19 mai 2019 7 19 /05 /mai /2019 15:58

« Pas plus qu’un homme, une chrétienté ne se nourrit de confitures. Le bon Dieu n’a pas écrit que nous étions le miel de la terre, mon garçon, mais le sel. Or, notre pauvre monde ressemble au vieux père Job sur son fumier, plein de plaies et d’ulcères. Du sel sur une peau à vif, ça brûle. Mais ça empêche aussi de pourrir ! (…) Un vrai prêtre n’est jamais aimé, retiens ça. Et veux-tu que je te dise ? L’Église s’en moque que vous soyez aimés, mon garçon. Soyez d’abord respectés, obéis. L’Église a besoin d’ordre. Faites de l’ordre à longueur du jour. Faites de l’ordre en pensant que le désordre va l’emporter encore le lendemain parce qu’il est justement dans l’ordre, hélas ! que la nuit fiche en l’air votre travail de la veille – la nuit appartient au diable » (Georges BERNANOS, « Journal d’un curé de campagne », 1936).

 

 

 

 

 

 

I - RÉVEILLER LES CONSCIENCES OBSCURCIES PAR LE PÉCHÉ :

 

 

Dans l’Église actuelle, sous prétexte d’une fausse charité, de bien-pensance et de "pastoralement correct", on cherche tellement à éviter les conflits qu’on met de côté les dogmes qui pourtant sont l’expression des vérités de la foi. On ne garde que ce qui est gentil, agréable, consensuel, qui ne risque surtout pas de poser problème. Par peur ou indifférence coupable, on refuse de "réveiller" les baptisés parfois endormis dans leur foi ; on refuse de remettre en cause avec toute la douceur nécessaire (Galates VI, 1) les nombreuses consciences obscurcies par le péché. Par respect humain, on déconnecte volontairement la Miséricorde (pastorale) de la Vérité (doctrinale). « Qui s'aveugle volontairement sur le prochain sous-prétexte de charité ne fait souvent rien autre chose que de briser le miroir afin de ne pas se voir dedans. Car l'infirmité de notre nature veut que ce soit d'abord en autrui que nous découvrions nos propres misères. Prenez garde de vous laisser gagner par je ne sais quelle bienveillance niaise qui amollit le cœur et fausse l'esprit » (cf : Prieure à Blanche de la Force, Dialogues des carmélites, Bernanos). Relativiser la Vérité Salvatrice sous le fallacieux prétexte d'une fausse charité est malheureusement monnaie courante aujourd'hui. Peut-on laisser une âme s'encrasser dans la boue du péché via une "charité" qui ferme les yeux sur son salut éternel ? Non ! ...car nous sommes tous gardiens de nos frères (Genèse IV, 9).

 

 

On rappelle bien volontiers – et c’est fort bien ! – que Jésus n’a pas « condamné » la femme adultère tout en oubliant de mentionner la fin de sa phrase : « ne pèche plus » (Jean VIII, 11). La conversion des pécheurs a complètement été "dynamitée" par une molle charité quiétiste, bisounours, mielleuse, gnangnan. Le relativisme dialoguiste tendant à faire croire que « toutes les religions se valent » a de son côté aussi complètement "dynamité" l’urgence de l’évangélisation, de la mission (cf : Décret « Ad Gentes »). Certains chrétiens préféreront même passer leur temps à « sauver la planète » plutôt que de « sauver les âmes » (Matthieu XVI, 26). Ainsi, de la Personne Divine de Jésus, ne conserve t-on que le récit doucereux de Noël. Du péché et des fins dernières, il n’est plus question d’en parler. Gare au prêtre qui oserait encore rappeler et enseigner la doctrine catholique, parler du péché originel, de la perdition et de l'immortalité des âmes, du purgatoire, du ciel, du jugement particulier ou bien encore de Miséricorde Divine (confession). Gare au prêtre qui oserait combattre et résister – tels Mattathias, le vieillard Éléazar (II Maccabées VI, 18-31) et les Sept-Saints Maccabées – contre des lois sacrilèges, diaboliques (Taubira, Veil, Neuwirth), enjoignant les chrétiens à demeurer coûte que coûte fidèles aux Saintes Lois de Dieu « usque ad effusionem sanguinis » ! Ce dernier serait immédiatement "crossé" par son évêque, persécuté par la meute médiatique, insulté d’intégriste (le mot qui tue !), condamné à l’exil, muté au fin fond de son diocèse !

 

 

Aux prêtres-samaritains SOIGNANT AVEC LE BAUME DE LA MISÉRICORDE toutes les âmes blessées par le péché se sont substitués des professionnels de la "tolérance", de la "paix" et de "l’amour" ne tolérant absolument pas la doctrine catholique osant encore condamner – ô sacrilège des sacrilèges ! – la réalité objective du péché (CEC N°1849). Un péché qui peut tuer éternellement une personne. « Passer son chemin », refuser de soigner avec douceur, patience et délicatesse toutes ces âmes meurtries en omettant de condamner non pas la personne mais le péché, voilà le credo de ces professionnels de la bien-pensance, aujourd’hui déguisés en lévites (Luc X, 25-37) ! Il est vrai que « cela peut être difficile dans certaines circonstances, cela peut provoquer des ennuis, des dommages, des dangers ; mais la conscience nous rappelle que la Vérité oblige ; qu’elle a quelque chose d’inconditionnel, qui possède de la hauteur. On ne dit pas d’elle : tu peux la dire quand cela te plait ou quand tu dois arriver à un objectif, mais : Tu dois dire la Vérité quand tu parles ; tu ne dois pas la réduire ni l’altérer. Tu dois toujours la dire, simplement, même quand la situation te pousserait à rester silencieux, ou quand tu peux te soustraire avec désinvolture à une question » (Romano Guardini). À cause de ces propagandistes de la "tolérance", l'Église devient petit-à-petit une banale ONG administrée par des chrétiens eux-mêmes tombés dans une "spiritualité" mièvre, fade, droit-de-l'hommiste, sans saveur... le sel de la Vérité ayant été dilué dans de belles "valeurs" aussi creuses les unes que les autres ; des "valeurs" qui se sont substituées à la Vérité-Salvatrice du Christ. « Comment ne pas éprouver une certaine inquiétude devant la tendance négative qui se manifeste dans l'affaiblissement de l'élan missionnaire à l'égard des non-chrétiens ? Ce déclin est le signe d'une crise de la foi et la conséquence du relativisme qui a envahi l'Église elle-même de manière très profonde (...) Au nom de la Vérité, nous devons proclamer et annoncer Jésus-Christ, unique Sauveur du monde, à toutes les nations (...) La mission est le diamant brut de l'Épouse du Christ » (cf : Cardinal Robert Sarah, "Dieu ou rien").

 

 

En chaire, on n’entend plus les évêques et les prêtres parler du "scandale de la croix" qui pourtant est au cœur des enseignements de St Paul (cf : Catéchèse de Benoît XVI). Dans les sermons – pardon ! – dans les homélies bien souvent mielleuses, les mots « péché », « conversion », « sacrifice » sont devenus tabous. Les grandes vérités de foi (Divinité du Christ, Incarnation, Immortalité de l'Âme, Virginité Perpétuelle, Résurrection, Péché Originel, etc.) sont aujourd’hui au meilleur des cas passées sous silence ou bien, au pire des cas, publiquement contestées par de petits soviets diocésains bultmannisés, duquesnisés et bien souvent "sponsorisés" par des évêques ou des vicaires peu soucieux de la première des vertus cardinales ! Quelle souffrance ! Quelle souffrance ! Oui, quelle souffrance et quelle désespérance de constater cela, impuissant ! Que de larmes versées, que de vocations avortées ! En Occident, des pans entiers de l’Église sont en train de s’effondrer sous nos yeux, avec bien souvent la complicité des hommes d’Église, la complicité du Peuple de Dieu !

 

 

Aujourd'hui, « nous répétons sans cesse avec des larmes d’impuissance, de paresse et d’orgueil que le monde se déchristianise. Mais (...) c’est de nos cœurs que Dieu se retire, c’est nous qui nous déchristianisons, misérables ! » (cf : Bernanos, "Français, si vous saviez") ...car la Loi de Dieu n’est plus respectée, même chez les baptisés. Son Amour-Miséricordieux n’est plus pris au sérieux. Dieu n’est plus honoré, adoré. La Sainte Liturgie est de son côté démantelée, "prise en otage" par des laïcs ou des curés qui en font un "show" personnel au lieu de s'effacer devant l'action de Dieu. Parallèlement à tout cela, l’enseignement de notre Mère-Église est publiquement contesté, crucifié par l’orgueil de pseudo "grands-prêtres" profondément incultes… et ceci est très très grave car la tunique sans couture du Christ (unité) est déchirée (schisme) par ceux-là même qui se prétendent être disciples du Christ. Ces loups entrés dans la bergerie  qui se reconnaissent à leur contestation du Magistère  sont prêts à tout pour démolir l'Église ! Résultat ? Pendant que les mosquées poussent comme des champignons — transportant avec elles l'idéologie anti-christique d'un faux-prophète (Mahomet)  les églises sont démolies, transformées en skatepark ! (Pays-Bas). Des territoires entiers (Seine-St-Denis, Molenbeek, Rotterdam, etc.) sont aujourd'hui sous domination islamique ; une domination qui a été rendue possible à cause du manque de ferveur, du manque de foi et d'unité des chrétiens. Et nul doute que si la chrétienté est incapable de réagir, d'appeler à la Reconquista, d'assumer avec assurance et fierté son identité et sa foi, viendra un jour où les chrétiens d'Europe subiront le même martyre que les chrétiens d'Orient.

 

 

 

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II - L'ÉGLISE A BESOIN DE PRÊTRES "PÊCHUS", ÉNERGIQUES ET VIRILS :

 

 

Que faudrait-il faire pour que les choses changent ? Pour réveiller les consciences endormies ? Pour sortir les baptisés de leur léthargie ? Que faudrait-il faire pour que l’Église-qui-est-en-France retrouve son dynamisme missionnaire d’antan et sa capacité à entraîner les fidèles à une foi plus fervente, enthousiaste, virile et à jamais idéaliste ? Que faudrait-il faire pour que de jeunes garçons puissent découvrir la beauté du sacerdoce ? Et à d’autres jeunes la splendeur de la vie consacrée ? Il faudrait d’abord des prêtres – de saints prêtres ! – qui sachent enseigner avec conviction et certitude, d’une façon claire et attrayante, le catéchisme de l’Église catholique. Pas Pierres Vivantes ou autres balivernes diocésaines. Le catéchisme, rien que le catéchisme ! Et pas autre chose. Des prêtres "pêchus", énergiques et virils, qui assument parfaitement leur identité sacerdotale, « bien dans leur soutane », et qui sachent, avec l’humilité et la douceur du Cœur de Jésus, dignement célébrer la Liturgie telle qu’elle est déterminée par l’Église et non telle que la souhaite l’EAP locale dirigée par une poignée de mamies-bigoudis surexcitées bien souvent allergiques au sacré, à la prière, au silence, à l'intériorité, à la contemplation. Des prêtres, des religieux et des religieuses assoiffés de sainteté, dévoués de gentillesse et de douceur, accueillant et allant à la rencontre de toutes personnes « là où elles se trouvent », sans juger qui que ce soit ; des prêtres infiniment miséricordieux et missionnaires, passionnés par la Vérité, enracinés dans la prière, rayonnant constamment la joie de Dieu, prêts à se sacrifier pour leurs brebis jusqu’à la pureté du martyre, en union avec Jésus-crucifié, Pasteur suprême des âmes. Et malgré les difficultés rencontrées, l'indifférence du monde et l'ingratitude des paroissiens, toujours se dire : « SEMPER FIDELIS ! ». Et il en existe de ces personnes héroïques ! Elles ne sont peut-être pas les plus nombreuses mais sont la fierté de l’Église, la gloire de la chrétienté, l’honneur de la France éternelle et de nos paroisses !

 

 

Il faudrait aussi supprimer ou réduire à son "minimum vital" toutes les « bureaucraties mitrées » (Cardinal Ratzinger) qui "engourdissent" de l’intérieur les diocèses, qui "noyautent" la fraîcheur et la vitalité de l’Évangile. Il n’est pas normal qu’un baptisé, et encore moins un prêtre, passe ses journées à s’épuiser en réunions stériles, s'exposant à un burn-out. Des réunions qui ne servent souvent à rien si ce n’est qu’à brasser du vent dans une novlangue ecclésiastique devenue insupportable ! La priorité des priorités doit être donnée au salut des âmes, à l’évangélisation directe, à la catéchèse, à la vie spirituelle (Office Divin, Messe quotidienne, confession, chapelet, sacrements, etc.), à la visite des malades, des prisonniers, des souffrants et des oubliés de ce monde : « Relisons ensemble l’Évangile : Jésus a toujours confié une charge à une personne, jamais à des institutions. C’est sur la personne de l’évêque que se fonde l’Église et non pas les bureaux diocésains. Il n’y a rien de plus grotesque que de penser que le Christ aurait voulu créer des commissions ! Nous devons redécouvrir une vérité catholique : dans l’Église, tout est personnel, rien ne doit être anonyme. Pourtant, c’est bien derrière des structures anonymes que se cachent aujourd’hui tant d’évêques. Toutes ces commissions, ces sous-commissions, ces groupes et ces bureaux en tous genre... On se plaint que nous manquons de prêtres, et c’est vrai, alors que des milliers d’ecclésiastiques sont préposés à la bureaucratie cléricale. Tous ces documents, ces papiers que personne ne lit et qui n’ont d’ailleurs aucune importance pour l’Église vivante... La foi est bien plus simple que tout cela » (Hans Urs von Balthasar).

 

 

Cette lourdeur bureaucratique qui dure depuis 50 ans au moins s’est peu à peu substituée à la vraie vie spirituelle, à la fraîcheur de l’Évangile. On a mis progressivement le Christ, l’étude de la Liturgie et de la doctrine catholique dans la sacristie. Résultat ? Dans les paroisses et les séminaires, on "tue" la pratique religieuse, on étouffe les vocations sacerdotales, on massacre toute forme de vie consacrée (+) (+) (+). Les jeunes qui se posent encore la question de la prêtrise et/ou de la vie religieuse sont rarement orientés dans des endroits où la vie spirituelle est prise au sérieux et se retrouvent bien souvent totalement dégoûtés de Dieu. Quelle tristesse ! Quel gâchis ! De nombreux jeunes sont "brisés" à vie dans leur vocation à cause d’une pastorale "expectative" (on refusera le jeune car pas encore Bac+5) ; à cause de mauvais chrétiens... mais aussi et surtout à cause de formateurs et de prêtres "anti-romains" ne prenant pas au sérieux la Foi, la Liturgie et les dogmes de l’Église. Nombreux sont les jeunes qui se disent : "pourquoi s'engager si plus rien n'est vrai, si tout est relatif et flou, si même nos formateurs ne croient plus en rien ? Pourquoi s'engager si toutes les religions se valent et que le soucis du salut des âmes n'est plus une priorité chez des pasteurs infectés par le relativisme ambiant ? etc."

 

 

Bref, très rapidement, le jeune comprendra avec souffrance qu’il n’est pas « pris au sérieux » …et il partira, soit définitivement, soit en espérant trouver un autre Séminaire, Couvent ou Monastère "bien catholique" prenant avec sérieux sa vocation, sa formation théologique, son amour inconditionnel pour le Christ, son soucis pour le salut des âmes (et cela existe de plus en plus en France, rendons grâce à Dieu ! Prions, encourageons et soutenons les jeunes garçons et les jeunes filles qui, de plus en plus, veulent tout quitter pour suivre Jésus). C'est un peu trop facile de pleurer sur le manque de vocations quand on a transformé les séminaires diocésains en "foutoirs liturgiques", squattés par des hérésiarques notoires, allergiques au Magistère de l'Église, bref, en maisons où tout est permis... sauf recevoir et appliquer fidèlement les directives doctrinales et liturgiques de l’Église Mater et Magistra. Dans ce contexte de pensée molle et de religiosité flasque, de nombreux prêtres refusant de « faire face » (Bernanos) se voient malheureusement dans l’obligation d’apprendre aux fidèles assoiffés d'absolu et de sainteté comment être "gentils", "souples" (c'est-à-dire relativistes), "compréhensifs" devant toutes sortes de péchés (au lieu d'appeler à la conversion), de réduire la foi à des "valeurs" aussi creuses les unes que les autres, (cf : avertissement du philosophe Soloviev) et de leur rappeler – en s’appuyant sur une lecture biaisée du Nouveau Testament – que ceux qui tiennent aux vérités de la foi ne peuvent être que des « pharisiens » si ce n’est pas des « intégristes » (le mot qui tue !). « Des jours viendront où, dans la chrétienté, on tentera de réduire le fait du salut à une simple série de valeurs » (Cardinal Biffi, 27/02/2007).

