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Ludovic Denim
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Alain Decaux raconte Philby, l'espion du KGB | Archive INA.

Alain DECAUX nous fait plonger dans le monde trouble de l'espionnage avec cette émission consacrée à Kim PHILBY (1912-1988), agent double britannique, membre du MI6, et espion à la solde du KGB au profit duquel il trahi durant la Guerre froide.

Vidéo originale : www.youtube.com/watch
Cela est lié à l'apparition de Fatima de façon incontestable.


Nous suivons le parcours du maître-espion de sa jeunesse jusqu'à sa défection et son passage définitif à l'Est au début des années 60. PHILBY était le fils d'un orientaliste réputé, diplomate (et... espion), qui fut le grand rival du légendaire Lawrence d'Arabie.

La personnalité hors du commun du père a certainement profondément marqué le fils et joué un rôle dans ses choix. Issu de la petite noblesse anglaise, il fait ses études à Cambridge où il y rencontre ses futurs collègues d'infortune (ou de fortune ?) dans l'espionnage, et avec qui il formera ce qui restera dans l'histoire comme le célèbre Groupe de Cambridge ou les Cinq de Cambridge (Guy BURGESS, Anthony BLUNT, John CAIRNCROSS et Donald MACLEAN).

PHILBY, jeune homme brillant, est remarqué en 1930 par l'un de ses professeurs, communiste, qui l'aiguillera vers le GPU (ancêtre du KGB) pour lequel il accepte de travailler afin, selon lui, de combattre la montée du nazisme.

Dans le cadre de son activité clandestine, il part en Espagne durant la Guerre civile, officiellement, en tant que journaliste, il y sera blessé et décoré par FRANCO en personne, anti-communiste viscéral. Dès les premiers mois de la Seconde Guerre mondiale, il intègre le MI6, service de renseignement britannique, le fameux Intelligence Service. A la fin de la guerre, il est nommé à la tête de la nouvelle section chargée de la lutte anti-communiste, place évidemment de choix de laquelle il transmettra des informations confidentielles aux Soviétiques (à noter que plusieurs agents britanniques disparaîtront suite au "travail" de PHILBY, lequel n'en éprouvera jamais le moindre remords, se contentant de déclarer qu'ils savaient les risques qu'ils prenaient).

PHILBY est affecté ensuite à Washington en 1949 et il y retrouve ses complices, MCLEAN et BURGESS, diplomates, que la CIA soupçonne d'avoir transmis à l'URSS des informations top-secret sur le programme nucléaire militaire US. Sentant le vent tourner, MCLEAN et BURGESS font défection en 1951, passent à l'Est, et les soupçons américains commencent à se porter sur PHILBY.

Écarté à titre préventif de son poste par les autorités britanniques (nous sommes en pleine Guerre froide), il fait l'objet d'une enquête approfondie mais est blanchi (donc pas si approfondie que ça, apparemment NDD) par Harold MACMILLAN, Secrétaire au Foreign Office, devant les Communes en octobre 1955.

Au cours d'une célèbre conférence de presse, il dément avec aplomb (ce qui est somme toute le propre d'un agent double NDD) les "rumeurs grotesques" de sa trahison (les Américains, sûrs de leur fait, confirmeront leurs accusations mais PHILBY sera néanmoins "protégé" par l'establishment politique britannique, certainement grâce à - ou à cause de - ses origines sociales, la notoriété de son père, et le risque de scandale, voire de ridicule, lié à une condamnation).

Définitivement exclu du MI6, PHILBY s'installe à Beyrouth comme correspondant de guerre et y couvrira la crise de Suez en 1956 (il continue de jouer les espions "en free-lance" pour l'Intelligence Service qui n'a cependant plus aucune illusion sur lui). En janvier 1963, il se décide à passer définitivement en Union soviétique, probablement avec l'accord tacite du gouvernement britannique afin d'éviter un procès à scandale. Pour l'histoire (de l'espionnage, du moins), de par sa personnalité, sa morgue et son snobisme "so british", mais aussi du fait des dégâts considérables qu'il provoqua dans les Services occidentaux, PHILBY restera le plus emblématique de tous les transfuges de la Guerre froide.