Attentat de Londres: «c’est comme si Sébastien était encore là», confie la mère d’un Français tué

Il y a un an à Londres, trois terroristes fonçaient en camionnette sur un pont enjambant la Tamise et tuaient huit personnes dont trois Français. Leurs proches ne veulent pas oublier.

 Le 3 juin 2017, une camionnette a percuté les passants sur le London Bridge, à Londres. Trois terroristes en descendent et poignardent au hasard. Bilan : huit morts dont trois Français et une cinquantaine de blessés.
Le 3 juin 2017, une camionnette a percuté les passants sur le London Bridge, à Londres. Trois terroristes en descendent et poignardent au hasard. Bilan : huit morts dont trois Français et une cinquantaine de blessés. AFP/Odd Andersen

    Une cloche qui retentit, puis une minute de silence au milieu des étals. Les commerçants du Borough Market marqueront ce samedi après-midi à 17h30 le premier anniversaire de l'attentat du London Bridge. Entre eux, sans caméras. Ce 3 juin 2017 est encore dans toutes les mémoires. « J'y pense tout le temps, confie Sophie, boulangère sur le Borough Market. On se connaît tous, et ça aurait pu arriver à n'importe lequel d'entre nous. »

    Ce soir-là, une camionnette percute les passants sur le pont et termine sa course dans une barrière sur la rive sud. Trois terroristes en descendent et poignardent au hasard. Le bilan est lourd : huit morts dont trois Français et une cinquantaine de blessés. Aujourd'hui, la barrière défoncée par le van blanc commence juste à être reconstruite. Et les disparus restent bien présents dans les esprits.

    « Cette soirée du 3 juin, sanglante et absurde »

    « Ce week-end va être douloureux, c'est comme s'il était encore là, il manque toujours », confie Josiane, la mère de l'un des trois victimes françaises, Sébastien Bélanger, chef cuisinier de 36 ans dans un restaurant de la city. L'un de ses cousins, Thierry Bélanger, garde le souvenir d'un jeune homme « toujours souriant, comme sur les photos ». Christine Delcros, compagne de Xavier Thomas, tué à 45 ans par les terroristes, se remet difficilement des blessures subies ce soir-là et passe deux jours par semaine à l'hôpital. Mais elle évoque surtout à l'AFP des « blessures psychologiques. » « C'est tout mon monde qui s'est écroulé », raconte cette brune originaire d'Ile-de-France, qui passait alors un week-end en amoureux avec Xavier dans la capitale britannique.

    « C'est dur d'oublier, reconnaît de son côté un ancien collègue d'Alexandre Pigeard, Normand de 27 ans, serveur au Boro Bistro, lui aussi assassiné le 3 juin dernier. On a eu des évaluations psychologiques en France et on est considérés comme victimes de guerre. » Car c'est bien à la guerre qu'a ressemblé cette soirée du 3 juin, sanglante et absurde.

    Une messe dédiée aux victimes dimanche

    Alexandre Pigeard comme Sébastien Bélanger ont été poignardés au cou et à la poitrine devant le Boro Bistro, sous les yeux d'Ulrich, l'un des patrons, blessé dans l'attentat. Il a depuis quitté le Royaume-Uni. Le corps sans vie de Xavier Thomas a lui été retrouvé dans la Tamise, trois jours après, sans qu'on sache si la camionnette l'a percuté, s'il est tombé ou s'il a sauté pour s'échapper. L'enquête continue et devrait être rendue publique seulement début 2019. En attendant, les proches des victimes se souviennent.

    Le Boro Bistro restera fermé ce dimanche et le personnel commémorera de son côté. Une messe dédiée aux victimes sera aussi célébrée dimanche à la cathédrale de Southwark, avant un dépôt de fleurs sur le pont, et une minute de silence. La compagne de Xavier Thomas y sera, Julien Bélanger, le frère de Sébastien, également. Pas le reste de la famille Bélanger, déjà venue à Londres le week-end du 22 avril, pour participer au marathon, avec des T-shirts à l'effigie de l'Angevin, estampillés « amour, toujours ». Eux, auront leur propre célébration.

    Une cérémonie pour Sébastien à Saint-Barthélémy-d'Anjou

    Ce samedi, Josiane reçoit chez elle, à Saint-Barthélémy-d'Anjou, la petite amie de son fils décédé, ainsi que Lisa, jeune Britannique témoin de l'attentat, et qui a accompagné les derniers moments de Sébastien. La famille élargie viendra assister dimanche à une cérémonie religieuse. Certains participeront même à la manifestation sportive « Tout Angers bouge » et remettront leur t-shirt hommage pour l'occasion. Suivra un repas, peut-être arrosé de Kraken, ce rhum épicé « très fort » que Sébastien avait fait découvrir à la famille.

    « La famille joue un rôle essentiel, ça m'aide beaucoup », confie Josiane Bélanger. 40 à 50 personnes devraient boire et manger demain en souvenir du jeune home. « Tout ça nous a rapprochés, constate son cousin Thierry Bélanger. La famille est encore plus grande aujourd'hui. »