Intimidation

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.
Abus verbal, au cours d'un entraînement militaire.

L’intimidation est l'action d'intimider, de faire peur à quelqu'un ; c'est aussi le résultat de cette action[1]. Elle peut aussi être définie comme « des pressions destinées à dissuader une personne de faire son devoir ou de faire valoir ses droits. »[2].

L'intimidation peut s'exprimer sous forme de violence psychologique et physique et avoir des répercussions traumatiques[3]. Certaines formes d'intimidations sont illégales, notamment le terrorisme[4].

Histoire[modifier | modifier le code]

Les Romains accordaient de l'importance à l'uniforme, les drapeaux, les symboles, les étendards et musiques militaires, pour donner à leurs légions l'aspect de machine de guerre, et à cet effet intimider et démoraliser l'armée ennemie.[réf. nécessaire]

Psychologie sociale[modifier | modifier le code]

Caractéristiques[modifier | modifier le code]

L'intimidation peut se manifester de plusieurs manières. Ces méthodes peuvent inclure violences physiques, regards noirs, manipulation émotionnelle, abus verbaux, bizutages et / ou autres formes d'agression pouvant avoir pour conséquence une baisse de l'égo. Ce comportement peut également inclure des commentaires ou insultes humiliants, des propositions obscènes, des blocages physiques empêchant ou bloquant les mouvements ou autres empêchant une activité quotidienne[5]. Elle peut également faire partie d'une menace délinquante et ainsi aboutir à une violence[6]. Elle peut également être utilisée pour soustraire quelqu'un à la menace ou au chantage.

Il n'est pas prouvé que l'intimidation doive nécessairement être violente pour causer la peur ou l'effroi[7].

Dominance[modifier | modifier le code]

L'intimidation est le résultat d'une réticence à engager une confrontation ou menacer de violence[8]. L'intimidation peut être un « comportement compensatoire » et également un processus inconscient.

L'intimidation et les menaces ont pour résultat une diminution de la productivité dans les relations hiérarchiques[9].

Le harcèlement comprend des intimidations et peut mener les victimes à développer des troubles psychologiques et à adopter des comportements violents, d'automutilation ou suicidaires[10].

Le viol et l'abus sexuel sont des processus conscients utilisés pour intimider le partenaire d'une relation conjugale[11] et comme arme psychologique dans un conflit armé. Il est néanmoins difficile de différencier l'intimidation du « hooliganisme »[12]. Le cri de guerre a de même un impact psychologique sur l'armée ennemie, et vise notamment à l'intimider.

L'intimidation scolaire s'exprime à travers diverses stratégies. Un enfant est victime d'intimidation quand des propos blessants et désagréables sont diffusés à son égard, quand il est frappé et menacé ou que l'on organise son isolement social. La cyberintimidation est utilisée par certains agresseurs, et peut provoquer chez la victime des problèmes sur les plans psychosociaux, affectifs et scolaires[13].

Discrimination[modifier | modifier le code]

L'intimidation liée à un préjudice et une discrimination peut inclure un comportement « agaçant, menaçant, intimidant, qui alerte ou qui fait sentir un sentiment d'insécurité chez un autre individu en raison de la race, couleur de peau, les origines, racines ethniques, l'orientation sexuelle, la religion, les pratiques religieuses, l'âge ou d'un handicap sexuel ou mental, peu importe si cette perception est correcte ou non[5]. »

Intimidation dans un contexte du violence conjugale[modifier | modifier le code]

L’intimidation est une stratégie qui peut être déployée par un conjoint violent envers sa partenaire ou son ex-partenaire, souvent dans une dynamique relationnelle caractérisée par le contrôle coercitif. La professeure Janet E. Mosher explique que les conjoints violents peuvent avoir recours à une multiplicité de tactiques pour dominer leur victime, parmi lesquelles l’intimidation. Ce faisant, Mosher insiste que l’acte d’intimidation n’est pas un épisode distinct d’une relation autrement saine, mais plutôt qu’il est un élément constitutif d’une dynamique relationnelle abusive[14]. Le professeur Evan Stark a également reconnu le contrôle coercitif comme:

Un modèle [pattern] continu de domination par lequel les partenaires masculins violents entremêlent principalement la violence physique et sexuelle répétée avec l’intimidation, la dégradation sexuelle, l’isolement et le contrôle. Le principal résultat du contrôle coercitif est une condition de prise au piège qui peut ressembler à une prise d’otage dans les atteintes qu’il inflige à la dignité, à la liberté, à l’autonomie et à l’intégrité physique et psychologique[15]. [traduction]

Stark a démontré que lorsque l’intimidation survient dans un contexte de violence conjugale, les conjoints violents y recourent pour « instiller la peur, la dépendance, la conformité, la loyauté et la honte[16]» [traduction]. L’intimidation se fait principalement par le biais de menaces, de surveillance, de dénigrement et de destruction de biens[16]. Aussi, certaines tactiques d’intimidation -par exemple, s’enquérir de la localisation de la victime- ne semblent pas problématiques à un tiers, bien qu’elles le soient dans le contexte relationnel abusif.

Des exemples d’intimidation dans un contexte de violence conjugale comprennent le retrait des pièces essentielles de la voiture de la victime, le vol d’argent, le retrait des effets personnels de la victime de sa propre maison, et d’autres actions similaires que Stark qualifie d’« actes anonymes dont l’identité de l’instigateur ne pose jamais de doute[17]». La surveillance (stalking) est également un outil courant de contrôle coercitif, « conçu pour communiquer l'omniprésence de l'agresseur[17]». Elle peut prendre la forme de fouilles aléatoires des effets personnels de la victime (par exemple, de son sac à main ou de ses relevés bancaires), de surveillance des communications de la victime ou de chronométrage de ses activités. Le conjoint violent peut également dégrader sa victime, par exemple en lui refusant l’accès à des produits essentiels, comme du papier de toilette, ou en la forçant à se faire tatouer pour marquer la « propriété » du conjoint violent sur elle[17].

