2 novembre, Commémoration de tous les fidèles défunts. AUX MORTS DE TOUTES LES GUERRES ✝️

2 novembre, Commémoration de tous les fidèles défunts.
AUX MORTS DE TOUTES LES GUERRES ✝️
PAIX SUR LES MORTS QUI NOUS SONT CHERS !
Qu'ils reposent en paix : rendons hommage, prions,
invoquons le pardon de Dieu en faveur des âmes de
nos disparus qui séjournent encore au purgatoire,
afin qu'elles puissent le plus tôt possible être pleinement
libérées de leurs peines et dégagées de leurs tourments.
Marie Bee

Lorsque les fidèles témoignent aux défunts l’affection
d’un cœur qui se souvient et qui prie, leur action est
sûrement profitable à ceux qui méritèrent, de leur vivant,
que de tels suffrages leur soient appliqués après cette vie.
Saint Augustin

Dans les funérailles, les fleurs et les couronnes symbolisent d'un côté la fragilité de la vie humaine, de l'autre l'immortalité de l'âme et l'affection qui persévère après la mort.
Les fleurs qui se fanent rapidement nous rappellent la fragilité des choses terrestres: "L'homme se fane, dit l'Ecriture, comme une fleur des champs." Les fleurs fraîches et les couronnes déposées sur le cercueil signifient aussi que l'âme continue à vivre, bien que le corps soit la proie de la mort. Plantées sur la tombe, les fleurs expriment l'affection constante que l'on éprouve pour le défunt, elles répètent la sentence de l'Écriture. 'l'amour ne meurt pas."
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Du 1er au 8 novembre, tout fidèle peut gagner chaque jour une indulgence plénière applicable aux âmes du Purgatoire. ✝️

Voici les conditions à remplir pour gagner cette indulgence :

Le jour même du 2/11 : Visiter une église, réciter un Notre Père et un Je crois en Dieu pour les défunts.

Du 1er au 8 novembre : Visiter un cimetière, prier (de façon libre) pour les défunts.

Conditions générales de l’indulgence :
Réaliser l’œuvre prescrite (cf les points ci-dessus).

Confession dans les huit jours avant ou après.

Communion sacramentelle.

Prière aux intentions du pape par un Notre Père et un Je vous salue Marie (les intentions du pape sont l’exaltation de la sainte Église, la propagation de la foi, l’extirpation de l’hérésie, la conversion des pécheurs, la concorde entre les princes chrétiens et les autres biens du peuple chrétien).

Détachement de toute affection au péché même véniel.

Quelques rappels tirés du Catéchisme de Saint Pie X :

Qu’est-ce que l’indulgence ?

L’indulgence est la rémission de la peine temporelle due aux péchés déjà pardonnés quant à la faute ; rémission que l’Église nous accorde en dehors du sacrement de Pénitence.

NB : par opposition à la peine éternelle (l’enfer), la peine temporelle est celle qui a un terme, et qui cesse quand elle a été subie ou remise.

De qui l’Église a-t-elle reçu le pouvoir d’accorder les indulgences ?

L’Église a reçu de Jésus-Christ le pouvoir d’accorder les indulgences.

Comment l’Église nous remet-elle la peine temporelle par les indulgences ?

L’Église nous remet la peine temporelle par les indulgences, en nous appliquant les satisfactions surabondantes de Jésus-Christ de la très sainte Vierge et des Saints qui forment ce qu’on appelle le trésor de l’Église.

Combien y a-t-il d’espèces d’indulgences ?

Il y a deux espèces d’indulgences : l’indulgence plénière et l’indulgence partielle.

Qu’est-ce que l’indulgence plénière ?

L’indulgence plénière est celle qui remet toute la peine temporelle due pour nos péchés.
Si donc quelqu’un mourait après avoir reçu cette indulgence, il irait tout droit au paradis, échappant absolument aux peines du purgatoire.

Qu’est-ce que l’indulgence partielle ?

L’indulgence partielle est celle qui ne remet qu’une partie de la peine temporelle due pour nos péchés.
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Le purgatoire, lieu de purification ✝️

Le purgatoire est un lieu, où souffrent temporairement les âmes des hommes morts sans péché grave, mais dont les péchés ne sont pas encore entièrement expiés.

