Sylvanus
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Un prêtre belge témoigne : j’étais traditionaliste

Présentation Par l’Abbé Pierre N., prêtre belge Prêtre diocésain depuis presque quinze ans, curé de plusieurs paroisses, j’ai toujours été intéressé par les questions liturgiques. Très tôt, j’ai …More
Présentation
Par l’Abbé Pierre N., prêtre belge
Prêtre diocésain depuis presque quinze ans, curé de plusieurs paroisses, j’ai toujours été intéressé par les questions liturgiques. Très tôt, j’ai découvert ce que l’on appelle de façon abusive “la Tradition” et la “Messe traditionnelle”. J’ai fréquenté les “fraternités sacerdotales” Saint-Pierre et Saint-Pie X… A l’heure de l’entrée au séminaire, j’ai décidé de devenir prêtre diocésain. Après une formation complète et dispensée par des professeurs consciencieux, j’ai été ordonné au début des années 2000.
J’ai appris à célébrer la “forme extraordinaire” du rite romain. Nommé vicaire de sept paroisses, j’ai évidemment célébré tous les jours la Messe de Paul VI. Néanmoins, je profitais de diverses occasions pour célébrer la “messe tridentine”. Mon cœur tendait vers cette liturgie que je souhaitais faire connaître à mon entourage. Avec le recul, je me rends compte que mes motivations étaient négatives. Je comparais sans cesse “l’ancien” et “…More
Psaume 62
@apvs a écrit :« Non, Marie est la mère, la mère de Jésus, la mère de son Dieu fait homme en elle. Jésus, c'est elle. La vie de Jésus, c'est sa vie à elle. Tout l'amour du cœur de Jésus, c'est son amour à elle. Tous les actes de jésus, ce sont ses actes à elle. Rien ne peut séparer le fils de sa mère. »
Réponse : Non, désolé là encore, votre conception de l’union de Marie et de son Divin …More
@apvs a écrit :« Non, Marie est la mère, la mère de Jésus, la mère de son Dieu fait homme en elle. Jésus, c'est elle. La vie de Jésus, c'est sa vie à elle. Tout l'amour du cœur de Jésus, c'est son amour à elle. Tous les actes de jésus, ce sont ses actes à elle. Rien ne peut séparer le fils de sa mère. »

Réponse : Non, désolé là encore, votre conception de l’union de Marie et de son Divin Fils est de nature fusionnelle alors qu’il s’agit d’une COMMUNION parfaite de deux êtres, l’un divino-humain, l’autre humain. Marie a certes communié très saintement, au maximum de ce qu’une créature humaine immaculée pût le faire, aux souffrances rédemptrices de Jésus, mais sa vie n’est pas une fusion avec celle de son Fils.

@apvs a écrit : "L'Apocalypse représente Marie ECRASANT LA TÊTE DU SERPENT SOUS SES PIEDS "

Réponse : Non, pas exactement, car l’Apocalypse fait état d’« un signe grandiose apparut au ciel : une Femme ! Le soleil l'enveloppe, la lune est sous ses pieds et douze étoiles couronnent sa tête », Femme dans laquelle beaucoup de pères de l’Eglise ont vu en priorité l’Eglise, et dans laquelle la tradition a vu progressivement également la Vierge Marie, malgré le problème posé par les termes « douleurs de l’enfantement » dans ce passage l’Apocalypse, termes qui en effet ne coïncident pas avec ce que suppose le dogme de sa virginité avant, pendant et après l’enfantement du Fils de Dieu. Mais ces paroles du pape Jean-Paul II en éclairent par exemple le sens : « Caractérisée par sa maternité, la femme " était enceinte, et elle criait, torturée par les douleurs de l'enfantement" (12, 2). Cette annotation renvoie à la Mère de Jésus au pied de la Croix (cf. Jn 19, 25) où elle participe, le coeur transpercé par une épée (cf. Lc 2, 35), au travail de l'enfantement de la communauté des disciples. Malgré ses souffrances, elle est " revêtue de soleil " – c'est-à-dire qu'elle porte le reflet de la splendeur divine – et elle apparaît comme un " signe grandiose" du rapport sponsal de Dieu avec son peuple. »

Rappelons également à ce propos ses autres paroles magistérielles :

« Le Fils de Marie a remporté la victoire définitive sur Satan et en a fait bénéficier par anticipation sa Mère, la préservant du péché. En conséquence, le Fils lui a accordé le pouvoir de résister au démon, réalisant ainsi dans le mystère de l'Immaculée Conception l'effet le plus notable de SON oeuvre rédemptrice. »

