L’appel pour un congé IVG : « Pour que nos filles puissent avorter sans honte ni perte de salaire »
TRIBUNE. 32 personnalités, journalistes, avocates, entrepreneurs s'engagent pour la création d’un congé pour les interruptions volontaires de grossesse, après que plusieurs entreprises ont entrepris de créer un congé pour les interruptions spontanées de grossesses, soient, les fausses couches.
Voici leur tribune. « En décembre, les partenaires sociaux de la branche Syntec ont signé un accord prévoyant un congé de deux jours dédié aux « interruptions spontanées de grossesse », autrement appelées fausses couches, désormais accessible aux salariées du numérique et du conseil. La semaine dernière, le groupe Carrefour a suivi à son tour la tendance en accordant à ses collaboratrices trois jours de congé dédiés au même motif.
Cette avancée permet aux femmes concernées de ne pas être pénalisées financièrement par la perte de salaire impliquée par la pose d’un arrêt maladie, en déjouant le délai de trois jours de carence non payés.
Mais quid de l’interruption volontaire de grossesse, pour laquelle il n’existe toujours pas de congé dédié ? Dans cette situation – qui, pour rappel, est rarement vécue comme un moment de plaisir –, les femmes doivent donc continuer de « se débrouiller » pour s’absenter, autrement dit poser une RTT ou se voir accorder un congé maladie qui les pénalise financièrement.
L’exclusion de l’avortement volontaire de ce nouveau congé ouvert spécifiquement aux interruptions spontanées de grossesse en dit long sur la politique nataliste française, à mille lieues des préoccupations écologiques portées par la génération Z, qui revoit son ambition en matière de parentalité.
Ainsi conçu, le parcours d’IVG conserve un goût d’illicite dans le droit du travail, alors qu’il concerne une femme sur trois.
Aussi et surtout, le message politique envoyé aux femmes ayant recours à un avortement volontaire est fort. Dans l’inconscient collectif, près de cinquante ans après sa légalisation, l’IVG résonne encore comme un acte subversif évoquant sexualité débridée ou gestion anarchique de sa fertilité, dans une société qui attend des femmes qu’elles soient organisées et précautionneuses.
Ainsi conçu, le parcours d’IVG conserve un goût d’illicite dans le droit du travail, alors qu’il concerne une femme sur trois. Que les femmes le sollicitent auprès de leur employeur ou s’abstiennent pour des raisons qui leur appartiennent, un congé dédié légitimerait et affirmerait ce droit fondamental qui s’exerce, aujourd’hui encore, clandestinement vis-à-vis de la sphère professionnelle. Nous voulons que nos filles et petites-filles puissent avorter sans honte ni perte de salaire. »
La liste des signataires :
Edmée Citroën, journaliste et communicante
Karen Noblinski, avocate
Rachel Flore-Pardo, avocate
Laetitia Vitaud, autrice et conférencière
Judith Aquien, autrice et activiste féministe
Laurent de la Clergerie, président du directoire du groupe LDLC
Audrey Barbier-Litvak, entrepreneure
Flora Ghebali, entrepreneure et autrice
Elise Goldfarb, entrepreneure, créatrice du podcast Coming Out
Julia Layani, entrepreneure, créatrice du podcast Coming Out
Pablo Pillaud-Vivien, rédacteur en chef de Regards
Rosa Bursztein, humoriste
Sophie Fenot, déléguée générale de l’association Force Femmes
Maxime Ruszniewski, entrepreneur, auteur et réalisateur
Zelda Citroën, entrepreneure et consultante
Flora Citroën, artiste
Élisabeth Lenchener, réalisatrice et productrice
Emmanuelle Oudéa, secrétaire générale de Nemow Lab, fondatrice de l’association En Revanche
Laura Cohen, avocate
Constance Guiraud, avocate
Félix Mounier, associé chez Alter Equity
Benjamin Kühn, réalisateur
Radu Mihaileanu, réalisateur
Nina Ramen, entrepreneure
Christian Allouche, entrepreneur
Noé Poyet, directeur financier
Patrick Klugman, avocat
Louise Boulet, avocate
Anne-Sophie Bernadi, journaliste
Marion Waller, philosophe et urbaniste
Margaux Bonopéra, curatrice
Arielle Sibony, autrice et artiste
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