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Billet de blog 15 avril 2019

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A Notre-Dame de Paris

Je me promenais comme tous les jours dans Paris. En traversant le jardin du Luxembourg je vois une étrange fumée à 18h50. Je vais voir ce qu'il se passe.

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Je me promenais comme tous les jours dans Paris.
En traversant le jardin du Luxembourg je vois une étrange fumée à 18h50. Je vais voir ce qu'il se passe.
Boulevard Saint-Michel, à l'angle du musée de Cluny, la fumée s'épaissit (photo 1 à exactement 19H17).

Illustration 1
15 avril 2019 angle Boulmich © Françoise DEGERT


Je descends le Boulmich sans me presser, je passe rue Saint Séverin, rue Xavier Privas et j'arrive sur les quais.
Et là, je vois Notre Dame en feu . Il était 19H24

Illustration 2
15 avril 2019 Notre-Dame en feu © Françoise DEGERT

 
Je m'approche de la cathédrale. Surprise : je ne vois qu'une seule lance à incendie éteinte. Elle n'a commencé à arroser qu'à 19H30 (photo3, 19H34).

Illustration 3
15 avril 2019 ND vue du quai

La petite rosace au dessus de la grande rosace crachait déjà de la fumée noire. 
Je n'en reviens pas, je m'approche encore. Il est 19H34, toujours une seule lance à incendie.
La police nous ordonne alors de quitter le quai. Je me réfugie dans le jardin de la petite église Saint-Julien le pauvre. Le feu continue. On sent la chaleur. Photo 4, 19H37, prise depuis le jardin.

Illustration 4
15 avril 2019 ND vue du jardin © Françoise DEGERT

Le feu s'étend sur la toiture, vers les tours.
Puis la police fait évacuer le jardin après ... en avoir fermé les portes. On est coincés. Finalement elle rouvre la porte qui donne devant l'église Saint-Julien le pauvre, vers la rue Saint-Jacques. La foule sort et regarde hébétée l'incendie. Les touristes en nombre mitraillent, les Parisiens ont la gorge serrée, certains pleurent, j'ai vu des Espagnoles prier. La fumée noire envahit les tours, le feu s'étend sur la toiture. Je ne prends plus de photos. Soudain la toiture s'effondre, la foule crie. La gorge très serrée, je rentre chez moi, à pied. Je pense aux magnifiques rosaces dont le savoir faire a disparu à jamais. 
On m'appelle et j'apprends que le feu a pris dans les combles à 18H30, là où il y avait des travaux de restauration. Commencent alors les questions.

1 - A quelle heure sont arrivés les pompiers de Paris ? Il leur est déjà arrivé de mettre 20 minutes pour intervenir dans un immeuble situé (rue de la Santé) à même pas 10 minutes de la caserne. Incendie qui s'est soldé par un mort... Aujourd'hui Paris était calme. Il n'y avait aucune manifestation, pas de gilets jaunes... On ne sait jamais, on aurait pu leur mettre la responsabilité d'un retard des pompiers sur le dos. Et pourquoi n'y avait-il qu'une seule lance à incendie, laquelle lance n'a démarré qu'à 19H30 soit 1 heure après le début de l'incendie ?

2 - Ce n'est pas la première fois que les travaux de restauration provoquent des incendies. On se souvient de celui de l'hôtel de ville de La Rochelle, fraîchement rénové. La qualité du travail est en cause. Certainement aussi les marchés publics. A-t-on favorisé le moins disant pour faire des économies ? A-t-on mis les travaux de restauration entre les mains de compagnons du devoir, les seuls à avoir conservé le savoir faire et dont la rigueur offre un travail irréprochable, y compris pour les travaux d'électricité et de plomberie ? Quelles sociétés sont intervenues dans les travaux ? Qui les a contrôlées ?

Notre-Dame de Paris a traversé les siècles sans histoire, malgré les révolutions. Les communards n'ont incendié que les lieux de pouvoir. Aucune église n'a été touchée. Notre-Dame est-elle victime de la suffisance et de la connerie des énarques néo-libéraux au pouvoir ? Ce ne serait pas étonnant.

Cathédrale Notre-Dame de Paris - Sonnerie du Grand Solemnel - 10 cloches en Plenum © BJFM 91400
Inaccessible Notre-Dame 3ème Partie © mairiedeparis
Toccata et Fugue en ré mineur BWV 565 de Jean-Sébastien Bach © NR
Salve Regina, Agnus Dei © Olivier Latry à l'orgue, Yves Castagnet, choeurs
Toccata et Fugue en ré mineur BWV 565 de Jean-Sébastien Bach © NR

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