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Psaume 62
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Esclavage : quelle responsabilité pour l’Église catholique et les souverains européens ? Par François Préval docteur en Histoire. SourcePlus
Esclavage : quelle responsabilité pour l’Église catholique et les souverains européens ?

Par François Préval docteur en Histoire.

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Psaume 62
Pour avoir un aperçu de ce que peut produire la propagande religieuse en matière d’occultation et de négationnisme historique ( contrairement à l’impartialité de l'auteur de ma publication ci-haut, François Préval docteur en Histoire, et à l’article de Famille Chrétienne publié dans mon commentaire plus bas, qui rappellent que l’esclavage fut aussi pratiqué par des catholiques dont des rois …Plus
Pour avoir un aperçu de ce que peut produire la propagande religieuse en matière d’occultation et de négationnisme historique ( contrairement à l’impartialité de l'auteur de ma publication ci-haut, François Préval docteur en Histoire, et à l’article de Famille Chrétienne publié dans mon commentaire plus bas, qui rappellent que l’esclavage fut aussi pratiqué par des catholiques dont des rois ), en matière de mépris idiot, caricatural et haineux vis-à-vis des cultures et civilisations étrangères au catholicisme, en matière de vision simplificatrice et complotiste biaisée, il faut lire cet article qui est en quelque sorte un concentré d’histoire complotiste de beauf identitariste destiné aux beaufs identitaristes, un concentré d’histoire nulle pour les nuls. En changeant certains mots, toutes choses égales par ailleurs ( Car je précise s’il était besoin qu’à mes yeux le catholicisme et la civilisation catholique sont bien entendu ontologiquement et factuellement bien supérieurs à l’islam et à la civilisation islamique ), cet article aurait tout aussi bien pu être écrit par un islamiste complotiste qui vanterait les mérites de l’islam et de la civilisation islamique et qui désignerait un complot universel contre l’islam, dans un esprit de propagande haineuse contre tout ce qui est étranger à l’islam. Notons toutefois que les Juifs ne figurent pas explicitement dans sa cible complotiste alors qu’habituellement cette catégorie est très chère (façon de parler) à la fois aux islamistes et aux « christianistes », à savoir des traditionalistes judéophobes voire racistes antisémites prétendument « catholiques ». Cet article a certes le mérite de rappeler quelques faits importants historiquement incorrects ( comme l’esclavage pratiqué durant de longs siècles par des musulmans, esclavage dont parle également mon article ) et politiquement incorrects ( comme les abus pédocriminels touchant gravement d’autres milieux que le clergé catholique ) et de souligner par exemple l’un des enjeux majeurs du monde occidental qu’est le désendettement des Etats ( problématique qui est d’ailleurs très ancienne, la France était endettée également sous le règne de Louis XIV en raison du coût de ses nombreuses guerres ). Mais tout y est traité de manière si tendancieuse ( aucune mention n’est faite des nombreuses zones d’ombre de ce qu’il est convenu d’appeler « la Chrétienté », en particulier quant aux guerres intestines entre catholiques, entre royaumes et empires catholiques ; et le monde chrétien d’Orient orthodoxe quant à lui n’est même pas évoqué ; l’Angleterre quant à elle est vantée en filigrane comme une nation catholique alors que l’essentiel de son rayonnement s’est fait souvent aux dépens notamment de la France, surtout depuis qu’elle est devenue une puissance anglicano-protestante ) et de manière si hasardeuse ( un lien direct est fait entre l’industrie du sexe du Japon et le tsunami de 2011 certes inouï alors que le Japon ne cesse d’être touché par des séismes très violents depuis plusieurs siècles ) qu’il ne présente à mon sens aucun réel intérêt pour un chercheur sincère de vérité historique. Je me souviens d’ailleurs que l’auteur de cet article avait censuré sous l’un de ses articles là encore à connotation complotiste et biaisée, les propos pertinents de @Sylvanus qui d’ailleurs a édité un article en réponse à sa censure.
Psaume 62
L’Église et l’esclavage : une histoire mouvementée
Par Guilhem Dargnies (dans la revue catholique Famille chrétienne)
Dès les Pères de l’Église, un courant minoritaire au sein de l’Église, soutenu par des papes, a tenté de dénoncer le principe de l’esclavage ou de ses dérives.
Quelques dates
Entre 51 et 55 Saint Paul rédige son Épître à Philémon.
Vers 350 Le concile de Gangres condamne …Plus
L’Église et l’esclavage : une histoire mouvementée
Par Guilhem Dargnies (dans la revue catholique Famille chrétienne)

Dès les Pères de l’Église, un courant minoritaire au sein de l’Église, soutenu par des papes, a tenté de dénoncer le principe de l’esclavage ou de ses dérives.

