. »

L’affiche capte bien le caractère détestable du coup de pied « écologique » du pape. Quelle régression lugubre a souffert Rome sous son pontificat! Que va-t-il faire ensuite? Transformer le Panthéon en temple païen? Pourquoi pas? Si le panthéisme amazonien est une « expérience religieuse » digne du respect catholique, pourquoi ne pas faire revivre aussi le paganisme antique? Peut-être le prochain synode du pape pourra-t-il réhabiliter Néron.

Dépouillé de toute sa pieuse langue de bois, le Synode pan-amazonien du pape n’est rien de plus qu’une violation flagrante du Premier Commandement. Le pape François place d’étranges idoles devant le Dieu trinitaire – en l’occurrence, des idoles amazoniennes. La semaine dernière, il y a eu un contingent d’activistes indiens – dont certains ont été amenés en avion à Rome par les évêques allemands – qui ont accompli des rituels païens dans les jardins du Vatican. En cet instant, toutes les prédictions de ses prédécesseurs anti-modernistes se sont réalisées: ils disaient tous que si l’Eglise adoptait le subjectivisme des « Lumières », elle finirait par bénir les fausses religions.

Mais il y a ici plus que le relativisme religieux habituel du pape. Pourquoi a-t-il choisi l’Amazonie comme prétexte pour saper la doctrine et la discipline? Il aurait pu choisir d’autres régions éloignées. Pourquoi celle-là? Un observateur chevronné du Vatican m’a dit que la réponse se trouve chez les évêques allemands, qui financent largement cette farce et la propagande qui l’accompagne.

« Il s’agit de rapprocher le Vatican et les Nations Unies », dit-il. « Les évêques allemands ne se soucient pas des Indiens amazoniens, et ils ne se soucient certainement pas des gens qui ne reçoivent pas les sacrements. Il suffit de regarder l’Allemagne et combien peu de gens y fréquentent les sacrements. Ce qui importe aux évêques allemands, c’est que l’Église soit de plus en plus intégrée dans le travail des Nations Unies ». Le sujet de la souffrance des Amazoniens n’est qu’une excuse, dit-il, « pour que les Nations Unies traitent l’Église comme l’un de ses instruments », avec l’appui total du Vatican.

Avant le début du synode, le pape a parlé du caractère contraignant des déclarations de l’ONU. Ce n’est pas un hasard si son rassemblement ridicule grouille d’observateurs de l’ONU, comme Jeffrey Sachs, dont les activités de consultant consistent notamment à tenter de convaincre les diocèses et les ordres religieux de « se défaire des compagnies pétrolières » et d’autres choses semblables. J’ai vu un certain nombre de ces crétins de l’ONU sauter hors de l’un de ces SUV énergivores à proximité du Vatican. Ils ne semblent pas trop se soucier de leur empreinte carbone. .

Le Vatican est horrible, en ce moment [2] – graffitis, hideuses barrières pour bétail, et une présence paramilitaire, comme si on attendait à tout moment une flambée du genre terrorisme islamique – dont le pape nous assure qu’il n’existe pas. Parfois, j’ai l’impression d’être au milieu d’une farce italienne. L’autre jour, je mangeais à côté d’un prêtre et d’une religieuse africains qui semblaient avoir un rendez-vous. Bien sûr, sa main a glissé sur la sienne.

D’un point de vue architectural et artistique, Rome reste un régal. Mais religieusement, c’est déprimant comme l’enfer. Il suffit de se tenir près d’une des portes du Vatican et de regarder les prêtres ôter leur col [de clergyman] dès qu’ils franchissent le seuil, comme si le sacerdoce n’était rien de plus qu’un travail de 9 à 17 heures. Ou de s’asseoir dans un café et d’écouter leurs pathétiques plaisanteries mondaines.

Le Borgo Pio, non loin d’une des portes du Vatican, est un endroit où traînent beaucoup de « poids lourds » ecclésiastiques. Dimanche dernier, j’ai vu le cardinal Seán O’Malley, le cardinal Joseph Tobin et l’évêque Robert McElroy dîner dans l’un des restaurants de la rue. C’était l’occasion de leur poser des questions sur le synode et sur des sujets connexes. Alors qu’ils rentraient au Vatican, je les ai rattrapés et j’ai essayé de mener une brève interview. Ils m’ont éconduit dédaigneusement (…) O’Malley a qualifié mes questions d' »hostiles ». McElroy, le plus sombre idéologue des trois, s’est tranquillement éloigné. La dernière chose qu’ils voulaient faire à la veille du synode, c’était de parler avec un journaliste critique à son endroit, malgré tout ce qu’ils disent sur le « dialogue ». Le synode est vraiment un doigt d’honneur aux catholiques orthodoxes – une déclaration qu’au plus haut niveau de l’Eglise, rien de ce qui leur est cher n’existe encore.

