Voici, ci-dessous, une retranscription de la Lettre du Dimanche envoyée le 8 avril 2012
Qu'est-ce que Pâques?
Pâques, je crois que le géant des cartes de souhaits Hallmark l'ignore ou, plutôt, feint de l'ignorer!
Ça me fait penser à cette histoire où trois hommes se présentent au bureau de l'immigration canadienne, et que leur ait posé cette question: "Qu'est-ce que Pâques?"
Le premier répond:«Pâques, c'est une fête où un vieillard bedonnant, habillé de rouge, donne des cadeaux à tous les petits enfants sages.»
«Non, vous n'y êtes pas du tout! Vous confondez avec Noël!»
Le deuxième répond:«Pâques, c'est la fête des amoureux! Ils s'offrent des chocolats en forme de coeurs, ils font des sorties...»
«Non, vous n'y êtes vraiment pas vous non plus! Vous confondez Pâques avec la Saint-Valentin!»
Le troisième répond:«Pâques, c'est une fête chrétienne où est remémorée la résurrection de Jésus!»
«C'est très bien! continuez!»
«...il est dit que, trois jours après avoir été crucifié, Jésus a été mis au tombeau dans une sorte de grotte. Et que lorsqu'il ressuscite le matin de Pâques, il sort de son tombeau...et puis si il voit son ombre en sortant, ça veut dire qu'il reste encore 4 semaines avant la fin de l'hiver.» doh !
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Il y a de ça fort longtemps, 38 années très précisément, je célébrais mon anniversaire dans un endroit peu propice à la fête. Mais ça ne fait rien car il y avait beaucoup de monde, et qui était au courant de mon anniversaire... alors j'ai eu de l'argent comme présents. C'était beaucoup d'argent à mon âge, je ne vous raconte pas ! C'était la belle époque où je pouvais aller à la librairie, un 5 dollars en poche, pour m'acheter un album des Aventures de Tintin sans être fauché en sortant. Mais l'ambiance n'était pas à la fête, car il y avait dans un genre de lit encastré avec couvercle, cet homme qui, quelques années auparavant, me regardait avec ses yeux d'ours qui caractérisent si bien les métis amérindiens. Il dort là, les yeux fermés, et ne semble pas vouloir se réveiller. «Il est à son dernier repos» qu'on dit. Et toutes ces mains sans tonus que je serre me prouve bien que personne ne l'a mis là par gaieté de coeur. C'est Magella, père de mon père, grand-père et parrain.
Quelques années auparavant, je m'étais fait gardé par mes parrain et marraine, grands-parents Beaudoin. Ma grand-mère, Simone(d'où j'ai hérité de mon deuxième prénom de baptême "Simon"), était posée, calme, gentille. Lui, Magella, était calme et parlait très peu...je l'appelais "Grand Papa". J'avais mis ma toute petite main sur la sienne, la gauche puisqu'il tenait quelque fois sa pipe de la main droite...il n'est pas du tout farouche, mais plutôt attendri. Il était toujours assis au même endroit, dans son fauteuil, à droite dès que nous entrions dans la maison. Et quand je faisais quelque chose qui lui déplaisait, il n'avait qu'à me regarder avec ses yeux d'ours pour me faire comprendre que je n'aurais pas dû faire cette bêtise, mais ça arrivât que très rarement...et puis ma grand-mère attendrissait ce gros nounours à bretelles et ça passait.
Je ne l'ai pas beaucoup connu! Les pères parlent peu généralement, les grands-pères sont encore plus calmes. Ce que j'ai su de ce grand-père m'a surtout étonné au départ, et puis ensuite je me suis dit que c'était normal peut-être à une époque d'agir de la sorte. Ne suffisait de mentionner le nom de "Magella Beaudoin" à quelqu'un du coin, et pas de surprise que tout le monde le connaissait, surtout les gardes-chasse. Mon grand-père braconnait à ses heures, surtout par nécessité de subvenir aux besoins de sa grande famille. N'oublions pas que mon grand-père avait du sang amérindien, sa mère était huronne !
Il m'a fait connaître ces tubes de Vicks(camphre) qui décongestionnaient les sinus en un éclair...et qu'est-ce que ça m'amusait ! Quand j'étais au salon, que je sortais des papiers du buffet et faisais des dessins, je tombais parfois sur un de ces tubes... et puis pourquoi pas ! J'inspirais à plein fond la narine droite... ensuite la gauche... et remettais en place. Ma grand-mère lavait le linge dans une de ces grandes cuves avec essoreuse tout au dessus, tandis que mon grand-père venait tranquillement, son pantalon ample retenu par des bretelles, un peu courbé, voir ce que je faisais et repartais s'asseoir dans son fauteuil directement ou en faisant un détour par les toilettes.
Il était là, maintenant, alité et les yeux fermés, et on allait refermer le couvercle sur ce grand-père et parrain que je n'ai certes pas beaucoup connu. Il avait fermé les yeux sur ce monde-ci quelques jours auparavant, c'était un beau matin d'un dimanche ensoleillé. Je ne suis pas un de ces génies à qui on demande quel jour de la semaine tombe telle date et qui vous répondra sans se tromper, ni un de ceux qui collectionnent les calendriers non plus. Je sais tout simplement que c'était un dimanche matin...puisque c'était le dimanche de Pâques, le 14 avril 1974. Quelle belle journée pour mourir...ou plutôt entrer dans la Vie !
Quant à savoir maintenant si, en pleine lumière de Dieu, il puisse y avoir quelque ombre qui subsiste et puisse être vue, histoire de savoir combien de temps peut-il rester avant la venue du printemps...je crois que c'est tout à fait secondaire et sans grande importance. lol Alors vaut mieux être prudent et observer ce vieux dicton En avril, ne te découvre pas d'un fil!
Mon grand-père a fait sa Pâques, son passage en la vraie Vie !
Je voudrais vous souhaiter une très Joyeuse Pâques !
Soyez chercheurs de Dieu, soyez enfants de Dieu !
Bonne semaine de Pâques !
Denis