ELisée Pierre

4-LE MASSACRE DE LA SEMAINE SAINTE/PIE XII:VIGILE PASCALE QUASI IDENTIQUE A LA CÉRÉMONIE MODERNISTE-PAUL VI

RAPPELS HISTORIQUES

Jeune homme, Eugenio Pacelli fut confié au cardinal Rampolla FM .*., qui choisit pour lui le cursus moderniste de la Capranica,
-1899,
après son ordination, l'abbé Pacelli accompagna constamment Rampolla, comme son secrétaire particulier. Ses proches collègues au Vatican étaient les membres de l'"équipe" de Rampolla : Della Chiesa (futur Benoît XV), Gasparri, Radini-Tedeschi et Roncalli (futur Jean XXIII).

-1904, Secrétaire de la Commission pour la codification du droit canonique.

-1911, envoyé par Pie X au couronnement de son opposant, le Chef de l'église hérétique anglicane, George V (première fois depuis plus de 350 ans…).

-1911, sous-secrétaire aux Affaires ecclésiastiques extraordinaires du cardinal Gasparri FM .*.

-1917, sacré évêque par Benoît XV (ancien secrétaire particulier de Rampolla, le considérant comme son vénéré Maître; Della Chiesa dont l'élévation au cardinalat fut plusieurs fois refusées, il ne devint cardinal que 3 mois avant son élection au conclave) et nommé Nonce en Bavière.

-1929, crée cardinal par Pie XI qui en fait son secrétaire d'Etat succédant à Gasparri FM.*.
-1935,
crée camerlingue, il conduit la négociation et la signature de plusieurs concordats.
-1939,
succède à Pie XI, en prenant le nom de Pie XII.

-Pie XII gardant une admiration pour le Chef de l'église hérétique anglicane, depuis sa mission ordonnée par Pie X, décorera sa cuisine de 2 portraits: ceux du roi et de la reine d'Angleterre.

-Pie XII choisit comme confesseur le très "oecuméniste" père Agustino Bea. Dès 1935, pour la première fois depuis la révolution protestante Agustino Bea participa à un congrès protestant d'exégèse biblique et il finit même par présider le congrès hérétique...

-1948, Pie XII nomma le Père Lazariste Annibale Bugnini FM .*. Secrétaire de la Commission pour la réforme liturgique.

-1951/1955, la Semaine Sainte fut réformée en profondeur, la plus grande semaine pour les catholiques fut massacrée.

Certains essayent vainement de faire croire que ce fut une réformette quasi sans importance, liée à la nouvelle génuflexion, déférence inconvenante ici, introduite le vendredi saint pour l'oraison "pro perfidis Judaeis".

Ignorance ou mensonge: ce furent en réalité des modifications dévastatrices.

Ses promoteurs avouèrent que ce fut le prélude des changements pour la "nouvelle messe".
-1953, Pie XII créa Roncalli cardinal,
malgré le fait que le Saint Office avait un épais dossier sur lui: dès 1914 il était "suspect de modernisme", puis il s’était vu retirer brusquement sa charge de professeur au séminaire du Latran en mi-semestre pour ses enseignements non orthodoxes en 1925.

-1954, Pie XII, contrairement au mythe traditionaliste ne sanctionna pas Montini, mais Pie XII fit sacré Montini évêque, avec promotion le jour même comme Archevêque de Milan, le diocèse plus important d’Italie...
-1959, Jean XXIII nommera Annibale Bugnini,
Secrétaire de la commission préparatoire à vatican2 sur la liturgie.
Bugnini sera le véritable maître d’œuvre de la réforme liturgique menant à la "nouvelle messe" en 1969 sous Paul VI.

-1969, «Le commencement de cette rénovation a été l’œuvre de Notre prédécesseur, ce même Pie XII, dans l’instauration de la vigile pascale et de l’Ordo de la Semaine sainte, qui constitua la première étape de cette adaptation du Missel romain aux besoins de notre époque ». Paul VI, Constitution Apostolique Missale Romanum, 3 avril 1969.

