Viganò : L'Église a effacé effacé deux mille ans de l'inestimable patrimoine de foi
Mgr Vigano a rédigé en août une préface au livre du Dr Robert Hickson qui vient d’être publié aux Etats-Unis. C’est une analyse méta-politique ou plus exactement méta-dogmatique de l’état moral de nos sociétés modernes et les causes de cet état. La préface de Mgr Vigano :
La mémoire est un élément fondamental de l'identité, de la civilisation et de la culture d'un peuple : une société sans mémoire, dont le patrimoine consiste uniquement en un présent sans passé, est condamnée à ne pas avoir d'avenir. Il est alarmant de constater que cette perte de mémoire collective affecte non seulement les nations chrétiennes, mais aussi gravement afflige l'Église catholique elle-même et, par conséquent, les catholiques.
Cette amnésie affecte toutes les classes sociales et n'est pas le résultat du hasard, mais d'un travail systématique de la part de ceux qui, en tant qu'ennemis du Vrai, du Bien et du Beau, doivent effacer tout signe de ces attributs divins même des aspects les plus marginaux de la vie sociale, de nos idiomes, des souvenirs de notre enfance et des comtes de nos grands-parents. L'action orwellienne visant à remodeler artificiellement le passé est devenue courante dans le monde contemporain, au point qu'une classe de lycéens est incapable de reconnaître un retable représentant une scène de la vie du Christ ou un bas-relief représentant l'un des plus vénérés saints du passé. Le Dr Robert Hickson appelle cette incapacité « manque de compréhension dogmatique », « l'analphabétisme catholique de proportions pestilentielles ».
Tabula rasa : des millions d'âmes qui, il y a seulement vingt ou trente ans, auraient immédiatement identifié le Baptême du Seigneur au Jourdain ou Saint Jérôme ou Sainte Marie-Madeleine ne sont plus capables que de voir que deux hommes le long d'un fleuve, un vieil homme avec un lion et une femme avec un vase. En lisant les pages de Dante, Manzoni ou l'un des grands écrivains chrétiens du passé, de nombreux catholiques ne peuvent plus saisir le sens moral et transcendant d'une culture qui n'est plus leur héritage commun, un héritage jalousement gardé, la racine profonde d'une plante robuste et pleine de fruits.
Nous avons, à la place, un paquet de déchets confus des mythes de la Révolution, le répertoire idéologique maçonnique poussiéreux et l'iconographie d'une prétendue liberté gagnée par la guillotine, avec la persécution de l'Église, le martyre des catholiques au Mexique et en Espagne, la fin de la tyrannie des rois et des papes et le triomphe des banquiers et des usuriers.
Des lignées de rois, de saints et de héros sont ignorés par ses héritiers, qui se prévalent de leurs ancêtres qui étaient des criminels, des usurpateurs et des traîtres séditieux : jamais la falsification n'a atteint à ce point une telle perversion incompréhensible, et il est évident que le désir créer artificiellement une telle ascendance est la prémisse nécessaire pour la barbarisation de notre progéniture, qui est maintenant pratiquement accomplie.
Nous devons également reconnaître que cette éviction a trouvé un encouragement significatif également parmi ceux qui, au sein de l'Église catholique, ont effacé deux mille ans de l'inestimable patrimoine de foi, de spiritualité et d'art, à commencer par un sentiment d'infériorité misérable inculqué aux fidèles même par la Hiérarchie depuis Vatican II. L'ancienne liturgie apostolique, sur laquelle se sont façonnés des siècles de compositions poétiques, de mosaïques, de fresques, de peintures, de sculptures, de vases ciselés, de chorales enluminés, de vêtements brodés, de plaines et de polyphonie, a été proscrite.
A sa place, nous avons maintenant un rite sordide sans racines, né de la plume des conspirateurs trempée dans l'encrier du protestantisme ; une musique qui n'est plus sacrée mais profane ; vêtements liturgiques insipides et vases sacrés faits de matériaux non nobles (Ndt « common »). Et comme contrepoint gris aux hymnes de saint Ambroise et de saint Thomas, nous avons maintenant de pauvres paraphrases sans métrique et sans âme, des peintures grotesques et des sculptures inquiétantes.
La suppression des admirables écrits des Pères de l'Église, des œuvres des mystiques, des dissertations savantes des théologiens et des philosophes et, en dernière analyse, de la Sainte Écriture elle-même - dont l'inspiration divine est parfois niée, affirmant le sacrilège selon lequel elle serait simplement d'origine humaine - ont tous constitué des étapes nécessaires pour pouvoir se prévaloir du crédit accordé aux nouveautés mondaines, qui devant ces monuments de l'ingéniosité humaine éclairés par la grâce apparaissent comme de misérables contrefaçons.
