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Lettergate François-Benoît : merci Béatrice ! Mon opinion ? Normalité antéchristique.

Article précédent : Propos hallucinants de François dans "Politique et société" -7-

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Une lettre qui vient bien à propos

Le Pape émérite aurait écrit une lettre pour affirmer sa "continuité théologique" (sic!) avec François

("Benoît-et-moi", 13/3/2018, mise à jour ultérieure)

Image ci-dessous: Il Corriere delle Sera ( et l'article de Gianguido Vecchi)

La lettre de Benoît XVI à Mgr Dario Vigano

Voici ce qu'on pouvait lire dès hier soir sur le site officiel <www.vaticannews.va/…/benoit-xvi-cont…>

Benoît XVI réaffirme sa continuité théologique avec le Pape François
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« Le Pape émérite a écrit une lettre au préfet du Secrétariat pour la Communication, Mgr Dario Edoardo Viganò, à l’occasion de la présentation du recueil “La Théologie du Pape François”, édité par la LEV, la Librairie Éditrice Vaticane.
Une lettre personnelle de Benoît XVI sur la continuité avec le pontificat du Pape François : le préfet du Secrétariat pour la Communication, Mgr Dario Edoardo Viganò, l’a rendue publique à l’occasion de la présentation ce lundi de l’ouvrage collectif La Théologie du Pape François édité par la Librairie Éditrice Vaticane.

«J’applaudis cette initiative qui veut s’opposer et réagir au préjugé insensé selon lequel le Pape François serait un homme purement pratique, privé d’une formation théologique ou philosophique particulière, alors que moi j’aurais été uniquement un théoricien de la théologie qui n’aurait pas compris grand-chose de la vie concrète d’un chrétien aujourd’hui», affirme Benoît XVI dans cette lettre.

Le Pape émérite remercie pour avoir reçu en cadeau les 11 livres écrits par les théologiens de réputation internationale qui composent le recueil supervisé par don Roberto Repole, président de l’Association théologique italienne. «Les petits volumes, ajoute Benoît XVI, montrent à raison que le Pape François est un homme d’une profonde formation philosophique ou théologique, et aident donc à voir la continuité intérieure entre les deux pontificats, même avec toutes les différences de style et de tempérament». »

Cela ressemble bien peu au style habituel de Benoît XVI d'autant plus que ce qui y est affirmé contredit de façon flagrante les faits: au moment où le pontificat bergoglien tangue dangereusement (il y a évidemment la contestation doctrinale, mais aussi les scandales qui commencent à émerger, comme par exemple l'affaire Barros et l'affaire Maradiaga) le timing ne peut pas ne pas inspirer des soupçons.

Si le Pape émérite a vraiment écrit cette lettre, il a certainement ses raisons, parmi lesquelles évidemment le souci de ne pas "fracturer" l’Église (on objectera qu'elle l'est déjà, certes, mais pas officiellement).

On ne peut évidemment exclure une manipulation, sous une forme ou une autre (pas forcément un faux, la lettre a été écrite par quelqu'un d'autre, mais la signature autographe peut être authentique) . La lettre évoque furieusement celle écrite à Andrea Tornielli en février 2014, en réponse à une question du Journaliste (majuscule de rigueur: pour François, il est LE Journaliste!!) sur la validité de la renonciation: cf. benoit-et-moi.fr/…/la-lettre-de-be….

Nous en saurons sans doute plus ultérieurement, de nos sources italiennes habituelles, plus fiables que les différentes Pravda....

Contentons-nous pour le moment du billet d'Antonio Socci, qui formule sans ambages ses doutes sur sa page Facebook:


En attendant de lire TOUTE la lettre et en attendant qu'ils nous montrent non pas le texte dactylographié, mais l'AUTOGRAPHE de cette lettre, qui pourra être soumis à des graphologues, je constate que c'est Benoît XVI - dans son dernier livre-interview - qui disait que "chacun a son propre charisme. François est l'homme de la réforme pratique". Aujourd'hui, il se contredit donc, en affirmant le contraire? Celui qui a écrit le texte a-t-il lu le livre du Pape Benoît XVI? Enfin: n'est-il pas emblématique que Bergoglio ait cette manie d'utiliser Benoît XVI pour se couvrir et légitimer un pontificat objectivement désastreux comme le sien? Ou bien, après 5 ans, Bergoglio a-t-il l'impression que le peuple de Dieu ne le reconnaît pas comme son vrai pasteur ?

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Mise à jour

Une amie, MC, m'écrit à l'instant qu'elle ne croit pas au faux:
Je crois que BXVI a accepté dans sa grande bonté et son abnégation (le 28 fevrier, anniversaire de son adieu), de lire et de signer cette lettre préparée par le staff bergoglien pour venir une fois de plus au secours de son successeur!
La "nouvelle" était sous embargo jusqu' à aujourd'hui 13 mars pour l'autre triste anniversaire. Mais "ils" n'y tenaient plus.. Ils l'ont publié...

Source : benoit-et-moi.fr/…/une-lettre-qui-…

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L'étrange lettre de Benoît XVI

Commentaire d'Antonio Socci

("Benoît-et-moi", le 13/3/2018)

Comme je l'avais prévu, il n'a pas tardé à réagir, avec sa passion habituelle....