Judas Macchabée croyait que les âmes des guerriers morts qui avaient des idoles sur eux seraient obligées de souffrir; c'est pourquoi il fit offrir pour eux des sacrifices au temple de Jérusalem. (II. Macch. XII, 43). Beaucoup d'hommes sont au moment de leur mort dans l'état du blé récemment fauché ou de l'or nouvellement extrait de la mine. Avant de mettre le blé en grange, on le laisse exposé aux rayons brûlants du soleil; avant de travailler l'or, on le purifie au feu: ainsi les souillures de l'âme séparée du corps doivent disparaître dans le feu. (S. Grég. Nye.) Dans la vie future il y a un baptême de feu, pénible et long, qui dévore ce qu'il y a de terrestre dans l'âme, comme le feu dévore l'herbe. (S. Grég. Naz.) — D'après beaucoup de saints, le lieu du purgatoire est sous terre (plus bas que l'univers visible), c'est pourquoi l'Eglise prie aux obsèques: A porta inferi (de la puissance souterraine, délivrez-le Seigneur !) et De profundis... (du fond de l'abîme, je crie vers vous, Seigneur !). D'autres pensent que beaucoup d'âmes souffrent précisément là où elles ont péché, et qu'elles peuvent être présentes aux endroits où l'on prie pour elles. Ce qui est certain, c'est que de pauvres âmes du purgatoire sont apparues sur terre à des saints, à S. Philippe de Néri, Ste Brigitte, Ste Thérèse. — Les saints sont d'avis que les âmes du purgatoire souffrent avec un abandon total à la volonté de Dieu, par contraste avec les damnés qui sont dans un état perpétuel de rage. Dieu en effet remplit ces âmes d'une grande charité, qui leur rend supportables les plus grands supplices. (Ste Cath. de Gènes). La pensée qu'elles rendent à Dieu une satisfaction convenable et qu'elles souffrent pour Dieu, leur inspire le courage des martyrs (id ). De plus la certitude, qu'elles parviendront un jour à la vie éternelle et à la vision béatifique les remplit d'une grande consolation. Elles sont en outre comblées de joie par les suffrages des fidèles vivants et des saints du ciel, par les visites des anges. (S. Françoise Romaine). On peut croire aussi que leurs souffrances diminuent à mesure que leur connaissance de Dieu augmente. (S. Cath. de G.) La vie des saints, par exemple de Ste Perpétue, nous apprend en effet que dans des apparitions successives des pauvres âmes, celles-ci augmentent chaque fois en beauté.

Les âmes expient au purgatoire ou bien leurs péchés véniels, ou bien les peines temporelles des péchés mortels remis par l'absolution, mais pour lesquels elles n'ont pas suffisamment satisfait.

Dieu punit le péché véniel de peines temporelles. Zacharie, le père de S. Jean-Baptiste, fut puni pour n'avoir pas cru à l'ange, Moïse pour avoir douté un instant. Dieu laisse aussi subsister une peine temporelle pour les péchés mortels qu'il a remis au pécheur repentant, tels ceux d'Adam et de David. Celui-ci s'efforça sincèrement après sa conversion d'obtenir la rémission des peines temporelles, mais il n'y réussit pas; la mort de son fils arriva comme elle avait été prédite. Quiconque n'a pas complètement expié ses péchés, est obligé de le faire dans le séjour de la purification. (Conc. de Tr. 6, 30). Les tribunaux condamnent quelquefois à une amende et éventuellement, en cas de non paiement, à la prison; Dieu fait de même : si le pécheur ne satisfait pas à sa justice ici-bas, il le fera nécessairement dans la prison du purgatoire. Ne vous contentez donc jamais de la pénitence imposée en confession, mais imposez-vous volontairement d'autres œuvres satisfactoires. On peut aussi faire pénitence en supportant patiemment les maux de cette vie, par exemple la maladie, et en acceptant avec résignation la mort quand elle viendra. Surtout ne regardez pas le péché véniel comme une chose légère, car il faudra l'expier durement.

Les souffrances des âmes du purgatoire consistent dans la privation de la vue de Dieu et dans de grandes douleurs.

Ce n'est pas en vain que nous disons la prière : Seigneur ! donnez leur le repos éternel et que la lumière éternelle les éclaire !, c.-à-d. délivrez-les de toute douleur et laissez-les arriver à la vision de Dieu, Les cierges allumés aux enterrements et sur les tombes symbolisent cette demande à Dieu, de donner aux âmes la lumière éternelle, c.-à-d. la vision béatifique. — Hormis la durée, il n'y a pas de différence essentielle entre les peines de l'enfer et celles du purgatoire (S. Th. Aq.); le même feu purifie les élus et torture les damnés. C'est pourquoi l'Eglise emploie dans la messe des morts le mot enfer pour désigner le purgatoire, dont elle demande que les âmes soient délivrées. (Benoît XIV). Les peines du purgatoire sont plus grandes que les plus horribles tortures des martyrs. (S. Aug.) Les plus petites souffrances du purgatoire sont plus cruelles que les plus grandes de la terre. (S. Th. Aq.) Toutes les souffrances que l'on pourrait imaginer ici-bas sont plutôt un soulagement en comparaison de la moindre peine du purgatoire. (S. Cyr. Al.) Le feu de Ia terre est un paradis en comparaison de celui du purgatoire. (S. Magd. de Pazzi).

