"Je parle de mensonge d'Etat car on nous a masqué une pénurie", affirme le Pr Christian Perronne

Publié le 16 juin 2020 à 16h29

Source : TF1 Info

TÉMOIGNAGE - A la veille de la parution chez Albin Michel de son livre intitulé "Y a-t-il une erreur qu’ils n’ont pas commise?", le chef du service des maladies infectieuses de l’hôpital de Garches, revient sur les erreurs commises par l’exécutif et le Conseil scientifique dans la gestion de la crise sanitaire.

"C'est la première fois de ma vie que j'a honte pour notre pays". Au sortir d'une crise sanitaire sans précédent et à la veille de la sortie de son livre  intitulé "Y a-t-il une erreur qu’ils n’ont pas commise?", Christian Perronne, chef du service des maladies infectieuses de l’hôpital de Garches, est revenu sur LCI sur les erreurs commises selon lui par l’exécutif et le Conseil scientifique dans la gestion de la crise sanitaire.

Le professeur, qui a présidé pendant quinze ans la commission spécialisée Maladies Transmissibles du Haut Conseil de santé publique, a notamment estimé que, "le confinement a permis d'épargner la partie ouest de la France" mais qu'"on aurait pu le faire de façon plus ciblé si on avait eu les masques et les tests à temps."

En termes de létalité, "la France est championne du monde"

Il reproche notamment au gouvernement et aux experts le fait que les chiffres communiqués aux Français ne se réfèrent qu'à la mortalité. Et de s'en expliquer. "Dans le jargon médical, il y a ce qu'on appelle le taux de létalité qui est le nombre de morts sur le nombre de cas diagnostiqués et le taux de mortalité qui est le nombre de morts dans la population", souligne-t-il. Or, "jamais on ne présente ça comme ça mais quand on regarde la létalité c'est à dire le vrai nombre de morts en proportion des malades, la France est championne du monde", poursuit-il avant de préciser qu'"on est à plus de 20%" et que "le seul pays qui nous dépasse c'est le Yémen qui est un pays en guerre ou il y a de la famine et pas de système de santé."

Si le confinement a permis d'épargner la partie ouest de la France selon lui, "ce confinement généralisé on aurait pu le faire de façon plus ciblé si on avait eu les masques et les tests à temps".

"Il fallait simplement être prêt, c'est tout"

Reprenant la rhétorique du chef de l'Etat, il estime qu'"en guerre, un chef de guerre doit dire : j'ai pas toutes les preuves, j'ai une intuition, il faut y aller." Et qu'à défaut de pouvoir prévoir dès janvier ou février, l'ampleur de la crise sanitaire "il fallait simplement être prêt, c'est tout".

Sans pitié pour l'exécutif et le Conseil scientifique, qui a piloté la crise du Covid-19, il évoque même "un mensonge d'Etat", estimant que "tout ça c'était de la gestion de pénurie" et qu'"on nous a masqué cette pénurie en nous faisant croire qu'il y avait une indication médicale à faire comme ci ou comme ça."

"Je pense que Jérôme Salomon a été pris dans un système"

Au sujet de Jérôme Salomon, directeur général de la Santé, auditionné ce mardi par la commission, et dont il pointe l'inertie dans son ouvrage, Christian Perronne rappelle qu'il le connait très bien puisque ce dernier a été interne dans son service, et que c'est d'ailleurs lui qui l'a promu professeur. 

"Jérôme est quelqu'un de très carré qui prévoit tout, je pense qu'il a été pris dans un système", estime-t-il. Et de poursuivre : "je ne sais pas ce qu'il s'est passé je n'en ai pas rediscuté avec lui mais normalement quand on est pris dans un système qu'on ne fait pas ce qu'on veut, on démissionne."

"On a tapé sur la chloroquine pour promouvoir d'autres médicaments"

Saluant les travaux de Didier Raoult , il a estimé qu'"on a tapé sur la chloroquine parce qu'on voulait promouvoir le Remdésivir après le Kaletra qui est un traitement pour le VIH." Mais, alerte-t-il s'agissant du Remdésivir "regardez, il y a de grosses études qui ont montré que ça ne sert à rien, ça ne change pas le taux de mortalité."

Et d'insister : "je m'en fiche qu'il ait les cheveux longs, des bagues, ce qui m'importe c'est ce qu'il a fait sur le plan scientifique et chapeau, il a fait un super boulot.

Enfin, Christian Perronne a estimé qu'il "faut être très prudent" à l'égard des "informations d'affolement général qui circulent" car selon lui, "c'est clairement pour la promotion du vaccin".


La rédaction de TF1info

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