Les Croisades : Genèse

Écouter l’article

INTRODUCTION

Combien de fois n’ai-je eu affaire à un contradicteur invoquant les croisades, pensant ainsi discréditer l’âge d’or de la France et de l’Europe Catholique ? Le syndrome du perroquet est une véritable pandémie, et si nous l’avons vu à l’œuvre du temps de la Tyrannie Sanitaire et des débuts de la guerre fratricide Russo-Ukrainienne, combien davantage ne le subissons nous pas, quand il s’agit pour autrui, d’honnir et mépriser le Christianisme par une diatribe non étayée et préconçue par les ennemis de la Sainte Eglise (ex : Sorcières brulées, Persécutions des hérétiques, papes opulents, Sainte Écritures trafiquées, Opium du Peuple et enfin « l’horreur des croisades »). Quand elles ne sont pas entièrement fausses, ces accusations sont le plus souvent outrageusement amplifiées, et servent tout simplement d’excuse aux hommes pour ne pas se soumettre à la discipline salutaire de la Saine Doctrine du Christ, et pour refuser d’emprunter la voie étroite qui mène au Ciel, lui préférant la plus large qui mène à l’Enfer éternel.

Concernant les croisades, nombreux en parlent mais bien peu les ont étudié. Je me propose donc de parcourir cette période s’étendant du Concile de Clermont (1095) à la Prise de Saint Jean d’Acre (1291), afin de mettre en lumière la dimension glorieuse et chevaleresque de cette épopée. Comme à mon habitude, lorsque j’aborde des sujets complexes qui méritent une large analyse, je vous propose une série d’article afin de ne point omettre des faits essentiels. Aujourd’hui, nous verrons les origines de l’idée de croisade, les différents événements historiques que l’ont peut affilier à cet esprit, et enfin les divers facteurs qui ont rendu cette entreprise nécessaire, juste et légitime.

L’ESPRIT MISSIONAIRE

« Allez donc, enseignez toutes les nations, les baptisant au nom du Père, du Fils et du Saint Esprit »
Matthieu 28 :19-20

Notre Seigneur Jésus-Christ avant sa Triomphante Ascension, exhorte ses disciples à répandre la Bonne Nouvelle et à convertir les païens à la seule Vraie Religion qui mène au Salut, la seule qui est d’institution Divine et non humaine. L’occasion de rappeler que l’apostolat n’est pas optionnel, en effet, être chrétien est une grâce ineffable, c’est une délicatesse de Dieu d’avoir permis à notre cœur orgueilleux de nous soumettre à Sa Loi et à Son Amour, la Vertu Théologale de Foi est le plus précieux des trésors… Il serait donc égoïste et damnable de vouloir conserver cette grâce pour nous seul et de ne point chercher à en faire profiter les âmes qui errent loin de Dieu.
Voilà pourquoi, dés les premiers siècles du christianisme, le zèle des apôtres et des premiers chrétiens permirent à l’Evangile de se répandre de manière si prospère. Saint-Paul embrassant la croix après avoir persécuté les disciples de Notre Seigneur, n’aurais jamais trouvé repos en prenant un autre chemin que le sien, celui d’un intrépide Apôtre qui a permis tant de conversions par son zèle infatigable.

La multiplication des Chrétiens dans le monde inquiétait déjà les héritiers des pharisiens -les Talmudistes-, et c’est pourquoi, main dans la main avec Satan leur Maître, ils se sont faits un perpétuel devoir de susciter, financer et promotionner des hérésies.

LA REPONSE DU SERPENT

« C’est la malignité des hérétiques qui oblige à exposer aux risques du langage humain ce qu’il aurait fallu tenir renfermé dans la religion de nos âmes » Saint Hilaire de Poitiers

Pélagianisme, Nestorianisme, Arianisme, Monophysisme, Gnose, Manichéisme, Marcionisme, Donatisme, Islam -qui est un arianisme qui a réussi-, plus tard Protestantisme, Jansénisme etc… voici les réponses du serpent à l’Agneau. Il est le Singe de Dieu, et ses mensonges se parent toujours de quelques vérités pour les faire passer.