« Dans le dessein salvifique de la Sainte Trinité, le mystère de l'Incarnation constitue l'accomplissement suprême de la promesse faite par Dieu aux hommes après le péché originel, après le premier péché dont les effets pèsent sur toute l'histoire de l'homme ici-bas (cf. Gn 3, 15). Voici que vient au monde un Fils, le «lignage de la femme» qui vaincra le mal du péché à sa racine même : «Il écrasera la tête du serpent». Comme le montrent les paroles du protévangile, la victoire du Fils de la femme ne se réalisera pas sans un dur combat qui doit remplir toute l'histoire humaine. «L'hostilité» annoncée au commencement est confirmée dans l'Apocalypse, le livre des fins dernières de l'Eglise et du monde, où réapparaît le signe d'une «femme», mais cette fois «enveloppée de soleil» (Ap 12, 1) »


« Nous avons déjà eu l'occasion de rappeler que cette traduction ne correspond pas au texte hébreu, où ce n'est pas la femme, mais bien sa descendance, qui écrase la tête du serpent. Ce texte n'attribue donc pas à Marie, mais à son Fils, la victoire sur Satan. Cependant, puisque la tradition biblique établit une profonde solidarité entre celle qui engendre et sa descendance, la représentation de l'Immaculée qui écrase le serpent est cohérente avec le sens originel du passage : elle le fait non pas par sa propre force mais par grâce de son Fils.

Dans ce même texte biblique, on proclame en outre l'inimitié entre la femme et sa descendance, d'une part, et le serpent et sa descendance, d'autre part. Il s'agit d'une hostilité expressément établie par Dieu, qui prend un relief singulier si nous considérons le problème de la sainteté personnelle de la Vierge. Pour être l'ennemie inconciliable du serpent et de sa descendance, Marie doit être exempte de toute domination du péché. Et cela dès le premier moment de son existence. »

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S’agissant de cette hypothèse prétendument « absurde, grotesque, impossible » du pape François, la manière, et l'état d'esprit dont vous avez prétendu la corriger est indigne d’un catholique. Autant il est facile hélas d’avoir des réactions de mépris envers ses semblables, autant un prétendu catholique devrait quand même avoir le réflexe d’observer un minimum de modestie et de respect dans ses critiques envers les paroles d’un Pape, fût-il très douteux à ses yeux. Cette attitude ne peut se comprendre que lorsqu’elle émane de traditionalistes explicitement non una cum qui ne mâchent pas leurs mots parce qu'ils considèrent le pape actuel, et d’ailleurs tous les derniers papes, comme des antipapes.

Abordons maintenant l’hypothèse elle-même du Pape qui lui a donc attribué cette pensée au pied de la Croix : "Mensonge ! j'ai été trompée ! ". D’abord vous présupposez que la pureté d’être de l’Immaculée Marie rende absolument impossible l’occurrence d’une tentation diabolique en pensée. Ce qui, pour reprendre l’un de vos mots, est absurde. En effet, ce genre de tentations diaboliques en pensée ne pouvaient en aucun cas salir son être immaculé, mieux encore, elles ne pouvaient qu’augmenter ses grands mérites personnels en union avec les mérites infinis de son Divin Fils qui lui-même accepta d’être tenté par le diable, notamment à Gethsémani avant de consentir sans retour à son sacrifice salvifique. La Mère de Dieu a donc très bien pu être traversée en pensée, quelques instants plus ou moins prolongés, par ce genre de tentation diabolique à un moment ou un autre de la Sainte Passion de son Fils, et même au pied de la Croix où en effet la Grâce de Dieu la maintenait miraculeusement debout. Il serait même à mon avis étonnant que ce ne fût pas le cas.

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Quant à cette opinion (hérétique), que d’ailleurs vous n’aviez pas reniée jusqu’à présent, à savoir que : « La vision de la gloire infinie de Dieu au Ciel est équiparable à la vision de la gloire de Marie au Ciel ( au passage, j’ai choisi le terme « équiparable » non par esthétisme mais parce qu’il était à mon sens encore plus parlant que le terme « comparable » ), elle provient d’un échange datant de plusieurs mois où vous aviez répondu à mon propos suivant :

« Notre Seigneur, sans l'ombre d'une ambiguïté, identifie l'éternité bienheureuse au Ciel avec la contemplation de Sa Gloire à Lui, reçue du Père, et non pas avec la contemplation de la gloire de l'Immaculée. " Père, je veux que là où je suis ceux que tu m'as donnés soient aussi avec moi, afin qu'ils voient MA GLOIRE, la gloire que tu m'as donnée, PARCE QUE TU M'AS AIME AVANT LA FONDATION DU MONDE. " »

.... les remarques suivantes : « Un indice : l'une des deux affirmations laisse sérieusement à désirer ( exceptée la citation évangélique ) ; Autre indice : l'Immaculée est UNE avec Son Divin Fils, donc avec Dieu :) Ce que Dieu a uni, que l'homme ne le sépare pas. ( Matthieu 19,6) ».