Intimidation animale[modifier | modifier le code]

Serpent à sonnette prenant une posture intimidante.

L'intimidation est utilisée par diverses espèces du règne animal pour dissuader d'éventuels prédateurs. Certains vertébrés ont développé des évolutions physiologiques : accroissement exagéré de la masse corporelle (poissons, grenouilles, crapauds,..), développement de parures (pelage et plumage), crêtes et pics ainsi que des ailes chez des reptiles et oiseaux. Des sons et des odeurs spécifiques sont également émis pour intimider. Certains prédateurs possèdent des cornes et des dentures menaçantes[18].

Droit par pays[modifier | modifier le code]

Canada[modifier | modifier le code]

En droit pénal canadien, l'intimidation est une infraction pénale prévue à l'article 423 du Code criminel[19] :

En common law canadienne, lorsqu'une campagne d'intimidation crée un risque crédible que l'intimidation entraînera un passage à l'acte vers la violence physique, le délit civil de voie de fait peut trouver application, car ce délit civil n'englobe pas seulement les violences physiques, il inclut aussi les menaces crédibles de passer à l'action, d'après l'arrêt Warman de la Cour supérieure de justice de l'Ontario[20] et les auteurs Linden, Klar et Feldhausen[21].

Sous l'angle du droit civil québécois, l'intimidation est une faute extracontractuelle au sens de l'article 1457 du Code civil du Québec[22] et de la doctrine des auteurs Baudouin, Deslauriers et Moore[23]

France[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. « INTIMIDATION : Définition de INTIMIDATION », sur www.cnrtl.fr (consulté le )
  2. Grégory Gomez del Prado, « Intimidation en milieu carcéral : effet sur les pratiques professionnelles des agents correctionnels du Québec », Criminologie, vol. 45, no 2,‎ , p. 301 (ISSN 0316-0041 et 1492-1367, DOI 10.7202/1013729ar, lire en ligne, consulté le )
  3. Psychological Trauma, Brian Trappler, M.D, 2014
  4. Emmanuel Chatillon, TERRORISME "le pouvoir de l'intimidation", (ISBN 129192552X, présentation en ligne)
  5. a et b (en) Harassment (Aggravated) Law & Legal Definition
  6. (en) Noose: ‘Shameful' sign makes ominous return, de Darryl Fears, Washington Post [1]
  7. (en) Legal Definition of Intimidate
  8. (en) Randall Collins, Violence: A Micro-sociological Theory (2009)
  9. The Psychology of Social Status, Joey T. Cheng, Jessica L. Tracy, Cameron Anderson, 2014, p. 5, p. 9, p. 104, p. 122, p. 204
  10. Le harcèlement au collège: Les différentes faces de la violence scolaire, Dominique-Manuela Pestana, 2013
  11. Sex, Power, Conflict : Evolutionary and Feminist Perspectives: Evolutionary and Feminist Perspectives,Oxford University Press, 1996
  12. Northern Ireland. Community Relations Commission, Community Relations Commission, 1974
  13. Conduites Agressives Chez L'Enfant: Perspectives Développementales et Psychosociales, Barry H. Schneider, Sébastien Normand, 2009, p. 64
  14. Janet Mosher, « Grounding Access to Justice Theory and Practice in the Experiences of Women Abused by Their Intimate Partners », Windsor Yearbook of Access to Justice,‎ , p. 153 (lire en ligne [PDF])
  15. Evan Stark, « Re-presenting Battered Women: Coercive Control and the Defense of Liberty », Les Presses de l’Université du Québec,‎ , p. 7 (lire en ligne [PDF])
  16. a et b Evan Stark, « Re-presenting Battered Women: Coercive Control and the Defense of Liberty », Les Presses de l’Université du Québec,‎ , p. 9 (lire en ligne [PDF])
  17. a b et c Evan Stark, « Re-presenting Battered Women: Coercive Control and the Defense of Liberty », Les Presses de l’Université du Québec,‎ , p. 10 (lire en ligne [PDF])
  18. Animal Behavior: Mechanism, Development, Function, and Evolution , Christopher J. Barnard Pearson Education, 2004, p. 395
  19. Code criminel, LRC 1985, c C-46, art 423, <https://canlii.ca/t/ckjd#art423>, consulté le 2022-10-28
  20. Warman v. Grosvenor, 2008 CanLII 57728 (ON SC)
  21. Allan M. Linden, Lewis N. Klar & Bruce Feldhausen, Canadian Tort Law: Cases, Notes & Materials, 16th ed. (Markham, LexisNexis, 2022
  22. Code civil du Québec, RLRQ c CCQ-1991, art 1457, <https://canlii.ca/t/1b6h#art1457>, consulté le 2022-10-16
  23. Jean-Louis BAUDOUIN, Patrice DESLAURIERS, Benoît MOORE, La responsabilité civile - Volume 1 : Principes généraux, Éditions Yvon Blais, 2014.

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Sur les autres projets Wikimedia :

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Marie Beaulieu, Marie-Ève Bédard et Roxane Leboeuf, « L'intimidation envers les personnes aînées : un problème social connexe à la maltraitance ? », Service social, vol. 62, no 1,‎ , p. 38-56 (lire en ligne).

Articles connexes[modifier | modifier le code]