Publicité

Le pape, les lapins et les enfants du bon dieu

Giuseppe Cacace/AP

FIGAROVOX/OPINION- Un des prêtres du diocèse des Yvelines réagit au propos du Pape François sur les familles nombreuses, les lapins et la paternité responsable.


Prêtre du diocèse de Versailles, le père Pierre Amar est l'un des rédacteurs du Padreblog


De retour de Manille après un voyage triomphal (il a notamment célébré la messe devant plus de 6 millions de personnes ce qui en fait le plus grand rassemblement humain connu de l'histoire) le Pape François a - comme souvent - eu recours à des propos qui bousculent. Interrogé sur la question de la natalité, il a précisé que le chrétien ne devait pas faire des enfants en série. «Certains croient que - pardonnez-moi l'expression - pour être de bons catholiques, on doit être comme des lapins» a-t-il déclaré.

En utilisant cette formule imagée, dont il prend d'ailleurs le soin d'excuser la limite, le Pape fait encore parler de lui. Et l'emballement médiatique laisse une nouvelle fois penser que la rupture est là. Enfin, le Pape «progressiste» va ouvrir toutes grandes les portes de la contraception!

Disons-le, cet emballement est injuste pour deux raisons:

-d'abord parce que le Pape développe justement son propos en citant un exemple, celui d'une femme qui a eu huit enfants dont sept par césarienne. C'est «tenter Dieu», «c'est vouloir faire huit orphelins!»… dit le Pape.

-ensuite parce que le Souverain Pontife prend le soin de se référer au document de son prédécesseur Paul VI: l'encyclique Humanae Vitae, publiée en juillet 1968. Cette dernière parlait de «paternité et de maternité responsables», des propos que le Pape François utilise à son tour en qualifiant ce texte, fondamental, de «prophétique».

En fait, il semble que beaucoup découvrent que le message de l'Eglise ne se limite pas à un jeu entre le permis et le défendu. Ce serait manquer de respect à l'homme que de croire que son existence se résume à un ensemble de feux verts et de feux rouges. La parole de l'Eglise n'est pas binaire. L'Evangile n'est pas un code de la route!

C'est en ce sens qu'elle propose les méthodes de régulation naturelle des naissances, qu'on caricature d'ailleurs souvent sans bien les connaître, et qui ont pour principal mérite de responsabiliser l'homme et la femme.

C'est peut-être tout le génie du Pape que d'avoir osé cette formule pour sortir d'une vision réductrice et donc faussée de la sexualité conjugale. Les couples chrétiens qui vivent du mieux qu'ils peuvent le message de l'Eglise le savent: oui, l'Evangile est exigeant et il n'a jamais été facile d'être chrétien. Mais cette exigence est au service d'un plus grand bonheur. En appelant à une paternité et une maternité généreuses et responsables, les Papes - du bienheureux Paul VI à François - disent que l'homme est capable du meilleur. Avoir de nombreux enfants, c'est aujourd'hui un choix courageux et généreux que l'Eglise reconnaît et valorise. Elle rend grâce quand les couples peuvent le faire. En même temps, elle invite tous les parents au discernement responsable sur leur capacité à assumer, éduquer et donc accueillir une nouvelle vie. C'est en ce sens qu'elle propose les méthodes de régulation naturelle des naissances, qu'on caricature d'ailleurs souvent sans bien les connaître, et qui ont pour principal mérite de responsabiliser l'homme et la femme.

En faisant cela, on sort de la logique qui vise à ne proposer aux couples que de simples moyens administratifs et techniques pour «gérer» leur fécondité. L'amour n'est pas un ensemble de recettes. Il interroge chacun d'entre nous sur la maîtrise de soi, le respect de son corps et du corps de l'autre, le sens de la responsabilité personnelle, le sens des liens dans l'amour partagé, de l'engagement et de la prise en compte des actes que l'on pose.

Nous assistons aujourd'hui à une impressionnante déstructuration des relations entre filles et garçons, avec ses inévitables retentissements sur le milieu familial et social. En même temps, l'emprise de l'Etat sur les corps et sur les consciences est de plus en plus manifeste, les familles sont mises hors jeu et les éducateurs hors-circuit.

L'ancien évêque de Belley-Ars avait eu des propos très clairs à ce sujet: «on assiste sans bruit à une régression sans précédent d'une civilisation qui a mis plusieurs millénaires à se construire. Comment ne pas alerter les esprits sur la gravité de cette logique destructrice mise en marche depuis déjà plusieurs décennies et qui va s'intensifiant?».

Une question qui ne manquera pas d'être posée par les milliers de manifestants de la prochaine «Marche pour la Vie» ce 25 janvier à Paris, qui a d'ailleurs reçu le soutien du pape François.

Sujet

Le pape, les lapins et les enfants du bon dieu

S'ABONNER
Partager

Partager via :

Plus d'options

S'abonner
17 commentaires
  • Claudec Figaro

    le

    Nous ne sommes pas des lapins
    «Certains croient que - pardonnez-moi l'expression - pour être de bons catholiques, on doit être comme des lapins» a déclaré le Pape François, à l'issue d'une visite rendue aux plus pauvres des pauvres, au cœur des bidonvilles d'extrême orient. Les athées et agnostiques les plus convaincus ne peuvent que saluer cette phrase lancée à la face du monde entier par le plus emblématique de ses guides spirituels, rejoignant ainsi dans leur croisade pour une population maîtrisée, les trop rares responsables de tous ordres qui ont pris conscience de cette nécessité et de la relation étroite entre notre démographie et notre condition sociale, dont elle est l'aboutissement.
    Qui peut douter qu'une population moins nombreuse et par conséquent moins prédatrice, plus frugale, bénéficierait plus sagement et plus longuement, dans un monde fini, d’un progrès au moins égal à celui auquel nous sommes parvenus, plutôt que de subir, toujours plus nombreux, sa dégradation par le simple effet du nombre ? L’écologie démographique, en somme. Lorsqu’il prêchait de croître et se multiplier, le Christ n’a pas enjoint à l’homme de le faire jusqu’au déraisonnable, même si à son époque démographie et statistique étaient encore ignorées. Pour approfondir cette réaction, interrogez votre navitaur avec " Abominable pyramide sociale".

À lire aussi