La rigueur et la durée des peines du purgatoire sont en raison de la gravité des péchés.

Plus on emporte de matières combustibles, c'est-à-dire, de péchés, au purgatoire, plus on y brûlera. (S. Bonav.) Plus la faute est grande, plus cuisante est la douleur de la flamme purificatrice. (S. Aug.) La purification des fidèles par le feu sera plus ou moins lente selon le plus ou moins d'affection qu'ils auront eu pour les choses terrestres. (S. Aug.) Celui qui a vieilli dans le péché mettra plus de temps à passer par la fournaise (ibid.) ; ainsi certains mets particulièrement durs ont besoin d'une longue cuisson pour être présentables. Les fondations à perpétuité, par le fait qu'elles sont admises par l'Église, prouvent qu'elle reconnaît la possibilité d'une durée très longue des peines du purgatoire. Catherine Emmerich rapporte dans ses visions qu'à tous les anniversaires de sa mort, Jésus descend au purgatoire pour y délivrer l'une ou l'autre âme de ceux qui furent jadis les témoins de sa passion et qui jusqu'ici n'avaient pas encore été admis à la vision béatifique. Lors même d'ailleurs que le châtiment d'une âme ne durerait qu'une heure, elle lui paraîtrait d'une longueur insupportable (S. Brig.) — Quelques saints sont d'avis que certaines âmes (sans doute des âmes très parfaites) ne sont punies que par la privation de la vue de Dieu, sans souffrir la peine du sens; elles subiraient passagèrement le sort des enfants morts sans baptême (id.). La peine du sens serait en relation avec les péchés extérieurs: les péchés de gourmandise, p. ex., seront punis par la faim et la soif. (S. Matth.) S. Brigitte voyait les âmes subissant les peines correspondantes aux membres où elles avaient péché le plus. Ste Marguerite de Cortone en vit plusieurs condamnées à rester au purgatoire jusqu'à la restitution du bien mal acquis par elles; d'après une autre sainte, un peintre resta au purgatoire jusqu'à la destruction d'une œuvre scandaleuse peinte par lui. (Louvet). Descendez souvent au purgatoire pendant votre vie, dit S. Augustin, afin de ne pas y entrer après votre mort.