LES ÉTUDES PRÉCÉDENTES ONT MONTRÉ :

-Comment Pie XII fut inspiré par l’ancien pasteur luthérien Louis Bouyer pour réformer la Semaine Sainte :

Voir : 2-LE MASSACRE DE LA SEMAINE SAINTE SOUS PIE XII: LA MARQUE PROTESTANTE ET LA SIGNATURE MODERNISTE PROUVÉES=>2-LE MASSACRE DE L…

et comment les thèses de Bouyer étaient proches des visions protestantes visant à séparer l'institution de l’Eucharistie lors de la Cène et le Sacrifice du Christ lors de Sa Passion,

-Comment Pie XII appréciait les travaux du Père Annibale Bugnini en matière de liturgie :
Voir : 3-LE MASSACRE DE LA SEMAINE SAINTE SOUS PIE XII: UNE VICTOIRE DE LA FRANC-MAÇONNERIE=>3-LE…

l’implication de Bugnini dans la réforme de la Semaine Sainte et comment ce franc-maçon devint peu à peu le maître d’œuvre de la réforme liturgique dans le but de mettre fin à la Messe traditionnelle, en la remplaçant par la "nouvelle messe" protestantisée.

La quasi totalité des traditionalistes ont adopté les réformes s'opposant à la Semaine Sainte traditionnelle. Les inspirations ou influences protestantes et modernistes sur ces deux décrets ont été montrées précédemment.
JUSQU’À QUAND LA PRÉVARICATION LEUR FERA NÉGLIGER LES FAITS?

INSPIRATION PROTESTANTE


En 1951, Décret "Dominicae Resurrectionis Vigilam" :

La Vigile pascale du samedi soir au détriment de la Messe la plus importante de l'année: la Messe de la Résurrection du Saint jour de Pâques :

Traditionalistes qui suivent ce décret: IMBC-abbé Ricossa-mgr Stuyvert, abbé Marchiset, abbé de La Chanonie, abbé Dutertre, abbé Orasch, abbé Hecquard, abbé Rioult…

(Ils se donnent la permission de choisir parmi les réformes celles qui leur semblent bonnes: celle-ci oui, celle-ci non).

INFLUENCES PROTESTANTES ET MODERNISTES


En 1955, Décret "Maxima redemptionis nostrae mysteria" :

La réforme massacre, qui modifie dans les faits totalement la liturgie de la Semaine Sainte.
Le Père Carlo Braga, secrétaire de Bugnini, écrit à ce sujet : "La réforme du samedi saint a été un bélier que nous avons introduit dans la forteresse de notre liturgie qui était jusqu'alors trop statique".

Traditionalistes qui suivent ce décret: FSSPX, dominicains d'Avrillé, Capucins de Morgon, abbé Belmont, abbé Lafitte, abbé Roger, Père Mercier (Faverney), "résistance" Williamson, FSSP, IBP, ICRSP, Barroux, Fontgombault, Chéméré, Lagrasse, missionnaires de la miséricorde divine (Fabrice Loiseau-soeur Faustine), nouveaux "prêtres" diocésains...

(Prêtres concordataires et donc républicains, ils prennent toutes les réformes: "la révolution est un bloc" selon les fameux mots de Clémenceau à la chambre des députés).

RAPPELS GÉNÉRAUX SUR LA RÉFORME DE LA SEMAINE SAINTE SOUS PIE XII=>1-LE…

LA VIGILE PASCALE

Toutes ces réformes ont alors été justifiées à grande échelle dans les discours officiels auprès des fidèles comme étant un retour enfin à l’antiquité chrétienne, que la Vigile était enfin restaurée dans sa forme antique, avec ses vrais horaires, alors qu’aucun des changements apportés ne pouvait s’autoriser d’une telle assertion.