 

 

 

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III - POUR LE BIEN DES ÂMES, PRENDRE AU SÉRIEUX LA LITURGIE :

 

 

Le manque de sérieux et de révérence pour la Liturgie ("source et sommet de la vie de l'Église !") a bien évidemment aussi joué un rôle majeur dans la crise que nous connaissons aujourd’hui en Occident. Et ce n’est pas "manquer à la charité" d'affirmer que certains évêques y ont une part de responsabilité (Christus Dominus §15). « Je suis convaincu que la crise de l'Église que nous vivons aujourd'hui repose largement sur la désintégration de la Liturgie » (Cardinal Ratzinger). Aujourd'hui, dans la plupart des églises, les messes désacralisées, déritualisées, désinculturisées (latin et grégorien totalement liquidés), infantilisantes (rondes d’enfants autour de l’autel), ont évacué toute gravité et intériorité, le sacrifice de la Croix ayant été remplacé par un culte neutre de l’homme faisant « fuir » les baptisés les uns après les autres. Sous-prétexte d'une participatio actuosa (+) mal-comprise, le nivellement par le bas de la Liturgie a détruit la foi de nombreux baptisés, brisé de nombreuses vocations sacerdotales et religieuses. L'abaissement du niveau et le refus de toute exigence dans la transmission de la foi (transmission fragilisée par le pédagogisme liturgico-catéchétique "d'experts" bien souvent auto-proclamés) a créé – comme dans l'Éducation Nationale – une génération d'illettrés et d'analphabètes au cœur de l'Église ; une génération de fidèles indisciplinés préférant "sécher" la Sainte Messe dominicale  au vu de la situation catastrophique, on peut les comprendre  alors que leur avenir éternel (Paradis, Enfer) est en jeu !

 

 

Comment se fait-il que les services liturgiques des cathédrales françaises soient INCAPABLES d’être au même "niveau" d’excellence et de dignité que celle de Westminster ? (cf : Entrée liturgique, Messe de Minuit, forme ordinaire). Comment se fait-il que les prêtres de nos paroisses qu'il faut aider et soutenir  soient aussi pour la plupart d'entre eux INCAPABLES de chanter dignement la Sainte Messe (CD-formation) mais aussi de monter – avec quelques personnes et un organiste compétent – des scholæ cantorum (cf : Sacrosanctum Concilium N°114) sachant au moins chanter (en "entraînant" vers le haut l'assemblée) le "minimum vital" liturgique, comme la traditionnelle « Messe des Anges » ? Où sont passées nos saintes Messes de Requiem que nos anciens savaient encore chanter par cœur jusque dans les églises les plus reculées de nos villages, de nos campagnes ?

 

 

C’est faire insulte à nos ancêtres dans la foi, insulte au sensus fidei, insulte à la culture, insulte au Peuple de Dieu, que de jeter avec orgueil et du jour au lendemain à la poubelle les richesses d’un patrimoine liturgique plus que millénaire ! « La beauté des rites ne sera, certes, jamais assez recherchée, assez soignée, assez travaillée, puisque rien n'est trop beau pour Dieu, qui est la Beauté infinie. Nos Liturgies de la terre ne seront toujours qu'un pâle reflet de la Liturgie céleste, qui se célèbre dans la Jérusalem d'en haut, objet du terme de notre pèlerinage sur la terre. Puissent, pourtant, nos célébrations s'en approcher le plus possible et la faire pressentir ! » (Benoît XVI, N-D de Paris). L'esprit de ce que certains appellent  depuis Vatican II  "Nouvelle Pentecôte" et qui ferait tabula rasa de ce que l'Esprit-Saint a construit dans l'Église depuis des millénaires ne peut être que diabolique, orgueilleux. Appliquer la légitime restauration liturgique sans « l’herméneutique de la continuité » (Benoît XVI) est suicidaire pour l’Église, SUICIDAIRE ! Comment un arbre peut-il encore pousser si on lui coupe ses racines ?

 

 

Que disait le Pape Paul VI ? « La Liturgie catholique doit demeurer théocentrique. C’est sa nature même. Elle se situe bien au-delà d’une rencontre fraternelle et d’un partage de vie. Saint Paul ne craignait pas de le rappeler aux chrétiens de Corinthe. L’Eucharistie est essentiellement la réitération du Sacrifice Rédempteur du Christ. C’est une réalité dont aucun ministre, aucun laïc n’est propriétaire. C’est un mystère sacré qui requiert une atmosphère de gravité et de dignité et ne supporte pas la médiocrité, le laisser-aller du lieu, de la tenue vestimentaire, des objets du culte. Simplicité, oui ! Désinvolture, jamais ! » (Bx Paul VI, avril 1977).

 

 

Intrinsèquement théocentrée, la Liturgie s’est peu à peu anthropocentrée, horizontalisée, dévirilisée, "aplatie" dans un culte qui baigne dans la sentimentalité émotionnelle d’une philanthropie irréaliste, toujours sous le prétexte d’une participatio actuosa (+) mal-comprise qui a "dynamité" les scholæ cantorum (SC N°114), parfois même interdites - surtout si elles étaient grégoriennes, nivelant en conséquence par le bas la beauté du chant liturgique. Seules échappent au marasme les rares paroisses à la tête desquelles se trouve un curé au caractère bien trempé et à la théologie bien charpentée, qui refuse de se plier au diktat des soviets diocésains. Ces curés là, pourvoyeurs de vocations, ne plaisent généralement pas aux évêques qui préfèrent des églises vides et des tonnes de « laïcs en responsabilité » tombés dans le pipotron ecclésiastique lorsqu’ils étaient petits plutôt qu’un prêtre ouvertement catholique-romain, appliquant avec sérieux, gravité et dignité, la Sainte et Divine Liturgie !

 

 

Prendre au sérieux sa foi en évacuant le "pastoralement correct" et la "langue de buis" est aujourd’hui fondamental. Et encore une fois, ce n’est pas "manquer à la charité" que de rappeler certaines vérités, qu’elles soient liturgiques, doctrinales ou pastorales. Franz Overbeck (1837-1905), historien spécialiste du protestantisme, rappelait que « rien ne dépeuple autant une église qu’un prédicateur qui oublie le dogme pour ne mettre en avant que ses seules vues personnelles ». Et la grande Thérèse d’Avila, Docteur de l’Église, ne disait pas autre chose : « Les prédicateurs eux-mêmes visent dans leurs discours à ne point déplaire. Leur intention est bonne, ainsi que leur conduite, je veux bien le croire ; mais enfin, de cette manière, ils convertissent peu de monde. Pourquoi ne sont-ils pas en plus grand nombre, ceux que les sermons arrachent aux vices publics ? Savez-vous ce qu'il m’en semble ? C’est qu’il y a dans les prédicateurs trop de prudence mondaine. Elle ne disparaît pas chez eux, comme chez les apôtres, dans cette grande flamme de l’amour de Dieu ; voilà pourquoi leur parole embrase si peu les âmes. Je ne dis pas que leur feu doive égaler celui des apôtres, mais je voudrais le voir plus grand qu’il n’est. Voulez-vous savoir ce qui communiquait ce feu divin à la parole des apôtres ? C’est qu’ils avaient la vie présente en horreur, et foulaient aux pieds l’honneur du monde. Quand il fallait dire une vérité et la soutenir pour la gloire de Dieu, il leur était indifférent de tout perdre ou de tout gagner. Quiconque a tout hasardé pour Dieu domine également et les succès et les revers. Je ne dis pas que je suis telle, mais je voudrais bien l’être. Oh ! de quelle magnifique liberté ne jouit pas celui qui regarde comme un esclavage d’avoir à vivre et à converser avec les humains d’après les lois du monde ! » (cf : Livre de la Vie, Chapitre XVI).

 

 

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Prière pour la France éternelle

 

O Marie, Reine du Ciel et de la Terre, Vous qui avez été sacrée Reine de France, protégez tous Vos enfants,
accordez-leur sans cesse Votre soutien maternel, Votre secours en toutes circonstances.
Mettez en déroute, avec les Légions Célestes à Vos côtés, les ennemis de la Sainte Eglise,
tous ceux qui se moquent des Lois Divines et qui veulent mettre en échec
le plan de Salut de Dieu à travers la France.
 
Vierge Marie et Saint Joseph, accordez à tous les Français la force de réagir
devant une telle situation d'incroyance et d'impiété.
Que la Foi brille à nouveau en France et soit un flambeau de vie et de vérité
pour toutes les nations. Reine de France, soyez désormais victorieuse
avec les Légions Célestes, avec Saint Joseph et tous les Saints et Saintes de France.
 
Que la France, Votre Fille, retrouve grâce aux yeux de Votre Divin Fils, que ses péchés, nombreux,
lui soient pardonnés et que la Paix, l'Amour et la vraie Liberté,
celle qui vient de Dieu et non des hommes, soient à nouveau un modèle pour tous.
Reine de France, priez pour nous et venez au secours de tant d'âmes en péril.
Reine de France, soyez victorieuse en France et dans le monde entier.
 
Sacré Cœur de Jésus, venez au secours de la France. Amen.

 

 

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15 mai 2019 3 15 /05 /mai /2019 15:37

Allant depuis des années d’église en église, j’ai parfois l’occasion de discuter avec des membres des "EAP". Je découvre alors  mais ce n’est pas une surprise  qu’aucun de ces membres n’a étudié Sacrosanctum Concilium du Concile Vatican II dont ils ne cessent paradoxalement de se réclamer. Cette importante Constitution conciliaire est totalement ignorée des fidèles officiellement chargés de préparer les messes paroissiales. Quand je fais remarquer que cette situation est proprement aberrante, on me répond généralement : « Oui, mais ce sont des personnes de bonne volonté ». Certes, je n'en doute pas. Ce à quoi j’ai envie de répondre à l’évêque ou au curé qui nomme ces "animateurs" : « Si vous êtes malade, choisirez-vous de consulter un médecin de bonne volonté ou un médecin compétent ? ». Curieusement, on demande partout des personnes compétentes sauf... en Liturgie. Comme si le service divin n’avait qu’une importance toute relative alors qu'il est au contraire FONDAMENTAL, qu'il est « source et sommet » (SC N°10) de la vie chrétienne :

 

 

 

 

 

 

I - POUR LE BIEN DES ÂMES, PRENDRE AU SÉRIEUX LA LITURGIE :

 

 

Il y a un principe dans l’Église qui dit “lex orandi, lex credendi” : la loi qui gouverne la prière liturgique est celle qui nous permet de grandir dans la foi. Par conséquent, si nous abîmons la Liturgie, si nous la banalisons, si nous ne faisons pas attention à respecter chacun des éléments qui la constitue et lui donne sa cohérence, alors nous abîmons la foi : notre foi et celle des autres. Inversement, si notre foi est abimée, alors nous devenons enclins à abimer aussi la Liturgie. Les deux vont ensemble parce que celui qui respecte la prière liturgique de l’Église, c’est celui qui a la foi et celui qui n’a pas la foi est toujours porté à célébrer très mal la Liturgie. Il faut donc des Liturgies permettant non pas à l’homme de se tourner vers l’homme, mais permettant à l’homme de se tourner vers Dieu, de sentir la présence de Dieu. La Liturgie est le seul moment qui donne à l’homme la possibilité d’être dans un face à face silencieux et respectueux avec Dieu. D’où l’obligation de soigner la Liturgie, d’y mettre tout ce que la tradition nous a légué pour louer non pas notre propre personne, nos propres activités, mais louer DIEU SEUL.

 

 

 

 

II - LE CÉLÉBRANT DOIT S'EFFACER DERRIÈRE LE RITE :

 

 

Un fidèle catholique qui se rend à la messe n’y vient pas pour voir la tête du célébrant. S’il y vient, c’est pour Dieu, rien que pour Dieu. En Liturgie, la personnalité du célébrant n’a donc aucune espèce d’importance et doit s’effacer complètement derrière le rite par lequel l’Église universelle s’adresse à Dieu. Si une célébration ne vise pas cet objectif, alors elle aura pour résultat, tôt ou tard, une destruction de la foi, une ruine de l’Église. La fonction d’un prêtre qui célèbre la Liturgie « in persona Christi capitis Ecclesiæ » est comparable à celle d’une vitre. Plus une vitre est propre et moins on la voit ; et c’est alors qu’elle accomplit ce pour quoi elle est faite. On ne la voit plus, on ne fait plus attention à elle : elle permet de voir plus loin qu’elle, autre chose qu’elle. En Liturgie, le prêtre doit être une "fenêtre propre". C’est-à-dire qu’il doit veiller à rester effacé, sobre en paroles et en gestes autant que digne dans ses attitudes et soigné dans ses comportements. Il devient alors "propre à" accomplir au mieux ce pour quoi il est fait : il n’attire plus l’attention sur lui mais conduit à porter le regard sur Celui qui est au-delà de lui et que nous révèle la Liturgie de l’Église. Car à partir du moment – ET C'EST LÀ LE DANGER – où le célébrant se « met en avant », « s’accapare » selon ses vues subjectives la Liturgie, se prend pour le « point focal » (Cardinal Sarah) de la Liturgie, « personnalise » LA Liturgie qui ne lui appartient aucunement, cette dernière est en quelque sorte violée, viciée, dénaturée. Un vrai célébrant doit être capable d’intérioriser son « ethos » (+) (+), de s’effacer pour laisser place au Christ, SEULEMENT au Christ qui se laissera ainsi resplendir dans la Liturgie, et ce, pour le bien des âmes, loi suprême de l’Église. 

 

 

 

 

III - « À LA FIN, MON CŒUR IMMACULÉ TRIOMPHERA ! » :

 

 

À la suite du bienheureux pape Paul VI, il est donc fondamental de rappeler avec charité et avec douceur aux prêtres, aux fidèles et surtout aux membres des EAP que « la Liturgie catholique doit demeurer théocentrique ». Car nous constatons malheureusement l'inverse dans nombre d’églises et de diocèses où les célébrations liturgiques ne sont plus du tout orientées vers Dieu mais plutôt vers la convivialité, la superficialité, la mondanité, le sentimentalisme mièvre, les bruyantes équipes d’animation liturgique violant l'authentique "participatio actuosa", l’originalité de tel ou tel prêtre se voulant "cool" et "sympa" aux yeux de sa petite cour d’admirateurs... Dans ces endroits-là, les messes ne sont plus que des coquilles vides et les églises ne sont plus que « des tombeaux où flotte une odeur de religion en état de décomposition » (pour paraphraser le Cardinal Sarah). Au milieu des incertitudes élevées au niveau des dogmes dans certaines paroisses, les fidèles catholiques qui gardent la foi malgré les mauvais exemples, les enseignements douteux et les liturgies bancales ont beaucoup de mérite. Dans la souffrance, ils doivent cependant se souvenir de ce que Notre-Dame a dit à Fatima : « À la fin, mon Cœur immaculé triomphera ! ». Ou bien encore des paroles de Notre Seigneur : « Dans le monde, vous aurez à souffrir, mais gardez courage, j'ai vaincu le monde » (Jean 16, 33).

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13 avril 2019 6 13 /04 /avril /2019 16:47

En avril 2019, le pape émérite Benoît XVI a publié un long texte sur la crise de l'Église dans une revue catholique allemande, « Klerusblatt », qui s'adresse surtout au clergé bavarois. Mais la portée du texte va bien au-delà, évoquant à la fois les causes du mal et la manière dont l'Église a réagi alors que Joseph Ratzinger était encore à la tête de la Congrégation pour la Doctrine de la foi. La « monstrueuse » libéralisation des mœurs de mai 1968, la perte du sens de Dieu, l'impossibilité de fonder une morale dans un monde d'où Dieu est absent, le manque de considération pour la Présence réelle de Notre Seigneur Jésus-Christ dans l'Eucharistie, la morale de situation, l'existence d'actes bons en soi et mauvais en soi, la censure de ses livres de théologie, tout est évoqué…

 

 

 

 

INTRODUCTION :

 

 

Du 21 au 24 février, à l'invitation du pape François, les présidents des conférences épiscopales du monde entier se sont réunis au Vatican pour évoquer la crise actuelle de la Foi et de l'Église ; une crise qui s’est fait ressentir dans le monde entier à la suite des révélations fracassantes d'abus cléricaux à l’égard de mineurs. L’étendue et la gravité des incidents signalés ont très profondément troublé prêtres et laïcs, et elles en ont conduit plus d'un à remettre en question la Foi même de l'Église. Il était nécessaire de diffuser un message fort, et de chercher à prendre un nouveau départ, de manière à rendre l'Église de nouveau crédible en tant que lumière parmi les peuples, et force au service de la lutte contre les puissances de la destruction.

