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Abbaye de Saint-Hilaire. laclefdevoute 8 janvier 2011 Suspectés d'hérésie au cours de la croisade albigeoise, les moines de l'abbaye de Saint-Hilaire trouvent au cours du XIIIe siècle, les ressources …Plus
Abbaye de Saint-Hilaire.

laclefdevoute 8 janvier 2011 Suspectés d'hérésie au cours de la croisade albigeoise, les moines de l'abbaye de Saint-Hilaire trouvent au cours du XIIIe siècle, les ressources pour faire agrandir l'église abbatiale et reconstruire leur cloître. La période médiévale va s'avérer particulièrement signifiante pour la commune de Saint-Hilaire en raison de la présence de l'abbaye placée initialement sous le vocable de Saint-Saturnin, premier évêque de Toulouse au IIIe siècle, puis de Saint-Hilaire, premier évêque de Carcassonne au VIe siècle. L'abbaye va générer l'installation d'un habitat dont la population évoluera dans la mouvance des abbés, seigneurs de Saint-Hilaire.

L'église abbatiale, construite au XIIe siècle, se compose d'une abside semi-circulaire voûtée en cul-de-four. Elle est soulignée par une corniche et éclairée par trois fenêtres dotées de vitraux récents. La nef est constituée de trois travées voûtées d'ogives datées du XIIIe siècle. Les trois clefs de voûte circulaire sont ornées d'une main bénissante, d'un agneau portant la croix et d'une colombe (aujourd'hui disparue). L'église renferme un bas-relief en marbre du XIIe siècle, dit "sarcophage de Saint-Sernin". On pense qu'il s'agit d'un devant d'autel. Les sculptures entourant l'autel racontent l'arrestation et le martyre du saint. Ce coffrage sculpté d'un seul bloc dans du marbre blanc des Pyrénées est attribué au Maître de Cabestany.

Jusqu'au début du XIIIe siècle, l'abbaye bénéficie de la protection des comtes de Carcassonne, mais pendant la croisade contre les albigeois, les moines sont accusés de favoriser hérésie cathare. Le monastère est pillé et ravagé. En 1246, Saint Louis ordonne au sénéchal de Carcassonne de restituer à l'abbé de Saint-Hilaire les terres confisquées aux tenants du catharisme.

Le cloître, édifié au XIVe siècle, présente la forme d'un trapèze irrégulier constitué de quatre galeries. Celles-ci se composent d'arcades ogivales moulurées à colonnettes jumelées. Leurs chapiteaux taillés dans un seul bloc de pierre sont décorés de feuillages, de visages humains ou d'animaux. Le milieu du cloître est occupé par un bassin quadrilobe avec en son centre une vasque et un puits.

La galerie sud donne sur deux réfectoires séparés par un épais mur renfermant une chaire de lecture construite au XIVe siècle, classée comme unique en France. Un escalier étroit aménagé dans l'épaisseur du mur permet d'y accéder. La chaire est voûtée d'une croisée d'ogives à la clef de voûte circulaire. Une fois le moine assis, il était caché, seule sa voix ressortait de ce mur, atténuée d'écho. On entendait le moine mais on ne le voyait pas. Une façon unique de maîtriser l'acoustique et de favoriser l'écoute.

Le logis abbatial, pièce réservée à l'abbé et utilisée comme salon particulier ou chambre, présente une décoration remarquablement bien conservée. Le plafond peint à solives de la fin du XVe siècle offre un répertoire de formes géométriques, et des représentations animales et humaines. Les murs portent les armoiries des abbés qui se sont succédés à la tête de l'abbaye.

Pour se protéger des troubles engendrés par la guerre de Cent Ans, les abbés devaient entretenir les fortifications villageoises. Deux portes fortifiées, situées dans une même rue, permettaient l'accès à l'intérieur des remparts. Il s'agissait, d'une part, du portail de Molecaze (au nord) aujourd'hui situé dans la rue du Pont levis et, d'autre part, du portail du Fort (au sud). Au delà de ces deux portes d'autres fortifications, aujourd'hui ruinées, protégeaient encore l'accès à l'abbaye proprement dit.

Au XIVe et XVe siècle l'abbaye fortifiée de Saint-Hilaire connait de nombreuses difficultés financières, conséquences de la guerre de Cent Ans et de la peste noire. Le Monastère qui comptait 32 moines au XIIe siècle, n'en recense plus que 20 au XIVe. A partir de 1534, l'abbaye est soumise à la commende et les difficultés financières persistent. C'est durant cette période que la Blanquette, premier vin effervescent au monde, est créée par les moines de Saint-Hilaire en 1531 dans les caves attenantes à l'abbaye.