Pourquoi Marie est-elle l'Immaculée Conception ?
Ces deux Mystères mariaux sont tellement interdépendants qu'il est rigoureusement impossible de les séparer.
Si Marie est l'Immaculée, c'est pour être la Corédemptrice.
Et si Marie est Corédemptrice avec le Christ, c'est qu'elle est l'Immaculée Conception, celle qui eut le privilège unique de ne pas être touchée, même partiellement, par la tâche originelle.
Pourquoi cette si étroite corrélation, puisque nous-mêmes, tout pécheurs que nous sommes, Dieu nous appelle cependant à être nous aussi comme saint Paul des co-rédempteurs, "complétant en leur chair ce qui manque encore aux souffrances du Christ" ?
Simplement parce qu'il y a deux niveaux dans la corédemption :
- Un niveau ordinaire concernant tous les chrétiens, tous les saints petits et grands. C’est celui dont parle saint Paul aux Colossiens ( 1,24 ).
- Un niveau extraordinaire, réservé à une seule personne au monde.
Car aucun saint, si grand soit-il, ne peut prétendre être celui qui participe avec le Christ au salut du monde au point de pouvoir être cité avec Lui - du moins à défaut d'être le deuxième Rédempteur, ce qui est impossible - en étant son Co-rédempteur, c'est-à-dire son outil de prédilection pour sauver l'humanité du péché.
Car on ne peut à ce point être associé à l'œuvre de l'annulation de la faute originelle, tout en étant soi-même touché par cette faute : ce serait une intolérable contradiction.
Seule Marie le peut : car seule avec le Christ son divin Fils, elle est entièrement et depuis toujours du bon côté, pour oeuvrer à détruire le péché par la grandeur infinie de son sacrifice, qui est Celui du Christ.
En effet : Marie étant la Mère de Dieu, elle ne l'est pas seulement jusqu'au moment de la Naissance du Verbe, avant d'être ensuite écartée comme une personne devenue inutile, voire gênante.
Non : Marie est la Mère du Verbe depuis sa Conception en elle, jusqu'à sa Mort en Croix et jusqu'à sa Glorification à la droite du Père après sa Résurrection.
Tout ce qui fait la Vie du Fils fait également la vie de sa Mère. Et Marie ne le vit pas d'une façon purement passive, comme une sorte de bouddha en perpétuelle méditation, loin de toute expérience affective, sans aucune décision de sa part. Bien au contraire, Marie offre volontairement son Fils au sacrifice d'expiation, ce qui en fait la Reine des martyrs, et la Reine des prêtres.
Jamais personne ne pourra s'imaginer ce que Marie a souffert au pied de la Croix en union au Christ, ni souffrir autant qu'elle, comme le chante le Stabbat Mater.
Prenons un exemple :
Lorsqu'un jeune homme meurt pour sa patrie sous les drapeaux, c'est lui qui est mort, et nul autre. Personne d'autre que lui n'a défendu son pays au prix de son sang.
Cependant, sa mère paie en quelque sorte le même prix que lui, et la nation se doit de saluer profondément le sacrifice des mères, acceptant de donner leurs chers enfants pour vaincre la menace ennemie, se sacrifiant elles-mêmes avec eux. Ce ne sont pas elles qui sont mortes, et pourtant : si. Sans elles, jamais les frontières n'auraient pu être préservées. Elles sont avec leurs fils les co-défenseuses de la nation, et souffrent la mort autant qu'eux.
Mais ce n'est qu'une simple poussière de souffrance, comparée à la co-rédemption de Marie au côté de son Fils Jésus, elle qui partageait tout avec Lui d'une manière parfaite de part son Immaculée Conception.
Au point que sa co-rédemption à elle, pure et parfaite, sans aucun équivalent terrestre, fut annoncée prophétiquement par le saint vieillard Simeon : "Et toi-même, une épée te transpercera l'âme."
Ainsi, il est complètement stupide d'insinuer à la suite des défenseurs aveugles de MPF, que le Mystère de la Corédemption de la Vierge serait de moindre importance que les autres Mystères mariaux, et serait donc négligeable.
Depuis l'Annonciation jusqu'au Couronnement de Marie au Ciel, la Corédemption de Marie est le but du Plan divin apparaissant dans les 15 Mystères du Rosaire.
Car en fait : le négliger, c'est négliger l'Evangile Lui-même, dont le but est d'intégrer tous les hommes - et Marie avec une place absolument à part, celle de Corédemptrice - dans l'oeuvre du salut.