Comme j’ai moi-même eu à servir dans une position de responsabilité en tant que Pasteur de l'Église au moment de la manifestation publique de la crise, et pendant qu’elle se préparait, je me devais de me demander – bien qu’en tant qu'émérite, je ne porte plus directement cette responsabilité – ce que je peux contribuer par ce regard en arrière en vue de ce nouveau départ. Ainsi, après l’annonce de la rencontre des présidents des  conférences épiscopales, j'ai compilé quelques notes qui pourraient me permettre de contribuer quelques remarques utiles en ces heures graves. Ayant pris contact avec le secrétaire d’Etat, le cardinal Parolin et le Saint-Père lui-même, il m’a semblé opportun de publier ce texte dans le Klerusblatt [un mensuel destiné au clergé des diocèses, pour la plupart de la région de Bavière, NDLR].

Mon travail est divisé en trois parties. Dans la première partie, je vise à présenter brièvement le contexte social plus étendu de la question, sans lequel il est impossible de comprendre le problème. Je cherche à montrer qu'au cours des années 1960 il s'est produit un événement monstrueux, à une échelle sans précédent au cours de l'histoire. On peut dire qu'au cours des vingt années entre 1960 et 1980, les critères normatifs de la sexualité se sont entièrement effondrés ; une nouvelle absence de normes est née qu’entre-temps on s’est employé à redresser. Dans une deuxième partie, je tente d’indiquer les effets qu'a eus cette situation sur la formation et le vie des prêtres. Pour conclure, dans la troisième partie, je voudrais développer quelques perspectives en vue d'une réponse droite de la part de l’Église.


 

 

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I - LE PROCESSUS A COMMENCÉ DANS LES ANNÉES 1960 ET LA THÉOLOGIE MORALE :

 

 

1. Tout commence avec l’introduction, prescrite par l’État et soutenue par lui, des enfants et des jeunes aux réalités de la sexualité. En Allemagne, celle qui était alors ministre de la Santé, Mme [Käte] Strobel, fit réaliser un film où tout ce qui jusqu'alors était interdit de présentation publique, y compris les rapports sexuels, était désormais montré à des fins d’éducation. Ce qui au départ visait seulement l’information des jeunes devait bien entendu par la suite être accepté comme une possibilité généralisée. Des résultats similaires furent atteints à travers la publication du Sexkoffer par le gouvernement autrichien [une « valisette » controversée de matériaux d'éducation sexuelle utilisée dans les écoles autrichiennes à la fin des années 1980]. Des films de sexe et pornographiques se répandirent entre-temps, à tel point qu'on les montrait dans des cinémas de gare [Bahnhofskinos]. Je me rappelle encore avoir vu, alors que je me déplaçais un jour à pied dans Ratisbonne, une masse de gens faisant la queue devant un grand cinéma – comportement qu'auparavant nous ne voyions qu'en temps de guerre, alors qu'on pouvait espérer quelque distribution spéciale. Je me rappelle également être arrivé dans cette ville le Vendredi Saint de l’année 1970 et d'avoir vu tous les panneaux publicitaires recouverts de posters montrant deux personnes totalement nues, grandeur nature, étroitement enlacées. Parmi les libertés que la Révolution de 1968 s'est battue pour conquérir, il y avait aussi cette liberté sexuelle absolue, qui ne tolérait plus aucune norme.

 

 

Cet effondrement moral caractéristique de ces années-là était également étroitement lié à une propension à la violence. C'est pour cette raison que les films de sexe n’ont plus été autorisés dans les avions car la violence éclatait alors parmi la petite communauté de passagers. Et puisque les excès dans le domaine de l'habillement portaient également à l’agression, des directeurs d’école ont également tenté de mettre en place des uniformes scolaires pour rendre un possible un environnement propice à l’étude. Faisait partie de la physionomie de la révolution de 1968, le fait que la pédophilie fut alors jugée acceptable et raisonnable. Pour les jeunes dans l’Église au moins, mais pas seulement pour eux, ce fut à bien des égards une époque très difficile, et de plus d'une manière. Je me suis toujours demandé comment des jeunes dans cette situation pouvaient se diriger vers le sacerdoce et l'accepter, avec toutes ses conséquences. L'effondrement important qui a frappé la nouvelle génération de prêtres dans ces années-là, et le nombre très élevé de réductions à l'état laïc, furent la conséquence de tout ce processus.


 

2. Dans le même temps, et indépendamment de cette évolution, la théologie morale catholique s’est effondrée, laissant l'Église sans défense face à ces changements sociétaux. Je vais essayer d’esquisser brièvement la trajectoire de cette évolution. Jusqu’au concile Vatican II, la théologie morale catholique était dans une large mesure fondée sur la loi naturelle, tandis que l'Ecriture sainte n’était citée que pour fournir un contexte ou une confirmation. Dans les efforts du Concile en vue d’une nouvelle compréhension de la Révélation, l'option de la loi naturelle fut largement abandonnée, et on exigea une théologie morale fondée entièrement sur la Bible. Je me rappelle encore que la faculté jésuite de Francfort permit à un jeune père extrêmement doué (Bruno Schüller) de développer une morale entièrement fondée sur l'Ecriture sainte. La belle dissertation du P. Schüller constitue un premier pas vers la construction d'une morale fondée sur l’Ecriture. Le P. Schüller fut alors envoyé en Amérique pour faire des études supplémentaires ; il en revint en reconnaissant qu’en partant de la seule Bible, la morale ne pouvait être présentée de manière systématique. Il tenta alors d'établir une théologie morale plus pragmatique, sans pour autant parvenir à apporter une réponse à la crise de la morale. Finalement, c'est dans une large mesure l’hypothèse selon laquelle la morale devait être exclusivement déterminée en vue des fins de l'action humaine qui devait prévaloir. La vieille expression « la fin justifie les moyens » n’était certes pas affirmée sous cette forme grossière, mais la manière de penser qui y correspond était devenue déterminante. Par voie de conséquence, plus rien ne pouvait désormais constituer un bien absolu, pas plus qu'il ne pouvait y avoir quelque chose de fondamentalement mauvais, mais seulement des jugements de valeur relative. Le bien n’existait plus, mais seulement le mieux relatif, dépendant du moment et des circonstances.


 

La crise du fondement et de la présentation de la morale catholique atteignit des proportions dramatiques à la fin des années 1980 et dans les années 1990. Le 5 janvier 1989, la « Déclaration de Cologne » signée par 15 professeurs catholiques de théologie était publiée. Elle avait pour objet les différents points de crise dans la relation entre le magistère épiscopal et la travail de la théologie. Ce texte, qui dans un premier temps ne dépassa pas le niveau habituel de protestation, se transforma rapidement en tollé contre le magistère de l’Église, rassemblant de manière audible et visible tout le potentiel de protestation contre les textes doctrinaux de Jean-Paul II qui étaient alors attendus (cf. D. Mieth,  Kölner Erklärung, LThK, VI3, p. 196). Le pape Jean-Paul II, qui connaissait très bien la situation de la théologie morale et qui la suivait avec vigilance, commanda des travaux en vue d'une encyclique qui remettrait ces choses à l’endroit. Elle fut publiée sous le titre Veritatis splendor le 6 août 1993, et provoqua de vives contre-réactions de la part de théologiens moraux. Auparavant, le Catéchisme de l'Église catholique avait déjà présenté de manière convaincante et systématique la morale proclamée par l’Eglise.


 

Je n'oublierai jamais comment le théologien moral allemand le plus reconnu à l’époque, Franz Böckle, qui était retourné dans sa Suisse natale pour sa retraite, déclara au vu des choix possibles de l’encyclique Veritatis splendor, que si cette encyclique devait affirmer que certaines actions doivent toujours et en toutes circonstances être qualifiées de mauvaises, il élèverait la voix contre elle avec toute la force dont il disposait. C’est Dieu qui dans sa bienveillance lui épargna la mise en œuvre de cette résolution ; Böckle mourut le 8 juillet 1991. L'encyclique fut publiée le 6 août 1993, et elle comporta en effet l’affirmation selon laquelle il existe des actions qui ne peuvent jamais devenir bonnes. Le pape était alors pleinement conscient de l'importance de cette décision, et pour cette partie de son texte, il avait de nouveau consulté des spécialistes de premier plan qui ne participaient pas à la rédaction de l’encyclique. Il savait qu'il ne pouvait et ne devait laisser subsister aucun doute quant au fait que la morale de la pesée des intérêts doit respecter une limite ultime. Il y a des biens qui ne sont jamais sujets à une mise en balance. Il y a des valeurs qui ne doivent jamais être abandonnées en vue d'une plus grande valeur, et qui surpassent même la préservation de la vie physique. Il y a le martyre. Dieu est davantage, davantage même que la survie physique. Une vie achetée par la négation de Dieu, une vie fondée sur un mensonge ultime, est une non-vie. Le martyre est une catégorie fondamentale de l'existence chrétienne. Le fait que le martyre n'est plus moralement nécessaire dans la théorie avancée par Böckle et tant d’autres montre que c'est l'essence même du christianisme qui est ici en jeu.

 

En théologie morale, cependant, une autre question était entre-temps devenue pressante : la thèse selon laquelle le magistère de l'Église devait avoir la compétence finale (« infaillibilité ») seulement dans des matières concernant la foi elle-même avait obtenu une adhésion très large ; les questions relatives à la morale ne devaient pas faire partie du champ des décisions infaillibles du magistère de l’Église. Il y a probablement quelque chose de vrai dans cette hypothèse qui mérite d’en discuter plus avant. Mais il existe un ensemble minimum de principes moraux qui est indissolublement lié au principe fondateur de la Foi et qui doit être défendu car la Foi ne doit pas être réduite à une théorie mais au contraire reconnue dans ses droits par rapport à la vie concrète. Tout cela rend visible à quel point fondamental l'autorité de l'Église en matière de morale est remise en question. Ceux qui nient à l’Église une compétence d’enseignement ultime dans ce domaine l'obligent à rester silencieuse précisément là où la frontière entre la vérité et les mensonges est en jeu. Indépendamment de cette question, on a développé dans de nombreux cercles de théologie morale, la thèse selon laquelle l'Église n’a pas, et ne peut avoir sa propre morale. On soutenait cela en faisant remarquer que toutes les thèses morales connaîtraient également des parallèles dans d'autres religions et que par conséquent, une morale proprement chrétienne ne pouvait exister. Mais la question du caractère propre d'une morale biblique n'est pas réglée par le fait que pour chaque phrase apparaissant ici ou là, on peut aussi trouver un parallèle dans d'autres religions. Il s'agit plutôt de la totalité de la morale biblique, qui en tant que telle est nouvelle et différente de ses éléments individuels.


 

La doctrine morale de la Sainte Écriture trouve en dernière analyse le fondement de son caractère unique de son ancrage dans l'image de Dieu, dans la foi au Dieu unique qui s’est montré en Jésus-Christ et qui a vécu comme être humain. Le Décalogue est une application de la foi biblique en Dieu à la vie humaine. L'image de Dieu et la morale sont indissociables et sont ainsi cause de l’extraordinaire nouveauté de l'attitude chrétienne à l'égard du monde et de la vie humaine. En outre, le christianisme a été désigné depuis le début par le mot « hodós » [le mot grec signifiant voie, souvent utilisé dans le Nouveau Testament dans le sens de chemin de progrès]. La foi est un voyage et une façon de vivre. Dans l’Église ancienne, le catéchuménat fut créé comme un lieu de vie face à une culture de plus en plus démoralisée, où les aspects particuliers et nouveaux de la manière de vivre chrétienne étaient mis en pratique, et en même temps protégés de la manière de vivre ordinaire. Je pense qu'encore aujourd’hui il faut quelque chose qui ressemble à des communautés catéchumènes, de telle sorte que la vie chrétienne puisse s’affirmer à sa propre façon.

 

 

 

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II - LES PREMIÈRES RÉACTIONS ECCLÉSIALES :

 

 

1.  Le processus, préparé de longue date et toujours en cours de réalisation, de la liquidation de la conception chrétienne de la morale a été, comme j'ai essayé de le montrer, marquée par un radicalisme sans précédent au cours des années 1960. Cette liquidation de l’autorité d’enseignement moral de l'Église devait nécessairement produire des effets dans divers domaines de l’Église. Dans le contexte de la rencontre des présidents des conférences épiscopales du monde entier avec le pape François, la question de la vie sacerdotale comme celle des séminaires est d'un intérêt primordial. Pour ce qui est du problème de la préparation au ministère sacerdotal dans les séminaires, il existe dans les faits un vaste effondrement de la forme antérieure de cette préparation. Dans divers séminaires des "clubs" homosexuels furent établis, qui agissaient plus ou moins ouvertement et qui ont significativement modifié le climat des séminaires. Dans un séminaire en Allemagne du Sud, les candidats à la prêtrise et les candidats au ministère laïc du référent pastoral [Pastoralreferent] vivaient ensemble. Lors des repas pris en commun, les séminaristes et les référents pastoraux mangeaient ensemble, et ceux des laïcs qui étaient mariés étaient parfois accompagnés de leurs femme et enfants, et même à l'occasion par leur petite amie. Le climat de ce séminaire ne pouvait apporter un soutien à la préparation à la vocation sacerdotale. Le Saint-Siège avait connaissance de tels problèmes, sans en être informé précisément. Comme première étape, une visite apostolique des séminaires des États-Unis fut organisée. Comme les critères de sélection et de nomination des évêques avaient également été modifiés après le concile Vatican II, la relation des évêques vis-à-vis de leurs séminaristes était également très variable. Par-dessus tout, le critère pour la nomination des nouveaux évêques était désormais la « conciliarité », ce qui peut évidemment être compris de façons assez différentes.
 


Dans les faits, dans de nombreuses parties de l'Église, les attitudes conciliaires étaient comprises comme le fait d'avoir une attitude critique négative à l'égard de la tradition existant jusqu’alors, et qui devait  désormais être remplacée par une nouvelle relation, radicalement ouverte, au monde. Un évêque, qui avait précédemment été recteur de séminaire, avait organisé la projection de films pornographiques pour les séminaristes, prétendument dans l’intention de les rendre ainsi résistants aux comportements contraires à la foi. Certains évêques – et pas seulement aux Etats-Unis d’Amérique – rejetèrent la tradition catholique dans son ensemble, cherchant à faire advenir une nouvelle forme moderne de « catholicité » dans leurs diocèses. Cela vaut peut-être la peine de mentionner que dans un nombre non négligeable de séminaires, des étudiants pris sur le fait d'avoir lu mes livres furent jugés inaptes au sacerdoce. On cachait mes livres comme de la mauvaise littérature, et ils n’étaient lus que sous le manteau. La visite qui eut lieu alors n’apporta pas de nouvelles perspectives, apparemment parce que diverses forces s'étaient réunies afin de dissimuler la situation réelle. Une deuxième visite fut ordonnée, qui permit d’obtenir bien plus d’informations, mais dans son ensemble elle n’eut pas de retombées. Cependant, depuis les années 1970 la situation dans les séminaires s'est améliorée de manière générale. Et pourtant, il n'y eut que des cas rares d’un nouveau renforcement des vocations sacerdotales parce que la situation dans son ensemble avait pris un chemin différent.

 


 

2.  La question de la pédophilie, telle que je m'en souviens, n'est devenue aiguë qu'au cours de la seconde moitié des années 1980. Entre-temps, elle était déjà devenu une affaire publique aux États-Unis, de telle sorte que les évêques recherchèrent l'aide de Rome, puisque le droit canonique, tel qu'il est écrit dans le nouveau code [de 1983], ne semblait pas suffire pour prendre les mesures nécessaires. Rome et les canonistes romains eurent dans un premier temps des difficultés à prendre en compte ces préoccupations ; dans leur opinion, la suspension temporaire de l'office sacerdotal devait suffire à produire la purification et la clarification. Cela, les évêques américains ne purent l’accepter, puisque les prêtres restaient ainsi au service de l’évêque et pouvaient donc être supposés rester en association directe avec lui. Ce n'est que lentement qu'un renouveau et un approfondissement de la loi pénale du nouveau code, construite délibérément de manière souple, commencèrent à prendre forme. Outre cela, cependant, il y avait un problème fondamental de perception de la loi pénale. Seul ce qu'on appelait le garantisme était encore considéré comme « conciliaire ». Cela signifie que par-dessus tout, les droits de l'accusé devaient être garantis, à tel point que de fait, toute condamnation était exclue. Comme contrepoids aux options de défense souvent inadéquates offerte aux théologiens accusés, leur droit à la défense par le biais du garantisme s'étendit à tel point que les condamnations n'étaient guère possibles.