Il est bien sûr un signe infaillible de la nature Divine de la Sainte Eglise que sa pérennité et son magistère constant et cohérant (du moins jusqu’en 1962). Mais il est aussi vrai, comme nous le rappelait souvent Mgr Lefebvre, que l’erreur est plus facile à répandre que la Vérité, pour la simple et bonne raison que la Vérité est contraignante, et implique des sacrifices pour conformer sa vie à Elle. Par exemple, il est plus aisé de faire entendre à quelques membres d’une fausse religion -suivez mon regard-, qu’on peut divorcer de sa femme où encore en avoir plusieurs, que de l’enjoindre à rester fidèle dans la prospérité comme dans la sécheresse, dans l’amour comme dans la haine, dans la sérénité comme dans la tempête. Il est aussi plus facile de faire embrasser une doctrine, aussi fausse fusse-t-elle, qui prétend que la Foi seule sauve, qu’une qui nous appelle sans cesse à la conversion, à la mortification, au sacrifice, au renoncement à nous-même pour progresser dans la vertu… Il est plus confortable, et cela est plus que jamais d’actualité, de se faire sa propre religion à la carte, à la seule lumière de notre conscience biaisée par l’orgueil lié au péché originel, où l’on élimine arbitrairement toute contrainte qui coûte trop à notre sacro-sainte volonté (chasteté avant le mariage, assistance à la messe dominicale, confession régulière etc…).

Voilà pourquoi les hérésies ont tant de succès et pullulent à ce point, heureusement « l’Eglise ne met jamais mieux en avant la Vérité qu’en condamnant les erreurs contraires » Cardinal Pie, et c’est pourquoi, les entreprises du diable ont finalement pour effet involontaire, de permettre à l’Eglise d’affermir et d’expliciter davantage la suave Beauté et la Parfaite Justice de la Doctrine de Notre Seigneur. Du Ier siècle à la période qui nous intéresse, notre histoire fût marquée par les missions, les joutes théologiques pour remettre l’erreur à sa place et faire tomber dans l’oubli certains courants dangereux pour le salut des âmes, et quand les circonstances obligeaient, par des luttes guerrière pour le Règne de Notre Seigneur sur les sociétés. Le Royaume des Francs, a bien sûr était marqué par l’invasion islamiste au VIIIème siècle, et c’est bien par les armes que nous fûmes sauvés de ce fléau.

CHARLES MARTEL

En 686 naquit Charles Martel, fils de Pépin II dit Pépin d’Herstal, il descend en ligne direct des Maires du Palais, qui durant le VIIème siècle, régnaient en lieu et place des Rois Fainéants (Thierry III, Clovis IV, Childerbert III, Dagobert II, Chilpéric II, Thierry IV et Childéric III).

Il prend le pouvoir en 714, mais il est mis en prison par sa belle-mère à Cologne, d’où il s’échappera en 716 pour monter une armée afin de combattre les Neustriens et les Frisons, il se distingue par une grande victoire à la Bataille d’Amblève. Il se choisit ensuite un roi factice, en la personne de Clotaire IV, fils de Thierry III, mais c’est lui qui prend réellement les reines de notre Royaume.
Le 11 octobre 719, il s’impose à Néry face à Chilpéric et Raganfred soutenus par Eudes, Duc d’Aquitaine, mettant fin aux luttes intestines pour le pouvoir. C’est sous son règne que le moine Boniface, mandaté par Sa Sainteté Grégoire II, évangélise avec son l’accord, la Saxe, la Bavière, la Thuringe et la Frise. La relation de Charles Martel avec la Sainte Eglise est difficile à lire, car il a, à la fois négligé à chercher la vertu et la bonne formation théologique et s’est montré négligeant dans le choix des évêques français… mais il a par ailleurs fait de grandes faveurs aux missions par des dons pécuniers et fonciers, et il a bien sûr, signé sa plus célèbre et salutaire victoire face aux infidèles d’Abd-el-Rahman près de Poitiers (18-28 octobre 732).

Après avoir mis fin à la percée islamiste en coinçant Abd-El-Rahman sur la route de Tours, il entreprit une campagne dans le Languedoc, en Bourogne et en Provence pour définitivement bouter les Arabes hors de France. Il faut reconnaître que l’épopée des Sarrasins est prodigieuse, un siècle à peine après la prédication du faux prophète Muhammad, ils avaient déjà conquis la quasi-totalité de l’Afrique du Nord, toute l’Espagne -anciennement arienne ce qui n’est pas anodin-, et une partie considérable du Sud de la France, avant que le Marteau de notre Chef ne s’abatte sur leur armée.

