Près de Toulouse, ces religieuses rebelles viennent de se faire "virer" par le Vatican

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  • Les Petites Sœurs de Castelnau D’Estrétefonds à une époque pas si lointaine où elles portaient l’habit. Elle sont aujour’dhui redevenues civiles et pourraient quitter le château/Photo archives.
    Les Petites Sœurs de Castelnau D’Estrétefonds à une époque pas si lointaine où elles portaient l’habit. Elle sont aujour’dhui redevenues civiles et pourraient quitter le château/Photo archives.
Publié le , mis à jour
Emmanuel Haillot

l'essentiel INFO LA DEPECHE / Insoumises aux ordres de leurs autorités, les Petites Sœurs de Marie, Mère du Rédempteurs, communauté religieuse installée à Castelnau-d’Estrétefonds et Lagardelle- sur-Lèze,  viennent d’être relevées de leurs vœux par Rome. Elles seront bientôt sans toit. Et l'on ignore à ce jour ce que vont devenir les châteaux dans lesquels elles vivaient depuis des décennies.

Après deux années de tensions et de différends avec l’Évêque de Laval, Mgr Scherrer, les Petites Sœurs de Marie, Mère du rédempteur, viennent d’être relevées de leurs vœux par Rome.

Installées depuis 1963 au château de Castelnau-d’Estrétefonds, au nord de Toulouse, et à Lagardelle-sur-Lèze, au sud, une vingtaine de religieuses haut-garonnaises sont redevenues civiles. Ordre leur a été donné de «quitter leur habit» et bientôt… leur maison. Hier matin, les habitants des deux villages ont eu la surprise de les croiser sans leurs vêtements religieux.

Une boulangère de Castelnau, habituée à ces clientes, s’est dite « attristée » : «Pour nous, c’est incompréhensible qu’on les mette à la rue. On ne sait vraiment pas ce qui s’est passé… ».

Difficile, en effet, d’obtenir des informations précises sur l’épilogue d’un sujet pas nouveau mais qui semble déranger. Depuis quelque temps, les sœurs alertaient sur un « malaise » qui viendrait, disent-elles, d’« un différend avec Mgr Scherrer sur fond de gestion de maisons de retraite» dans lesquelles elles interviennent, et pour lesquelles une nouvelle gouvernance qu’elles refusent leur aurait été imposée. Les sœurs reprochent également à Rome de vouloir « [leur] «faire changer de manière de vivre [leur] vie religieuse, à l’instar des orientations actuelles… ».

Elles ne cachent pas leur attachement à un certain traditionalisme (elles portent la guimpe, la pièce de toile qui couvre la tête et encadre le visage des religieuses) qui ne semblerait plus correspondre à une Église tentée par la modernité.

Par ailleurs, la mise à l’écart, l’an dernier, de la Supérieure Générale de la Congrégation, la mère Marie de Saint-Michel, n’a fait qu’attiser les braises déclenchant un fort soutien pour cette femme. « Les sanctions prises par l’évêque de Laval et le Dicastère romain sont tout à fait infondées »… «Je puis affirmer avec une absolue certitude que Mère Marie de Saint- Michel n’est ni un « gourou » ni un « dictateur »….  peut-on lire sur un site où ces sœurs qui,  « sans désobéir à l’église », refusent la soumission à Monseigneur Scherrer qui, disent-elles, « nous exhorte à l’obéissance sur un sujet, les maisons de retraite, qui ne le regarde pas  ! ».

Vœux exaucés…

Mais la lutte verbale n’a pas suffi. En octobre, les sœurs finissent par demander aux autorités romaines d’être « relevées de leurs vœux contre [leur] volonté profonde ». Certains proches du dossier expliquent ce choix «par crainte d’une sanction très forte et injuste».
Espérant sans doute susciter un tsunami salvateur, elles obtiendront finalement une seule chose : que leur demande soit exaucée. Pourtant, affirme-t-on à l’archevêché toulousain, « une proposition de revenir sur leur décision leur a pourtant été faite ». Mais le dialogue (de sourds ?) n’ira pas plus loin... Quand à l’archevêché de Laval, contacté par nos soins, il a expliqué, via son service communication, ne pas avoir plus de choses à rajouter, nous invitant à « lire le communiqué des sœurs transmis au diocèse de Toulouse », lettre que nous avions cependant déjà.