Le Vatican est sous occupation ennemie et le restera pendant de nombreuses années encore. Il y a beaucoup de rumeurs parmi les Vaticanistes au sujet d’un « François II », maintenant que la composition du prochain conclave est largement libérale. A la fin de son pontificat, François aura probablement choisi les deux tiers des cardinaux. L’actuel secrétaire d’État, le cardinal Pietro Parolin, est considéré comme le principal clone de François. On m’a dit que le Pape François attend la mort de Benoît pour pouvoir « passer le pontificat à Parolin ».

Parolin n’est qu’une version prudente de François. Il a les mêmes idées étranges, mais les présente avec plus de diplomatie. Ici et là, on entend ronchonner à propos de la prétention du pape, mais en majorité, la gauche catholique l’adore. Le masque du modernisme a été arraché, seulement pour révéler, selon les mots de François, un « visage amazonien », sous lequel se trouve un corps onusien.


[2] A propos de la saleté de Rome en général et du Vatican en particulier, AM Valli a publié récemment sous le titre « Journal vatican » le témoignage d’un prêtre originaire des Marches, venu à Rome avec un couple d’amis (le mari se nomme Claudio, et je pense qu’il s’agit de Claudio Gazzoli dont j’ai traduit la semaine dernière la très belle réflexion sur « La nuit de l’Eglise » ) pour participer à la journée de prières du 5 octobre.
L’article est très long, mais mérite d’être lu en entier, même si, un peu par paresse je n’en traduis ici qu’un bref extrait:

(…) Vers 21 heures, nous nous dirigeons vers la place Saint-Pierre.
En cours de route, sur un tronçon de trottoir de la Via della Conciliazione, deux mouettes bien grasses apparaissent devant nous, marchant sur le sol, nullement effrayées. Nous dévions immédiatement pour éviter de les déranger. « Elles sont ici à cause des ordures de Rome: incroyable », commentons-nous, quelque peu stupéfaits et scandalisés. Je pense au fond de moi: « Peut-être ces mouettes à Saint-Pierre sont-elles aussi le signe d’une autre ordure, spirituelle, qui afflige l’Église en tout lieu et à tous les niveaux; et selon des nouvelles récurrentes, il semble qu’elle abonde même dans les mythiques murs léonins ».

Nous arrivons aux barrières fixes, au début de la place Saint-Pierre, et nous apprécions le spectacle. L’éclairage nocturne des différents éléments architecturaux est tout simplement fabuleux: les deux bras de la colonnade, la façade de la basilique, l’énorme coupole; puis en haut à droite, comme en arrière-plan, les loggias du Secrétariat d’Etat… Mais dans ce scénario merveilleux, toujours en haut à droite, il y a un bâtiment qui reste complètement dans l’ombre, comme s’il ne devait plus être pris en considération par les touristes et les pèlerins: c’est précisément le Palais apostolique, dans lequel, jusqu’à la renonciation de Benoît XVI, logeait le Pape

Eh bien oui : cela fait six ans que ces fenêtres n’illuminent plus la place Saint-Pierre et la ville de Rome de leur lumière! C’est l’image plastique de la situation spirituelle de l’Église actuelle, privée de la présence lumineuse de son Pasteur suprême. Je le signale à mes amis: et Claudio prend immédiatement quelques photos à utiliser dans son blog.

Nous parlons encore, quand mon attention est attirée par une masse sombre et informe, située sur le côté sud de la place. « C’est le monument aux migrants, inauguré par le Pape il y a quelques jours », me dit Miria. Je me dirige de ce côté. Le groupe sculpté, qui jure avec les tons des marbres environnants, est protégé par une barrière provisoire. Un petit groupe de religieuses l’observe de près avec beaucoup d’attention. Il y a aussi des dames étrangères qui me demandent de quoi il s’agit. J’essaie de m’expliquer avec quelques mots en anglais: j’espère qu’elles m’ont compris. Au bout d’un moment, une des sœurs présentes, voyant peut-être que je suis prêtre, s’approche de moi et avec une expression plutôt sceptique et s’exclame: « Quel goût! » Je lui réponds: « No comment« . J’espère qu’elle m’a compris aussi.

Nous nous éloignons ensuite de la place, longeant le bras sud de la colonnade, puis une partie des murs du Vatican. Et durant ce trajet, nous nous rendons compte d’un phénomène incroyable qui se produit chaque nuit aux confins de la Cité du Vatican, ainsi que – je suppose – dans d’autres parties de la ville de Rome: un grand nombre de pauvres qui passent la nuit au pied de la colonnade, ou près des murs du Vatican, ou dans des abris de fortune, à même le sol et protégés par de simples carton.

Le commentaire de quelqu’un qui marche à côté de moi est clair : « Au lieu d’amener plus de gens d’Afrique, pourquoi ne pas aider ces pauvres gens d’une manière plus humaine, en les enlevant de la rue au moins la nuit! » J’essaie de trouver une réponse, mais je n’y parviens pas.

Aldo Maria Valli

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