Nouveau coronavirus : solidarité, collaboration et mesures d’urgence au niveau mondial s’imposent

11 février 2020

Il est très rare qu’un seul et même problème grave mobilise l’attention du monde entier. 

C’est aujourd’hui le cas, et les pays et les communautés s’unissent pour mettre fin à la flambée due au nouveau coronavirus. 

Au 3 février 2020, ce virus, actuellement connu sous le nom de 2019-nCoV, s’est propagé à 24 pays, infectant plus de 17 000 personnes, dont 99 % en Chine. 

Le faible nombre de cas observés dans le reste du monde - seulement 153 à ce jour - montre que, conjugués aux mesures de détection et aux soins cliniques qui ont été rapidement mis en œuvre dans d’autres pays, les efforts déployés pour contenir le virus en Chine ralentissent sa propagation mondiale. 

Je comprends l’inquiétude que ressentent aujourd’hui beaucoup de gens dans le monde. Nous sommes confrontés à un virus nouveau qui provoque une multitude de symptômes chez les sujets infectés. Un malade sur cinq souffre de réactions graves, notamment de pneumonie et d’insuffisance respiratoire. Heureusement, la majorité des individus infectés présentent des troubles bénins. 

L’apparition d’un nouveau virus s’accompagne toujours de nombreuses incertitudes sur son mode de propagation, la maladie qu’il provoque et l’impact qu’il aura. 

L’Organisation mondiale de la Santé travaille sans relâche avec les pays touchés et un réseau mondial de partenaires pour dissiper ces incertitudes. 

Nous recueillons quotidiennement des informations en provenance de Chine et des autres pays où des cas ont été confirmés. D’après l’état actuel de nos connaissances, la période d’incubation du virus est de 1 à 14 jours, et la présence d’affections préexistantes, telles que le diabète et l’hypertension, rend les sujets infectés plus susceptibles d’être atteints d’une forme grave de la maladie. De nouvelles informations nous aident également à comprendre quels traitements pourraient être bénéfiques pour les patients infectés et comment protéger au mieux les agents de santé et les personnes exposées au risque d’infection. 

Nous nous efforçons également de réfuter les nombreuses rumeurs et fausses informations qui circulent rapidement sur les réseaux sociaux. 

Nous pouvons toutefois enrayer cette flambée sans précédent si nous agissons dès à présent. Pour ce faire, il faut une réponse inédite, animée par la solidarité et la collaboration mondiales et reposant sur des interventions fondées sur des bases factuelles. 

L’OMS collabore avec tous les pays et de nombreux partenaires du secteur de la santé pour conduire ces efforts. Nous concentrons nos énergies sur trois fronts : l’épicentre en Chine, les autres pays touchés dans le but de prévenir la transmission interhumaine et les États fragiles, dont les systèmes de santé sont insuffisants, afin de les préparer à réagir efficacement s’ils venaient à être touchés par la maladie. 

Cibler l’épicentre

La Chine, sa population et son économie sont les plus durement touchés par le nouveau coronavirus. Mais le pays cible les zones sensibles pour le combattre au niveau national et pour limiter sa propagation à l’extérieur de ses frontières. Nous aiderons la Chine à poursuivre et à intensifier ces efforts. 

Des dizaines de milliers d’agents de santé travaillent jour et nuit dans toute la Chine, dispensant des soins dans les moments les plus éprouvants. 

Ils font leur possible pour sauver des vies, endiguer la propagation de la maladie et donner au reste du monde le temps précieux dont il a besoin pour se préparer et agir. Les scientifiques chinois ont isolé le virus et en ont communiqué la séquence génétique à l’OMS et aux chercheurs du monde entier, ce qui a permis d’accélérer la recherche-développement d’un éventuel vaccin. 

À l’invitation de la Chine, l’OMS dépêchera, dans le cadre du Réseau mondial d’alerte et d’action en cas d’épidémie, une mission composée d’experts pluridisciplinaires qui travailleront en étroite collaboration avec un groupe d’experts chinois. 

Le Président Xi Jinping, que j’ai rencontré à Beijing le 28 janvier, est personnellement responsable de l’action menée pour riposter à la flambée en Chine. 

Prévenir la propagation 

Cette nouvelle urgence sanitaire présente les caractéristiques des flambées précédentes, mais la situation est aujourd’hui très différente de ce qu’elle était en 2002 et 2003, lorsque les pays étaient en proie à la flambée de SRAS. 

C’est essentiellement grâce aux ripostes rapides et énergiques qu’ont engagées de nombreux pays que le nombre de personnes ayant contracté le virus hors de Chine est resté relativement faible. 

Toutes les nations élaborent des plans de lutte contre les épidémies et les pandémies de grippe, axés sur l’émergence d’un nouvel agent pathogène respiratoire. Cette préparation porte aujourd’hui ses fruits. 

Cette préparation a permis de limiter le nombre de cas de transmission interhumaine du nouveau coronavirus dans six pays en dehors de la Chine : Allemagne, États-Unis d’Amérique, France, Japon, Thaïlande et Viêt Nam. 

L’OMS est en contact permanent avec les autorités nationales, les partenaires du secteur de la santé et de nombreuses organisations des secteurs public et privé qui peuvent contribuer à endiguer la flambée. L’échange ouvert d’informations entre l’OMS, la Chine et d’autres pays permet aux systèmes de santé les plus solides de réagir immédiatement. 