L'existence du purgatoire est démontrée par les enseignements de Jésus-Christ, et surtout par les usages et la doctrine de l'Eglise infaillible. Il est remarquable du reste, que presque tous les peuples de l'univers croient à l'existence du purgatoire. La raison elle-même nous indique qu'il doit y en avoir un.
"Celui, dit Jésus-Christ, qui parlera contre le S. Esprit, ne sera pardonné ni en cette vie, ni dans la vie future." (S. Matth. Xll, 32). En outre, Jésus-Christ menace le pêcheur d'une prison et ajoute: "En vérité, en vérité, je vous le dis, vous ne sortirez pas de là que vous n'ayez payé la dernière obole" (ibid. V, 26). S. Paul de son côté dit que quelques-uns seront sauvés, mais comme en passant par le feu. (I. Cor. III, 15). Le purgatoire nous est démontré aussi par les usages de l'Eglise. Elle prie pour les morts à chaque messe (Memento des trépassés après l'élévation), elle célèbre des messes des morts (le jour des trépassés, le jour du décès ou de l'enterrement, aux anniversaires), elle fait sonner le glas, pour inviter les fidèles à prier pour les morts, elle a, même institué une solennité spéciale, la commémoraison des morts, le 2 novembre. (Cette solennité fut introduite en 998 par Odilon, abbé de Cluny et étendue plus tard par les papes à toute l'Eglise). Or les usages des chrétiens ne sont pas de vains spectacles, mais des institutions du S. Esprit. (S. J. Chr.) — Les Pères des conciles de Florence (1439) et de Trente (1545-63) ont expressément défini l'existence du purgatoire. — La croyance à un purgatoire se retrouve chez presque tous les peuples. Les Egyptiens croyaient à une migration des âmes à travers les animaux. Les Grecs avaient la fable de Prométhée, qui pour avoir dérobé le feu dans l'Olympe, fut enchaîné à un rocher du Caucase où un vautour lui dévorait le foie, jusqu'à ce qu'il fût délivré par Hercule. Les Juifs aussi croyaient au purgatoire, puisque Judas Macchabée recueillit 12,000 drachmes afin d'en faire offrir des sacrifices à Jérusalem pour les guerriers tombés dans la bataille. Les premiers chrétiens aussi priaient pour les morts, surtout à la messe et S. Augustin raconte qu'à son lit de mort Monique lui dit, à lui et à son frère : "Ensevelissez mon corps où vous voudrez, mais je vous supplie de toujours vous souvenir de moi, à l'autel du Seigneur." S. J. Chrysostome déclare que conformément à l'institution apostolique, les chrétiens avaient de tout temps prié pour les morts, et S. Cyrille de Jérusalem, que les défunts sont soulagés quand on prie pour eux au très saint sacrifice. Aussi les plus anciennes liturgies contiennent-elles des prières pour les défunts. — Notre raison même nous fait conclure à l'existence d'un purgatoire. Nous savons que rien d'impur ne peut entrer au ciel (Apoc. XXI, 27) et pourtant nous sommes obligés d'admettre qu'il y a des pécheurs que Dieu ne peut pas damner éternellement, que n'étant dignes ni du ciel ni de l'enfer, ces pécheurs se trouvent dans un séjour intermédiaire de purification.
Les fidèles vivants peuvent secourir les âmes du purgatoire par le S. Sacrifice et par de bonnes œuvres : le jeûne, l'aumône, la prière, la réception des sacrements et les indulgences.
Les pauvres âmes du purgatoire ne peuvent pas s'aider elles-mêmes, car elles ne peuvent plus accomplir des œuvres méritoires. Le temps de la grâce est passé, celui de la rétribution est arrivé. Après la mort, personne ne peut plus travailler. (S. Jean IX, 4). Les pauvres âmes ne peuvent donc expier leur faute qu'en souffrant les peines imposées par Dieu; elles sont obligées de vider le calice de leur passion jusqu'à la dernière goutte; elles sont traitées comme le Fils de Dieu sur le Calvaire auquel, malgré ses horribles tourments, le Père n'envoya aucune consolation, à tel point qu'il s'écria: „Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m'avez-vous abandonné l" Mais nous, les vivants, nous pouvons les soulager, par la sainte messe, la prière, l'aumône, et les autres œuvres de piété. (II conc. de Lyon 1274). C'est le saint sacrifice qui leur porte le secours le plus efficace (conc. Tr. 25), ainsi que l'offrande à Dieu de la sainte communion. (S. Bonav.) Ce ne sont pas les pleurs qui secourent les défunts, mais la prière et l'aumône. (S. J. Chr.) Pour guérir de sa vaine douleur une mère qui ne cessait de pleurer son fils, Dieu lui envoya un rêve. Elle vit une troupe de jeunes gens se dirigeant vers une ville magnifique, mais elle n'y vit pas son fils; il était loin derrière eux, misérable, fatigué, les vêtements trempés. Interrogé par sa mère, il répondit : "Je suis mouillé par tes larmes inutiles; pense à donner de l'aumône pour moi, à faire célébrer le S. Sacrifice." La mère, en se réveillant, changea ses stériles regrets contre un amour chrétien. (Louvet). Charger le cercueil de couronnes, couvrir ses vêtements de crêpes, sont devant Dieu complètement inutiles si l'on n'y ajoute des bonnes œuvres ; il vaudrait mieux convertir en aumônes ces marques superflues de deuil." Les prières tirent d'ailleurs leur valeur non de leur longueur, mais de leur piété. „Un seul mot, disait Jésus à Ste Gertrude, venant du fond du coeur, soulage les pauvres âmes plus que la récitation mécanique d'une foule de psaumes ou d'oraisons; comme un peu d'eau pure où l'on frotte sérieusement ses mains, les purifie plus qu'une masse d'eau qu'on y jette au hasard."

