Le pape Benoît XVI a rétabli la messe en latin

"Ce qui était sacré pour les générations précédentes reste grand et sacré pour nous", explique-t-il pour justifier ce qui est considéré comme un signe de rapprochement avec les ultraconservateurs.

Par Le Nouvel Obs
· Publié le · Mis à jour le
Temps de lecture
Le pape Benoît XVI a publié samedi 7 juillet un texte autorisant un plus large recours à la messe traditionnelle en latin, tout en assurant qu'il ne s'agissait pas d'une remise en cause des réformes du concile de Vatican II.
Dans sa lettre apostolique en forme de motu proprio sur "l'usage de la liturgie romaine antérieure à la réforme de 1970", Benoît XVI autorise le curé à célébrer la messe de rite tridentin dans les paroisses où "il existe un groupe stable de fidèles attachés à la tradition liturgique antérieure" qui le demandent. Jusqu'à présent, l'évêque devait approuver de telles requêtes.

Séduire les ultraconservateurs

Cette mesure vise notamment à ramener dans l'Eglise le mouvement catholique ultraconservateur fondé par l'évêque français excommunié Marcel Lefebvre.
Mais dans une lettre aux évêques qui accompagne la lettre apostolique, Benoît XVI tente d'apaiser les craintes exprimées par certains prélats. Il note ainsi que "ce qui était sacré pour les générations précédentes reste grand et sacré pour nous, et ne peut à l'improviste se retrouver totalement interdit, voire considéré comme néfaste". Il ajoute que rien n'est "retiré à l'autorité de l'évêque dont le rôle demeurera de toute façon de veiller à ce que tout se passe dans la paix et la sérénité".

Les catholique intégristes "se réjouissent"

Le rétablissement de la messe en latin réjouit les catholiques intégristes français adeptes de Mgr Lefebvre, qui affirment toutefois que "des difficultés subsistent encore" avec le Vatican, dans un communiqué de leur supérieur, Mgr Bernard Fellay.
"Le pape Benoît XVI a rétabli dans ses droits la messe tridentine, affirmant avec clarté que le missel romain promulgué par Saint Pie V n'a jamais été abrogé. La Fraternité Sacerdotale Saint-Pie X se réjouit de voir l'Eglise retrouver ainsi sa tradition liturgique", indique le communiqué mis en ligne sur le site internet de cette communauté schismatique, créée par l'évêque français Marcel Lefebvre .
"Pour ce grand bienfait spirituel, la Fraternité Saint-Pie X exprime au Souverain Pontife sa vive gratitude", poursuit le communiqué.
"La Fraternité Saint-Pie X forme le souhait que le climat favorable instauré par les nouvelles dispositions du Saint-Siège permette - après le retrait du décret d'excommunication qui frappe toujours ses évêques - d'aborder plus sereinement les points doctrinaux en litige", conclut Mgr Fellay.

Retour de la prière pour la "conversion" des juifs

Le centre Simon Wiesenthal s'inquiète de la présence d'une prière "pour la conversion des juifs" dans la messe en latin du vendredi saint libéralisée par le pape. Dans un communiqué, l'organisation juive "demande instamment à Benoît XVI de déclarer ce texte contraire à l'enseignement actuel de l'Eglise", conformément au concile Vatican II.
Dans les célébrations du vendredi saint antérieures à 1962, commémorant la mort du Christ, les catholiques priaient pour la conversion des "juifs perfides". Cette expression avait été supprimée en 1962, les fidèles priant ensuite "pour la conversion des juifs". En 1970, cette prière a été profondément transformée et les catholiques prient aujourd'hui "pour le peuple juif, le premier à avoir entendu la parole de Dieu".
Une note technique du Vatican publiée samedi précise que la prière du missel en latin sur les juifs est celle de 1962, qui comporte la prière pour leur conversion. En revanche "l'usage de la liturgie de la Semaine Sainte antérieure à l'édition de 1962 n'est pas licite", indique-t-elle, excluant donc la référence aux "juifs perfides". (avec AP)
Le Nouvel Obs
Les plus lus
A lire ensuite
En kiosque