Cette absence de beauté est la contrepartie nécessaire d'une absence de sainteté, car là où le Seigneur de toutes choses est oublié et banni, même l'apparence de la Beauté ne survit pas. Et ce n'est pas seulement la Beauté qui a été bannie : la Vérité catholique a été bannie avec elle, dans toute sa splendeur cristalline, dans toute sa consistance éblouissante, dans toute sa capacité irrépressible à imprégner toutes les sphères de la civilisation. Parce que la Vérité est éternelle, immuable et conflictuelle : elle a existé hier, elle existe aujourd'hui et elle existera demain, aussi éternelle et immuable et conflictuelle que la Parole de Dieu.
Certes, derrière cette amnésie induite, il y a une hérésie trinitaire. Et là où se cache le Trompeur, l'éternelle Vérité de Dieu doit être obscurcie afin de faire place au mensonge, à la trahison de la réalité, au déni du passé. Dans un faux qui est vraiment un faux criminel, même les gardiens du depositum fidei demandent pardon au monde pour des péchés jamais commis par nos pères - au nom de Dieu, de la religion ou de la patrie - soutenant ainsi la falsification historique la plus large et la plus articulée portée par les ennemis de Dieu. Et cela trahit non seulement l'ignorance de l'Histoire [à mon avis Mgr Vigano fait involontairement un contresens à sa pensée mais je le traduis tel quel « this betrays not only the ignorance of History »] ce qui est déjà coupable, mais aussi la mauvaise foi coupable et la volonté malveillante de tromper les simples.
Redécouvrir la mémoire, même en littérature, est un travail méritoire et nécessaire pour la restauration du christianisme, une restauration qui s'impose aujourd'hui plus que jamais si nous voulons confier à nos enfants un héritage à préserver et à transmettre comme signe tangible de l’intervention de Dieu dans l'histoire du genre humain : tout ce que la Providence a accompli au cours des siècles - et que cet art a immortalisé en dépeignant des miracles, les victoires des chrétiens sur le Turc, des souverains agenouillés aux pieds de la Vierge, des saints patrons de célèbres universités et des corporations prospères - ne peuvent être renouvelé aujourd'hui et surtout demain, que si seulement nous pouvons redécouvrir notre passé et le comprendre à la lumière du mystère de la Rédemption.
Ce livre propose le noble objectif de restaurer la mémoire catholique, de la ramener à son ancienne splendeur, c'est-à-dire à la substance d'un passé harmonieux et organique qui a grandi et qui vit encore aujourd'hui, tout comme les traits héréditaires d'un enfant se trouvent développés en l'homme adulte, ou tout comme le principe vital de la graine, se trouve dans la sève de l'arbre et dans la pulpe du fruit. Robert Hickson nous montre à juste titre, dans la restauration de la mémoire, la manière de redécouvrir la foi partagée qui façonne les traits d'une culture catholique partagée.
En ce sens, il est significatif - je dirais extrêmement approprié, ne serait-ce que par analogie - d'avoir également inclus la littérature chrétienne parmi les sacramentaux, en y appliquant la même chose que celle de l'eau bénite, la lueur des bougies, la sonnerie des cloches, le chant liturgique : l'invocation de la Vierge dans le trente-troisième chant du Paradiso de Dante, le dialogue du cardinal Borromée avec l' Innominato, et un passage de Chesterton rendent tous présents des vérités catholiques dans notre esprit et, d'une certaine manière, ils réalisent ce qu'ils signifient et peuvent influencer la vie spirituelle, en l'élargissant et en la complétant.
À cause de ce mystère de la miséricorde insondable de Dieu, nous sommes touchés dans nos âmes, émus aux larmes, inspirés par le Bien, poussés à la conversion. Mais c'est aussi ce qui se passe lorsque nous contemplons un retable ou écoutons une composition de musique sacrée, dans laquelle un rayon de perfection divine éclate dans la grisaille de la vie quotidienne et nous montre la splendeur du Royaume qui nous attend.
L'auteur écrit : « Nous sommes appelés à l'engagement de retrouver la vie et la pleine mémoire du Corps du Christ, même si à nos yeux nous ne pouvons pas faire grand-chose pour reconstruire ce Corps ». Mais le Seigneur ne nous demande pas d'accomplir des miracles : il nous invite à les rendre possibles, à créer les conditions dans nos âmes et dans nos corps sociaux pour que les merveilles de la toute-puissance divine se manifestent. Nous ouvrir au passé, à la mémoire des grandes actions de Dieu dans l'histoire, est une condition sine qua non pour les rendre possibles pour nous permettre de prendre conscience de notre identité et de notre destin aujourd'hui afin que nous puissions rétablir le royaume du Christ demain.