Il ne s'ensuit pas qu'une courte prière, un pater, suffise pour délivrer une âme, car „Dieu serait cruel de retenir dans les peines à cause d'un pater omis, des âmes pour lesquelles il a versé son sang." (Maldonat). L'Eglise se sert d'eau bénite aux obsèques, parce que l'eau bénite soulage les âmes (en vertu des prières prononcées à la bénédiction). „Comme une douce pluie rafraîchit les fleurs desséchées par la chaleur, ainsi l'eau bénite soulage les fleurs célestes brillant au purgatoire." (S. Theodat). Elles sont surtout soulagées par l'acte héroïque, c.-à-d. par l'offrande à Dieu pour les âmes du purgatoire du mérite satisfactoire de toutes nos bonnes œuvres. Celui qui a fait cet acte de charité peut gagner une indulgence plénière à chaque communion, ou à la sainte messe entendue le lundi ; s'il est prêtre, il a tous les jours la concession de l'autel privilégié. (Pie IX, 30 sept. 1852).

Les parents des défunts sont plus strictement obligés de les soulager.

C'est à eux que s'adressent les paroles de l'Ecriture: „Ayez pitié de moi, vous au moins mes amis, car la main de Dieu m'a touchée ! (Job XIX, 21). Souvent Dieu a révélé à des parents le triste sort de leurs défunts. Prisonnière à Carthage en 202, Ste Perpétue vit en songe son jeune frère de 7 ans; il était dans un endroit sombre, couvert de souillures, et altéré d'une soif ardente; elle pria pour lui avec ferveur et bientôt il réapparut plein de joie et de beauté. Ste Elisabeth de Thuringe, ayant reçu la nouvelle de la mort de sa mère, la reine Gertrude de Hongrie, elle s'adonna aussitôt aux œuvres de pénitence les plus austères, se donna même la discipline, mais elle eut la consolation de voir bientôt sa mère lui faire part de sa délivrance. (Louvet). Personne cependant ne doit s'en remettre aux œuvres à accomplir par les siens après sa mort. Il faut songer au proverbe : Loin des yeux, loin du cœur. Les bonnes œuvres faites après notre mort nous aident relativement fort peu. "Une seule messe entendue avec piété durant la vie, est plus utile que de laisser de l'argent pour en dire cent après notre mort." (S. Ans.) Un petit flambeau porté devant nous, nous éclaire plus qu'une torche portée derrière nous. (S. Léonard de Port-Maurice). Dieu estime à une plus haute valeur une petite pénitence volontaire faite dans cette vie, qu'une peine rigoureuse involontaire dans l'autre, comme un peu d'or vaut plus que beaucoup de plomb. (S. Bonav.) Un père demanda un jour à ses trois fils, quelles bonnes œuvres ils feraient pour lui après sa mort. „Père, répondit le plus jeune, opérez votre salut et faites pénitence vous-même; nos prières ne peuvent que peu vous aider. (Mehler VI, 399).

La prière pour les défunts est une œuvre de miséricorde et nous procure à nous-mêmes la bénédiction de Dieu et la rémission de nos péchés.

On pourrait craindre de se négliger en s'occupant trop des âmes du purgatoire. Non, la prière pour les défunts procure un double avantage; elle est utile aux morts et à celui qui prie. Celui qui a pitié des pauvres âmes, trouvera en Dieu un juge miséricordieux selon la parole de Jésus: „Bienheureux les miséricordieux, car ils obtiendront la miséricorde." (S. Matth. V, 7). Le Christ regardera au jugement chaque œuvre de miséricorde comme faite à lui-même. (ib. XXV, 40). Les défunts se montreront reconnaissants pour leurs bienfaiteurs, surtout au moment de leur entrée au ciel. " Vous ne ferez jamais rien d'aussi avantageux que de prier pour les défunts, car au ciel ils se souviendront de votre miséricorde et ne cesseront de prier pour vous. (Mar. Lat.) Judas Macchabée obtint une récompense admirable pour les sacrifices qu'il fit offrir pour ses guerriers morts ; Jérémie et Onias lui apparurent et il remporta une brillante victoire sur Ricanor. (Il. Macch. XII). Les pauvres âmes que nous aurons délivrées par nos prières, intercéderont au ciel pour nous, afin que nous nous sanctifions toujours davantage et qu'après notre mort nous soyons nous-mêmes bientôt délivrées du purgatoire. (Mar. Lat.) " C'est une pensée sainte et salutaire de prier les morts, afin qu'ils soient purifiés de leurs péchés." (II. Macch. XII, 46).