Nous travaillons avec des entreprises mondiales d’approvisionnement et de logistique afin que les fournitures soient distribuées en priorité à ceux qui en ont le plus besoin. Il s’agit notamment des équipements de protection individuelle, des produits de diagnostic et des médicaments essentiels destinés aux intervenants de terrain et aux patients. 

Certains des principaux acteurs d’Internet, comme Google, Facebook, Twitter, Tencent et TikTok, nous aident également à véhiculer des conseils appropriés et à lutter contre les fausses informations, potentiellement dangereuses. 

Par le biais du schéma directeur sur la recherche-développement pour la prévention des épidémies, l’OMS mobilise en outre un réseau de partenaires dans le but d’identifier et de hiérarchiser les produits de diagnostic, les vaccins et les thérapies nécessaires pour combattre le virus sur le long terme et d’en accélérer la mise au point. 

La mise au point de produits de diagnostic, de traitements et de vaccins n’a pas commencé en décembre 2019, au moment où cette nouvelle flambée de coronavirus a été signalée pour la première fois. Elle a débuté il y a plusieurs années lorsqu’il s’est agi de lutter contre un autre coronavirus, le syndrome respiratoire du Moyen-Orient (MERS), notifié pour la première fois en Arabie saoudite en 2012. Conjugués au séquençage du génome du virus que nous combattons aujourd’hui, ces efforts passés permettent au monde de mettre au point rapidement les outils nécessaires à la lutte contre cette nouvelle menace. 

Si la protection des personnes contre l’exposition à la flambée actuelle constitue une priorité, le monde devra également, à plus long terme, mettre au point de nouveaux traitements pour sauver davantage de vies ainsi que des vaccins pour protéger les populations dans leur ensemble. 

De Singapour, où les autorités exhortent la population à éviter de propager des rumeurs, à San Diego, où les systèmes de surveillance parviennent à détecter les cas suspects, les autorités sont préparées et les gouvernements ont réagi énergiquement et sans tarder à la flambée. La position du gouvernement britannique est on ne peut plus claire lorsqu’il affirme que « nous avons tous un rôle à jouer ».

Protéger les environnements fragiles 

La préparation aux situations d’urgence est au cœur de la mission de l’OMS, tout comme le renforcement des capacités du système de santé dans tous les pays, et en particulier dans les zones comptant un grand nombre de personnes vulnérables. Même si le coronavirus constitue potentiellement une menace pour tous les pays, les pays plus développés sont mieux préparés à l’endiguer s’il venait à apparaître. 

Les États et les contextes fragiles ne bénéficient pas de la même sécurité sanitaire. Ces environnements sont les plus exposés à être touchés par le nouveau coronavirus. 

La flambée actuelle montre clairement que nous ne pouvons plus permettre que les hôpitaux, les réseaux de surveillance des maladies et les agents de santé des pays vulnérables soient mal équipés pour faire face aux urgences sanitaires. En effet, la plupart d’entre eux ne disposent pas des ressources les plus élémentaires, en matière de systèmes de surveillance, de capacités de diagnostic et de mesures de lutte contre les infections, afin de détecter les nouveaux agents pathogènes et d’en combattre la propagation. Cette situation nous met tous en péril. 

C’est lorsque nous affrontons ensemble l’adversité et l’incertitude, et faisons de la protection des plus vulnérables notre priorité absolue, que nous révélons le meilleur de nous-mêmes en tant que communauté mondiale. Tous les pays comptent des populations vulnérables, certains plus que d’autres, et nous devons les protéger. 

Le 30 janvier, face au risque de propagation à des environnements fragiles, j’ai déclaré que la flambée due au nouveau coronavirus constituait une urgence de santé publique de portée internationale. 

Ma décision se fondait sur les recommandations du Comité d’urgence du Règlement sanitaire international, qui s’est réuni pour examiner les dernières données et tendances relatives à la flambée. 

Sur la base de ces conseils, j’ai appelé à agir dans sept domaines clés : 

Ne pas appliquer de restrictions aux voyages et aux échanges commerciaux sur la base des informations actuelles ; renforcer le soutien international aux environnements fragiles ; accélérer la mise au point de vaccins, de thérapies et de produits de diagnostic ; intensifier la lutte contre les rumeurs et les informations erronées ; revoir et renforcer les plans nationaux de préparation aux situations d’urgence sanitaire afin de lutter contre la flambée ; partager les données, les connaissances et l’expérience avec l’OMS et le monde entier ; et déployer des efforts en vue de vaincre la flambée dans un esprit de solidarité et de collaboration. 

Je suis conscient du degré d’inquiétude et de préoccupation qui règne dans le monde, et je le comprends très bien. 

Les gens veulent savoir s’ils seront en sécurité, si la flambée peut être endiguée et si l’OMS et la communauté internationale sont en mesure d’apporter les réponses qu’on attend d’elles. 

La solidarité et la volonté de collaborer à l’échelle mondiale pour protéger la santé de tous joueront un rôle essentiel à cet égard.

 


 

Cet article a été publié pour la première fois en anglais dans le magazine Time.

Auteurs

Dr Tedros Adhanom Ghebreyesus

Directeur général
OMS

Focus