Monastère profané à Jérusalem : les extrémistes israéliens soupçonnés

Monastère profané à Jérusalem : les extrémistes israéliens soupçonnés

    Des extrémistes israéliens religieux présumés ont incendié, tôt mardi matin, une porte du monastère catholique de Latroun, en Israël. Ils ont également inscrit des graffitis anti-chrétiens sur les murs. Ce qui a provoqué des protestations générales. Fondée par les cisterciens, l'abbaye de Latroun, qui héberge une communauté trappiste, est l'un des sites monastiques les plus célèbres de Terre sainte, connu en particulier pour son vignoble. Elle est située à 15 km à l'ouest de Jérusalem, à la frontière entre Israël et la Cisjordanie, sur la ligne de l'armistice de 1949 qui mit fin à la première guerre israélo-arabe.

    «Une porte en bois du couvent a été entièrement brûlée par des inconnus et des slogans anti-chrétiens tel que +Jésus est un singe+ ont été inscrits sur les murs de l'édifice», à l'ouest de Jérusalem sur la route de Tel-Aviv, a déclaré le porte-parole de la police, Micky Rosenfeld.

    Parmi les autres slogans, figurait le nom de Ramat Migron, petite implantation démantelée la semaine dernière par l'armée israélienne, proche de la colonie sauvage de Migron, la plus vaste de Cisjordanie occupée, évacuée dimanche sur ordre de la Cour suprême. Des ultras de la colonisation israélienne mènent depuis des années une politique dite du «prix à payer». Ce qui consiste à se venger sur des villageois palestiniens, des lieux de culte musulmans et chrétiens des décisions gouvernementales qu'ils jugent hostiles à leurs intérêts.

    Netanyahu: «les auteurs doivent être sévèrement punis»

    Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a dénoncé «un acte répugnant dont les auteurs doivent être sévèrement punis», en assurant que «les libertés de religion et de culte sont des valeurs fondamentales en Israël». Son ministre de la Défense Ehud Barak a appelé à mobiliser le Shin Bet, l'agence de sécurité intérieure, dans la «bataille contre le terrorisme juif».

    Mais, dans une déclaration, les évêques catholiques de Terre sainte ont exhorté les autorités israéliennes à «agir pour mettre fin à cette violence absurde et d'assurer un +enseignement du respect+ dans les écoles» israéliennes. «Malheureusement, ce qui est arrivé à Latroun n'est que la dernière d'une longue série d'attaques contre les chrétiens et leurs lieux de culte», ont-ils déploré, en demandant «pourquoi les coupables ne sont-ils jamais arrêtés ?».

    Le grand rabbin ashkénaze d'Israël, Yona Metzger, a ajouté sa voix aux condamnations. De son côté, le gouvernement de l'Autorité palestinienne a appelé le gouvernement israélien à «agir pour traduire en justice les responsables de l'incendie du monastère de Latroun».

    «Plusieurs mosquées ont été attaquées ces derniers mois, mais rien ou presque n'a été fait», ont rappelé les palestiniens, estimant que «la politique extrémiste du gouvernement israélien --marquée par l'intolérance-- encourage les crimes de haine des colons contre les Palestiniens et leurs lieux de culte». A Gaza, le mouvement islamiste Hamas a fustigé «les attaques délibérées et répétées des profanateurs sionistes des églises, mosquées et cimetières palestiniens».

    Washington condamne, Paris réclame une enquête

    A Washington, le département d'Etat a condamné des actes «haineux, dangereux et provocateurs», en exhortant «toutes les parties à éviter toute escalade». La France --à qui a été confiée la protection des lieux saints et des communautés religieuses-- a «condamné fermement cet acte de vandalisme» et réclamé aux autorités israéliennes une enquête. Le consul général de France à Jérusalem, Frédéric Desagneaux, s'est rendu sur place «pour manifester notre indignation et notre solidarité, et exprimer le souhait que les coupables de ces actes de haine inqualifiables soient traduits devant la justice».

    Le 20 février dernier, des graffitis avaient été découverts sur les murs d'une église baptiste à Jérusalem-Ouest. Treize jours auparavant, des inconnus avaient inscrit «Mort aux chrétiens» et «Le prix à payer» sur un mur d'enceinte du monastère de la Croix à Jérusalem-Ouest, la partie juive de la Ville sainte.