5241

Jour de colère que ce jour-là,
qui réduira en cendre le monde,
selon l’oracle de David et de la Sibylle.
Quelle terreur,
quand le juge viendra
pour tout examiner avec rigueur !
La trompette jetant ses notes stupéfiantes
parmi les tombeaux
assemblera tous les hommes devant le trône.
La mort et la nature seront stupéfaites,
quand surgira la créature,
pour répondre au jugement.
On présentera le livre
où est écrit et renfermé
tout l’objet du jugement.
Quand le juge siégera,
tout ce qui est caché apparaîtra,
rien ne restera impuni.
Malheureux, que dirai-je alors ?
Quel avocat vais-je implorer,
quand le juste à peine sera en sûreté ? Roi d’une majesté redoutable,
qui sauvez gratuitement vos élus,
sauvez-moi, Source de bonté.
Souvenez-vous, ô bon Jésus,
que vous êtes venu pour moi,
ne me perdez pas en ce jour.
À me chercher, vous vous êtes fatigué.
Vous m’avez racheté, en souffrant la Croix.
Que tant d’efforts ne soient pas vains.
Juge juste, en vos vengeances,
accordez-moi grâce et pardon
avant le jour des comptes.
Je gémis comme un coupable :
Mes fautes font rougir mon front,
je vous supplie, épargnez-moi.
Vous avez absous Marie-Madeleine,
et exaucé le larron,
à moi aussi, donnez l’espérance.
Mes prières ne sont pas dignes.
Mais vous qui êtes bon, faites, de grâce,
que je ne brûle pas au feu éternel.
Placez-moi parmi les brebis,
séparez-moi des béliers,
en me mettant à droite.
En confondant les maudits,
voués aux flammes éternelles,
appelez-moi avec les bénis.
Je prie suppliant et prosterné,
le cœur broyé comme cendre,
prenez soin de ma destinée.
Ô jour de larmes,
où l’homme coupable ressuscitera
de la poussière pour être jugé.
Mais vous, ô Dieu, pardonnez-lui.
Amen. Doux Jésus, Seigneur,
donnez-leur le repos. Ainsi soit-il.

Dom Guéranger, suite et fin. Sachons utiliser nos trésors, et pratiquer la miséricorde envers les pauvres âmes en peine. Est-il misère plus touchante que la leur ? si poignante, que n’en approche aucune détresse de la terre ; si digne pourtant, que nulle plainte ne trouble le silence de ce « fleuve de feu qui, dans son cours imperceptible, les entraîne peu à peu à l’océan du paradis (Mgr Gay, Vie et Vertus chrétiennes : De la charité envers l’Église, 2). » Pour elles, le ciel est impuissant ; car on n’y mérite plus. Lui-même Dieu, très bon, mais très juste aussi, se doit de n’accorder leur délivrance qu’au paiement intégral de la dette qui les a suivies par delà le monde de l’épreuve (s. Matth. 5, 26). Dette contractée à cause de nous peut-être, en notre compagnie ; et c’est vers nous qu’elles se tournent, vers nous qui continuons de ne rêver que plaisirs, tandis qu’elles brûlent, et qu’il nous serait facile d’abréger leurs tourments ! Ayez pitié de moi, ayez pitié de moi, vous au moins qui êtes mes amis ; car la main du Seigneur m’a touchée (Job 19, 21).
Comme si le purgatoire voyait plus que jamais regorger ses prisons sous l’affluence des multitudes qu’y précipite chaque jour la mondanité de ce siècle, peut-être aussi en raison de l’approche du règlement de compte final et universel qui clora les temps, l’Esprit-Saint ne se contente plus d’entretenir le zèle des anciennes confréries vouées dans l’Église au service des trépassés. Il suscite de nouvelles associations et jusqu’à des familles religieuses, dont l’unique but soit de promouvoir en toutes manières fa délivrance des âmes souffrantes ou leur soulagement. Dans cette œuvre d’une autre rédemption des