=> Or, ma phrase ne laissait aucunement à désirer. Car si l’Immaculée est effectivement en parfaite union d’être avec son Fils, néanmoins la gloire personnelle céleste qu’elle reçoit éternellement de Dieu ne peut s’identifier, se confondre avec la gloire de Dieu elle-même. En contemplant la gloire de Marie au Ciel, comme la gloire des autres élus et des Anges, c’est AVANT TOUT la gloire de Dieu qui est contemplée par les élus du Ciel.

Abordons à présent une question difficile en citant à votre suite la prière transmise par l’Ange à Fatima : " TRES SAINTE TRINITE, PERE, FILS ET SAINT-ESPRIT, je vous adore profondément, et je vous offre les très précieux Corps, Sang, Âme et Divinité de Jésus-Christ, présent dans tous les tabernacles de la terre, en réparation des outrages, sacrilèges et indifférences, par lesquels il est lui-même offensé. Par les mérites infinis de son très Saint Cœur et du Cœur Immaculé de Marie, je vous demande la conversion des pauvres pécheurs. Amen. "

A propos de laquelle, vous avez écrit : « Ce sont bien les mérites du Sacré Coeur de Jésus qui sont infinis. Mais nous voyons bien dans cette sublime prière de Fatima que les mérites du Sacré Coeur de Jésus et ceux du Coeur Immaculé de Marie se confondent, car le Sacré Coeur donne tout ce qu'Il a au Coeur Immaculée. LE TERME INFINI N'EST DONC PAS FORCEMENT UNE HERESIE, SI ON L'APPLIQUE A MARIE ».

Cela rappelle la problématique suivante : les souffrances corédemptrices de Marie au pied de la Croix peuvent-elles être qualifiées d’ « infinies » ? Idée que vous aviez avancée précédemment sans doute trop rapidement et témérairement... Nous touchons là à une question extrêmement minée théologiquement. Car la sainte tradition, jusqu’alors, parlait des mérites infinis de l’œuvre rédemptrice de la Croix mais, à ma connaissance, les mérites de l’œuvre « corédemptrice » de Marie n’étaient pas qualifiés habituellement d’ « infinis ».

De ce constat découlent ces questions :

- Cette prière a-t-elle été parfaitement restituée et traduite, en sorte que ne se glisse aucune petite coquille qui puisse en altérer le sens ? Cela semble très probable compte tenu notamment des imprimaturs croisés.

- Dans quel sens faut-il donc comprendre cette formulation ? A mon avis, en allant grosso modo dans le même sens que vous, non pas bien entendu parce que les mérites de l’œuvre corédemptrice de Marie seraient en soi infinis, mais parce que unis aux mérites infinis du Divin Fils ils sont devenus COMME infinis AUX YEUX DE DIEU à qui il a plu de glorifier Marie après son assomption, en la faisant reine du Ciel et de la terre. Or, ce que Dieu pense est la réalité ultime, la plus vraie, fût-elle très relative sous certains autres angles de vue !...

Cette prière de l’Ange de Fatima peut bien sûr encourager l’hérésie dont un exemple frappant se trouve dans ce propos déjà mentionné d’un membre de la CRC : « Le pape François se réfère donc au même passage de l’ÉPITRE AUX ROMAINS que saint Pie X. Mais en négligeant la tragique fracture du péché originel et le remède apporté par la corédemption de Jésus et Marie (sic ! et sans commentaire !), il nous interdit l’accès à LA GRACE ET LA MISERICORDE dont le Cœur immaculé de Marie est la source médiatrice ( Nota : expression très ambiguë et antithétique parce que Jésus est l’unique Médiateur, donc à la source de la médiation entre Dieu et les hommes ).

A ce sujet, rappelons que les élus du Ciel, après la résurrection des corps, resplendiront également comme le soleil dans le Royaume céleste (lire Mat 13.43) et qu’eux aussi seront COMME identifiés à DIEU en toutes choses PAR PARTICIPATION et NON bien entendu PAR NATURE. Citations de l’Ecriture :

« Bien-aimés, dès maintenant, nous sommes enfants de Dieu, mais ce que nous serons n’a pas encore été manifesté. Nous le savons : quand cela sera manifesté, nous lui serons semblables car nous le verrons tel qu’il est » ( 1 Jn 3.2 )

« Nous voyons actuellement de manière confuse, comme dans un miroir ; ce jour-là, nous verrons face à face. Actuellement, ma connaissance est partielle ; ce jour-là, je connaîtrai parfaitement, comme j’ai été connu » ( 1 Cor 13.12)