La veillée pascale est décalée à la nuit du samedi. Surtout, de messe préparatoire à la fête de Pâques, la Vigile pascale devient la messe principale de la fête, au détriment de la Messe du jour de la Résurrection (In die Resurrectionis), autrement dit la Grande Messe du jour de Pâques, Solennité des Solennités. Cette dernière aura tendance paradoxalement à être moins fréquentée par les fidèles, alors qu’il s’agit de la Messe la plus importante de l’année.

Saint Pie V, par la bulle "Ad cujus notitiam" du 29 Mars 1566, avait prohibé les célébrations le soir ou vers le coucher du soleil.

Le jour du Samedi Saint devient alors un jour de silence, une période de flottement, où on ne célèbre pas de Messe, à l’image du samedi saint protestant, jour situé entre la croix et la résurrection, jour de silence sans culte.

La restauration de la Vigile pascale est un argument qui ne tient pas. En réalité cela ne correspond pas du tout au rétablissement de la pratique antique, où la vigile consistait à veiller toute la nuit avec toutes les cérémonies rassemblées, depuis la bénédictions des rameaux et ce qui a lieu aujourd’hui le Jeudi Saint, le Vendredi Saint et la Samedi Saint. Minuit n'étant pas l'heure traditionnelle de la Résurrection, celle-ci s’est faite le matin du troisième de jour.

L’examen du détail des modifications apportées à la Vigile pascale réformée laisse apparaître une impression générale de malaise : la symbolique traditionnelle de la lumière communiquée à la colonne du cierge pascale dressée (la puissance de la Trinité qui relève le Christ d’entre les morts) est amplement troublée ; au baptistère est déniée toute fonction traditionnelle de lieu du baptême, l’organisation de l’espace sacré intérieur des églises est profondément remis en question par le baptêmes de non-chrétiens au milieu d’un chœur liturgique.

La liturgie de chaque jour de la Semaine Sainte traditionnelle a été profondément bouleversée lors des réformes sous Pie XII. La Vigile pascale est l’aboutissement de ces réformes, sa liturgie est quasiment identique à la célébration moderniste.

VIGILE PASCALE QUASI IDENTIQUE A LA CÉRÉMONIE MODERNISTE

La bénédiction du cierge pascal est déplacée à l’extérieur de l’Eglise,
avec un cierge qui doit donc être porté durant toute la cérémonie par le Diacre.

Avec la réforme opérée, tous les chandeliers de la Chrétienté, prévus spécialement pour le cierge pascal, et dont certains dataient des aubes du Christianisme, sont rendus inutilisables le jour du Samedi Saint. Sous le prétexte de retourner aux origines, les chefs-d’œuvre liturgiques de l’Antiquité sont transformés en inutiles pièces de musée. De plus, le nombre ternaire des invocations « Lumen Christi » perd tout son sens liturgique.

[Semaine Sainte traditionnelle] : A l’extérieur, on bénissait le feu nouveau et les grains d’encens, mais non le cierge. Le feu était communiqué au Roseau (arundo), une sorte de manche muni de trois cierges à son sommet, lesquels étaient allumés progressivement au cours de la procession, à chaque invocation « Lumen Christi », d’où le nombre de trois invocations. Avec l’un de ces cierges, on allumait ensuite le cierge pascal, qui demeurait depuis le début de la cérémonie posé sur le chandelier pascal (dans de nombreuses églises paléochrétiennes la hauteur du chandelier avait déterminé la construction d’un ambon de même hauteur afin de pouvoir atteindre le cierge). Le feu (lumière de la Résurrection) était donc porté par le « Roseau » à trois flammes (la Sainte Trinité) jusqu’au grand cierge pascal (le Christ ressuscité), afin de symboliser que la Résurrection est opérée par la Sainte-Trinité.

On décide que le cierge pascal doit être placé au centre du chœur, au terme de la procession avec le cierge, dans une église illuminée progressivement au fur-et-à-mesure des trois invocations : à chaque « Lumen Christi », on génuflecte vers le cierge, et à la troisième invocation, toute l’Eglise est illuminée.