 

Permettez-moi ici de faire une brève digression. A la lumière de l’étendue des transgressions pédophiles, une parole de Jésus est de nouveau présente dans les esprits, qui affirme : « Mais si quelqu’un scandalisait un de ces petits qui croient en moi, il vaudrait mieux pour lui qu’on lui mît autour du cou une de ces meules que les ânes tournent, et qu’on le jetât dans la mer » (Marc, 9, 41). L’expression « ces petits » dans le langage de Jésus signifie les fidèles ordinaires qui peuvent être amenés à chuter par l'arrogance intellectuelle de ceux qui se pensent intelligents dans leur foi. Donc ici, Jésus protège le dépôt de la foi avec une menace insistante de punition adressée à ceux qui lui portent atteinte. L'utilisation moderne de la phrase n'est pas en elle-même erronée, mais elle ne doit pas obscurcir la signification originale. Selon cette signification il devient clair, contrairement à tous garantisme, que ce n'est pas seulement le droit de l'accusé qui est important et qui a besoin d'une garantie. De grands biens, telle la Foi, sont également importants. Un droit canonique équilibré, qui corresponde à l'intégralité du message de Jésus, ne doit donc pas seulement  fournir une garantie aux accusés, dont le respect est un bien légal. Il doit également protéger la Foi, qui est elle aussi un bien légal important. Un droit canonique correctement constitué doit donc contenir une double garantie – une protection légale des accusés, une protection légale du bien qui est en jeu. On fait généralement la sourde oreille à celui qui aujourd’hui propose cette conception intrinsèquement claire, dès lors qu'il s'agit de la question de la protection de la foi en tant que bien légal. Dans la conscience générale qu’on a de la loi, la Foi ne semble plus avoir le rang d'un bien qui doit être protégé. Il s'agit là d'une situation alarmante qui doit être sérieusement prise en considération par les pasteurs de l’Église.
 


J’aimerais ici ajouter aux brèves notes sur la situation de la formation sacerdotale au moment où la crise a éclaté de manière publique, quelques remarques concernant l’évolution du droit canonique en cette matière. En principe, la Congrégation pour le clergé est responsable du traitement des crimes commis par des prêtres. Mais puisque le garantisme dominait à ce point la situation à l’époque, je me suis accordé avec le pape Jean-Paul II pour dire qu'il était opportun d’assigner la compétence de ces infractions à la Congrégation pour la Doctrine de la foi, et sous l’intitulé : « Delicta maiora contra fidem. » Cette assignation donnait également la possibilité d'imposer la peine maximale,  à savoir l'expulsion du clergé, qui n'aurait pas pu être imposé selon d’autres dispositions juridiques. Ce n'était pas un tour de passe-passe permettant d'imposer la peine maximale, mais une conséquence de l'importance de la Foi pour l’Eglise. Il est en réalité important de comprendre que de telles transgressions de la part de clercs nuisent en dernier ressort à la Foi. C'est seulement là où la Foi ne détermine plus les actions de l'homme que de tels crimes sont possibles. La sévérité de la punition présuppose cependant aussi une preuve claire de la réalité de l’infraction : cet aspect du garantisme reste en vigueur.
 


Pour le dire autrement : pour pouvoir imposer la peine maximale de manière légale, il faut une authentique procédure criminelle. Mais à la fois les diocèses et le Saint-Siège étaient dépassés par une telle exigence. Nous avons mis en place une forme minimale des procédures criminelles, laissant ouverte la possibilité pour le Saint-Siège de prendre en main le procès dès lors que le diocèse ou l’administration métropolitaine n'est pas en mesure de le mener. Dans tous les cas, le procès doit être revu par la Congrégation de la Doctrine de la foi de manière à garantir les droits de l’accusé. Pour finir, à la Feria IV (c'est-à-dire l'assemblée des membres de la Congrégation), nous avons établi une instance d’appel de manière à offrir une possibilité d’appel. Dans la mesure où tout cela allait en réalité au-delà des capacités de la Congrégation pour la Doctrine de la foi, et parce que des retards se sont faits jour qu'il fallait empêcher en raison de la nature du sujet, le pape François a entrepris des reformes supplémentaires.

 

 

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III - QUELQUES PERSPECTIVES :

 

 

1.  Que devons-nous faire ? Faudrait-il que nous créions une autre Église pour tout remettre à l’endroit ? Eh bien, cette expérience-là a déjà été faite et elle a déjà échoué. Seuls l'obéissance et l'amour de Notre Seigneur Jésus-Christ peuvent indiquer le droit chemin. Essayons donc d’abord de comprendre de nouveau et de l’intérieur [en nous-mêmes] ce que veut Notre Seigneur, et ce qu'Il a voulu de nous. Je voudrais suggérer d'abord ceci : si nous voulons vraiment résumer très brièvement le contenu de la Foi tel qu'il est exposé dans la Bible, nous pourrions le faire en disant que Notre Seigneur a entamé avec nous une histoire d’amour dans laquelle Il veut récapituler toute la création. La force antagoniste face au mal qui nous menace et qui menace le monde entier, ne peut au bout du compte consister que dans notre entrée dans cet amour. Il est la vraie force antagoniste face au mal. Le pouvoir du mal dérive de notre refus de l’amour de Dieu. Celui qui se confie à l'amour de Dieu est racheté. Le fait que nous ne soyons pas rachetés est une conséquence de notre incapacité à aimer Dieu. Apprendre à aimer Dieu est par conséquent la voie de la rédemption des hommes.
 


Essayons maintenant d'exposer un peu plus ce contenu essentiel de la Révélation de Dieu. Nous pourrions dire alors que le premier don fondamental que nous offre la Foi est la certitude que Dieu existe. Un monde sans Dieu ne peut être qu'un monde sans signification. Car alors, d'où vient tout ce qui est ? En tout cas, il n'a pas de fondement spirituel. Il est tout simplement là, on ne sait trop comment, et n'a ni but ni sens. Dès lors, il n'y a pas de normes du bien ou du mal. Alors, seul ce qui est plus fort que l’autre peut s’auto-affirmer. Alors, la puissance est le seul principe. La vérité ne compte pas – en fait, elle n'existe même pas. Ce n'est que si les choses ont une raison d’être spirituelle, ayant été voulues et conçues – c'est seulement s'il y a un Dieu créateur qui est bon et qui veut le bien – que la vie de l'homme peut aussi avoir un sens. Qu'il existe un Dieu créateur, mesure de toutes choses, est tout d’abord un besoin primordial. Mais un Dieu qui ne s'exprimerait pas du tout, qui ne se ferait pas connaître, resterait à l'état d’intuition et ne pourrait ainsi déterminer la forme de notre vie. Pour que Dieu soit réellement Dieu dans cette création délibérée, nous devons nous tourner vers lui afin qu'Il s’exprime d'une façon ou d'une autre. Il l’a fait de multiples façons, mais ce fut de manière décisive dans cet appel fait à Abraham qui donna aux personnes à la recherche de Dieu l’orientation qui mène au-delà de tout ce qu’on pouvait attendre : Dieu lui-même devient créature, et parle comme un homme avec nous autres êtres humains. Ainsi la phrase « Dieu est » se transforme en dernière analyse véritablement en Bonne Nouvelle, tant Il est plus qu’une idée, parce qu'Il créé l’amour et qu’Il est l’amour. Rendre de nouveau conscient de cela est la tâche première et fondamentale que nous confie le Seigneur.
 


Une société sans Dieu – une société qui ne le connaît pas et qui le considère comme n'existant pas – est une société qui perd sa mesure. C'est à notre époque que le slogan «  Dieu est mort » a été forgé. Lorsque Dieu meurt effectivement au sein d'une société, elle devient libre, nous assurait-on. En réalité, la mort de Dieu dans une  société signifie aussi la fin de la liberté, parce que ce qui meurt est la finalité qui permet l’orientation. Et aussi parce que disparaît le compas qui nous indique la bonne direction en nous apprenant à distinguer le bien du mal. La société occidentale est une société dont Dieu est absent de la sphère publique et qui n’a plus rien à lui dire. Et c'est pourquoi il s'agit d'une société où la mesure de l’humanité se perd de plus en plus. Sur des points précis, il devient soudain visible que ce qui est mal et détruit l’homme est devenu la norme acceptée. Il en va ainsi de la pédophilie. Théorisée il n'y a pas très longtemps comme étant tout à fait légitime, elle s'est étendue de plus en plus loin. Et nous nous rendons compte aujourd'hui avec effroi qu'il advient des choses à nos enfants et à nos jeunes qui menacent de les détruire. Le fait que cela ait pu aussi s'étendre dans l'Église et parmi les prêtres devrait nous troubler tout particulièrement. Pourquoi la pédophilie a-t-elle atteint de telles proportions ? En dernière analyse, la raison en est l'absence de Dieu. Nous autres chrétiens et prêtres préférons aussi ne pas parler de Dieu, parce que ce discours ne semble pas pratique. Après le bouleversement de la Seconde Guerre mondiale, nous avons continué en Allemagne de placer expressément notre constitution sous le signe de la responsabilité vis-à-vis Dieu en tant que principe conducteur. Un demi-siècle plus tard, il ne fut plus possible d'inclure la responsabilité vis-à-vis de Dieu comme critère de référence de la constitution européenne. Dieu est considéré comme la préoccupation partisane d'un petit groupe et ne peut plus constituer le critère de référence de la communauté dans son ensemble. Cette décision est le reflet de la situation en Occident, où Dieu est devenu l'affaire privée d'une minorité.
 


 

Une tâche essentielle, qui doit résulter des bouleversements moraux de notre temps, est de commencer nous-mêmes de nouveau à vivre par Dieu et pour Lui. Par-dessus tout, nous devons apprendre de nouveau à reconnaître Dieu comme fondement de notre vie au lieu de le laisser de côté comme une phrase  d'une certaine manière inopérante. Je n'oublierai jamais la mise en garde que m’adressa un jour  dans une de ses lettres le grand théologien Hans Urs von Balthasar. « Ne présupposez pas le Dieu trine, Père, Fils et Saint Esprit – présentez-les ! ». De fait, dans la théologie Dieu est souvent tenu pour acquis, comme si cela allait de soi, mais concrètement on n'en traite pas. Le thème de Dieu semble si irréel, si éloigné des choses qui nous préoccupent. Et pourtant tout change si l'on ne présuppose pas Dieu, mais qu'on le présente. En ne le laissant pas d'une certaine manière à l’arrière-plan, mais en le reconnaissant comme le centre de nos pensées, de nos paroles et de nos actions.


 

2.   Dieu est devenu homme pour nous. L’homme, sa créature, est si près de son Cœur qu'Il s'est uni à lui, entrant ainsi dans l'histoire humaine d'une manière très pratique. Il parle avec nous, Il vit avec nous, Il souffre avec nous et Il a pris la mort sur lui pour nous. Nous parlons de cela dans le détail en théologie, avec des pensées et des mots savants. Mais c'est précisément de cette manière que nous courons le risque de devenir maîtres de la Foi au lieu d'être renouvelés et gouvernés par la Foi. Considérons cela par rapport à une question centrale, la célébration de la Sainte Eucharistie. La manière dont nous traitons l'Eucharistie ne peut que provoquer de la préoccupation. Le concile Vatican II était à juste titre centré sur la volonté de remettre ce sacrement de la présence du Corps et du Sang du Christ, de la présence de sa Personne, de sa Passion, de sa Mort et de sa Résurrection, au centre de la vie chrétienne et de l'existence même de l’Eglise. En partie, cela a effectivement été réalisé, et nous devons en être reconnaissants au Seigneur du fond du cœur. Et pourtant, c'est une attitude assez différente qui prévaut. Ce qui prédomine n'est pas une nouvelle révérence envers la présence de la mort et de la résurrection du Christ, mais une manière de Le traiter qui détruit la grandeur du mystère. Le déclin de la participation à la célébration dominicale de l’Eucharistie montre combien nous autres chrétiens d’aujourd'hui sommes devenus peu capables d’apprécier la grandeur du don que constitue sa Présence Réelle. L'Eucharistie a été dévaluée pour devenir un simple geste cérémoniel, lorsqu'on prend pour acquis que la courtoisie exige qu’elle soit offerte lors des célébrations familiales ou des occasions comme les mariages et les enterrements à tous les invités, pour des raisons familiales. La manière dont les personnes présentes reçoivent facilement en maints endroits le Saint-Sacrement ; comme si cela allait de soi, montre que beaucoup ne voient plus dans la communion qu’un geste purement cérémoniel. Donc, lorsque nous pensons à l'action qui serait nécessaire avant tout, il devient évident que nous n'avons pas besoin d'une nouvelle Église de notre invention. Au contraire, ce qui faut d'abord et avant tout, c'est bien davantage le renouveau de la foi en la présence de Jésus-Christ qui nous est donnée dans le Saint-Sacrement.
 


Lors  de conversations avec des victimes de pédophilie, j'ai été amené à une conscience toujours plus aiguë de cette exigence. Une jeune femme qui avait été servante d’autel me dit que l’aumônier, qui était son supérieur en tant que servante d’autel, commençait toujours les abus sexuels commis à son encontre par les paroles : « Ceci est mon corps qui sera livré pour vous. » Il est évident que cette femme ne peut plus entendre les paroles mêmes de la consécration sans ressentir à nouveau de manière terrifiante toute la torture des abus qu'elle a subis. Oui, nous devons d'urgence implorer le pardon du Seigneur ; et d'abord et avant tout nous devons l’invoquer et lui demander de nous enseigner de nouveau à tous la dimension de sa souffrance, de son sacrifice. Et nous devons tout faire pour protéger le don de la Sainte Eucharistie de tout abus.
 

 

3.  Pour finir, il y a le mystère de l’Église. La phrase par laquelle Romano Guardini, il y a près de 100 ans, exprimait l'espérance joyeuse qui avait été instillée en lui et en beaucoup d’autres, demeure inoubliée : « Un événement d'une importance incalculable a commencé : l'Eglise se réveille dans les âmes. » Il voulait dire que l'Église n’était plus vécue et perçue simplement comme un système externe qui entre dans nos vies, comme une sorte d'autorité, mais qu'elle commençait plutôt à être perçue comme étant présente dans les cœurs – non comme quelque chose de simplement extérieur, mais comme nous touchant de l’intérieur. Environ un demi-siècle plus tard, reconsidérant ce processus et en regardant ce qui s'était produit, je fus tenté d'inverser la phrase : « L’Église meurt dans les âmes. » De fait, l'Église aujourd'hui est largement considérée comme une simple sorte d'appareil politique. On en parle quasi exclusivement en catégories politiques, et cela concerne même les évêques, qui formulent leur conception de l'Église de demain en termes quasi exclusivement politiques. La crise causée par les nombreux cas d'abus commis par des prêtres nous pousse à considérer l'Église comme quelque chose de misérable : une chose que nous devons désormais reprendre en mains et restructurer. Mais une Église fabriquée par nous ne peut constituer l’espérance. Jésus lui-même a comparé l'Église à un filet de pêche où à la fin, les bons poissons sont séparés des mauvais par Dieu lui-même. Il y a aussi la parabole de l’Église, figurée par un champ où pousse le bon grain semé par Dieu lui-même, mais aussi l’ivraie qu’« un ennemi » y a secrètement semé. Il est vrai que l’ivraie dans le champ de Dieu, l’Église, n'est que trop visible, et que les mauvais poissons dans le filet montrent également leur force. Néanmoins, le champ est toujours le champ de Dieu et le filet est toujours le filet de pêche de Dieu. Et dans tous les temps, il n'y a pas seulement l’ivraie et les mauvais poissons, mais également les moissons de Dieu et les bons poissons. Proclamer les deux choses avec insistance ne relève pas d’une fausse apologétique : c’est un service qu'il est nécessaire de rendre à la vérité.
 