captifs, il est aussi des chrétiens qui s’exposent et s’offrent à prendre sur eux les chaînes de leurs frères, par l’abandon total consenti à cette fin, non seulement de leurs propres satisfactions, mais encore des suffrages dont ils pourraient bénéficier après leur mort : acte héroïque de charité, qu’il ne faut point accomplir à la légère, que cependant l’Église approuve (Propagé au 18e siècle par les Clercs réguliers Théatins, enrichi de faveurs spirituelles par les Souverains Pontifes Benoît XIII, Pie VI, Pie IX) ; car il glorifie grandement le Seigneur, et pour le risque encouru d’un délai temporaire de la béatitude, mérite à son auteur d’être à jamais plus près de Dieu, par la grâce dès maintenant, dans la gloire au ciel.
Mais si les suffrages du simple fidèle ont tant de prix, combien plus ceux de l’Église entière, dans la solennité de la prière publique et l’oblation du Sacrifice auguste où Dieu même satisfait à Dieu pour toute faute ! Ainsi qu’avant elle la Synagogue (2 Mach. 12, 46), l’Église dès son origine a toujours prié pour les morts. En la manière qu’elle honorait par des actions de grâces l'anniversaire de ses fils les Martyrs, elle célébrait par des supplications celui de ses autres enfants qui pouvaient n’être point encore au ciel. Quotidiennement, dans les Mystères sacrés, elle prononçait les noms des uns et des autres à cette double fin de louange et de prière ; et de même que ne pouvant néanmoins rappeler en toute église particulière chacun des bienheureux du monde entier, elle les comprenait tous en une commune mention, ainsi faisait-elle, à la suite des recommandations spéciales au lieu ou au jour, mémoire générale des morts. Ceux qui ne possédaient ni parents, ni amis, observe saint Augustin, n’étaient donc point dès lors cependant dépourvus de suffrages ; car ils avaient, pour obvier à leur abandon, la tendresse de la Mère commune (Aug. De cura pro mortuis, 4).
L’Église ayant suivi dès le commencement, à l’égard de la mémoire des bienheureux et de celle des défunts, une marche identique, il était à prévoir que l’établissement d’une fête de tous les Saints au 9e siècle appellerait bientôt la Commémoration présente des trépassés. En 998, selon la Chronique de Sigebert de Gembloux (Ad hunc annum), l’Abbé de Cluny, saint Odilon, l’instituait dans tous les monastères de sa dépendance, pour être célébrée à perpétuité au lendemain même de la Toussaint ; c’était sa réponse aux récriminations de l’enfer le dénonçant, lui et ses moines, en des visions rapportées dans sa Vie (Petr. Dam. ; Jotsald. 2, 13), comme les plus intrépides secoureurs d’âmes qu’eussent à redouter, au lieu d’expiation, les puissances de l’abîme. Le monde applaudit au décret de saint Odilon, Rome l’adopta, et il devint la loi de l’Église latine entière.
Les Grecs font une première Commémoration générale des morts la veille de notre dimanche de Sexagésime, qui est pour eux celui de Carême prenant ou d’Apocreos, et dans lequel ils célèbrent le second avènement du Seigneur. Ils donnent le nom de samedi des âmes à ce jour, ainsi qu’au samedi d’avant la Pentecôte, où ils prient de nouveau solennellement pour tous les trépassés.
Dom Guéranger
[1] Est enim suffragium, ut sumitur ex D. Thoma et aliis in 4 d. 45, auxilium quoddam, quod unus fidelis praebet alteri ad obtinendum a Deo remissionem pœnae temporalis, vel aliud hujusmodi. Suarez, De Suffragiis, in Proœmio
[2] De Indulgentiis, Disput. 53, Sect. 3