Quelques dates
Entre 51 et 55 Saint Paul rédige son Épître à Philémon.
Vers 350 Le concile de Gangres condamne le mépris des maîtres.
À partir de 1266 Saint Thomas d’Aquin concilie les positions d’Aristote et de saint Augustin.
1550 Bartolomé de Las Casas prend part à la controverse de Valladolid.
1635 Louis XIV publie le Code noir.
1815 Pie VII condamne la traite négrière.
1992 Jean-Paul II implore le « pardon du Ciel » depuis l’île de Gorée, au Sénégal.

Une pratique admise par tous. Au Ier siècle de l’ère chrétienne, le système économique est fondé sur l’esclavage. Cet héritage de l’Antiquité est admis comme allant de soi : même les auteurs bibliques évoquent la servitude comme un fait social à réguler, non à combattre. Saint Paul reste dans cette optique quand il rédige notamment son Épître à Philémon : il y renvoie un esclave baptisé auprès de son maître chrétien, demandant à celui-ci de le recevoir « non plus comme un esclave », mais « comme un frère très cher ».

D’après saint Jean Chrysostome, saint Paul enseignait aux esclaves à honorer leurs maîtres pour éviter que les païens ne voient le christianisme comme un danger contre l’ordre établi. L’essentiel, à ses yeux, est la libération intérieure. « Il y a quelque chose de bien plus grand et bien plus admirable que de détruire la servitude, c’est de montrer la liberté éclatant au sein même de la servitude. » L’historien Jean-Marie Salamito pointe qu’en donnant aux esclaves « des préceptes faisant appel à un choix éthique », le Nouveau Testament leur reconnaît « une liberté intérieure en flagrante contradiction avec leur condition comme avec leur image dans la société romaine » (1).

Parmi les Pères de l’Église, tributaires de la vision paulinienne, seul saint Grégoire de Nysse condamne explicitement une pratique qu’il juge « opposée à Dieu et à sa loi naturelle ». Un concile provincial du IVe siècle à Gangres, en Asie mineure, prononce un anathème « contre ceux qui enseignent aux esclaves à mépriser leurs maîtres, au lieu de les servir avec respect ». Confirmé vers 650 sous le pontificat de Martin Ier, il aurait été intégré au Code de droit canonique.

Saint Thomas d’Aquin incompris ?

Saint Thomas d’Aquin n’a pas cherché à dénoncer le principe de l’esclavage. Il tente de concilier les positions d’Aristote, selon qui l’esclavage est naturel, et celles de saint Augustin qui voit dans l’esclavage une conséquence du péché. Le « docteur commun de l’Église » va fournir « une source d’inspiration à bien des moralistes […] et une ligne de conduite très utile aux propriétaires d’esclaves ultérieures, qui citaient saint Thomas comme étant en leur faveur », fait remarquer feu le Père Alphonse Quénum, ancien recteur de l’Université catholique d’Afrique de l’Ouest . « C’est un point très difficile à comprendre pour une mentalité contemporaine », précise le Frère Gilles Berceville, professeur de théologie à l’Institut catholique de Paris. « Dans certains contextes historiques, l’Église qui s’appuie sur l’Écriture sainte n’a pas d’arguments pour dire que l’esclavage est un mal absolu. Mais elle a toujours condamné toute forme de maltraitance. D’autre part, au Moyen Âge, dans un contexte très éloigné du massacre des Indiens du Nouveau Monde et de la traite négrière, alors que la société est organisée au seul niveau de la famille, les moralistes estiment qu’une personne peut s’attacher à un maître pour des questions de survie. » D’après le Frère Gilles Berceville, c’est en tant que disciple de saint Thomas que Bartolomé de Las Casas consacra sa vie à défendre les Indiens d’Amérique, lors notamment de la controverse de Valladolid en 1550.

Le Code noir invoque l’Église

Le Code noir est un édit royal de Louis XIV, rédigé par Colbert et publié pour la première fois en 1685. Long de soixante articles, il fixe le statut juridique des esclaves dans les Antilles françaises. Il cite « l’Église catholique » en préambule et six fois la « religion catholique » dans les articles 2 à 8. Notamment pour préciser que tous les esclaves « seront baptisés et instruits dans la religion catholique » (art. 2). Il légitime aussi la peine de mort (art. 33 à 36), les châtiments corporels et le marquage au fer rouge (art. 37). À une époque où les pouvoirs religieux et politiques étaient liés pour le meilleur mais aussi, hélas, pour le pire. Sacré à Reims, Louis XIV était le roi « très chrétien ».