+ Carlo Maria Viganò
Archevêque titulaire d'Ulpiana
Nonce apostolique
28 août 2020 Évêque, confesseur et docteur de l'Église saint Augustin
La mémoire est un élément fondamental de l'identité, de la civilisation et de la culture d'un peuple : une société sans mémoire, dont le patrimoine consiste uniquement en un présent sans passé, est condamnée à ne pas avoir d'avenir. Il est alarmant de constater que cette perte de mémoire collective affecte non seulement les nations chrétiennes, mais aussi gravement afflige l'Église catholique elle-même et, par conséquent, les catholiques.
Cette amnésie affecte toutes les classes sociales et n'est pas le résultat du hasard, mais d'un travail systématique de la part de ceux qui, en tant qu'ennemis du Vrai, du Bien et du Beau, doivent effacer tout signe de ces attributs divins même des aspects les plus marginaux de la vie sociale, de nos idiomes, des souvenirs de notre enfance et des comtes de nos grands-parents. L'action orwellienne visant à remodeler artificiellement le passé est devenue courante dans le monde contemporain, au point qu'une classe de lycéens est incapable de reconnaître un retable représentant une scène de la vie du Christ ou un bas-relief représentant l'un des plus vénérés saints du passé. Le Dr Robert Hickson appelle cette incapacité « manque de compréhension dogmatique », « l'analphabétisme catholique de proportions pestilentielles ».
Tabula rasa : des millions d'âmes qui, il y a seulement vingt ou trente ans, auraient immédiatement identifié le Baptême du Seigneur au Jourdain ou Saint Jérôme ou Sainte Marie-Madeleine ne sont plus capables que de voir que deux hommes le long d'un fleuve, un vieil homme avec un lion et une femme avec un vase. En lisant les pages de Dante, Manzoni ou l'un des grands écrivains chrétiens du passé, de nombreux catholiques ne peuvent plus saisir le sens moral et transcendant d'une culture qui n'est plus leur héritage commun, un héritage jalousement gardé, la racine profonde d'une plante robuste et pleine de fruits.
Nous avons, à la place, un paquet de déchets confus des mythes de la Révolution, le répertoire idéologique maçonnique poussiéreux et l'iconographie d'une prétendue liberté gagnée par la guillotine, avec la persécution de l'Église, le martyre des catholiques au Mexique et en Espagne, la fin de la tyrannie des rois et des papes et le triomphe des banquiers et des usuriers.
Des lignées de rois, de saints et de héros sont ignorés par ses héritiers, qui se prévalent de leurs ancêtres qui étaient des criminels, des usurpateurs et des traîtres séditieux : jamais la falsification n'a atteint à ce point une telle perversion incompréhensible, et il est évident que le désir créer artificiellement une telle ascendance est la prémisse nécessaire pour la barbarisation de notre progéniture, qui est maintenant pratiquement accomplie.
Nous devons également reconnaître que cette éviction a trouvé un encouragement significatif également parmi ceux qui, au sein de l'Église catholique, ont effacé deux mille ans de l'inestimable patrimoine de foi, de spiritualité et d'art, à commencer par un sentiment d'infériorité misérable inculqué aux fidèles même par la Hiérarchie depuis Vatican II. L'ancienne liturgie apostolique, sur laquelle se sont façonnés des siècles de compositions poétiques, de mosaïques, de fresques, de peintures, de sculptures, de vases ciselés, de chorales enluminés, de vêtements brodés, de plaines et de polyphonie, a été proscrite.
A sa place, nous avons maintenant un rite sordide sans racines, né de la plume des conspirateurs trempée dans l'encrier du protestantisme ; une musique qui n'est plus sacrée mais profane ; vêtements liturgiques insipides et vases sacrés faits de matériaux non nobles (Ndt « common »). Et comme contrepoint gris aux hymnes de saint Ambroise et de saint Thomas, nous avons maintenant de pauvres paraphrases sans métrique et sans âme, des peintures grotesques et des sculptures inquiétantes.
La suppression des admirables écrits des Pères de l'Église, des œuvres des mystiques, des dissertations savantes des théologiens et des philosophes et, en dernière analyse, de la Sainte Écriture elle-même - dont l'inspiration divine est parfois niée, affirmant le sacrilège selon lequel elle serait simplement d'origine humaine - ont tous constitué des étapes nécessaires pour pouvoir se prévaloir du crédit accordé aux nouveautés mondaines, qui devant ces monuments de l'ingéniosité humaine éclairés par la grâce apparaissent comme de misérables contrefaçons.