Une fois inventée la procession avec le cierge, on décide de placer ce dernier au centre du chœur, où il devient donc le point de référence de la prière, comme il l’était déjà devenu durant la procession. Il devient ainsi plus important que la Croix : il s’agit là d’une étrange nouveauté qui modifie l’orientation de la prière à phases intermittentes.

[Semaine Sainte traditionnelle] : Le cierge, au début de la cérémonie, est éteint, sur le chandelier placé le plus souvent côté évangile. Le Diacre et le Sous-diacre s’y rende avec le « Roseau » pour l’allumer durant le chant de l’Exultet. Il en résulte que les seuls cierges allumés à partir du feu béni – lumière de la Résurrection sont ceux du « Roseau », jusqu’au chant de l’Exultet.

Destruction du symbolisme de l’Exultet et de sa nature de bénédiction diaconale.

Certains réformateurs auraient voulu purement éliminer cette cérémonie, mais l’amour porté depuis toujours au chant de l’Exultet fit que d’autres s’opposèrent à la modification du texte : « La Commission, étant donné que les passages qui pourraient être éliminés sont peu nombreux, et d’importance réduite, pense qu’il est plus opportun de conserver le texte traditionnel ». Le résultat fut l’énième confusion résultant de l’association entre un chant traditionnel et un rite totalement altéré. Il s’ensuit ainsi que l’un des moments les plus significatifs de l’année liturgique devient une pièce de théâtre d’une désarmante incohérence. En effet, les actions dont parle celui qui chante l’Exultet ont déjà été accomplies environ une demi-heure plus tôt, à la porte de l’Eglise : on chante l’insertion des grains d’encens, « suscipe Pater incensi huius sacrificium vespertinum », alors qu’ils sont déjà fixés au cierge depuis un certain temps ; on magnifie l’illumination du cierge avec la lumière de la Résurrection, « sediam columnae huius praeconia novimus quam in honorem Dei rutilans ignis accendit », alors que le cierge est allumé depuis longtemps, et la cire coule déjà abondamment. Il n’y a donc plus aucune logique. Le symbolisme de la lumière est lui-aussi totalement détruit lorsqu’on chante triomphalement l’ordre d’allumer toutes les lumières, symbole de la Résurrection, « alitur enim liquantibus ceris, quas in substantiam pretiosae huis lampadis apis mater eduxit », mais dans une église qui est déjà toute illuminée par les cierges allumés au feu nouveau. Le symbolisme réformé est incompréhensible simplement parce qu’il n’est plus symbolique, puisque les paroles prononcées n’ont plus aucun rapport avec la réalité du rite. Le chant de la prière pascale constituait en outre, unie aux gestes qui l’accompagnaient, la bénédiction diaconale par excellence ; après la réforme, le cierge a été béni avec de l’eau à l’extérieur de l’église, mais on maintient pourtant une partie de l’antique bénédiction, à cause de sa grande beauté esthétique. Malheureusement, en agissant ainsi, la liturgie est réduite à une pièce de théâtre.

[Semaine Sainte traditionnelle] : Le chant de l’Exultet commence devant le cierge éteint ; les grains d’encens y sont figés lorsque le chant parle de l’encens ; le cierge est allumé par le Diacre, et les lumières de l’Eglise sont allumées au moment où le chant fait référence à ces actions. Ce sont ces actions unies au chant qui constituent la bénédiction.

