BFMTV
Santé

Faut-il s'inquiéter du virus de la grippe cet hiver en France?

Photo d'illustration

Photo d'illustration - Photo d'illustration - AFP

Les autorités britanniques estiment que la grippe hivernale pourrait être "un plus gros problème que le Covid-19" à l'hiver prochain. En France, les médecins se montrent plus rassurants.

Faut-il désormais s'inquiéter d'une autre épidémie que celle du Covid-19 pour cette fin d'année? C'est du moins ce qu'avance Anthony Harden, membre du comité britannique sur la vaccination et l'immunisation. Interrogé par la BBC, ce dernier estime que la grippe saisonnière pourrait représenter "un plus gros problème" que le coronavirus au cours de l'hiver prochain.

"Nous avons une très très faible prévalence de la grippe ces dernières années, voire quasi-nulle pendant le confinement", note le professeur sur la station de radio britannique BBC 4, "et nous savons que lorsque la grippe circule très très peu l'immunité chute dans la population."

Un "hiver difficile" à prévoir au Royaume-Uni

Des propos également soutenus par Boris Johnson. Le Premier ministre britannique a averti lundi qu'un "hiver difficile" est à prévoir "pour toutes sortes de raisons" dont celle d'une forte résurgence de la grippe.

"Raison de plus pour continuer à réduire le nombre de cas de contaminations au Covid-19 afin de permettre à la NHS (le système de santé publique au Royaume-Uni, NDLR) de se préparer", a ajouté le locataire du 10 Downing Street.

Une "problématique" qui ne se borne pas qu'au cas du Royaume-Uni selon Jérôme Marty, le président de l'Union française pour une médecine libre.

"Il n'y a pas eu de grippe l'année précédente et l'année d'avant donc ce que l'on craint c'est que l'on ait une baisse de l'immunité par rapport à la grippe et que l'on ait des grippes plus importantes", déclare le médecin généraliste sur BFMTV.

"On ne tend pas vers un scénario catastrophe"

Les mesures de protection instaurées pour prévenir le risque de contamination au Covid-19 ont joué un rôle prépondérant dans la quasi-absence de l'épidémie de grippe en hiver dernier. Une "perte" de l'immunité qui inquiète Jérôme Marty: "le virus de la grippe se modifie chaque et année et comme on a pas eu cet 'entraînement' [...] on risque d'avoir des organismes qui luttent moins bien contre la grippe."

Plusieurs autres médecins interrogés par nos confrères du Parisien se montrent toutefois bien plus prudents, à l'instar de Jean-Daniel Lelièvre.

"Je ne vois pas en quoi ne pas avoir eu de cas l'an dernier ferait drastiquement baisser l'immunité l'année suivante", s'interroge dans le journal le chef du service des maladies infectieuses à l'hôpital Henri-Mondor à Créteil.

Pas d'inquiétude à avoir à ce stade selon l'infectiologue Benjamin Davido, "à partir du moment où vous n'avez pas l'émergence d'un variant avec de nombreuses contaminations, on ne tend pas vers un scénario catastrophe". L'épidémiologiste Antoine Flahault estime par ailleurs que cette potentielle nouvelle épidémie de grippe pourrait tout à fait être contrôlée "si l'on maintient des gestes barrières contre le Covid".

Le Premier ministre Jean Castex avait notamment estimé en mai dernier que le port du masque pourrait entrer dans les habitudes "notamment en période de grippe hivernale". Une mesure sanitaire à laquelle s'ajouterait la vaccination qui a rencontré un franc succès l'hiver dernier en France.

Un vaccin à ARN messager en préparation

Difficile donc d'établir à ce stade que l'épidémie de Covid-19 a eu une incidence néfaste sur notre système immunitaire contre la grippe. De même, la crise sanitaire vécue depuis plus d'un an pourrait indirectement apporter la solution à cette autre épidémie.

Le laboratoire Sanofi a annoncé cette semaine le lancement de premiers essais cliniques pour un projet de vaccin contre la grippe basé sur l'ARN messager, une technologie utilisée notamment pour les vaccins de Pfizer/BioNTech et de Moderna contre le Covid-19.

"L'actuelle pandémie nous a permis de constater combien la technologie de l'ARN messager était prometteuse et nous allons à présent chercher à l'étendre à des vaccins annuels choisis", a expliqué le groupe pharmaceutique qui pourrait communiquer de premiers résultats d'ici la fin 2021.
Hugues Garnier avec AFP Journaliste BFMTV