Dans ce contexte il est nécessaire de se référer à un texte important de l'Apocalypse de saint Jean. Le diable est identifié comme l’accusateur qui accuse nos frères devant Dieu jour et nuit (Apoc. 12, 10). L’Apocalypse de saint Jean reprend ainsi une réflexion qui est au centre du cadre narratif du livre de Job (Job 1 et 2, 10 ; 42, 7-15). Dans ce livre, le diable cherche à rabaisser la droiture de Job devant Dieu, en disant qu’elle n’est qu’extérieure. Il s’agit exactement de ce que dit l’Apocalypse : le diable cherche à prouver qu'il n'y a pas de justes ; que toute la droiture des hommes ne se manifeste qu’à l’extérieur. Si on pouvait s'approcher davantage d'une personne, alors les apparences de droiture s’évanouiraient bien vite. L’histoire de Job commence par une dispute entre Dieu et le diable, où Dieu avait désigné Job comme un homme vraiment juste. Celui-ci sera utilisé comme exemple, pour vérifier qui a raison. Enlevez-lui ce qu'il possède et vous verrez qu'il ne restera rien de sa piété, soutient le diable. Dieu lui permet de faire cette tentative, dont Job sort victorieux. Alors le diable va plus loin, disant : « L’homme donnera peau pour peau, et tout ce qu’il a pour sauver sa vie ; mais étendez votre main, et frappez ses os et sa chair, et vous verrez s’il ne vous maudira pas en face » (Job, 2, 4). Dieu concède au diable un deuxième round. Il lui sera également permis de toucher la peau de Job. Il ne lui est interdit que de tuer Job. Pour les chrétiens, il est clair que ce Job, qui se dresse devant Dieu comme un exemple pour l'humanité tout entière, est Jésus-Christ. Dans l’Apocalypse de saint Jean, le drame de l'humanité nous est présenté dans toute son étendue.

 

Le Dieu créateur est face au diable qui médit de toute l'humanité et de toute la création. Il dit, non seulement à Dieu mais par-dessus tout aux êtres humains : Regardez ce qu’a fait ce Dieu. Cette création prétendument bonne, est en réalité pleine de misère et de répugnance. Ce dénigrement de la création est en réalité un dénigrement de Dieu. Il cherche à prouver que Dieu n'est pas bon lui-même, et ainsi à nous détourner de lui. L'actualité de ce que l'Apocalypse nous dit ici est évidente. Aujourd’hui, l’accusation adressée à Dieu vise par dessus tout à présenter son Église comme entièrement mauvaise, et ainsi, à nous en détourner. L'idée d’une Église meilleure, que nous créerions nous même, est en réalité une suggestion du diable, par laquelle il cherche à nous éloigner du Dieu vivant, au moyen d'une logique trompeuse par laquelle nous nous laissons trop facilement duper. Non, même aujourd'hui l'Église n'est pas composée seulement de mauvais poissons et d’ivraie. L'Église de Dieu continue d’exister aujourd’hui, et aujourd’hui, elle est l'instrument même par lequel Dieu nous sauve. Il est très important de contrer les mensonges et demi-vérités du diable au moyen de la vérité tout entière : oui, il y a des péchés dans l’Église, il y a du mal. Mais aujourd'hui encore il y a la sainte Église, qui est indestructible. Aujourd'hui il y a beaucoup de gens qui croient, souffrent et aiment humblement, dans lesquels le vrai Dieu, le Dieu d’amour, se montre à nous. Aujourd'hui encore Dieu a ses témoins (ses « martyrs ») dans le monde. Nous devons simplement veiller, pour les voir et pour les entendre. Le mot « martyr »  nous vient du droit procédural. Dans le procès contre le diable, Jésus-Christ est le premier et le véritable témoin de Dieu, Il est le premier martyr, suivi depuis lors par d'innombrables autres martyrs. Aujourd'hui l'Eglise est plus que jamais une Église des martyrs, et elle est ainsi témoin du Dieu vivant. Si nous regardons autour de nous et que nous écoutons d'un cœur attentif, nous pouvons trouver des témoins partout aujourd’hui, spécialement parmi les gens ordinaires, mais aussi dans les plus hautes rangs de l’Église, qui par leur vie et leur souffrance, se lèvent pour Dieu. C'est une inertie du cœur qui nous conduit à ne pas vouloir les reconnaître. L'une des tâches les plus grandes et des plus essentielles de notre évangélisation est d’établir, autant que nous le pouvons, des lieux de vie de Foi, et par-dessus tout, de les trouver et de les reconnaître.
 


Je vis dans une maison, une petite communauté de personnes qui découvrent de tels témoins du Dieu vivant, encore et toujours, dans la vie quotidienne, et qui me le font remarquer à moi aussi avec joie. Voir et trouver l'Église vivante est une tâche merveilleuse qui nous rend plus forts et qui nous donne de nous réjouir de nouveau dans notre foi, toujours. A la fin de mes réflexions je voudrais remercier le pape François pour tout ce qu'il fait pour nous montrer, encore et encore, la lumière de Dieu, qui n'a pas disparu, même aujourd’hui. Merci, Saint-Père !
 

Benoît XVI

 

 

© pour cette traduction, non officielle : Jeanne Smits.

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18 août 2018 6 18 /08 /août /2018 08:02

Il est totalement faux de prétendre — comme le font certains traditionalistes durs — que le Concile Vatican II conduit l’Église à sa ruine. En vérité, ce qui ruine l’Église et les églises, ce sont les clercs qui — depuis plus de 50 ans — ne respectent pas les décisions du Concile et qui, partant, célèbrent des "messes" aussi aléatoires qu’insipides qui font fuir les fidèles et tarir les vocations tant sacerdotales que religieuses. Ce sont les clercs qui — avec la complicité de nombreux laïcs — se drapent d'un « Concile virtuel » contredisant le véritable « Concile réel » (Benoît XVI, 14/02/13) ou bien encore d'un « Concile des médias » contredisant le véritable « Concile des Pères ». Car là où le Concile est étudié, compris et intelligemment mis en œuvre selon une véritable « herméneutique de la continuité » (Benoît XVI, 22/12/05), l’Église se porte plutôt bien...

 

 

 

 

C’est le cas, entre autres exemples, à la Communauté Saint Martin (plus de 100 séminaristes !), en l’Abbaye bénédictine de Fontgombault ou bien encore au monastère cistercien d’Heiligenkreuz (Autriche) : les vocations y sont florissantes. Au point que le 20 août 2018, en la fête de saint Bernard de Clairvaux, le Père Abbé d’Heiligenkreuz désignera les six moines chargés de redonner vie au prieuré Neuzelle fondé en 1133. Les moines y seront officiellement accueillis le 2 septembre prochain par Mgr Wolfgang Ipolt, évêque de Görlitz. Comme à la maison-mère, la liturgie sera chantée en grégorien et dans le respect des livres publiés à la suite de Vatican II. Preuve que ce n’est pas « Vatican II » qui est responsable du désastre. NON ! On ne le répétera jamais assez mais le désastre est exclusivement dû au manque de sainteté et à la grave désobéissance des baptisés qui osent encore célébrer des "messes" plus ou moins blasphématoires, sans aucune dignité, sans aucune verticalité, sacralité, gravité et profondeur spirituelle. Pourquoi se lever un dimanche matin pour assister à ce genre de guignoleries, de niaiseries, de clowneries ? Le peuple de Dieu en à marre — profondément marre ! — d’être pris pour un peuple d’imbéciles. Les "fumées de Satan" se sont emparées du Concile. C'est incontestable. Mais que font les évêques pour reprendre et corriger avec toute charité pastorale les prêtres infidèles, parfois eux-mêmes pris en otage par des EAP incompétentes ? Que font-ils pour "crosser" les multiples désobéissances ? Que font-ils pour redresser la barre du "navire-Église" prenant l'eau de toute part ? 

 

 

La réponse est malheureusement triste à donner, mais la plupart d'entre eux ne font rien, absolument rien. Sous-prétexte d'une naïve "charité", ces « mitres molles » (dixit André Frossard) ferment les yeux sur les scandales liturgiques (et parfois doctrinaux) que l'on peut voir ici et là et qui contribuent grandement à détruire la foi de toute une génération. Incapables de nager à contre-courant d'une pastorale soviétisée, certains de leurs diocèses s'écroulent ; le nombre de baptêmes, de communions solennelles, de confirmations et de mariages chutent vertigineusement ; la pratique religieuse s'affaisse... mais certains évêques s'obstinent à aller droit dans le mur en refusant de remettre en cause une pastorale sclérosée, has been, paralysée par toutes sortes de bureaucraties, de "structures" et autres "commissions" bidons, tenue d'une main de fer par quelques soixante-huitards attardés. Ce qui devrait être central dans la vie des baptisés — l'amour que l'on doit avoir pour Dieu — est constamment renvoyé dans les sacristies. Où sont passés les appels à la conversion ? À la pénitence ? À la prière ? À la sainteté quotidienne que nous commande Jésus (Mt 5, 48) ? Où est passé le sérieux de notre Foi ?

 

 

 

 

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À nous de liquider l’esprit soixante-huitard !

 

 

 

 

Les scandales qui défigurent l’Église doivent nous inciter à accentuer encore un peu plus notre radicalité évangélique. Plus question pour nous de tomber dans la compromission et la tiédeur. Qu’il soit en nous ou chez les autres, le péché doit être dénoncé, éradiqué, mis au pilori. Pour notre salut, le bien des âmes et le bien de l'Église, restons bien attachés à la prière quotidienne et à la confession fréquente. Plus question pour nous de sombrer dans cette fausse "charité" soixante-huitarde, cette charité chamallow-guimauve qui permettait à certains de fermer les yeux, de relativiser voire d’excuser l’inexcusable. Face au péché et à la désobéissance, il faut être radical. Seule cette radicalité mise chaque jour en application purifiera de l’intérieur l’Église. Certes, « la réalité du péché n'est pas nouvelle. Nous sommes une Église faite de pécheurs, mais nous sommes des pécheurs appelés à la sainteté. Alors, quoi de neuf ? Ce qui est nouveau, c'est l'apparence acceptation du péché par certains dans l'Église et les efforts apparents pour couvrir le péché. Tant que nous ne prendrons pas au sérieux notre appel à la sainteté, nous continuerons à souffrir du "salaire du péché". Pendant trop longtemps, nous avons diminué la réalité du péché - nous avons refusé d'appeler un péché un péché - et nous avons excusé le péché au nom d'une notion erronée de la miséricorde. (…) Nous devons en finir avec le péché. Il doit être extirpé et à nouveau considéré comme inacceptable. Aimer les pécheurs ? Oui. Acceptez le vrai repentir ? Oui. Mais ne dîtes pas que le péché est un bien. (…) Il ne doit plus y avoir de place ni de refuge pour le péché - que ce soit dans nos propres vies ou dans la vie de nos communautés » (Mgr Morlino, évêque de Madison, Wisconsin, le 18 Août 2018).

 

 

La vieille génération Mai 68 est en train de mourir... et nous avons tous envie de crier : BON DÉBARRAS ! Oui, puissions-nous être débarrassés au plus vite de cette génération pourrie et sans valeur, transportant avec elle ses lots de scandales, de perversions et d'immoralités sexuelles. Puissions-nous être débarrassés au plus vite de cette génération qui a gravement contribué au pourrissement de la société et de l’Église ! Seule la sainteté des baptisés permettra de nettoyer l'Église, de la décrasser en profondeur, de la rendre toujours plus sainte et plus belle aux yeux du monde. À nous de faire le grand ménage ! PRIONS : « Souvent, Seigneur, Ton Église nous semble une barque prête à couler, une barque qui prend l’eau de toute part. Et dans Ton champ, nous voyons plus d’ivraie que de bon grain. Les vêtements et le visage si sales de Ton Église nous effraient. Mais c’est nous-mêmes qui les salissons ! C’est nous-mêmes qui te trahissons chaque fois, après toutes nos belles paroles et nos beaux gestes. Prends pitié de ton Église : en elle aussi, Adam chute toujours de nouveau. Par notre chute, nous Te traînons à terre, et Satan s’en réjouit, parce qu’il espère que Tu ne pourras plus Te relever de cette chute ; il espère que Toi, ayant été entraîné dans la chute de Ton Église, Tu resteras à terre, vaincu. Mais Toi, Tu Te relèveras. Tu T’es relevé, Tu es ressuscité et Tu peux aussi nous relever. Sauve Ton Église et sanctifie-la. Sauve-nous tous et sanctifie-nous » (Cardinal Ratzinger, 2005)

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18 juin 2015 4 18 /06 /juin /2015 22:02

« Qu’elle soit louée, cette grande Mère, aux genoux de qui nous avons en effet tout appris, et nous continuons chaque jour à tout apprendre ! Mère chaste, elle nous infuse et nous conserve une foi toujours intègre, qu’aucune décadence humaine, aucun affaissement spirituel, si profond qu’il soit, jamais n’atteint. Mère féconde, elle ne cesse de nous donner de nouveaux frères. Mère universelle, elle a soin également de tous, des petits comme des grands, des ignorants et des savants, de l’humble peuple des paroisses comme du troupeau choisi des âmes consacrées. Mère vénérable, elle nous assure l’héritage des siècles et tire pour nous de son trésor les choses anciennes et les nouvelles. Mère patiente, elle recommence toujours, sans se lasser, son œuvre de lente éducation et reprend, un à un, les fils de l’unité que ses enfants déchirent toujours. Mère attentive, elle nous protège contre l’Ennemi, qui rôde autour de nous cherchant sa proie. Mère aimante, elle ne nous replie pas sur elle mais nous lance à la rencontre du Dieu qui est tout Amour. Mère ardente, elle met au cœur de ses meilleurs enfants un zèle toujours attentif et les envoie partout en messagers de Jésus-Christ. Mère sage, elle nous évite les excès sectaires, les enthousiasmes trompeurs suivis de revirements ; elle nous apprend à aimer tout ce qui est bon, tout ce qui est vrai, tout ce qui est juste, à ne rien rejeter qui n’ait été éprouvé. Mère douloureuse, au cœur percé du glaive, elle revit d’âge en âge la Passion de Son Epoux. Mère forte, elle nous exhorte à combattre et à témoigner pour le Christ…

 
…Mère sainte, mère unique, mère immaculée ! O grande mère ! Sainte Église, Eve véritable, seule vraie Mère des Vivants ! ».
 