De 12 prophéties, on passe à seulement 4 prophéties
Des 12 prophéties, 8 sont supprimées et seules 4 gardées. La réduction à 4 prophéties est présentée comme un retour à l’antique forme du Sacramentaire Grégorien. En réalité cela est faux car le choix des 4 prophéties par la réforme ne correspond pas à celui du Sacramentaire Grégorien...
1.Genèse I, 1 à II, 2 : “Au commencement Dieu créa le ciel et la terre” : la Création du monde,
2.Exode XIV, 24 à XV, 1, suivi du chant du trait Cantemus Domino (Exode XV, 1-3) : “Mais les enfants d’Israël passèrent à sec au milieu de la mer, ayant les eaux à droite et à gauche, qui leur tenaient lieu de mur” : la Traversée de la Mer Rouge,
3.Isaïe IV, 2-6 (privé du premier verset, donc), suivi du chant du trait Vinea facta est (Isaïe V, 1-2 & 7): “En ce jour-là, le Germe du Seigneur sera dans la magnificence et dans la gloire, et le fruit de la terre sera élevé en honneur, et une cause d’allégresse pour ceux d’Israël qui auront été sauvés” : la Vigne du Seigneur,
4.Deutéronome XXXI, 22-30, suivi du chant du trait Attende cælum, (Deutéronome XXXII, 1-4) : “Prenez ce livre, et mettez-le à côté de l’arche d’alliance du Seigneur votre Dieu, afin qu’il y serve de témoignage contre vous” : Exhortation à observer la Loi & Mort de Moïse,

[Semaine Sainte traditionnelle] :
Voici les 12 Prophéties de la liturgie du Samedi Saint :
1. Genèse I, 1 à II, 2 : “Au commencement Dieu créa le ciel et la terre” : la Création du monde,
2. Genèse V, 31 à VIII, 21 : “Alors Dieu parla à Noé, et lui dit : Sortez de l’arche” : Noé & le Déluge,
3. Genèse XXII, 1-19 : “Je connais maintenant que tu crains Dieu, puisque pour m’obéir tu n’as point épargné ton fils unique” : le Sacrifice d’Abraham,
4. Exode XIV, 24 à XV, 1, suivi du chant du trait Cantemus Domino (Exode XV, 1-3) : “Mais les enfants d’Israël passèrent à sec au milieu de la mer, ayant les eaux à droite et à gauche, qui leur tenaient lieu de mur” : la Traversée de la Mer Rouge,
5. Isaïe LIV, 17 à LV, 11 : “Vous tous qui avez soif, venez aux eaux” : l’exhortation au baptême,
6. Baruch III, 9-38 : “Après cela il a été vu sur la terre, et il a conversé avec les hommes” : l’annonce de l’Incarnation,
7. Ezekiel XXXVII, 1-14 : “Et vous saurez que je suis le Seigneur, lorsque j’aurai ouvert vos sépulcres, que je vous aurai fait sortir de vos tombeaux, ô mon peuple, et que j’aurai mis mon Esprit en vous, et que vous vivrez” – la Vision d’Ezechiel des ossements desséchés,
8. Isaïe IV, 1-6, suivi du chant du trait Vinea facta est (Isaïe V, 1-2 & 7): “En ce jour-là, le Germe du Seigneur sera dans la magnificence et dans la gloire, et le fruit de la terre sera élevé en honneur, et une cause d’allégresse pour ceux d’Israël qui auront été sauvés” : la Vigne du Seigneur,
9. Exode XII, 1-12 (répétée de la Messe des Présanctifiées le Vendredi Saint) : “vous mangerez à la hâte ; car c’est la Pâque (c’est-à-dire le passage) du Seigneurvous mangerez à la hâte ; car c’est la Pâque (c’est-à-dire le passage) du Seigneur” : l’Agneau pascal
10. Jonas III, 1-10 : “Dieu vit leurs œuvres, il vit qu’ils étaient revenus de leur voie mauvaise ; et le Seigneur notre Dieu eut pitié de son peuple” : la Conversion des Ninivites,
11. Deutéronome XXXI, 22-30, suivi du chant du trait Attende cælum, (Deutéronome XXXII, 1-4) : “Prenez ce livre, et mettez-le à côté de l’arche d’alliance du Seigneur votre Dieu, afin qu’il y serve de témoignage contre vous” : Exhortation à observer la Loi & Mort de Moïse,
12. Daniel III, 1-24 : “Et ils marchaient au milieu de la flamme, louant Dieu et bénissant le Seigneur” : les Trois Enfants dans la fournaise.

Introduction de l’incroyable pratique de diviser les litanies en deux parties, pour insérer au milieu la bénédiction de l’eau baptismale.

