Un Dieu format de poche

(Ce texte a été publié dans la revue En Route no 27 automne 2009)

De Paul VI à Benoît XVI, sans oublier l'historique règne de Jean-Paul II, l'Église catholique est passée par une incroyable panoplie de tourments, de consternations et d'aberrations.

Sur le plan moral, doctrinal, liturgique et disciplinaire, elle en a vu de toutes les couleurs. Au cours de la dernière décennie, de trop nombreux prêtres, évêques, théologiens et laïcs, dits catholiques, ont jeté allègrement beaucoup de sable dans l'engrenage, justifiant leur rébellion en invoquant à tort « l'esprit du Concile Vatican II ». Voilà comment, en ce début du 21e siècle, on a accouché d'un Dieu format de poche.

De très puissantes forces obscures sont à l'œuvre dans notre monde qui tente d'affaiblir et de modifier la Parole de Dieu pour l'adapter aux grands courants à la mode.

Nous sommes obsédés par le syndrome de l'accommodement raisonnable. Alors, les gens ont tendance à modeler l'Évangile de la manière qui convient le mieux à leurs besoins et à leurs passions. On veut un Dieu passe-partout qu'on peut emporter avec nous et envoyer faire des courses selon notre convenance.

Ce Dieu format de poche est de plus en plus répandu. On le proclame en chaire, dans des mouvements et rassemblements de chrétiens, dans des émissions religieuses à la télévision, dans certaines facultés théologiques, etc. On l'annonce dans de savants traités de théologie et d'exégèse post-modernes.

Notre portrait de Dieu a tellement rétréci qu'on s'est créé une petite divinité à l'eau de rose pour mieux endormir notre conscience morale à la dérive.

Dans ce contexte jovialiste, les croyants n'ont plus à rendre des comptes, ni à devenir responsables de leurs actions. Voilà pourquoi nous ne voyons plus Dieu comme le Créateur et surtout pas comme Celui qui nous jugera. On crie haut et fort que Dieu est Amour, point à la ligne !! !! Il nous accepte tels que nous sommes et Il ne nous condamnera jamais. Avec un tel discours, c'est maintenant Dieu qui doit s'ajuster à nos plans et à notre style de vie, même si nous nous moquons de ses lois.

Notre Dieu format de poche est devenu une vedette au Québec. Il faut y adhérer sous peine de passer pour un ignoble intégriste. Dans ce contexte, les fausses doctrines foisonnent un peu partout ; l'enseignement du Magistère est souvent ridiculisé ; les commandements de Dieu sont ratatinés et la morale de l'Église est passée au tordeur par nos modernistes.

N'oublions pas que la véritable Église de Dieu descend du Ciel et que le faux système religieux monte de la terre.

Le Dieu format de poche est un ami intime du monde en pleine décadence ; il s'ajuste très facilement aux idées à la mode et à la morale de notre société païenne. C'est un Dieu " cool " et jovialiste qui enseigne un évangile fort séduisant et perverti, en ne nous faisant miroiter qu'un côté de la médaille.

Il faut donc faire preuve d'un profond discernement, car nous assistons à une réduction humaine de l'Évangile.

De plus en plus, en Occident, les beaux discours théologiques et catéchétiques sentent l'apostasie et l'hérésie.

Nous devons prendre position et donner notre allégeance à la véritable Parole de Dieu et au successeur de Pierre. On ne peut plus faire confiance aux grands ténors rebelles qui font la promotion du Dieu format de poche.

Avec ce Dieu bonasse, on a réduit l'Évangile à une psychologie de bons sentiments. « Ne t'inquiète pas…… Dieu est un tsunami d'amour…… Ne te sens coupable de rien, car tout le monde va directement au ciel…… L'enfer et le purgatoire n'ont jamais existé…… Amuse-toi…… Profite de la vie…… Dieu ne te juge pas…… etc. »

Nous avons là une Parole amputée qui s'attache uniquement à la grâce divine, ignorant volontairement la loi et le jugement, deux sujets « tabou » mis à l'index par notre intelligence catholique post-moderne.

Le Dieu format de poche accepte le divorce, l'avortement, l'amour libre, le sacerdoce des femmes, le mariage des prêtres, l'homosexualité, le mariage gai, etc. Il suit la tendance. Ce Dieu conciliant et surtout Pas exigeant est un torrent de tolérance et de compréhension.

« Il m'aime comme je suis », affirment plusieurs prêtres, laissant sous-entendre que je n'ai pas à me repentir de quoi que ce soit, ni à changer de vie, même si mon comportement va directement à l'encontre des commandements de Dieu. Tout va bien, madame la marquise.

Mon Dieu format de poche m'accepte tel que je suis, même si je me complais à vivre dans mes doux péchés.

Depuis quelques décennies, nos catholiques ont été flattés dans le sens du poil. On les a invités à passer par la porte large de la jouissance, du plaisir et de la complaisance. Avec le Dieu format de poche, sont-ils revenus pour autant à la pratique religieuse ?

Absolument pas ! ! Ce Dieu accommodant, prêché et annoncé comme du succulent bonbon, n'a pas produit de bons fruits. Les églises continuent de se vider ! Alors, notre Dieu format de poche ne serait-il pas plutôt un terrible imposteur qui empoisonne nos églises locales !

On a joyeusement oublié l'ordre du Seigneur répété avec insistance : Va et ne pèche plus.
(Paul-André Deschesnes)

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