3 autres commentaires de Marie Bee Thevenet

Dom Guéranger - première partie. Nous ne voulons pas, mes Frères, que vous ignoriez la condition de ceux qui dorment dans le Seigneur, afin que vous ne soyez pas tristes comme ceux qui n’ont point d’espérance (1 Thess. 4, 12). C’était le désir de l’Apôtre écrivant aux premiers chrétiens ; l’Église, aujourd’hui, n’en a pas d’autre. Non seulement, en effet, la vérité sur les morts met en admirable lumière l’accord en Dieu de la justice et de la bonté : les cœurs les plus durs ne résistent point à la charitable pitié qu’elle inspire, et tout ensemble elle offre au deuil de ceux qui pleurent la plus douce des consolations. Si la foi nous enseigne qu’un purgatoire existe, où des fautes inexpiées peuvent retenir ceux qui nous furent chers, il est aussi de foi que nous pouvons leur venir en aide (Conc. Trid. Sess. 25), il est théologiquement assuré que leur délivrance plus ou moins prompte est dans nos mains. Rappelons quelques principes de nature à éclairer ici la doctrine.
Tout péché cause double dommage au pécheur, souillant son âme, et le rendant passible de châtiment. Tache vénielle, entraînant simple déplaisance du Seigneur, et dont l’expiation ne dure qu’un temps ; souillure allant jusqu’à la difformité qui fait du coupable un objet d’abomination devant Dieu, et dont par suite la sanction ne saurait consister que dans le bannissement éternel, si l’homme n’en prévient en cette vie l’irrévocable sentence. Même alors cependant, l’effacement de la coulpe mortelle, en écartant la damnation, n’enlève pas de soi toute dette au pécheur converti ; bien qu’un débordement inusité de la grâce sur le prodigue puisse parfois, comme il est régulier dans le baptême ou le martyre, faire se perdre en l’abîme de l’oubli divin jusqu’au dernier vestige, aux moindres restes du péché, il est normal qu’en cette vie, ou par delà, satisfaction soit donnée pour toute faute à la justice.
À contre-pied du péché, tout acte surnaturel de vertu implique double profit pour le juste : il mérite à son âme un nouveau degré de grâce ; il satisfait pour la peine due aux fautes passées en la mesure de juste équivalence qui revient devant Dieu à ce labeur, cette privation, cette épreuve acceptée, cette libre souffrance d’un des membres de son Fils bien-aimé. Or, tandis que le mérite ne se cède pas et demeure personnel à qui l’acquiert, la satisfaction se prête comme valeur d’échange aux transactions spirituelles ; Dieu veut bien l’accepter pour acompte ou pour solde en faveur d’autrui, que le concessionnaire soit de ce monde ou de l’autre, à la seule condition qu’il fasse lui aussi partie par la grâce de ce corps mystique du Seigneur qui est un dans la charité (1 Cor. 12, 27).
C’est, comme l’explique Suarez en son beau traité des Suffrages, la conséquence du mystère de la communion des saints manifesté en ces jours. Invoquant l’autorité des plus anciens comme des plus grands princes de la science, discutant les objections, les restrictions proposées depuis eux par plusieurs, l’illustre théologien n’hésite pas à conclure en ce qui touche plus particulièrement les âmes souffrantes : « J’estime que cette satisfaction des vivants pour les morts vaut en justice (Esse simpliciter de justitia), et qu’elle est infailliblement acceptée selon toute sa valeur, et selon l’intention de celui qui l’applique ; en sorte que, par exemple, si la satisfaction qui est de mon fait me valait en justice, pour moi gardée, la remise de quatre degrés de purgatoire, elle en remet autant à l’âme pour laquelle il me plaît de l’offrir (Suarez., De Suffragiis, Sectio 6). »
On sait comment l’Église seconde sur ce point la bonne volonté de ses fils. Par la pratique des Indulgences, elle met à la disposition de leur charité l’inépuisable trésor où, d’âge en âge, les surabondantes satisfactions des saints rejoignent celles des Martyrs, ainsi que de Notre-Dame, et la réserve infinie des souffrances du Seigneur. Presque toujours, elle approuve et permet que ces remises de peine, accordées aux vivants par sa directe puissance, soient appliquées aux morts, qui ne relèvent plus de sa juridiction, par mode de suffrage ; c’est-à-dire : en la manière où, comme nous venons de le voir, chaque fidèle peut offrir pour autrui à Dieu, qui l’accepte, le suffrage ou secours[1] de ses propres satisfactions. C’est toujours la doctrine de Suarez, et il enseigne que l'indulgence cédée aux défunts ne perd rien non plus de la certitude ou de la valeur qu’elle aurait eues pour nous qui militons encore[2]. Or, c’est sous toutes formes et c’est partout que s’offrent à nous les Indulgences.

De Profundis ✝️
Du fond de l’abîme je t’invoque, ô Éternel ! Seigneur, écoute ma voix !
Que tes oreilles soient attentives à la voix de mes supplications !
Si tu gardais le souvenir des iniquités, Éternel, Seigneur, qui pourrait subsister ?
Mais le pardon se trouve auprès de toi, afin qu’on te craigne.
J’espère en l’Éternel, mon âme espère, et j’attends sa promesse.
Que depuis le point du jour jusqu'à la nuit Israël, mets son espoir en l’Éternel !
Car la miséricorde est auprès de l’Éternel, et la rédemption est auprès de lui en abondance.
C’est lui qui rachètera Israël de toutes ses iniquités.
Donne-leur, Seigneur, le repos éternel, et faites briller sur eux la lumière sans déclin.
Qu'ils reposent en paix. Amen

De profundis clamavi ad te, Domine ; Domine, exaudi vocem meam.
Fiant aures tuæ intendendes in vocem deprecationis meæ.
Si iniquitates observaveris, Domine ; Domine quis sustinebit ?
Quia apud te propitiatio est ; et propter legem tuam sustinui te, Domine.
Sustinuit anima mea in verbo ejus ; speravit anima mea in Domino.
A custodia matutina usque ad noctem, speret Israel in Domino.
Quia apud Dominum misericordia ; et copiosa apud eum redemptio.
Et ipse redimet Israel, ex omnibus iniquitatibus ejus.
Requiem æternam dona eis, Domine.
Et lux perpetua luceat eis, requiescant in pace. Amen ✝️ 💜