Un tel choix est tout simplement extravagant et incohérent : jamais on n’avait vu séparer en deux parties une prière impétratoire. L’introduction des rites baptismaux au milieu est d’une incohérence encore plus grande.

[Semaine Sainte traditionnelle] : Une fois accomplie la bénédiction des fonts baptismaux, on chante les litanies, qui précèdent la Messe.

L’eau baptismale est bénie dans une bassine au milieu du chœur, le célébrant faisant face aux fidèles, et tournant donc le dos à l’autel.

En substance, on décide de substituer aux fonts baptismaux une vulgaire casserole qu’on installe au centre du chœur : ce choix est dicté, encore une fois, par l’obsession que tous les rites soient accomplis par « les ministres sacrés tournés vers le peuple », mais dos à Dieu. Les fidèles doivent dans cette logique devenir « les véritables acteurs de la célébration […]. La Commission a accueilli les aspirations fondées du peuple de Dieu […] l’Eglise était ouverte à des ferments de rénovation ». Ces choix, fondés sur un populisme pastoral que le peuple n’avait jamais réclamé, aboutiront à la destruction de tout le sens de l’architecture sacrée, depuis les origines jusqu’à aujourd’hui. Autrefois les fonts baptismaux étaient hors de l’église ou, durant les époques successives, à l’intérieur des murs de l’édifice, mais aux alentours de la porte d’entrée, puisque selon la théologie catholique le baptême est la porte, « ianua sacramentorum ». Il est le sacrement qui rend membre de l’Eglise celui qui est encore en-dehors d’elle ; il est le sacrement qui permet réellement l’accès dans l’Eglise, et il était donc figuré comme tel par les dispositions et les gestes liturgiques. Le catéchumène reçoit le caractère qui le fait membre de l’Eglise, et c’est pour cette raison qu’il doit être accueilli à l’entrée, purifié par l’eau baptismale, et ayant acquis par elle le droit d’accéder à la nef, en tant que nouveau membre de l’Eglise, en tant que fidèle. Mais comme fidèle, il accède seulement à la nef, et pas au chœur, puisque celui-ci est réservé au clergé, à savoir les membres de l’Eglise qui ont reçu le sacerdoce ministériel ou qui sont en relation avec lui. Cette répartition traditionnelle était fondée sur la distinction entre le sacerdoce qu’on appelle « commun » des baptisés et le sacerdoce ministériel, distinction qui est « essentielle » et non pas simplement une distinction d’espèces : ce sont deux choses diverses, et non pas deux degrés distincts d’une même essence. Mais les changements apportés, non seulement font accéder ici des fidèles au chœur (comme ils l’avaient déjà fait pour le Jeudi Saint), mais même des non-baptisés. Celui qui est encore la « proie du démon » parce qu’il a le péché originel est considéré de la même façon que celui qui a reçu l’ordination sacrée, et il accède au chœur en étant encore catéchumène : le symbolisme traditionnel est purement et simplement massacré.

[Semaine Sainte traditionnelle] : La bénédiction de l’eau baptismale se fait aux fonts baptismaux, en dehors ou au fond de l’église. Les éventuels catéchumènes sont accueillis à l’entrée de l’église, reçoivent le baptême, et peuvent ensuite seulement accéder à la nef, mais ils n’entrent pas dans le chœur, comme il est logique, ni avant, ni après le baptême.

Altération du symbolisme du chant du Sicut cervus tiré du psaume 41.

Après avoir inventé un baptistère dans le chœur, on se trouve face à un problème pratique : il faut rapporter quelque part l’eau utilisée. On invente donc une cérémonie pour porter l’eau aux fonts, après l’avoir bénie devant les fidèles, et surtout après avoir administré un éventuel baptême. La translation de l’eau baptismale s’accomplit en chantant le Sicut cervus, à savoir la partie du psaume 41 qui fait référence à la soif du cerf, soif déchaînée par la morsure du serpent, et qui ne s’éteint qu’un buvant l’eau salutaire. Mais ici, on ne tient pas compte du fait que le cerf était assoiffé de l’eau baptismale, après la morsure du serpent infernal : le baptême ayant déjà été conféré, le cerf n’a plus soif puisque, en figure, il a déjà bu ! Le symbolisme est donc non seulement modifié, mais presque inversé.

