Affiches anti-IVG dans le métro à Paris : la RATP porte plainte

Comment des militants anti-IVG ont-il réussi à placarder des affiches dans plusieurs rames de métro à Paris ? Une enquête est ouverte.

 Des portraits de candidats à l’allure grave et un slogan-choc anti avortement, c’est ce qu’ont découvert ce mercredi matin les usagers de cinq lignes du métro parisien.
Des portraits de candidats à l’allure grave et un slogan-choc anti avortement, c’est ce qu’ont découvert ce mercredi matin les usagers de cinq lignes du métro parisien. Capture d'ecran Twitter/@vivien_hoch

    De nombreux voyageurs n'en croyaient par leurs yeux en prenant leur métro à Paris mercredi matin... Ils ont découvert des affiches représentant les principaux candidats à l'élection présidentielle et relayant des messages anti-avortement. Des rames des lignes 3, 6, 8, 10 et 12 ont été visées selon la RATP.

    Abondamment relayées et condamnées sur les réseaux sociaux, ces affiches ont été conçues par «les Survivants», un groupuscule opposé à l'interruption volontaire de grossesse et adepte des coups de com'. Leur porte-parole, Emile Duport, se déclare «content de la pub que nous fait cette action gentillette», mais assure ne pas savoir «qui est derrière cette action dans le métro».

    La RATP, prise à partie et brocardée sur Twitter, a très vite annoncé avoir été «victime d'un acte de malveillance». Elle a déposé plainte et a procédé au retrait de l'ensemble des affiches litigieuses à la mi-journée.

    «Les loups sont entrés dans le métro»

    Reste que ce coup d'éclat, qui s'est déroulé «dans la nuit» selon un communiqué de la régie, peut susciter quelques interrogations : si des militants anti-avortement parviennent à pénétrer dans les dépôts du métro en pleine nuit pour coller des affiches dans les rames, des personnes aux desseins plus sombres ne pourraient-elles pas en faire autant ? Des élus d'opposition du conseil régional, pour qui «les loups sont entrés dans le métro», demandent à Valérie Pécresse, présidente de la Région et du Syndicat des transports parisien, d'«appeler les opérateurs des transports de faire preuve de plus de vigilance». Ce qu'elle a fait dès qu'ellle a été informée de l'affaire.

    La RATP, qui se retranche derrière «l'enquête de police en cours», n'est pas en mesure d'apporter plus de précisions pour le moment.

    Mais selon le street-artiste C215, à qui il est déjà arrivé dans le passé d'exprimer son talent dans les couloirs du métro, l'instrusion nocturne semble une hypothèse totalement improbable : «C'est extrêmement difficile de se faire enfermer dans le métro. Dans chaque station, il y a un agent qui fait le tour complet avant de baisser un rideau métallique devant toutes les entrées, et puis il y a des maîtres-chiens qui tournent... C'est possible si on connait très, très bien le métro et qu'on sait où se cacher pour ne pas être vu. Mais les militants anti-IVG n'ont pas du tout le profil», tranche le graffeur.

    L'affichage sauvage dans le métro est pourtant très très rare

    En revanche, «il est très facile de prendre le premier métro à 5h30, où les rares passagers sont encore endormis, et d'ouvrir les panneaux publicitaires dans les rames avec une clé triangle ou une pince et y glisser son affiche ni vu ni connu. Par ailleurs, la RATP n'a pas d'équipe dédiée à la protection de ses espaces publicitaires».

    Et pourtant, contrairement aux dégradations des anti-pub, très régulières, l'affichage sauvage dans le métro est très rare. Le seul autre cas que nous avons identifié remonte à 2008 et le coupable était alors... la radio NRJ. Elle avait recruté une dizaine de personnes chargées de coller des autocollants détournant les noms des stations de sept lignes de métro pour annoncer sa cérémonie des «NRJ Music Awards». Un délit à l'époque totalement assumé par la radio de la rue Boileau, qui s'était défendu auprès du  Parisien en faisant valoir que «les autocollants peuvent s'enlever facilement»...