 
Méditation sur l'Église, Cardinal de LUBAC +
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7 juin 2015 7 07 /06 /juin /2015 01:57

Mon cher ami : Tu as encore largement les capacités de progresser. Et c’est dans ce progrès que tu trouveras ton bonheur : la joie d’avancer et de faire effort pour cela. Celui qui ne cherche pas à être meilleur qu’il est, est en train de redescendre. Car notre paresse n’est pas le moindre de nos défauts. Et notre facilité à rester là où nous en sommes est déconcertante. Aussi nous devons nous pousser en avant, aller de l’avant. Car la stagnation est périlleuse pour notre caractère et aussi pour notre âme. Car je suis prêtre et c’est d’abord ton âme qui m’intéresse. Tu es à l’âge pivot : l’âge des choix qui font basculer vers la grandeur ou vers la lâcheté. Et ce choix n’est pas si évident. Car il y a lutte et conflit d’intérêt…

  

 

 

cordéePREMIERE PARTIE : D’un coté, le choix d’une vie tranquille, aisée, facile, ou l’on se détermine un peu comme un "tradi-mili-fachal". On fait le pèle de Chartres, mais souvent, on ne met pas son âme au bout de son idéal. Alors cet idéal est un peu une coquille vide, ou la tentation n’est pas loin de faire "un peu" le mal, et de ne pas tant se soucier de son état de grâce. Bien sur, on a lutté un peu au début, même un peu longtemps… Et puis les difficultés restant les mêmes, et les tentations revenant, on fait moins attention et puis on se trouve pas si mal que ça dans cette situation. Elle nous a fait honte au début, mais tout le monde le fait, même les autres "tradis", alors… Mais ce choix là n’est pas vraiment un choix, c’est l’acceptation silencieuse de nos instincts qui ont repris le dessus, sous couvert de « sagesse selon le monde » (j’allais dire selon « la mode »). Il est bien triste de voir des jeunes qui auraient du être lumière du monde et sel de la terre (comme le dit Notre Seigneur) et qui se vautrent dans la même médiocrité que la masse des gens qui n’ont jamais eu la chance de connaître le Bon Dieu. La différence est que nous ne serons pas jugés de la même manière avec ceux qui n’ont rien reçu. Car nous avons reçu et nous avons fini pas céder à la facilité. Je sais que tu en connais de ceux là. Moi aussi, il y en a plein les HP des troupes biens, il y en a plein les chapelles tradies… Ils renoncent à leur idéal, et vivent comme demi-morts. Des hypocrites seulement capables de faire semblant mais incapables de vivre vraiment selon une règle sublime. Cela fait longtemps qu’ils ne cherchent plus la grande vie que Dieu propose : ils ne cherchent plus non plus la vie claire et pure de ceux qui sont en état de grâce et qui refusent le péché facile. Et ils montrent le mauvais exemple aux plus jeunes : ceux d’après qui croient devenir des gens bien, en faisant comme ces médiocres-là… C’est sur ceux là que le Christ pleure… il ne faut pas en douter…

        
 

 

DEUXIEME PARTIE : Et puis il a un autre coté : le coté de ceux qui savent que le Seigneur les attend, leur propose un plan magnifique pour leur vie d’homme. Ils savent qu’ils sont faibles, ils savent qu’ils sont pécheurs et que leurs tentations sont les mêmes que celles des autres… Mais eux n’ont pas abandonné le combat. Ils désirent cette amitié avec le Christ. Et quand ils entendent le Seigneur leur dire qu’ils sont faits pour être des saints, ils y croient de tout leur cœur et de toute leur âme. Ils recherchent des amitiés entre garçons et filles qui ne tombent pas dans une vaste misère impure. Ils cherchent des amitiés qui les élèvent et les rendent meilleurs (et non pas pires…). Ils refusent le péché public qui souille tous les rapports humains entre catholiques. Ils sont scouts parce qu’ils savent que la loi scoute les aidera a rester debout dans les jours de tentation. Parce qu’ils savent que l’esprit de fraternité scoute leur offrira des amis qui ont le même idéal et qu’ils pourront compter sur eux dans les jours difficiles. Ils font le pèle de Lourdes non pas pour se montrer et faire des mondanités, mais pour aider les vieilles personnes à se rapprocher de Dieu et de Marie dans leurs derniers instants. Ils font Chartres pour se sanctifier et sentir de près cet enthousiasme chrétien qui fait bouger les montagnes. Ils prient non pas pour faire comme tout le monde mais pour parler au Seigneur et lui confier leur vie, leur journée, leurs combats, leurs espérances, leur vocation peut être. Ils travaillent à rendre la terre meilleure : à tourner le monde vers le Bon Dieu, selon leurs moyens et leurs capacités. Collégiens, lycéens, étudiants ? Ou qu’ils sont, ils accomplissent leur devoir d’état, et rayonnent de la beauté de Dieu. Ils existent ces gars là ! Ils ne sont pas les plus nombreux mais ils sont la fierté de l’Eglise et de nos paroisses. Tu en connais et tu en connaîtras. Tu les verras passer. La cruelle question sera : suis-je comme eux ? Ou pas… Ils savent qu’ils ne sont pas les plus nombreux, mais qu’ils sont vraiment dans la main de Dieu et qu’ils sont vraiment lumière du monde et sel de la terre. Car « si le sel devient fade, il n’est plus bon à rien : et on le jette dehors et on le foule aux pieds ». Ils se confessent pour vivre en état de grâce, et savent que si le combat est difficile, l’espérance de la récompense finale les fait tenir dans la joie. La joie ! Car finalement, n’est-ce pas cette joie chrétienne qu’il nous faut cultiver ? Qu’il nous faut rechercher… Non pas la joie du moment (qui n’est pas la joie, mais un « bonheur fugace ») qui ne remplit pas l’âme : sorte de faux-dieux dont l’âme ne peut se satisfaire… Les fausses joies nous dégoûtent bien vite car elles laissent de l’amertume dans notre cœur : alors soit on s’en détourne, soit on y retourne, en croyant que cette foi ce sera la joie parfaite… Mais la joie n’est pas là. La vraie joie est de mettre les pieds dans les pas que Dieu nous trace pour assurer notre éternité. La joie du travail accompli, de la bonne action faite envers notre prochain. La joie d’une conscience sereine et d’une âme pure de toute blessure cachée. La joie d’une âme qui peut tomber mais que le Bon Pasteur relève par l’absolution. Ne croyons pas que ce choix à faire est facile… il est difficile. Tu connais le chemin qui fera du bien à ton âme et qui fera de toi un garçon bien, un homme chrétien, un bon père de famille (ou un bon prêtre), un ami solide sur qui l’on peut avoir confiance. Faire partie de cette élite, ou pas… ou bien rester dans ce lot des mauvais qui feront de toi un des leurs si tu acceptes toutes leurs compromissions. Faire partie de la masse. Avec tout ce que cela comporte de tranquillité, de confort : ne pas sortir du lot, ne pas être jugé, ne pas être moqué… Et même, bientôt, te moquer de ceux, vrais chrétiens, que tu n’auras pas su imiter…



 

scouteurope.jpgTROISIEME PARTIE : La balle est dans ton camp. Mais ne te crois pas trop jeune pour faire ce choix. Ne crois pas que tu peux attendre « plus tard » pour te mettre à l’œuvre de ta vie. Car celui qui remet à plus tard le choix de sa vie d’homme catholique, il risque bien de choisir trop tard, une fois que le caractère est pris, une fois qu’on est dans les petites habitudes, et alors cela devient vraiment dur. Ne te crois pas trop jeune pour vouloir pendre des décisions d’homme. Tu n’es pas encore mature pour beaucoup de choses : le temps viendra. Mais ces décisions là, il n’est pas trop tôt pour les décider. Et de même que tu as prononcé ta promesse scoute devant tes chefs, tes frères scouts et l’aumônier, ces décisions là sont à prendre en compte : dans le secret de ton âme, mais devant Dieu qui est là et qui t’attend. Et qui espère que tu seras du lot de ces amis, du lot de ceux qui se mettent dans son camp à Lui. Il espère que tu seras dans le beau camp des saints ! Ta nouvelle vie ne sera certes pas facile. Beaucoup de changements vont avoir lieu. A toi la liberté, mais aussi, tu le sais bien, le risque de la solitude… Car tu es à un âge ou l’on a peur d’être seul et de s’ennuyer. Peur de prendre ses responsabilités avec ce que cela peut entraîner de conséquences… Ce n’est pas si aisé d’être un homme. Et de ne plus se déterminer en fonction de ses parents, mais en fonction de notre conscience. C’est donc l’année de toutes les libertés. Tu vas vite te retrouver seul à choisir : tes nouveaux amis, tes relations, à prendre de nouvelles habitudes… Ton boulot. Ton âme. Tout ce qui va faire de toi un homme bien ou un homme comme des millions d’autres. Car ce n’est pas la tenue qui fait l’homme. Il y a dans la vie ceux qui portent un uniforme et qui sont fiers de cet uniforme, et qui se comportent selon la dignité qu’inspire cet uniforme. Et puis il y a les autres : ils portent le même uniforme, mais ne vivent pas en accord avec ce qu’ils portent. Ceux-ci sont déguisés. Et, très vite, ils trompent des personnes… Comment tenir cette belle ligne de vie ? Car ce choix n’est pas à faire une seule fois, mais c’est tous les jours que nous devons entreprendre cette grande action de toute notre personne. Comment tenir cet engagement qui nécessite du caractère et de la persévérance ? 1. La prière d’abord et avant tout ! Comme le Christ lui-même qui, dans la nuit, « s’éloignait pour prier son Père ». C’est un besoin de revenir souvent à la grande réalité du Ciel, à la grande réalité de notre vocation éternelle, et de regarder souvent notre vie en face de ce que le Bon Dieu en attend… La prière ne fait pas venir Dieu ! Elle nous rappelle que Dieu est là et qu’il nous aime. La prière est comme la respiration de notre âme. Notre âme a droit à l’air du Ciel ! Sinon elle étouffe. La prière doit tourner en cette méditation heureuse, en cette conversation intime avec Dieu : en prenant comme base les textes de l’Evangile : tous ces textes que nous connaissons à force de les entendre tous les dimanches, mais que nous n’écoutons que d’une oreille distraite, et qui, finalement ne nous touche plus. Pourquoi ? Parce que nous avons oublié que l’Evangile est la parole que Dieu NOUS adresse aujourd’hui. 2. La confession ! L’un des plus beaux cadeaux de Dieu. Car cela n’était pas assez encore de nous délivrer de la damnation éternelle en nous rachetant sur la Croix ! Il fallait encore nous délivrer souvent de nos erreurs quotidiennes et de nos péchés qui, malheureusement, reviennent parfois (et quelque fois souvent). La Confession est la preuve absolue que Dieu nous aimera toujours plus que notre péché puisqu’Il est prêt, par les mains de son prêtre, à nous donner encore et toujours Sa Miséricorde. 3. Le scoutisme ! Un vrai scoutisme : pas celui qui met les autres à notre service, mais qui voit les autres comme Jésus-Christ que je dois servir et que je dois aider à aller au Ciel. Selon une loi scoute catholique qui m’engage sincèrement. Pas de camping ! Du vrai scoutisme qui est une école de sainteté joyeuse quand il est vraiment pratiqué… 4. La direction spirituelle ! L’aide d'un prêtre qui nous connaît et qui nous encourage, qui nous conseille dans les moments difficiles (car nous ne sommes pas des bons juges de notre propre vie). Un père en qui nous avons confiance et qui prie pour nous et qui s’angoisse de notre Ciel. 5. Les Œuvres ! Toutes ces bonnes actions à faire dans des groupes pour aider les plus pauvres et les plus malheureux !

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6 juin 2015 6 06 /06 /juin /2015 15:44

  En Liturgie, ce n’est pas le célébrant (+) (+) qui doit parler mais c’est la célébration elle-même. Le célébrant, à l’autel, n’est jamais autant dans sa fonction que LORSQU’IL SE FAIT OUBLIER, LORSQU’IL SE REND TRANSPARENT À L’ACTION DE DIEU, LORSQU'IL RENONCE « À ÊTRE LE POINT FOCAL » (Cardinal Sarah, 12/06/15, OR). De même, ce n’est pas l’assemblée qui doit chanter mais c’est l’Église. Seules les communautés ecclésiales issues de la Réforme sont appelées à "se" chanter, à "s'inventer" une célébration déconnectée de la foi de toujours car centrées sur elles-mêmes et non sur l'objectivité du "Christ-continué" dans l'Histoire (Église). Dans le catholicisme, même à travers la légitime diversité des "rites" et des cultures, la Liturgie ne doit jamais se faire passer pour l’affirmation d’une communauté : elle doit demeurer l'humble voix de l’Église à laquelle chaque fidèle peut prêter sa voix. On ne chante pas à la Messe : c'est la Messe qui est chantée ! ...car l’Église n’est pas la somme des communautés locales cherchant à s'affirmer orgueilleusement autour d'un célébrant imbu de sa personne : elle existe avant les communautés et le chant tout comme la Liturgie dans son ensemble (Messe, Office Divin) doit signifier cette "préexistence" que proclame le « Credo ».

 

 

Les problèmes actuels qui résultent de cette incompréhension liturgique (perte de foi, chute des vocations, chrétiens "non-pratiquants", etc.) viennent de ce que la préexistence de l’Église (CEC N°1124) n’est plus comprise par les fidèles. Des fidèles qui ont été conduits à faire davantage attention au célébrant qu’au Célébré ; des fidèles qui ont été invités à donner plus d’importance au fait de "se" chanter ce qui permet à la communauté de s’affirmer, de "s'auto-célébrer" qu'au fait de comprendre que c'est la Liturgie de notre Mère-Église qui doit être filialement chantée, comme nous le rappelle Vatican II. La plupart des messes actuelles ne peuvent donc que faire émerger des communautés fermées sur elles-mêmes, divisées en différentes "chapelles", et où la manifestation d’états d’âme finit par remplacer la célébration de la foi objective (+), et en conséquence, la "pureté de la foi" (puritatem fidei).

 

 

Car de quoi la Liturgie est-elle le nom ? Elle est le nom de la foi de l’Église. De la foi de toujours. Grande éducatrice de notre foi, elle rend présent dans "l'hodie" l'opus Redemptionis. Aussi, ceux qui veulent adapter la Liturgie à leurs goûts et qui imaginent des célébrations eucharistiques adaptées – du moins le croient-ils – aux fidèles d’aujourd’hui, ceux qui prétendent célébrer des messes "joyeuses", "conviviales", "de jeunes" avec guitares et tout le tralala de la "flower power" attitude, ceux-là ne partagent pas la foi de l’Église (CEC N°1125). Ils n’aiment pas l’Église, tout simplement. Pourquoi ? Parce qu’il leur est devenu impossible de la comprendre dans son mystère, de la voir autrement qu’à travers leur système de pensée alors même que cette Épouse Mystique du Christ, Temple de l'Esprit, Nouvel Israël (LG N°9), a des valeurs bien supérieures à celles dont ils se réclament pour s’en faire des repères. Dans leur orgueil, ils sont incapables de comprendre que « l'Église est un don de Dieu, et non pas notre créature » (Benoît XVI, le 7/03/07).

 

 

Ceux qui se réclament aujourd’hui d’une "Église autre", celle du "Peuple de Dieu" – "peuple" dont on sait qu’ils ont une vision fausse ou du moins qui ne correspond pas à la notion théologique de "peuple" que l'on trouve dans les Écritures – ceux-là sont de toute évidence des idéologues orgueilleux qui souhaitent, tels des adolescents rebelles, tout ramener à leur propre personne, et non à se "plier" humblement devant la maturité bi-millénaire de notre Mère-Église. Ce qui les mène à répéter inlassablement les mêmes slogans ne conduisant qu’à faire du sur-place. Avec eux, la Liturgie perd la mémoire de la foi qui l’a fait naître, qui est sa raison d’être. Elle n’est plus qu’une épuisante danse autour d'un veau d'or qui fait d’eux et de ceux qui les suivent non plus les héritiers d’une longue lignée de chrétiens qui se référaient humblement à la foi reçue des Apôtres, mais des adorateurs de tout ce qui a le goût du neuf, du changeant, de l’instable, de l’éphémère, du relatif, du subjectif.

 

 

Deux générations de clercs et de laïcs gagnés à cette idée selon laquelle, depuis Vatican II, l’Église doit s’adapter à la modernité, auront suffit pour détruire Sa Liturgie et la remplacer par des célébrations obéissant à ce que Benoît XVI appelait l’ "herméneutique de rupture" qui leur permet de gommer l’obligation de transmettre un héritage sacré ("désinculturation" liturgique). Cette "herméneutique de rupture" s’appuie sur trois principes : premièrement, ne plus enseigner la Sainte Liturgie alors que Vatican II demandait (cf : SC §14 à §19) d’en faire une discipline majeure ; deuxièmement, la démanteler en la noyant dans le flou des "adaptations" ponctuelles fruits du relativisme ambiant et d'une mauvaise interprétation du Missale Romanum, de Sacrosanctum Concilium, etc. ; troisièmement enfin, dévaloriser ce qui jusqu’ici était tenu pour des éléments importants du culte rendu à Dieu : le sacré, la célébration "versus Deum" (+) (+), le chant grégorien, la bonne tenue des fidèles et des enfants de chœur, l'encens, LE SILENCE DANS LES ÉGLISES QUI DEVRAIT ÊTRE FONDAMENTAL, etc.

 

 

Malgré des intentions parfois louables et qu'il ne nous convient pas de juger, la plupart des clercs, incapables de comprendre le véritable sens de la "participatio actuosa" développée par Vatican II, a bien souvent obligé le Peuple de Dieu à venir assister à un remplacement de ces anciennes célébrations encore "inculturisées" (grégorien, latin) (Redemptoris Missio §52) par des Liturgies "désinculturisées" ayant perdu toute verticalité et où le sentimentalisme tient lieu de théologie, d'où le développement dans les paroisses du "tout et n'importe quoi"... sauf à ce que les fidèles sont en droit d’attendre d’un ministre de l’Église qui se veut fidèle à Vatican II et dont la mission essentielle est, rappelons-le, d'appeler son peuple à la sainteté (Lumen Gentium V), de conserver et de transmettre "usque ad effusionem sanguinis" (Ad Gentes §24) la foi de toujours (depositum fidei), CE QUI IMPLIQUE OBLIGATOIREMENT "À LA BASE" LE RESPECT DE LA LITURGIE (lex orandi, lex credenti). Ce qui s’est passé dans l’Église postconciliaire – et qui se poursuit aujourd’hui encore dans l’indifférence de nombre de pasteurs – correspond parfaitement au processus décrit par l’historien tchèque Milan Hübl (1927-1989) : « Pour liquider les peuples, on commence par leur enlever leur mémoire. On détruit leurs livres, leur culture, leur histoire. Puis quelqu’un d’autre écrit d’autres livres, leur donne une autre culture, leur invente une autre histoire. Ensuite, le peuple commence lentement à oublier ce qu’il est et ce qu’il était. Et le monde autour de lui l’oublie encore plus vite ». Il suffit de remplacer le mot "peuples" par le mot "fidèles" pour comprendre avec souffrance ce qui se passe dans l’Église, sous nos yeux. Avec bien souvent un silence complice !

