L’Italie de Draghi va se retrouver exactement au même régime que la France de Macron, avec l’instauration incessante d’un pass sanitaire « à la française » (sic!). Par un hasard dont leurs promoteurs respectifs ne sont peut-être pas conscients (?), la Providence (qu’on n’ose pas, ici, qualifier de divine) a disposé que les deux décrets, celui limitant la liberté civile au nom de la lutte contre le virus, et celui limitant la liberté liturgique au nom de la lutte contre les « dissidents » traditionalistes, sortent en même temps. Tommaso Scandroglio, sur la NBQ, souligne les troublantes analogies.

Green pass et Motu proprio, « convergences parallèles »

Tommaso Scandroglio
La NBQ
20 juillet 2021
Ma traduction

Elles limitent la liberté, créent des divisions, contredisent la démocratie (pour l’État) et l’ « esprit d’écoute » (pour l’Église), et requièrent une attestation. Les curieuses similitudes de contenu et de méthode entre les mesures imposées par le gouvernement sur les vaccinations, et par le pape François sur l’ancienne messe.

Avec le Green Pass, ils veulent nous enlever nos libertés civiles, avec le motu proprio Traditionis custodes nos libertés liturgiques. Pour entériner le premier, on invoque même l’unité nationale mais on est bien conscients que cette décision va créer des fractures encore plus marquées dans l’ordre social. Pour le motu proprio papal, on a justifié sa publication par le souci d’éviter les divisions et de retrouver une unité ecclésiale renouvelée, mais il est clair pour tous que ce document va fomenter chez de nombreuses personnes des sentiments sécessionnistes qui étaient auparavant absents ou, à la rigueur, en sommeil.

Le Green Pass, faut-il le rappeler, vient d’en haut, au mépris de l’esprit démocratique, comme toutes les décisions prises par le gouvernement pour faire face à la pandémie, pénalisant durement les clients des restaurants qui n’ont pas de certificat sanitaire. De même, des stéréotypes tels que « l’Église est à l’écoute du peuple de Dieu et surtout des plus petits », « l’attention au cas particulier », « le discernement » se sont révélés, avec la décision d’abolir la messe in vetus ordo, être des principes à utiliser seulement quand cela convient, c’est-à-dire quand ils répondent à la poursuite des objectifs modernistes et progressistes habituels : dans d’autres cas, il faut utiliser une main de fer et brandir la miséricorde comme une faux. À cet égard, certains hommes d’Église – désireux d’inventer une liturgie qui bénisse les couples homosexuels mais peu désireux de préserver la liturgie eucharistique telle qu’elle a toujours existé – ont tout à coup applaudi le ton autoritaire et les méthodes coercitives qui caractérisent le motu proprio du pape François.

Pour entrer dans un restaurant, il faudra prouver que l’on est en bonne santé ou vacciné. De même, pour entrer dans une église où la messe est célébrée selon le rite ancien, il faudra prouver que l’on est sain sur le plan doctrinal et vacciné contre l’esprit de critique du concile Vatican II, c’est-à-dire qu’il faudra jurer allégeance à l’Église post-68, celle qui est ouverte au monde mais pas à Dieu. À cet égard, si le gouvernement prévoit des inspections dans les trains, dans les stades, dans les théâtres, dans les gymnases pour trouver l’untore, de la même manière la récente lettre apostolique du Pape mandate l’évêque pour s’assurer, vérifier, enquêter, se renseigner pour trouver le dissident. De même qu’il faudra tracer ceux qui sont positifs au virus, il faudra aussi tracer ceux qui sont positifs au virus tridentin.

Le Green Pass est proposé, voire imposé, comme une solution pour sortir de la pandémie. De même, la « nouvelle » messe est proposée comme « l’unique expression de la lex orandi« , et vise donc à laisser derrière elle ces petites épidémies liées à l’ancien rite de la messe.

Si le gouvernement nous dit que nous devons limiter notre liberté pour redevenir libres, dans le monde catholique, le mot « liberté » – qui sert à accueillir n’importe quelle hérésie – est désormais compréhensible uniquement en langue vernaculaire et non plus en latin.

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