Reste maintenant à savoir quel avenir sera réservé aux « Petites sœurs ». Le maire de Castelnau-d’Estrétefonds, Daniel Dupuy le voit sombre. Il se  dit « inquiet pour « cette communauté ancrée depuis 56 ans dans la ville et qui a développé des liens privilégiés avec les élus et la population. La communauté est à l’origine de l’EHPAD Notre-Dame-du-Bon-accueil, qu’elle ne gère cependant plus depuis quelques années ». Et de poser la question aussi sur le devenir du château : « si elles le quittent, ainsi que celui de Lagardelle-sur-Lèze, que vont devenir ces magnifiques bâtisses qui font partie de notre patrimoine ? »

Propriétés du diocèse de Laval, le resteront-elles longtemps ? Vidés de ses sœurs, de tels édifices deviendront vite une manne pour l’Eglise.

Une communauté intégrée

C’est en 1939, qu’ une petite communauté prend naissance près de Toulouse avec l’approbation du Cardinal Saliège. En 1963, Mère Marie de la Croix ouvre une communauté à Castelnau d’Estretefonds (Haute-Garonne). En 1965, une communauté est fondée à Saint-Aignan sur Roë puis en 1968 une autre à Arquenay (Mayenne) et une à Lagardelle-sur-Lèze (Haute-Garonne). En 1969, la Maison-Mère, de Toulouse, est transférée à Saint-Aignan sur Roë.
Le 14 septembre 1989, Monseigneur Louis-Marie Billé, alors Evêque de Laval, érige en « Institut de vie consacrée» la Congrégation fondée par Mère Marie de la Croix. Présentes dans différents Ehpad, parfois dans les conseils d’administration, les Petites sœurs dont certaines sont professionnelles (infirmières), accompagnent des personnes âgées et sont aux côtés d’autres personnes défavorisées. Elles louent aussi des espaces au château pour des événements. 
 

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Les commentaires (49)
JCDG Il y a 4 années Le 13/06/2019 à 20:07

L' inquisiteur Bernard Gui a repris le pouvoir

campin31 Il y a 4 années Le 13/06/2019 à 08:44

lamediocre Il y a 4 jours
@campin31
pour vous, la laicité c'est ce qui empêche d'avoir des employées à ne pas payer ???? bizarre, votre raisonnement !

Je répondait à un post disant que les sœurs n'avaient qu'à s'occuper des vieux et des malades.
j'ai écrit sans coût pour la société, les sœurs comme les prêtres sont payés pas par nos impôts mais par les ventes que peut faire l’Église mais surtout sur la base de la générosité.
Non, la laïcité n’empêche pas les gens d'être payer, mais les sœurs apportaient aux malades et cela sans cout sur nos impôts. Facile de vouloir de plus en plus de service public mais bien sur sans fonctionnaire et surtout sans payer d'impôts et de taxes. Désolé ce n'est pas possible.
Quand on veut la gratuité partout, à moment donné, il faut la payer d'une façon ou d'une autre.

Esperanza_Riviera Il y a 4 années Le 11/06/2019 à 16:41

Ce n'est pas juste... Comment l’Église peut-elle se rendre coupable d'une expulsion ? Une expulsion est anticonstitutionnelle... Je m'explique, en latin expulser = ex pulsare qui signifie pousser dehors. Si ça ce n'est pas un acte de violence, dites-moi ce que c'est ???? ...
Nul n'a le droit de disposer de la vie des gens et de les mettre dans une situation de fragilité. C'est inconcevable, d'autant qu'elles œuvrent pour le bien d'autrui et de personnes âgées... Les maisons de retraite manquent cruellement sur le territoire... le personnel aussi... Et en guise de remède, on met toute une communauté à la rue... Que vont devenir toutes ces personnes ?