[Semaine Sainte traditionnelle] : A la fin du chant des prophéties ; le célébrant se dirige vers les fonts baptismaux pour procéder à la bénédiction de l’eau et au baptême des éventuels catéchumènes. Pendant ce temps, on chante le Sicut cervus, qui précède donc en toute logique le baptême.

Invention ex nihilo de la « rénovation des promesses du baptême »

On procède ici, d’une certaine façon, « à l’aveugle », avec des créations pastorales qui n’ont pas de véritable fondement dans l’histoire de la liturgie. Dans le sillage de l’idée selon laquelle les sacrements doivent revivre dans les consciences, on introduit donc un renouvellement des promesses du baptême, qui devient une sorte de « prise de conscience » du sacrement reçu dans le passé. Une tendance comparable avait déjà surgi dans les années vingt du siècle passé : en polémique voilée contre les décisions de saint Pie X permettant la communion des enfants dès l’âge de raison, était apparue l’étrange pratique de la « communion solennelle » ou « profession de foi » : l’adolescent, vers treize ans, devait « refaire » sa première communion, dans une sorte de prise de conscience du sacrement qu’il recevait depuis plusieurs années déjà. Cette pratique, même si elle ne remet pas en cause la doctrine catholique de l’« ex opere operato », accentue cependant dans le sacrement son aspect subjectif, aux dépens de son aspect objectif. Et elle a abouti, avec le temps, à l’obscurcissement et à la perte de sens du sacrement de confirmation. Un processus analogue se rencontrera en 1969, avec l’introduction le Jeudi Saint de la cérémonie du « renouvellement des promesses sacerdotales ». Avec une telle pratique, on introduit un lien entre l’ordre sacramentel et l’ordre sentimentalo-émotionnel, entre efficacité du sacrement et prise de conscience, phénomène qui n’a pas une grande place dans la tradition. Le terrain de ces innovations, qui n’ont aucun fondement ni dans l’Ecriture, ni dans la pratique de l’Eglise, semble être une faible conviction en l’efficacité des sacrements. Même si ce n’est pas en soi une innovation ouvertement erronée, elle semble toutefois tendre dangereusement vers des théories d’origine luthérienne, lesquelles, excluant le rôle de l’ « ex opere operato », tiennent que les rites sacramentaux servent davantage à « réveiller la foi » qu’à conférer la grâce. Reste d’autre part difficile à comprendre le véritable but visé par cette réforme : d’une part, on fait de grandes coupes dans les célébrations pour en réduire la longueur, et d’autre part, on y ajoute d’ennuyeux passages, qui appesantissent outre mesure la cérémonie.

[Semaine Sainte traditionnelle] : Il n’y a pas de rénovation des promesses baptismales, de même qu’il n’y en a jamais eu sous cette forme dans l’histoire de la liturgie, ni en Orient ni en Occident.

Invention d’une admonition durant le renouvellement des promesses baptismale, qui peut être récitée aussi en langue vulgaire.

Les accents de cette admonition moralisante trahissent terriblement l’époque de sa rédaction (le milieu des années cinquante), et elle apparaît aujourd’hui déjà désuète, en plus d’être passablement ennuyeuse. Les réformateurs introduisent de plus ici le mode typiquement aliturgique de se tourner vers les fidèles durant le rite, qui est une sorte d’hybride entre l’homélie et la célébration, et qui aura tant de succès dans les années suivantes.

[Semaine Sainte traditionnelle] : Inexistant.

Introduction du Pater récité par tous, et éventuellement en langue vulgaire.

Le Notre Père est précédé d’une exhortation aux accents sentimentaux.

[Semaine Sainte traditionnelle] : Inexistant.

Reprise, sans aucun sens liturgique, de la seconde partie des litanies, qui avaient été interrompues en plein milieu avant la bénédiction de l’eau baptismale.

