Tommaso Scandoglio, reparcourt les étapes du chemin destructeur que des pasteurs indiquent à leurs fidèles, élaborant ainsi, une nouvelle doctrine empruntée à l’idéologie mondaine/mondialiste (immigration, égalité entre hommes et femmes, environnement, etc.), inversant l’ordre naturel voulu par Dieu (ultime étape, après le culte de l’homme, la vénération des animaux, et finalement des choses, cf. synode amazonien) et substituant un nouveau dieu au Dieu trinitaire des catholiques, complétant ainsi l’oeuvre de destruction des révolutions « historiques » (de 1789 à 1968). Une dynamique qui selon lui, ouvre la voie à « la venue de l’Antéchrist ».

L’Antéchrist écoutant les paroles de Satan par Luca Signorelli: détail fresque de la chapelle San Brizio (cathédrale d’Orvieto).

Vers le nihilisme de la foi, en quatre étapes

Tommaso Scadoglio
La NBQ
7 janvier 2020
Ma traduction

Le chemin que depuis quelque temps certains hommes d’Eglise tracent pour nous fidèles est un processus révolutionnaire qui va bien au-delà de l’hérésie et qui conduit tout droit au renversement du plan de Dieu.

Il est banal de se dire que la description d’un phénomène – social, économique, politique, etc. – de l’intérieur et pendant qu’il est encore en cours est très ardu. Le phénomène ecclésial, c’est-à-dire les évolutions et les régressions récentes de l’Église, ne fait pas exception.

Ayant pris note de cette difficulté, essayons donc de retracer le parcours que depuis quelque temps déjà, certains hommes d’Église tracent pour nous fidèles.

Il y a essentiellement quatre dynamiques en cours: destructive, conservative, omissive et innovative ndt: [pardon au lecteur pour les éventuels néologismes, ils rendent bien l’idée].

Commençons par la première en énumérant, dans un ordre dispersé et sans intention d’être exhaustif, certains sujets qui ont été touchés par des interventions en contraste avec la saine doctrine: l’indissolubilité du mariage et la préservation du sens du sacrifice eucharistique et du sacrement de la réconciliation, la nullité du mariage, les absolus moraux, le sacrement de l’ordre, le célibat ecclésiastique, l’évangélisation, l’œcuménisme, la valeur salvifique du sacrifice du Christ présent uniquement dans l’Église catholique, la grâce et la justification, la royauté sociale du Christ, la figure et le rôle de Marie, la primauté pétrinienne, la liturgie, les vertus théologales, la peine de mort, l’homosexualité, la contraception.

Ensuite, il y a une deuxième catégorie de sujets qui ont fait l’objet d’interventions et de discussions, mais qui n’ont apparemment pas subi de manipulation. Par exemple, l’avortement, l’euthanasie, la vie éternelle, la Trinité, le sacrement du Baptême, la famille, les béatitudes. Nous avons écrit « apparemment », parce que dans la doctrine soit tout se maintient, soit tout se perd: chaque principe de foi ou de morale est étroitement uni aux autres, ils sont comme des vases communicants. Polluer une zone, comme nous l’avons décrite lorsque nous avons fait référence à la première dynamique, signifie polluer également les autres zones. Rejeter un aspect doctrinal conduit à en rejeter beaucoup d’autres. Par exemple, qualifier l’affection homosexuelle de moralement positive conduit nécessairement à saper le concept même de famille. Et donc, tôt ou tard, ces sujets tomberont dans la première catégorie indiquée ci-dessus.

Troisième catégorie: les aspects doctrinaux sur lesquels est tombée la plus absolue réserve. Par exemple, les Novissimi, la loi naturelle, etc. Dans ce cas aussi, cependant, nous devons affirmer que révolutionner certaines vérités de foi et de morale dans un sens de démolition implique aussi de formuler, implicitement, un jugement sur ce qui a été délibérément gardé enfermé dans un tiroir. Par exemple, l’attaque contre les absolus moraux, ou les principes non négociables, est aussi une attaque contre la théorie de la loi naturelle. Par conséquent, dans ce cas aussi, ces questions feront à l’avenir l’objet d’interventions de démolition.