Cham, un alibi facile

Une exégèse hasardeuse, très répandue au XIXe siècle, faisait de la figure biblique de Cham, l’ancêtre des peuples d’Afrique. Or, d’après la Genèse, Cham est ce fils de Noé qui découvrit la nudité de son père. Furieux, Noé maudit la descendance de Cham : « Maudit soit Canaan ! Qu’il soit pour ses frères l’esclave des esclaves » (Gn 9, 25). Or, à partir de la seconde moitié du XVIIe siècle, cette exégèse aurait servi à des marchands d’esclaves pour justifier leur commerce. « Ils s’en sont emparés et l’ont répandue », note le Père Alphonse Quenum. « La théologie catholique et la théologie protestante ont été victimes de la littérature esclavagiste », souligne ce même auteur pour qui « l’opinion extravagante est devenue une opinion traditionnelle et il y a eu un moment où elle représentait l’orthodoxie ». Au point que les fondateurs des grands ordres missionnaires du XIXe siècle en Afrique, dont on ne peut soupçonner la bonne foi, ont pu sans discernement se faire l’écho d’une telle exégèse.

Des papes crient dans le désert

Certains papes ont eu des paroles fortes contre l’esclavage, et ce, dès le IXe siècle. Se prononçaient-ils contre le principe même de l’esclavage ou seulement contre la fraude des marchands ou l’abus de pouvoir des maîtres ? Tout dépend du contexte. « Nous vous commandons, avec un amour paternel, si vous avez acheté [aux Grecs] des captifs, de les laisser aller libres pour le salut de votre âme », écrit en 873 le pape Jean VIII aux princes de Sardaigne.

Bien plus tard, le pape Eugène IV vole au secours des habitants noirs des îles Canaries : « Nous ordonnons à tous les fidèles […] qu’ils rendent à leur liberté antérieure toutes les personnes […] qui ont été soumises à l’esclavage » (bulle Sicut Dudum, en 1435). Ce n’est toutefois pas une règle : « Les papes ne font pas difficulté de permettre l’esclavage [lorsqu’il est fondé sur un titre légitime] tel que les lois civiles le réglementent alors », indique le Dictionnaire de théologie catholique, notamment à propos du pape Alexandre VI (1455-1458) et de saint Pie V (1566-1572).

Sept autres papes vont prendre la parole contre le système esclavagiste, respectivement en 1537, 1639, 1741, 1815, 1839 et 1888. Même si les Noirs, victimes de la traite, n’ont pas eu un théologien aussi déterminé à les défendre que Las Casas pour les Indiens. Il faut en effet attendre 1815 pour que soit spécifiquement dénoncée la traite des Noirs par Pie VII, lors du Congrès de Vienne. Cette ferme dénonciation sera reprise sans concession dans une bulle de Grégoire XVI en 1839. Ainsi qu’en 1888, dans la lettre encyclique de Léon XIII aux évêques du Brésil.

En 1992, Jean-Paul II en déplacement au Sénégal, implore le « pardon du ciel » depuis le « sanctuaire africain de la douleur noire » qu’est l’île de Gorée. Il prie « pour qu’à l’avenir les disciples du Christ se montrent pleinement fidèles à l’observance du commandement de l’amour fraternel légué par leur Maître. »

Dans le monde, quarante millions d'esclaves modernes

Contrairement à une idée reçue, l’esclavage ne s’est pas arrêté avec son abolition légale au XIXe siècle : il est répandu partout dans le monde. L’Organisation internationale du travail chiffre à plus de quarante millions le nombre d’esclaves modernes. Soit l’équivalent de plus de la moitié de la population française ! Un sur quatre est un enfant. Sept sur dix une femme. Ses formes ? Le travail forcé (50 %), le mariage forcé (38 %), la prostitution (12 %).

Auteur de la formule « Tout est lié » dans l’encyclique Laudato si, le pape François est très sensible à la permanence de la traite humaine contemporaine.

Ainsi, en juillet 2015, il prenait part à une rencontre au Vatican intitulée « Esclavage moderne et changement climatique ». Lui qui ne perd pas une occasion de dénoncer publiquement ce fléau. Deux ans plus tard, place Saint-Pierre à Rome, lors de la Journée mondiale contre la traite des personnes organisée par l’Onu, « c’est laid, c’est cruel, c’est criminel !, s’exclame-t-il pendant l’Angélus. Je désire appeler à l’engagement de tous afin que cette plaie aberrante, forme d’esclavage moderne, soit combattue. »

(1) « Pourquoi les chrétiens n’ont-ils pas aboli l’esclavage antique ? », par Jean-Marie Salamito, revue Droits, 2009, n° 50, p. 15-42.