On avait commencé à prier à genoux, pour le début des litanies avant la bénédiction de l’eau, et puis avaient suivi un grand nombre de cérémonies et de déplacements dans le chœur, jusqu’aux réjouissances pour un évènement comme la bénédiction de l’eau baptismale et pour un éventuel baptême ; mais après tout cela, on reprend la même prière litanique et impétratoire qui avait été interrompue une demi-heure plus tôt, au point précis où on l’avait laissée suspendue (difficile de savoir si les fidèles, eux, se souviennent de l’endroit où ils l’ont interrompue) : innovation incohérente et incompréhensible.

[Semaine Sainte traditionelle] : Les litanies, récitées intégralement sans interruption, se chantent après la bénédiction des fonts baptismaux, avant la Messe.

Suppression des prières au bas de l’autel, du psaume Judica me (Ps. 42) et du Confiteor au début de la Messe.

On décide que la Messe doit commencer en omettant la récitation du Confiteor et du psaume pénitentiel. Le psaume 42, qui rappelle l’indignité du prêtre qui va accéder à l’autel, n’est certes pas apprécié par les réformateurs, sans doute parce qu’il se récite en bas des marches, avant de pouvoir monter vers l’autel : lorsque la logique liturgique sous-jacente est celle de l’autel vu comme « ara crucis », comme lieu sacré et terrible où est rendue présente la Passion rédemptrice du Christ, on comprend aisément le sens d’une prière qui rappelle l’indignité de quiconque prétend gravir ces marches pour y accéder. La disparition du psaume 42, qui sera éliminé dans les années suivantes de toutes les Messes, semble au contraire vouloir préparer les esprits à une nouvelle ritualité de l’autel, qui symbolise désormais bien plus une table commune que le Calvaire, et qui par conséquent ne réclame plus ni la crainte sacrée ni le sens de sa propre indignité que le prêtre confessait dans le psaume 42.

[Semaine Sainte traditionnelle] : La Messe commence avec les prières au bas de l’autel, avec le psaume 42, « Judica me Deus » et le Confiteor.

Dans le même décret, tous les rites de la Vigile de la Pentecôte sont éliminés, exception faite de la Messe.

Cette abolition hâtive a tout l’air d’avoir été ajoutée au dernier moment. La Pentecôte prévoyait depuis toujours une Vigile semblable dans ses rites à celle de Pâques. Mais la réforme de la Semaine Sainte, qui n’avait pas moyen de modifier celle de la Pentecôte, ne pouvait pas non plus laisser subsister côte à côte deux rites qui, en l’espace de cinquante jours, se seraient déroulés l’un dans la forme réformée, l’autre dans la forme traditionnelle. Dans la précipitation, on décide donc de supprimer ce qu’on n’avait pas eu le temps de réformer, et le couperet s’abat sur la Vigile de la Pentecôte. Il résultat d’une telle improvisation qu’on ne prit pas le temps d’harmoniser les textes de la Messe qui suivait traditionnellement les rites de la Vigile avec cette suppression, au point que certaines phrases prononcées par le célébrant, durant le canon, deviennent totalement incongrues. Car ce canon de la Pentecôte prévoyait que la Messe fût précédée des rites baptismaux, rites supprimés par la réforme de 1955 ; le célébrant parle donc maintenant, durant le Hanc igitur propre à cette Messe, du rite baptismal de la Vigile, qu’il s’agisse de la bénédiction des fonts ou de la collation du sacrement : « pro his quoque, quos regenerare dignatus es ex aqua, et Spiritu Sancto, tribuens eis remissionem peccatorum »- mais de ce rite, il ne reste aujourd’hui plus aucune trace. La Commission, dans sa hâte de supprimer, ne s’en était peut-être pas même rendu compte.

[Semaine Sainte traditionnelle] : La Vigile de la Pentecôte possède ses rites de caractère baptismal, auxquels fait référence l’Hanc igitur de la Messe qui suit.
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