Charles Martel meurt le 15 octobre 741, son fils, l’illustre Pépin III, père de Charlemagne, se fera enterrer face contre terre pour expier les crimes de son Père et sa désobéissance vis-à-vis de la Sainte Eglise. Cependant il reste un pilier et une figure de notre roman national, et son intervention n’a pas seulement sauvé la France et l’hydre islamiste, mais bien toute l’Europe. N’oublions pas que l’homme combat, et le Seigneur donne la victoire, rendons alors Gloire à Lui-seul.

Pépin III, dit la Grand ou le Bref, et à sa suite Charlemagne, continueront la croisade contre l’Islam. La France essuiera une regrettable défaite à Ronceveaux (778), mais remportera la victoire à Barcelone en (804). L’Espagne restera elle, opprimée par le joug des infidèles jusqu’à la Reconquista parachevée par Isabelle la Catholique au XVème siècle.

LE SIÈCLE GREGORIEN

C’est en 1063, 32 ans avant le fameux Concile de Clermont, que le Pape Alexandre II déclare que les chevaliers combattant en Espagne sont à son service, il encourage cette louable volonté de reconquête de l’Espagne par les catholiques. Le célèbre Grégoire VII dont le pontificat s’étend de 1073 à 1088 lui succède, c’est a lui qu’on doit la Réforme Grégorienne qui a influencé le mouvement canonial, qui vût naître les chanoines -prêtres vivant en communauté-. Sa Sainteté fût zélée dans son entreprise consistant à lutter contre la simonie (devenir évêque sans vocation dans le seul but de jouir des biens temporels attachés à la fonction), la corruption et les mauvaises mœurs des clercs. Il entame la centralisation de l’Eglise Romaine. Et c’est alors qu’un Pape Français lui succède, en la personne d’Urbain II, élu par le Conclave en 1088.
Ce dernier excommunia Notre Roy Philippe Ier pour adultère et jeta l’interdit sur le Royaume des Francs ; à chaque fois que le Roy passait dans un village, toute vie religieuse s’interrompait, les cloches ne sonnaient plus, les clercs cessaient leurs offices et on ne célébrait plus la Saint Messe. Ils finirent par se réconcilier en 1104 , quand le Roy accepta de renoncer à Bertrade, sa maitresse. Louis VI (le Pieux) son successeur s’attela encore davantage à l’apaisement des tensions entre le Royaume des Francs et sa Mère la Sainte Eglise.

C’est en cette période que naquit Saint Bernard, en 1090 à Fontaine-les-Dijon, nous aurons l’occasion de revenir sur la vie de ce grand saint, et sur son rôle capital dans l’instigation de la IIème Croisade.

CONCLUSION

C’est donc dans un contexte d’un essor prodigieux du Monachisme, d’une monarchie franque chaque jour plus solide, et d’une relation enfin apaisée entre Rome et sa Fille Ainée que va intervenir le Concile de Clermont de 1095, Concile qui marquera le début du temps des Croisades.
L’Espagne est encore aux mains des infidèles, les chrétiens pélerinant à Jérusalem sont capturés et réduits en esclavage par les Turcs Seldjoukides dont l’ambition est de tout bonnement fermer la route de la Ville Sainte aux disciples du Christ, les Catholiques de Syrie et de Palestine persécutés appellent le Roy de France et le Saint Père au secours, voilà tant de raisons qui justifient et légitimisent l’intervention des Croisés.
Rendez-vous mercredi 29 mars, pour la suite de ce dossier, où je m’intéresserai à la période s’étendant du Concile de Clermont à la Prise de Jérusalem par Godefroi de Bouillon et ses hommes.

Que Dieu vous garde,

Servus Mariae

Bibliographie
– L’Antichristianisme Juif, Martin Peltier
– Les origines franques, Stephane Lebeck
– Les merovingiens, les Rois Inconnus, Lucien-Jean Bord
– La Bataille de Poitiers, Charles Martel et les Arabes, Elisabeth Carpentier
– Charles Martel, Jean Deviosse
– Charles Martel, Georges Minois
– Dix Héros Français, Ivan Gobry
– L’épopée des Croisades, René Grousset
– L’esprit de la Croisade, Jean Richard
– Histoire du Catholicisme en France, E.Delaruelle-A.Latreille-S-R Palanque
– Histoire de France, Jacques Bainville
– Histoire de la France, Jean-Christian Petitfils
– Pour en finir avec les Moyen-Age, Régine Pernoud
– Nouveau Testament, Saint Matthieu

Publié par Louis-Antoine

Auteur-compositeur-interprète, rédacteur et analyste historique, politique et théologique. Propriétaire du domaine https://dieulafranceetleroy.fr et auteur de l'album du même nom.