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Les églises catholiques de plus en plus vandalisées

La chapelle Saint-Guen de Saint-Tugdual a été recouverte d'inscriptions satanistes en 2006. Crédits photo : AFP

Vingt-quatre lieux de cultes ont été profanés depuis le 1er janvier et les responsables religieux se mobilisent.

Vandalisées, cambriolées et profanées? Les églises catholiques sont les cibles d'attaques répétées. Ainsi, dans la nuit du 5 au 6 mars dernier, la porte de la basilique Saint-Donatien de Nantes et les murs d'enceinte du lycée catholique éponyme ont été maculés de slogans anarchistes. On pouvait y lire «Brûle ton église», «Les curés au bûcher, les sorcières en liberté» ou «Ni Dieu ni maître». Ces dégradations, qui ont provoqué l'ire du député maire (PS) Jean-Marc Ayrault, sont intervenues après la mise à sac de l'église voisine Saint-Clément : des inconnus y ont fait voler en éclats des chaises, brisé la main d'une statue de saint Pierre et dérobé une «station» du chemin de croix. La veille, des inconnus avaient fait irruption dans l'église de Saint-Étienne-des-Oullières (Rhône), jetant au sol des livres de prières, renversant le mobilier et brûlant une banderole arrachée d'un pilier sur l'autel. Dans la nuit du 11 au 12 février, l'église Saint-Michel de Morangis (Essonne) était à son tour pillée par des cambrioleurs, piétinant à même le sol les hosties après avoir forcé le tabernacle. Dans le même temps, deux sculptures ornant les rouleaux d'archivolte de la baie centrale de l'église Sainte-Eulalie, à Benet (Vendée) étaient vandalisées tandis que la rambarde du XVI e siècle de la cathédrale de Saint-Pol-de-Léon (Finistère) était détruite à la masse et que l'église Saint-Bonnet de Bourges (Cher) était incendiée. Les vandales avaient empilé et enflammé des chaises dans la chapelle du Saint-Sacrement, tel un bûcher.

Un édifiant état des lieux dressé par la gendarmerie nationale, dont la zone couvre 95 % du territoire, révèle que pas moins de 184 faits de profanations ont été recensés en 2009. Les départements du Bas-Rhin, de la Somme, d'Ille-et-Vilaine, de la Gironde, du Gard et des Vosges concentrent le plus grand nombre de violations.


Porté à la connaissance du Figaro, ce bilan précise qu'une cinquantaine d'affaires, impliquant 106 vandales, ont été résolues dans la même période. Si les saccages visant les églises - mais aussi les cimetières - se maintiennent à un niveau élevé depuis une montée en puissance en 2004, avec plus de 140 cas constatés, les militaires ont remarqué des «pics» sur les douze derniers mois qui «correspondent, en partie, aux dates ou périodes symboliques célébrées par des groupuscules sataniques ou néonazis». Ainsi, les profanateurs sont pris d'une singulière frénésie le 30 avril, date anniversaire de la fondation de l'«Église de Satan» aux États-Unis et de la mort d'Adolf Hitler. Ils se manifestent aussi davantage le 31 octobre, fête de Halloween et jour de l'an sataniste, ainsi que lors des solstices et des équinoxes. «Près de la moitié des faits ont été recensés le week-end», ajoute un gendarme, estimant par ailleurs que ce «nombre est certainement plus élevé, compte tenu de la découverte tardive de certains délits». Rappelant que les sacrilèges recensés en zone gendarmerie touchent «principalement des cimetières ou des églises d'obédience chrétienne», les enquêteurs ont noté «cinq violations de sépultures ou de tombeau», dont deux exhumations l'année dernière.

Protection au laser

Une analyse du profil des vandales met en évidence leur extrême jeunesse : 83 % des interpellés sont mineurs et 8 % d'entre eux ont moins de 10 ans ! Huit sur dix sont de sexe masculin. Leurs motivations sont confuses. Sur certains saccages, les gendarmes ont ainsi découvert des «croix gammées accompagnant des tags de satanismes». Agissant à plusieurs dans plus de la moitié des cas, les «casseurs du culte» agissent par jeu, mimétisme, désœuvrement, ou simple défi. «L'alcool ou les troubles psychiatriques peuvent servir d'accélérateur dans certains cas», précise un expert.

Selon nos informations, 2010 s'annonce sous les pires augures, avec quelque 24 profanations recensées en janvier et février dernier. La prolifération des profanations a pris une telle ampleur qu'un site entier y consacre des dizaines de pages sur Internet. Égrainant une édifiante litanie de vols et d'actes de vandalisme, il est animé par un comité «Indignations», créé en juin 2005 après un simulacre de mariage homosexuel «célébré» dans le chœur de la cathédrale Notre-Dame de Paris. La mascarade, suivie de heurts et ressentie comme «blessante» par les fidèles, a été l'origine d'une pétition recueillant 27 000 signatures.

Vulnérables en raison de leur isolement et, dans une certaine mesure, de leur moindre fréquentation, les églises restent une cible de choix. Pour lutter contre ce fléau, plusieurs initiatives ont été prises. Ainsi, une dizaine d'églises parisiennes disposent depuis peu d'un système de protection au laser. Pour préserver les trésors et la sacralité des lieux.

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