Cette absence de beauté est la contrepartie nécessaire d'une absence de sainteté, car là où le Seigneur de toutes choses est oublié et banni, même l'apparence de la Beauté ne survit pas. Et ce n'est pas seulement la Beauté qui a été bannie : la Vérité catholique a été bannie avec elle, dans toute sa splendeur cristalline, dans toute sa consistance éblouissante, dans toute sa capacité irrépressible à imprégner toutes les sphères de la civilisation. Parce que la Vérité est éternelle, immuable et conflictuelle : elle a existé hier, elle existe aujourd'hui et elle existera demain, aussi éternelle et immuable et conflictuelle que la Parole de Dieu.
Certes, derrière cette amnésie induite, il y a une hérésie trinitaire. Et là où se cache le Trompeur, l'éternelle Vérité de Dieu doit être obscurcie afin de faire place au mensonge, à la trahison de la réalité, au déni du passé. Dans un faux qui est vraiment un faux criminel, même les gardiens du depositum fidei demandent pardon au monde pour des péchés jamais commis par nos pères - au nom de Dieu, de la religion ou de la patrie - soutenant ainsi la falsification historique la plus large et la plus articulée portée par les ennemis de Dieu. Et cela trahit non seulement l'ignorance de l'Histoire [à mon avis Mgr Vigano fait involontairement un contresens à sa pensée mais je le traduis tel quel « this betrays not only the ignorance of History »] ce qui est déjà coupable, mais aussi la mauvaise foi coupable et la volonté malveillante de tromper les simples.
Redécouvrir la mémoire, même en littérature, est un travail méritoire et nécessaire pour la restauration du christianisme, une restauration qui s'impose aujourd'hui plus que jamais si nous voulons confier à nos enfants un héritage à préserver et à transmettre comme signe tangible de l’intervention de Dieu dans l'histoire du genre humain : tout ce que la Providence a accompli au cours des siècles - et que cet art a immortalisé en dépeignant des miracles, les victoires des chrétiens sur le Turc, des souverains agenouillés aux pieds de la Vierge, des saints patrons de célèbres universités et des corporations prospères - ne peuvent être renouvelé aujourd'hui et surtout demain, que si seulement nous pouvons redécouvrir notre passé et le comprendre à la lumière du mystère de la Rédemption.
Ce livre propose le noble objectif de restaurer la mémoire catholique, de la ramener à son ancienne splendeur, c'est-à-dire à la substance d'un passé harmonieux et organique qui a grandi et qui vit encore aujourd'hui, tout comme les traits héréditaires d'un enfant se trouvent développés en l'homme adulte, ou tout comme le principe vital de la graine, se trouve dans la sève de l'arbre et dans la pulpe du fruit. Robert Hickson nous montre à juste titre, dans la restauration de la mémoire, la manière de redécouvrir la foi partagée qui façonne les traits d'une culture catholique partagée.
En ce sens, il est significatif - je dirais extrêmement approprié, ne serait-ce que par analogie - d'avoir également inclus la littérature chrétienne parmi les sacramentaux, en y appliquant la même chose que celle de l'eau bénite, la lueur des bougies, la sonnerie des cloches, le chant liturgique : l'invocation de la Vierge dans le trente-troisième chant du Paradiso de Dante, le dialogue du cardinal Borromée avec l' Innominato, et un passage de Chesterton rendent tous présents des vérités catholiques dans notre esprit et, d'une certaine manière, ils réalisent ce qu'ils signifient et peuvent influencer la vie spirituelle, en l'élargissant et en la complétant.
À cause de ce mystère de la miséricorde insondable de Dieu, nous sommes touchés dans nos âmes, émus aux larmes, inspirés par le Bien, poussés à la conversion. Mais c'est aussi ce qui se passe lorsque nous contemplons un retable ou écoutons une composition de musique sacrée, dans laquelle un rayon de perfection divine éclate dans la grisaille de la vie quotidienne et nous montre la splendeur du Royaume qui nous attend.
L'auteur écrit : « Nous sommes appelés à l'engagement de retrouver la vie et la pleine mémoire du Corps du Christ, même si à nos yeux nous ne pouvons pas faire grand-chose pour reconstruire ce Corps ». Mais le Seigneur ne nous demande pas d'accomplir des miracles : il nous invite à les rendre possibles, à créer les conditions dans nos âmes et dans nos corps sociaux pour que les merveilles de la toute-puissance divine se manifestent. Nous ouvrir au passé, à la mémoire des grandes actions de Dieu dans l'histoire, est une condition sine qua non pour les rendre possibles pour nous permettre de prendre conscience de notre identité et de notre destin aujourd'hui afin que nous puissions rétablir le royaume du Christ demain.
+ Carlo Maria Viganò
Archevêque titulaire d'Ulpiana
Nonce apostolique
28 août 2020 Évêque, confesseur et docteur de l'Église saint Augustin