Julie Narbey, femme de l'art
La directrice générale du Palais de Tokyo, « Coup de coeur » de la rédaction des « Echos Business » pour les « Next Leaders Awards » 2016, a piloté la transformation du lieu et lui a donné un nouveau souffle en développant sesressources propres.
Par Valerie Landrieu
Travailler dans les affaires culturelles, Julie Narbey n'a pas attendu sa sortie de l'ENA pour avoir cet objectif en tête. Cette adepte des artistes qui « radiographient » l'humain a alors déjà croisé quelques « parcours inspirants » et n'est pas mécontente de se retrouver au coeur de la machine, le budget et les crédits d'intervention, au ministère de la Culture. Elle n'a pas trente ans et peut, à l'occasion, participer par délégation aux conseils d'administration des grands établissements publics du secteur. Elle est alors des comités finances de l'Opéra de Paris, de l'Odéon, du Louvre ou de la Comédie-Française. Son retour en musée, celui du quai Branly, lui offre un large portefeuille d'activités, des affaires financières aux ressources humaines, en passant par le juridique, avant de rejoindre le cabinet de Frédéric Mitterrand, où les défis de modernisation sont grands. Nommée à la direction du Palais de Tokyo en juillet 2011, tandis que Jean de Loisy en prend la présidence, elle sort des fonctions de tutelle, mais l'établissement dans lequel elle arrive est en mauvaise posture. « Il a fallu monter un projet artistique et stratégique, avec un nouveau modèle économique et dans un nouvel état d'esprit », explique-t-elle. Transformer, donc, en allant vite, très vite, alors que l'élection présidentielle de 2012 qui se profile constitue l'échéance pour boucler le chantier.
Une méthode : échanges et confiance
Surfaces triplées, statut juridique modifié - l'ex-association est devenue une société par actions simplifiées (SAS) de droit privé, ayant pour unique actionnaire l'Etat -, la transformation est totale ou presque. Et il faudra un peu plus de temps pour que le nouveau lieu adopte son rythme de croisière mais les résultats sont aujourd'hui là. Sa méthode : « Beaucoup d'échanges et l'expression de (sa) confiance aux équipes en place » à son arrivée. « Le lieu existait auparavant, avait eu des succès et l'étape suivante, c'était ensemble que nous devions l'aborder », raconte-t-elle sans passer sous silence la suite : « Un pilotage serré et une restructuration de l'organigramme ».
Quatre ans et demi après sa réouverture, le Palais de Tokyo bénéficie d'un nouveau souffle, après avoir développé ses ressources propres, en mettant en oeuvre une stratégie de concessions, de levées de fonds et de partenariats avec le privé. Une démarche originale qui a fait de cet espace voué à l'art contemporain un lieu de vie parisien.
Pour l'année prochaine, Julie Narbey a préparé, avec les équipes, un plan de transformation digitale, comprenant notamment le lancement d'un « chatbot » (service de messagerie automatisé), le premier dans une institution culturelle, et la mise en oeuvre d'un programme de présence internationale. Après une participation à la biennale Manifesta de Zurich en 2016, 2017 passera par Chicago. L'année qui s'écoule aura aussi été celle des appels d'offres pour une nouvelle librairie d'art et un nouveau restaurant. Quixotic (Candelaria, Le Mary Céleste...) l'a emporté pour le restaurant, l'allemand Walther König pour la librairie. Les travaux commenceront dans les prochaines semaines. Ouverture prévue au printemps 2017.
V. La.