 

 

Par leurs silences complices (sous-prétexte "de ne pas faire de vague" car il faut être "charitable") ou le mauvais exemple qu’ils donnent, la plupart des pasteurs qui se sont succédé à la tête des diocèses ont fait œuvre commune de démolir la Liturgie, celle de l’Église, alors que Vatican II, via Christus Dominus §15, leur demande explicitement d'en être les gardiens et les promoteurs ! En affaiblissant le principe même d'une célébration théocentrée au profit des aspirations les plus farfelues d'équipes liturgiques anthropocentrées, la partie influente de l’épiscopat a fait du fidèle pratiquant un fidèle contraint à la souffrance, et surtout, de plus en plus éloigné de ce que croit et célèbre l’Église. Le prêtre, à l’autel, n’est plus considéré comme un "alter Christus" et encore moins comme un "ipse Christus" célébrant "in persona Christi capitis Ecclesiae", mais comme un simple "animateur" à la sauce des Évangéliques prêt à faire son "show" et qui doit permettre au fidèle de s’émanciper de la tutelle de la tradition reçue afin de construire une religion à la carte permettant de déconstruire la Liturgie de l'Église, et, in fine, la Foi dans le coeur des baptisés (déconnexion entre "lex orandi" et "lex credenti"). Et depuis qu’une coterie de "spécialistes en pastorale" imbibés d'idéologies bultmaniennes, a décidé que les fidèles ne seraient plus que des héritiers de personne, la Liturgie s’appauvrit, se délite au point de ne plus pouvoir célébrer et transmettre la foi reçue des Apôtres.

 

 

A cause de ces "spécialistes" ivres de leurs utopies pastorales, la Liturgie est devenue à l'image de nos sociétés : matérialiste, superficielle, "désinculturisée", bavarde, consumériste, utilitariste, amnésique, sans exigence, fuyant la beauté, la contemplation et le silence comme la peste. D’où les incessantes variations liturgiques d’une paroisse à l’autre, d’un célébrant à l’autre ; d’où ces célébrations “évolutives” qui, au fil du temps, génèrent une foi imprécise où le sentimentalisme tient lieu de dogme. D’où ces “messes qui prennent leur temps” et ces ”dimanches autrement”, ces célébrations dites “festives” qui se font dans une foire, un cirque, un stade... et qui aboutissent à ce que le Saint-Sacrifice de la Messe ne soit plus qu’une garderie d’enfants turbulents en même temps qu’un passe-temps pour des laïcs retraités (reconvertis en animateurs) se prenant au sérieux devant des assemblées prêtes à faire (ronde d'enfants autour de l'autel) et à chanter n’importe quoi (Patrick Richard, Jo Akepsimas, John Littleton, etc).

 

 

Invoquant le "Konzilgeist", les nouveaux maîtres à penser de la pastorale liturgique encouragent les fidèles à faire n’importe quoi. Et le pire, c’est qu’ils acceptent de faire n’importe quoi ! La Liturgie de l’Église ? A quoi bon puisque les fidèles n'y connaissent plus rien. Elle est donc réservée à quelques monastères. D’où cette volonté diabolique de remplacer, dans la plupart des paroisses, le Missel Romain par des équipes inter-paroissiales plus ou moins "protestantisées" et dont les membres anti-romains les plus influents n’ont jamais étudié ni la Liturgie, ni le Concile, ni même le Missel. Demandez à ces "spécialistes" qui s'amusent, du haut de leurs deux pommes théologiques, à regarder avec condescendance l'humble fidèle des campagnes qui, avec sa "foi de charbonnier", n'a jamais voulu qu'on lui "change la religion" ce qu'est le Graduale Romanum, Sacrosanctum Concilium ou même un simple Kyriale et, au meilleur des cas, ils vous regarderont bizarrement en se demandant quelle langue vous pouvez bien parler (au pire des cas, et votre serviteur en a fait les frais, ils vous insulteront "d'intégriste", le mot qui tue). « Je suis convaincu que la crise de l'Église que nous vivons aujourd'hui repose largement sur la désintégration de la Liturgie » (Cardinal Ratzinger). Plus que jamais, il est nécessaire de s’opposer à cette pastorale qui, depuis plus de 50 ans, est menée par des clercs et des laïcs incapables de penser la Liturgie telle qu’elle devrait être, c’est-à-dire enracinée dans son histoire et non dans la volonté de plaire aux fidèles, dans la tradition et non dans l’éphémère, dans la foi de l’Église et non dans un sentimentalisme malsain. Il en va de la survie de l'Église !

 

 

Illustration : "Acolyte" (1889), huile sur toile de George Walton 

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5 juin 2015 5 05 /06 /juin /2015 06:26

« Non, ce n'est pas le diplôme qui fait le prêtre, c'est le sacrement, c'est au nom du sacrement qu'il enseigne... La grande entreprise divine ne saurait être très compromise par la médiocrité de ses instruments... Le pharisaïsme est une suppuration sans fièvre, un abcès froid, indolore. Il y a dans le pharisaïsme une malfaisance particulière qui exerce très cruellement la patience des saints, alors qu'elle ne fait le plus souvent qu'aigrir ou révolter de pauvres chrétiens dans mon genre. Je me méfie de mon imagination, de ma révolte, l'indignation n'a jamais racheté personne, mais elle a probablement perdu beaucoup d'âmes, et toutes les bacchanales simoniaques de la Rome du XVIème siècle n'auraient pas été de grands profit pour le diable si elles n'avaient réussi ce coup unique de jeter Luther dans le désespoir, et avec ce moine indomptable, les deux tiers de la douloureuse chrétienté. Luther et les siens ont désespéré de l'Église, et qui désespère de l'Église, c'est curieux, risque tôt ou tard de désespérer de l'homme. A ce point de vue, le protestantisme m'apparaît comme un compromis avec le désespoir... Les gens d'Église auraient volontiers toléré qu'il joignît sa voix à tant d'autres voix plus illustres ou plus saintes qui ne cessaient de dénoncer ces désordres. Le malheur de Martin Luther fut de prétendre réformer... C'est, par exemple, un fait d'expérience qu'on ne réforme rien dans l'Église par les moyens ordinaires. Qui prétend réformer l'Église par ces moyens, par les mêmes moyens qu'on réforme une société temporelle, non seulement échoue dans son entreprise, mais finit infailliblement par se trouver hors de l'Église... avant que personne ait pris la peine de l'en exclure... Il en devient l'ennemi presque à son insu, et s'il tente de revenir en arrière, chaque pas l'en écarte davantage, il semble que sa bonne volonté elle-même soit maudite. C'est là, je le répète, un fait d'expérience, que chacun peut vérifier s'il prend la peine d'étudier la vie des hérésiarques, grands ou petits. On ne réforme l'Église qu'en souffrant pour elle, on ne réforme l'Église visible qu'en souffrant pour l'Église invisible. On ne réforme les vices de l'Église qu'en prodiguant l'exemple de ses vertus les plus héroïques. Il est possible que saint François d'Assise n'ait pas été moins révolté que Luther par la débauche et la simonie des prélats. Il est même certain qu'il en a plus cruellement souffert, car sa nature était bien différente de celle du moine de Weimar. Mais il n'a pas défié l'iniquité... il s'est jeté dans la pauvreté... Au lieu d'essayer d'arracher à l'Église les biens mal acquis, il l'a comblée de trésors invisibles, et sous la douce main de ce mendiant le tas d'or et de luxure s'est mis à fleurir comme une haie d'avril... L'Église n'a pas besoin de critiques, mais d'artistes… L'Eglise n'a pas besoin de réformateurs, mais de saints.

 

(…) Dès le commencement, mon Église a été ce qu'elle est encore (c'est sans doute le Seigneur qui est supposé parler), ce qu'elle sera jusqu'au dernier jour, le scandale des esprits forts, la déception des esprits faibles, l'épreuve et la consolation des âmes intérieures, qui n'y cherchent que moi. Oui, frère Martin, qui m'y cherche m'y trouve, mais il faut m'y trouver, et j'y suis mieux caché qu'on le pense, ou que certains de mes prêtres prétendent vous le faire croire - plus difficile encore à découvrir que dans la petite étable de Bethléem, pour ceux qui ne vont pas humblement vers moi, derrière les Mages et les Bergers... ».

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19 novembre 2013 2 19 /11 /novembre /2013 22:02

croixjeunesseLà où il faut du courage, les jeunes accourent. S’ils ne sont pas amollis par des tares morales, ils aiment la beauté suprême qui est Dieu, ils affrontent la bataille la plus rude, qui est celle de la foi, ils aiment les risques les plus ingrats de la pureté, du renoncement, du dévouement. S’ils hésitent devant le Christ, c’est peut-être parce qu’ils en connaissent une image déformée, si la religion leur a été présentée sous des apparences mornes empreintes de mondanité et de médiocrité, habillée de compromis et étriquée par des adaptations, comme une activité secondaire ou marginale, ou carrément semi-clandestine. En somme, quelque chose de vieux et d’ennuyeux, qui s’essouffle pour rester dans la course des générations. Au contraire, les jeunes, s’ils découvrent le vrai visage du Christ, s’ils saisissent la véritable nature de l’Église, sont assurément attirés par le risque de l’Évangile. « C’est courir un risque que de se tourner vers Dieu », disaient les premiers Pères d’une Église à son adolescence. Et les jeunes désirent ardemment risquer le tout pour le tout et courir cette aventure dangereuse de l’amour de Dieu au milieu du monde. Ils n’ont rien à faire d’un christianisme amoindri, réduit à la mesure de l’homme du jour, comme la mode d’une saison. Ils veulent un christianisme grand. Ils le veulent immense. Ils n’aiment donc pas une petite Église de rien du tout : ils veulent une Église grande, sans limites, dans laquelle puisse entrer normalement toute l’humanité, peuple de Dieu. Si les vocations font défaut, c’est aussi parce que les jeunes ne se suffisent pas de la somme de difficultés et de courage externes qui s’offrent à eux. Ils veulent la chasteté dans un monde incestueux, la pauvreté au milieu des orgies de Mammon, l’amour dans une société divisée par les haines. Ils s’ennuient dans des communautés où l’on évite de parler – ou hésite à le faire – d’union à Dieu, de mérites de la Vierge Marie, de prière et de pénitence, où ne vit pas constamment la vie du Corps mystique, comme communion surnaturelle avec les frères et avec Dieu, comme concitoyenneté avec Dieu vécue parmi les citoyens du monde, pour incarner dans l’épisode de l’existence humaine les grâces de la vie divine. Pour être Christ parmi les frères, pour les frères.

 

Les jeunes ne peuvent donc se contenter d’une religion réduite à la culture, à une organisation, à des techniques d’apostolat, à des débats et élucubrations esthétiques, métaphysiques ou littéraires. Les jeunes aiment les missions les plus ardues, ils accourent à l’appel d’un Don Orione, d’une Canossa, d’une Cabrini, de quiconque est en mesure de leur proposer une aventure de sacrifice et de pureté, de service et de dévouement. Parce qu’au fond, ils aiment l’héroïsme de la croix, la folie de la croix. Jésus passe et, s’ils le voient, les jeunes le suivent : si leur vue n’est pas gênée par l’apparition de créatures humaines, superbes, c’est-à-dire placées au-dessus (super), plus haut que les autres, à cause de l’argent, du pouvoir politique ou de l’enflure de la vanité. Sitôt qu’ils aperçoivent Son visage jeune, pur et divin, ils laissent père et mère, fiançailles et revenus, confort et adulations, et ils le suivent, d’abord sur les chemins de l’apostolat, puis sur celui du calvaire. Ils aiment le Christ, et le Christ crucifié. Et Jésus passe.

 

Si nous le suivons, sans nous retourner, sans demander la permission d’aller ferrer les chevaux ou acheter des bœufs, faire des salamalecs à droite et à gauche, nous devenons jeunes ipso facto : nous devenons ces enfants à qui le royaume des cieux est destiné. Alors se convertir, nous le voyons bien, c’est trouver le chemin et découvrir que l’on a perdu du temps à cultiver des illusions et à retaper des baraques branlantes. Au fond de ce nouveau panorama resplendit une croix, mais elle est le signe de la victoire sur la mort. En Lui, nous avons découvert la vie éternelle.

 

Igino Giordani, dans « Fides », août 1955, pp. 242-245

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19 juin 2013 3 19 /06 /juin /2013 21:26

Magnifique Angélus du 23 juin 2013 :

 

 

Pape-Francois-cielDans l’Évangile de ce dimanche résonne l’une des paroles les plus incisives de Jésus : « Qui veut sauver sa vie la perdra, mais qui perdra sa vie à cause de moi la sauvera » (Lc 9, 24). Il y a là une synthèse du message du Christ et elle est exprimée par un paradoxe très efficace qui nous fait connaître sa façon de parler, qui nous fait presque entendre sa voix… Mais que signifie « perdre la vie à cause de Jésus » ? Cela peut arriver de deux façons : explicitement en confessant sa foi, ou implicitement en défendant la vérité. Les martyrs sont l’exemple par excellence de perdre la vie pour le Christ. En deux mille ans, une foule immense d’hommes et de femmes ont sacrifié leur vie pour rester fidèles à Jésus Christ et à son Évangile. Et aujourd’hui, dans de nombreuses régions du monde, il y a de nombreux, nombreux, — davantage que pendant les premiers siècles — nombreux martyrs, qui sont conduits à la mort parce qu’ils n’ont pas renié Jésus Christ. Telle est notre Église. Aujourd’hui nous avons plus de martyrs que pendant les premiers siècles ! Mais il y a aussi le martyre quotidien, qui ne comporte pas la mort mais qui est lui aussi une façon de « perdre sa vie » pour le Christ, en accomplissant son devoir avec amour, selon la logique de Jésus, la logique du don, du sacrifice. Pensons-y : combien de pères et de mères mettent chaque jour leur foi en pratique en offrant concrètement leur vie pour le bien de la famille ! Pensons à eux ! Combien de prêtres, de frères, de sœurs, accomplissent avec générosité leur service pour le Royaume de Dieu ! Combien de jeunes renoncent à leur propres intérêts pour se consacrer aux enfants, aux personnes handicapées, aux personnes âgées… Ils sont eux aussi des martyrs ! Des martyrs quotidiens, des martyrs du quotidien ! Et puis il y a tant de personnes, chrétiens et non-chrétiens, qui « perdent leur vie » pour la vérité. Et le Christ a dit « je suis la vérité », qui sert la vérité sert donc le Christ. Une de ces personnes, qui a donné sa vie pour la vérité, est Jean-Baptiste : demain, 24 juin, c’est précisément sa grande fête, la solennité de sa naissance. Jean a été choisi par Dieu pour préparer la voie devant Jésus, et il l’a désigné au Peuple d’Israël comme le Messie, l’Agneau de Dieu qui enlève le péché du monde (cf. Jn 1, 29). Jean s’est consacré tout entier à Dieu et à son envoyé, Jésus. Mais à la fin, que s’est-il passé ? Il est mort pour la cause de la vérité, lorsqu’il a dénoncé l’adultère du roi Hérode et d’Hérodiade. Combien de personnes payent cher leur engagement pour la vérité ! Combien d’hommes droits préfèrent aller à contre-courant plutôt que de renier la voix de leur conscience, la voix de la vérité ! Des personnes droites, qui n’ont pas peur d’aller à contre-courant ! Et nous, nous ne devons pas avoir peur ! Parmi vous il y a tant de jeunes. À vous les jeunes, je dis : N’ayez pas peur d’aller à contre-courant, quand on veut nous voler l’espérance, quand on nous propose ces valeurs qui sont avariées, des valeurs comme un plat qui n’est plus bon, et quand un plat n’est plus bon, il nous fait mal ; ces valeurs nous font mal. Nous devons aller à contre-courant ! Et vous les jeunes, vous êtes les premiers : allez à contre-courant et ayez cette fierté d’aller précisément à contre-courant. En avant, soyez courageux et allez à contre-courant ! Et soyez fiers de le faire !

