Fouilles du cimetière d’Atlit, en Terre Sainte , sur les tombes des croisés.
CNRS Sur les tombes des croisés | Reportage CNRS
Mission cimetière croisé d’Atlit : premiers sondages archéologiques (10-18 mai 2015)
journals.openedition.org/bcrfj/7402
Reportage de 43 min CNRS
www.delitdimages.org/la-fouille-du-c…
Le cimetière chrétien d’Atlit, au nord d’Israël, abrite des milliers de tombes du XIIIe siècle, à l’époque des dernières implantations croisées en Terre sainte.
Situé à proximité du Château Pèlerin, édifice bâti en 1218 et confié aux Templiers en 1220, cet espace funéraire, renfermant plusieurs milliers d’inhumations, est le cimetière le mieux conservé des royaumes latins d’Orient et son étude permet d’apporter des données inédites sur les pratiques funéraires en Orient latin.
Depuis sa découverte et sa restauration en 1934, le site n’a pourtant fait l’objet d’aucune opération archéologique. En 2015, une équipe pluridisciplinaire a ainsi entrepris des sondages archéologiques sur ce site exceptionnel afin de tenter de comprendre son organisation et de préciser l’identité des inhumés.
ATLIT
Située au sud d 'Haifa
La commune est fondée en 1903 sur les terres du baron de Rothschild, et le nom qui lui est donné se réfère au fort médiéval de Atlit, ou Château Pèlerin, bâti sur les lieux à l'époque croisée, et dont les vestiges des murailles s'étendent aujourd'hui au nord de la ville.
Atlit est mentionnée de nouveau à l'époque des premières immigrations en Terre d'Israël, à la suite de la construction de la station d'expérimentation agricole, fondée en 1910 par le botaniste originaire de Zihron Yaakov, Aharon Aharonson, précurseur, en 1906, de l'exploitation du blé sauvage dans la région de Rosh Pina. Aharonson est également l'un des fondateurs du groupe d'espionnage Nili, qui s'engage au service des Britanniques à l'encontre des Turcs durant la Première Guerre mondiale. La station d'expérimentation sert alors de base au Nili et de point de communication avec les bateaux britanniques postés face à la plage de Atlit.
Mission Atlit : un cimetière franc du xiiie siècle
Du 21 mai au 8 juin 2018 la mission Atlit, dirigée par Y. Gleize (Inrap, UMR 5199 PACEA), conduira une troisième campagne de fouilles sur le site du cimetière de Château-Pèlerin, avec le soutien financier appuyé du CRFJ, de l’UMR 5199, et de la commission des fouilles du MEAE.
Les fouilles de cimetières des royaumes latins d’Orient ou de châteaux apportent des connaissances archéologiques précises sur les croisades au Moyen-Age. En témoigne par exemple les recherches actuellement conduites par l’université de Haïfa sur le château de Montfort qui fut le siège des chevaliers de l’ordre teutonique de 1227 à 1271.
Le cimetière d’Atlit présente, de par sa conservation et son étendue, les conditions idéales pour l’étude systématique d’un cimetière du Royaume franc de Jérusalem. En 2015, trois secteurs distincts avaient été choisis suivant les différences typologiques constatées et la densité des marqueurs de surface conservés ; six tombes avaient été fouillées.
En 2016, les fouilles ont porté sur le secteur 2, caractérisé par une grande diversité typologique et par de nombreux recoupements de tombes permettant d’apporter des éléments de chronologie relative. La découverte de nouvelles tombes non marquées et d’ossements en position secondaire confirme la très forte densité des inhumations.
Des éléments nouveaux permettent une meilleure compréhension des systèmes de fermeture des fosses, ainsi que de la gestion des ossements déplacés.
Parmi les découvertes significatives, on signalera un nouveau cas de traces de violence ; la mise au jour d’un cercueil cloué contenant les dépouilles de deux enfants décédés en bas âge ; la mise au jour d’une pointe métallique, vraisemblablement l’extrémité d’un bâton de pèlerin, associée à la dépouille d’une personne âgée inhumée en position de prière, les mains croisées sur la poitrine.
Ces premiers résultats montrent toute l’importance de poursuivre l’exploration archéologique du cimetière d’Atlit en raison de la qualité des vestiges. L’objectif du projet quadriennal est la poursuite de la fouille des trois secteurs ouverts afin de travailler sur des zones d’inhumations distinctes mais aussi d’analyser les données biologiques (âge, sexe), les traumatismes liés à de possibles évènements belliqueux et ainsi de discuter le statut des défunts.
Outre l’analyse proprement dite des pratiques funéraires, la particularité de ce site exceptionnel permet de s’interroger sur son organisation et son recrutement. Le croisement des données archéologiques et anthropologiques permettra d’analyser les transformations que le site a connues.
La proximité du Château Pèlerin et les dalles observées (certaines monumentales) posent ainsi de nombreuses questions concernant l’identité des inhumés. Quelle part de la population a eu accès au cimetière ? Quelle est la place des femmes et des enfants dans ce contexte ? Est-ce que l’on a inhumé des communautés distinctes ? Est-ce que toutes les tombes peuvent être reliées à l’occupation chrétienne du site ?
La campagne 2016, malgré sa brièveté (six jours) a confirmé la faisabilité du projet, la conservation remarquable des restes osseux et la densité très importante des inhumations. Ces travaux ont suscité un grand intérêt de la part de l’IAA et des archéologues israéliens, ainsi que des communautés et institutions locales à Atlit et Haïfa.
Comme en 2015, Y. Gleize a donné le 22 juin 2016 une conférence à l’Institut français de Haïfa sur “Le cimetière franc d’Atlit : bilan des fouilles 2015 et premières données de la campagne 2016”.
Une fenêtre d’opportunité est aujourd’hui ouverte avec Atlit pour conduire une étude ambitieuse d’archéologie funéraire en Israël – domaine d’investigation resté très limité dans un pays où de forts tabous religieux entourent généralement les tombes.
Ajoutons qu’en 2018, se tiendra à l’Université de Haïfa le colloque international “The Latin East in the 13th Century”, en lien avec le huitième centenaire de la construction du château d’Atlit. Il est d’autant plus regrettable que la mission “Cimetière des croisés d’Atlit” n’ait pas été retenue, pour la troisième année consécutive, par la Commission consultative des recherches archéologiques du MAEDI.
www.crfj.org/atlit/
latribunedeterresainte.com/…/focus-sur-les-f…