Dans la quatrième catégorie, on trouve enfin l’élaboration d’une nouvelle doctrine: immigration, pauvreté, égalité entre hommes et femmes, environnement, philanthropie, etc. Attention: ce ne sont pas des sujets propres à la justice sociale qui sont aujourd’hui interprétés à la lumière de la pensée catholique orthodoxe, mais des sujets qui sont détachés de la portée doctrinale et culturelle catholique, et acquis avec les paradigmes de la pensée moderne et moderniste. En somme, on pourrait dire qu’ils constituent un nouveau credo qu’on fait toutefois passer pour compatible avec le credo catholique.

Cette quatrième catégorie marque – et le jugement est délibérément hyperbolique – une nouvelle phase dans la vie de l’Église: de l’hérésie au nihilisme de la foi. C’est-à-dire, en s’exprimant toujours de manière quelque peu hypertrophique, la catégorie de l’hérésie semble aujourd’hui presque dépassée (mais en réalité elle ne l’est pas car elle ne pourrait pas l’être), comme si faire appel à la négation de la vérité de la foi et de la morale ne suffisait plus pour décrire la situation actuelle.
Mettre au centre de la prédication, de l’enquête doctrinale, de la pastorale, de l’enseignement, la fonte des glaciers, les bateaux de migrants, les jeunes sans emploi, la biodiversité, etc. signifie quasiment ne plus être hérétique, mais nihiliste, parce qu’on parle du ‘rien’, d’aspects du vivant qui seraient certainement très significatifs s’ils étaient interprétés à la lumière de la doctrine catholique, mais qui, quand cette lumière est éteinte, deviennent au contraire des vétilles, des vœux pieux rasoir, des banalités soporifiques, des stéréotypes et des lieux communs de bar.
Et, ainsi, un processus d’évidement de l’intérieur du contenu de la vérité catholique est en cours, pour rendre l’Église creuse, comme s’il s’agissait d’un tronc dont il ne reste que l’écorce. Est-ce que ce sera le point final du processus de déchristianisation? Probablement pas. Car là où il y a un vide, il doit être rempli: la nature abhorre le vide. Aujourd’hui, nous en sommes aux cultes païens et à l’animisme – c’est ainsi que nous pourrions définir l’environnementalisme en soutane – mais alors, dans un avenir pas trop proche, nous devrons adorer la Bête parce que, comme nous le disent les Evangiles lorsqu’ils nous parlent des tentations adressées au Christ par Satan, ce dernier veut être notre vrai Dieu.

Le résultat pourrait être la conclusion logique d’un certain parcours commencé il y a des siècles. Comme l’enseigne Pline Corrêa de Oliveira dans son « Rivoluzione e contro-rivoluzione« , les phases de la révolution prévoient un renversement progressif de l’ordre naturel et surnaturel voulu par Dieu.

D’une seule Église catholique fondée par le Christ, vrai homme et vrai Dieu, nous passons, dans le Protestantisme, à une réalité où il y a plusieurs Églises et où l’Église catholique est une parmi tant d’autres. Dans le même temps, avec l’Humanisme, le centre de l’univers n’est plus le Christ, mais l’homme. La Révolution française déifie une entité anonyme – le Grand Architecte – et ce n’est plus le Dieu de Jésus-Christ, un Dieu avec un nom précis. La Révolution communiste a elle aussi balayé le concept de Dieu, répandant l’athéisme de masse. En 68, ce fut le tour de l’attaque contre la loi morale naturelle. Tous processus révolutionnaires, qui ont aussi infiltré l’Église.

Et ainsi la loi de Dieu a été elle aussi tuée in interiore homine, autrement dit dans le cœur de l’homme, on est passé au culte non plus de l’homme comme c’était le cas à l’ère de la Renaissance, mais des animaux et des choses.

C’est le ground zero de la foi et de la morale dont nous parlions plus haut. Dans ce désert, une nouvelle plante s’enracinera à la perfection, dont l’ADN est l’opposé de l’Arbre de la Connaissance, la plante de Satan. C’est l’inversion parfaite de la hiérarchie voulue par Dieu: du culte de Dieu présent dans l’Église catholique, au culte d’un dieu chrétien, oui, mais pas catholique, pour passer ensuite au culte de l’homme et enfin au culte des animaux et pour finir des choses (les glaciers, la Terre Mère, la Pachamama). Tout est prêt pour l’arrivée de l’Antéchrist.

En résumé, il faut démolir les vérités de l’Église, et une façon de le faire est aussi de conserver l’omertà sur certaines vérités, puis, une fois achevée la pars destruens, de construire le culte de la Bête. Il s’agit peut-être d’un scénario dystopique erroné, aux traits excessivement exagérés. Ou peut-être pas.

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