 

Chers amis, accueillons avec joie cette parole de Jésus. C’est une règle de vie proposée à tous. Et que saint Jean-Baptiste nous aide à la mettre en pratique. Notre mère, la Très Sainte Vierge Marie, nous précède sur ce chemin, comme toujours : elle a perdu sa vie pour Jésus, jusqu’à la Croix, et elle l’a reçue en plénitude, avec toute la lumière et la beauté de la Résurrection. Que Marie nous aide à faire toujours plus nôtre la logique de l’Évangile.

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19 juin 2013 3 19 /06 /juin /2013 21:11

« Demeurez solides sur le chemin de la foi avec une ferme espérance dans le Seigneur. Là se trouve le secret de notre chemin ! Lui nous donne le courage d’aller à contre-courant. Écoutez bien, les jeunes : allez à contre-courant ; cela fait du bien au cœur, mais il nous faut du courage pour aller à contre-courant et lui nous donne ce courage ! Il n’y a pas de difficultés, d’épreuves, d’incompréhensions qui doivent nous faire peur si nous demeurons unis à Dieu comme les sarments sont unis à la vigne, si nous ne perdons pas l’amitié avec lui, si nous lui faisons toujours plus de place dans notre vie. Ceci aussi et surtout si nous nous sentons pauvres, faibles, pécheurs, parce que Dieu donne force à notre faiblesse, richesse à notre pauvreté, conversion et pardon à notre péché. Il est si miséricordieux le Seigneur : si nous allons à lui, il nous pardonne toujours. Ayons confiance dans l’action de Dieu ! Avec lui nous pouvons faire de grandes choses ; il nous fera sentir la joie d’être ses disciples, ses témoins. Misez sur les grands idéaux, sur les grandes choses. Nous chrétiens nous ne sommes pas choisis par le Seigneur pour de petites bricoles, allez toujours au-delà, vers les grandes choses. Jeunes, jouez votre vie pour de grands idéaux ! »

 

Extrait de l'homélie du pape François à des confirmands,

Place Saint-Pierre, le 5ème Dimanche de Pâques, 28 avril 2013

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21 septembre 2012 5 21 /09 /septembre /2012 08:07

 Ci-dessous, un bel article du Père Daniel-Ange (cf : Jeunesse-Lumière) à lire intégralement.

Photo 1 = des jeunes "martyrs" de la loi Taubira en garde à vue au Commissariat (26/05 - Paris).

Photo 2 = un jeune catholique embarqué par la police et priant avec son chapelet dans le fourgon.

 

 

 

 

2044092A vous, les veilleurs éveillant l’émerveillement ! Devant vos paisibles visages, éclairés du dedans par une clarté d’ailleurs, j’hallucine ! Me voilà complètement scotché ! Qui donc êtes vous ? Je vais vous le dire : vous êtes les sur-vivants d’une guerre aseptisée, les rescapés d’un naufrage, les résistants qui refusez de laisser souiller la beauté de votre jeunesse et ternir la pureté de vos regards. Les prophètes de la Joie, les sentinelles du matin, les fils et filles de la Lumière: c’est vous ! Oui, chacun de vous ! En veillant au long des nuits, vous faites advenir l’aurore. Vous débordez d’une toute neuve joie de vivre, car vous découvrez pour quoi vivre, selon le dernier mot d’une jeune américaine, Cassie Bernall : «  Si tu ne sais pas pour qui vivre, ce n’est pas la peine de vivre. » Vous êtes l’espérance de la France - oui, la France espérante - et au-delà, de tous les jeunes d’Europe qui, via Facebook et iPod sont rivés, nuit après nuit, guettent le moment de faire de même chez eux. Vous allez  en engendrer une multitude. Peut-être même dans le monde entier. Face à un raz-de-marée d’eau polluée, vous formez une lame de fond  purifiant tout sur son passage. Vous dénoncez le mensonge qui vide les mots de leur sens. Vous vous rebellez contre une idéologie virant au totalitarisme d’Etat. Vous vous révoltez contre les manipulations frisant la dictature. Vous vous insurgez contre les aberrations qui - tels des monstres - se profilent à l’horizon. Vous alliez la lucidité au courage. Lucidité de votre réflexion, courage de vos actions. Lucidité intellectuelle et courage  « gestuel ». Vous refusez qu’on vous traite comme des imbéciles en vous forçant à penser qu’on peut « être mâle en étant féminin et femelle en étant masculin. » Non mais ça va pas la tête !

 

Devant une subversion anthropologique, vous êtes le fer de lance d’une insurrection civique. Devant une révolution contre-humanitaire, vous forgez la rébellion de lumière. Devant l’invasion de théories subversives de notre civilisation, vous entrez en dissidence, avant d’être peut-être, acculés à une désobéissance civile. Devant le nouveau colonialisme qui vient envahir nos esprits et pervertir notre intelligence vous entrez en résistance. En toute connaissance de cause. Vous voyant à genoux, face à face devant les forces de l’ordre, me revient ce que j’écrivais de la Pologne voici 30 ans au moment  de l’état de guerre dans un Etat contre la Nation : « Quand on matraque ce peuple, il tombe à genoux ». Et ce mot du  grand serviteur de la vie Jérôme Lejeune : «  Quand tombe le soldat, c’est à genoux qu’il se bat. » Vous rejetez cette chape de plomb de la pensée unique imposée. Vous libérez la parole, enfin ! Vous récusez la dictature du prêt à penser, des idées imposées, des arguments bidon, de la paresse intellectuelle. Vous savez rendre compte, expliquer le  pourquoi de votre comportement. Vous refusez le relativisme qui conduit au nihilisme. Les héros de la liberté, c’est vous. Les champions de l’écologie humaine, c’est vous. C’est vous les garants de la création qui vous est désormais confiée en son plus beau chef-d’œuvre : un homme et une femme qui dans l’amour font exister un enfant, unique au monde, dont l’âme vivra toujours. Vous vous battez pour sauver le mystère de la vie, de l’amour et de la source même : nos familles. Déjà si fragiles, si menacées, si attaquées. Mais en vous voyant, je vois les papas et les mamans de demain et je devine vos futurs enfants, débordants de vie, car comblés d’un amour fidèle en crescendo.

 

chapelet-fourgon-police.jpgVous montez au créneau pour barrer la route à ceux qui – consciemment ou non – s’attaquent aux fondements de même de l’existence. Dans une société virtuelle, superficielle et artificielle vous êtes les garçons et les filles de l’essentiel. Et cela, en toute gratuité, sans rechercher aucun avantage personnel. Mais uniquement par amour. Par amour de votre pays, de votre peuple, de votre nation, de votre patrie. Vous êtes ceux qui sauvent son honneur. Qui portez haut son étendard. Vous êtes non seulement son avenir, mais son présent, car quel présent-cadeau que votre intrépidité, inattendue, dépassant tous les espoirs. Sur vos visages, je vois la France, l’Europe de demain. Je vois la  nouvelle génération de politiciens qui ne seront que les humbles serviteurs du peuple confié à leur cœur et non des prédateurs. Et cela - ô stupeur - : pacifiquement et paisiblement : récusant toute violence, renonçant à toute agressivité même verbale, à tout propos ordurier, à tout mépris de ceux qui pensent autrement. Les mains vides vous désamorcez les grenades, vous transpercez casques et boucliers  pour rejoindre l’homme en ses profondeurs. Quel gendarme, policier, CRS, n’est pas impressionné au tréfonds de son âme, par la maîtrise de soi, le sens civique, l’auto-discipline dont vous faites preuve. Beaucoup rêveraient d’être avec vous, de l’autre côté de la barrière. Votre innocence désarme leur puissance. Votre calme est plus dangereux que leurs armes, que toutes les armes du monde. Vos silences font fléchir leur arrogance. Ceux qui ont peur, ce n’est pas vous. Ce sont eux. Peur de vos regards où ne transparaissent que la paix et la détermination. Peur de vos visages où ne se lit aucune haine, aucune révolte. Les geôliers de Maximilien Kolbe lui hurlaient : «  Ne nous regarde pas ainsi ! » Tant le Ciel se réfléchissait dans ses yeux. Vous retrouvez sans le savoir la grande stratégie qui a fini par faire s’écrouler ce rideau de fer qui pendant 50 ans a cassé en deux notre Europe.

 

La tactique des foules passives, à condition d’être massives. Ces foules, surtout de jeunes, qui ont envahi les avenues de Berlin, Vilnius, Prague, Bratislava, Budapest, Kiev : ces révolutions dites oranges, de velours, printanières. Leurs premiers soulèvements  ont été sauvagement réprimés dans un bain de sang, tout comme sur la place Tien-an-Men à Pékin. Mais mêmes écrasés sous les chars, ils n’ont pas cédé. Ils ont tenu coûte que coûte, dans la clandestinité, imaginant toutes sortes de trucs, d’astuces  et de combines pour freiner le pouvoir totalitaire. Jusqu’à finir par remporter la victoire. Tous ceux de votre génération en Europe du Centre et de l’Est qui vous voient sur la toile, - médusés - briller tels des diamants, se rappellent immédiatement ces jours d’il y a 30 ans qui ont fait basculer le monde de l’esclavage idéologique à la liberté de la Vérité. Car seule la Vérité rend libre, comme Vaclav Havel, sortant de prison l’avait écrit sur l'étendard flottant sur son palais présidentiel. Micro à un Soljenitsyne : «  Une seule parole de vérité pèse plus lourd que le monde entier ». Micro à un Jerzy Popieluszko : «  La vérité qui ne coûte rien est un mensonge. L’amour doit aller de pair avec le courage. La nation dépérit lorsqu’elle manque de courage, lorsqu’elle se ment à elle-même. » En voyant certains, brutalisés, provisoirement kidnappés, je revoyais à Varsovie, ces jeunes priant, chantant toute la nuit autour de grandes croix en fleurs, se faire brutalement embarquer par la police et bâillonnés, continuer à prier et chanter. Car « si eux se taisent, les pierres crieront. » Et vous voilà à votre tour, traités comme des salopards. Votre crime ? Oser dire, avec vos pieds battant le pavé, ce que toute l’humanité depuis la nuit des temps et dans tous les pays sait d’instinct : tout bébé a le droit de dire : papa, maman, sans mentir. C’est tout. Eh bien ! Cela devient du jour au lendemain, passible de prison. Non, mais ! On marche sur la tête ! Mais en ce cas, on perd vite l’équilibre et on s’écroule. Merci de rester équilibrés, de rester des êtres humains.

 

pI8psUc-QSZOLrg2IG6v2JyyVE0Au forceps, on passe des lois infantiles, qui violent la conscience humaine, qui violeront psychologiquement des enfants, frustrés de leurs repères essentiels. Des lois immorales, tout en voulant moraliser la politique. On tente de vous empêcher de manifester, de parler, presque de penser, de réfléchir … Cela dans un pays qui se vante de sa démocratie, qui « cocorique » sur la liberté d’expression, se gargarise des droits de l’homme tout en bafouant les premiers droits des enfants : le droit à la vie, à la vérité, à la beauté, à l’amour. Mais à cette violence institutionnelle, vous répondez par la non-violence. Et pour sauver le simple bon sens, vous voilà prêts à l’objection de conscience. Héroïquement. Cet acte de liberté suprême, personne jamais ne pourra vous l’arracher. Ce que vous faites, le grand Gandhi en rêvait. Ainsi qu’Albert Einstein : « Ne fais rien contre ta conscience, même si c’est l’Etat qui te le demande. » C’est vous qui êtes justes, vrais, honnêtes. Non et non, on ne joue pas avec la vie d’un enfant. Oui, et oui, la Vie vaut la peine d’être défendue, protégée, aimée. A n’importe quel prix, car elle est sans prix. Eliminer en catimini un enfant dont le seul crime est de n’être pas aux normes ou copie-conforme à la commande : non plus, ça jamais ! Fabriquer des semi-orphelins qui ne connaîtront jamais leur géniteur et leur ascendance : non plus, ça jamais ! Et comment ne pas me sentir tout petit devant vous, les merveilleuses "mères-veilleuses", courageuses petites mamans qui veillez (dans le froid) des nuits entières simplement pour sauver d’avance ce mystère de la vie en son extrême fragilité, là où elle est la plus menacée, la plus méprisée : là où elle est la plus divine. Vous sentez comme personne le trésor sans prix d’un tout petit qu’on n’a pas le droit d’arracher à son premier berceau. Vos larmes de mères l’emporteront sur les armes de tout Etat totalitaire.      

 

A travers vous, c’est une génération neuve qui se lève, se soulève. Sur une pelouse, un trottoir, une place. N’es-tu pas l’ambassadeur de ton peuple, de ta famille, amis, camarades qui ne peuvent t’y rejoindre, du moins ce soir ? Heureuse, bienheureuse votre génération à qui il est donné de vivre une époque aussi passionnante, des événements aussi enthousiasmants, de poser des actes aussi percutants. Pour ainsi réveiller tout un peuple de sa léthargie, de son indifférence, de sa couardise : soyez bénis ! Pour secouer nos politiciens de leurs lâchetés, nos idéologues de leurs hypocrisie et nos dirigeants de leur autisme : soyez bénis ! Pour arracher les adultes à leur confort, à leur égocentrisme et donc à leur  morosité : soyez bénis ! Nous, adultes, puissions-nous être dignes de votre courage, de votre audace, de votre détermination. Etre à la hauteur de vos cœurs.  Puissions-nous ne pas vous décevoir mais plutôt nous laisser entraîner par votre juvénile enthousiasme et, boostés par vos audaces, nous battre courageusement pour que votre voix ne soit pas bâillonnée, votre joie surtout pas étouffée, que votre Espérance ne soit pas étranglée. Oui, pour que jamais, jamais, votre génération ne sombre dans notre indifférente lassitude. Non, vous ne lâcherez pas. Vous ne faiblirez pas. Vous ne renoncerez pas. Vous ne cèderez pas. N’ayez pas peur ! C’est vous déjà les grands vainqueurs. On ne maîtrise pas longtemps un peuple par la terreur intellectuelle. On ne construit pas indéfiniment une société sur des mensonges et tôt ou tard, elle s’écroule. Et la Vérité l’emportera sur les caricatures du menteur, la Vie sur les agressions de l’homicide. Vous êtes la fierté de votre génération, l’avenir de la France, de l’Europe, de l’humanité, les vrais prophètes de notre futur, de ceux qui font advenir l’aurore après avoir étoilé nos nuits. Soyez-en bénis à jamais !

 

Source – Blog du père Daniel-Ange 

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9 juillet 2010 5 09 /07 /juillet /2010 17:51

La vie de famille est source de grandes joies mais aussi de difficultés, de drames parfois ... de défis toujours ! Elle est le premier endroit où nous devons apprendre à accepter l’altérité, à accueillir l’autre, où nous sommes invités à nous donner et à nous trouver. Quelle que soit la difficulté rencontrée, la prière permet de déposer devant le Christ nos craintes, nos peines, nos doutes et, avec lui et l’aide de l’Esprit, de s’ouvrir à la grâce. Celle-ci peut apparaître sous la forme :

 

- d’un apaisement face à nos peurs ou dans des situations instables, dans des contextes économiques et sociaux difficiles. Nous pouvons prier le Seigneur afin qu’il protège notre famille, nos enfants ; pour nous abandonner - avec foi et espérance - à sa bonne Providence.

 

- d’un chemin de réconciliation, face à des tensions, des déchirures, des brouilles. Il n’est pas simple de demander pardon ou de pardonner, mais nous pouvons prier le Dieu de toute miséricorde de nous en donner la force et la chance. C’est, en effet, une nouvelle vie qui s’ouvre ainsi à nous ! 

 

- d’un soutien spirituel pour celui ou celle que nous aimons. Le jour de notre mariage, nous confions notre couple et l’être aimé à Dieu à travers la prière des époux. Chaque jour étant une occasion de redire oui, chaque jour devient une occasion de prier pour sa femme ou son mari.

 

- d’une libération face à un passé familial parfois lourd qui continue à peser sur plusieurs générations. Il existe des prières de délivrance et de guérison pour arriver à soigner ces blessures enfouies qui continuent à causer des souffrances. Aucune situation, si ancrée soit-elle, n’est une fatalité.

 

Qu’il est dur et qu’il est beau de grandir grâce, par et à travers les autres au sein de la famille ! Notre Père Céleste est là pour nous y aider. 

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