Publiée ce vendredi 22 mai dans la revue scientifique The Lancet, une étude met en cause l’efficacité de la chloroquine et de l’hydroxychloroquine pour traiter le Covid-19. “Dans cette grande analyse internationale, nous n’avons observé aucun avantage de l’hydroxychloroquine ou de la chloroquine (utilisée seule ou en combinaison avec un macrolide [molécule antibiotique]) sur les résultats hospitaliers, lorsqu’elle est administrée tôt après le diagnostic de Covid-19”, soulignent ainsi les auteurs de l’étude. De plus, “chacun des schémas thérapeutiques […] a été associé à un risque accru de survenue d’arythmies ventriculaires et de décès à l’hôpital”.

Les chercheurs se sont basés sur des données provenant de 671 hôpitaux, établis sur six continents, soit un peu plus de 96 000 patients hospitalisés. Il s’agit donc de “la plus grande étude d’observation publiée à ce jour sur les effets de la chloroquine ou de l’hydroxychloroquine”.

Cette étude intervient alors que la “chloroquine et l’hydroxychloroquine ont été promues et parfois utilisées dans le traitement du Covid-19, seules ou combinées” à un antibiotique, précise encore dans son éditorial The Lancet. Et ce, “malgré l’absence de preuves méthodologiques appropriées de leur efficacité”.

Le “fiasco chloroquine”

Ce traitement s’est révélé être davantage “un lièvre qu’une tortue dans la course contre le Covid-19”, ajoutent deux chercheurs et médecins dans The New Indian Express“Il a apporté plus de chaos que de clarté”.

Cela est notamment dû à la prise de position du professeur français Didier Raoult, explique le journal. Et ce, alors même que “son étude a été fortement critiquée par la communauté scientifique pour ses défauts méthodologiques”. Le “discours du président des États-Unis, Donald Trump, a marqué un autre tournant”, poursuit The New Indian Express, “lorsqu’il a vanté les mérites du médicament” et qu’il a même affirmé consommer lui-même de l’hydroxychloroquine.

Mais le “fiasco de la chloroquine” a dépassé bien des frontières puisque plusieurs pays ont constitué des stocks, ont recommandé son utilisation (comme au Brésil ou en Inde) et que des pénuries ont été constatées, en Afrique notamment. “Au-delà de la question de l’efficacité”, la question de l’utilisation de ce médicament “a suscité une réaction de panique du public non initié”, note encore le titre indien.

Une avancée tout de même

Après la publication de cette nouvelle étude, Olivier Véran, ministre de la Santé en France, a saisi le Haut conseil de la santé publique ce samedi 23 mai. Sur Twitter, il explique sa décision : “J’ai saisi le HSCP pour qu’il l’analyse et me propose sous 48 heures une révision des règles dérogatoires de prescription.”

Concernant le paludisme et les maladies auto-immunes comme le lupus, pour lesquelles la chloroquine et l’hydroxychloroquine sont utilisées, les chercheurs de la nouvelle étude ont expliqué “que leurs recherches ne suggéraient pas que les patients devraient arrêter leur traitement”, précise le site américain Politico.

Enfin, conclut The Verge, si, “à l’heure actuelle, aucun traitement n’a encore fait ses preuves pour lutter contre le Covid-19, et que nous sommes à des mois ou des années d’un nouveau vaccin”, “découvrir qu’un traitement spécifique ne fonctionne pas est également utile, surtout si ce traitement s’avère pire que de ne rien prendre du tout”. L’étude publiée dans The Lancet “fournit des preuves supplémentaires et claires de l’utilité et des risques” de la chloroquine et de l’hydroxychloroquine. Une étape non négligeable.