Maintenant, ils vont jusqu'à dire que Benoît XVI attaquerait le cardinal Müller et lui-même pour soutenir que Bergoglio est un géant de la théologie.
Mais pourquoi ne le laissent-ils pas en paix?


Antonio Socci
13/3/2018
Ma traduction

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En attendant qu'ils rendent public le texte entier de la lettre qui, ces dernières heures, a été attribuée à Benoît XVI (dont nous ne connaissons que trois phrases extrapolées), je voudrais faire quelques considérations à froid.

Primo. Le langage utilisé est atypique et ne ressemble en rien au style soutenu et léger de Joseph Ratzinger: c'est un texte brut, grossier, immédiat. Du reste, ce que nous avons vu au Vatican au cours des cinq dernières années nous conduit (et nous autorise) à douter de tout. Au moins pour nous demander s'il s'agit d'un texte écrit par Benoît XVI et quel genre de contribution il a donné (à mon avis, dans les phrases données, il n'y a rien de lui).

Hier, un de mes lecteurs, Federico Marcosignori, sur ma page fb, a fait cette remarque:
«C'est un texte clairement préparé par la communication du Vatican. Ils ont des méthodologies typiques des entreprises. Quand le produit a du mal à se vendre, ils recherchent un testimonial (i.e une personnalité de préférence connue pour vanter le produit, ndt)... mais comme ils sont ignorants, ils ne savent pas que le testimonial doit être cohérent avec le positionnement du produit qu'ils veulent promouvoir... et là, de la cohérence, je n'en vois pas beaucoup».

Je ne sais pas s'il a raison, je ne sais pas qui a écrit ce texte (en fait, il semble sortir de la grossière machine à propagande du Vatican), mais il est à coup sûr très étrange et inhabituel de lire un (présumé) Benoît XVI qui insulte les opinions dissonantes pour se défendre lui-même, quand il attaque le «préjugé stupide (stolto) selon lequel le Pape François ne serait qu'un homme pratique sans formation théologique ou philosophique particulière, alors que j'aurais été uniquement un théoricien qui n'aurait pas compris grand'chose à la vie concrète d'un chrétien d'aujourd'hui»?
Et puis, à qui se réfère-t-il? Qui aurait exprimé ce qu'il qualifie de «préjugé stupide»?

Il est surprenant de découvrir que lui-même, Benoît XVI, a écrit quelque chose de ce genre. En effet, dans son dernier livre-interview "Dernières conversations" (2016) avec Peter Seewald, il décrit la différence entre les deux pontificats en ces termes: «Le gouvernement pratique n'est pas mon fort, et c'est certainement une faiblesse... François est l'homme de la réforme pratique et il a aussi l'esprit pour mettre la main à des actions de nature organisationnelle».
Est-il possible que Benoît XVI ne se souvienne pas de ce qu'il a écrit dans son dernier livre? Est-il possible qu'il ait retourné son jugement (en le disqualifiant comme un "préjugé stupide") et qu'il se renie lui-même ainsi?

Du reste, la piètre préparation théologique de Bergoglio est un fait acquis et non un préjugé, tout comme c'est un fait qui n'a pas obtenu son doctorat en théologie.

D'autre part - et c'est la seconde observation- qui s'était exposé publiquement, affirmant que le pontificat de Bergoglio était faible théologiquement?
Non pas tant les détracteurs ouverts de Bergoglio (lesquels, éventuellement, doutent de son orthodoxie catholique), que le cardinal Gerhard Ludwig Müller, qui en avril 2015, en tant que préfet de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi, avait accordé une interview à "La Croix", où il déclarait: «L'arrivée à la Chaire de Pierre d'un théologien comme Benoît XVI est probablement une exception. Jean XXIII non plus n'était pas théologien de profession. Le Pape François est lui aussi plus pastoral et la Congrégation pour la Doctrine de la Foi a une mission de structuration théologique d'un pontificat».

Ce jugement, justement, avait fortement irrité Bergoglio (complexé et rancunier à cause de sa préparation doctrinale approximative). En effet, sur "Vatican Insider", Andrea Tornielli s'en était immédiatement pris à Müller, affirmant que la prétention du Préfet était complètement absurde.
«Les paroles du Cardinal Müller», écrivait Tornielli «semblent suggérer que, selon Müller, le pontificat actuel - comme aussi celui de Saint Jean XXIII - n'a pas une "structure" théologique suffisante».
Le pape argentin en a gardé rancune, et comme on le sait, il y a quelques mois, il a licencié Müller au grand déplaisir de Benoît XVI qui l'avait appelé à la Congrégation pour la Doctrine de la Foi et aurait aimé qu'il y reste pour éviter ou limiter les dérapages doctrinaux.

Mais aujourd'hui - de façon surprenante - voilà qu'arrive cette lettre attribuée à Benoît XVI qui attaque implicitement (en plus de lui-même) la position de Müller et justifie d'une certaine manière a posteriori son "licenciement" qui, nous le savons, a fait souffrir Benoît XVI.
Que penser? Une lettre dans laquelle Benoît XVI attaque les thèses qui avaient été exprimées par lui-même et par son théologien de confiance, n'est-ce pas anormal?

Pour dire la vérité - troisième observation - il y a quelque chose de très anormal, c'est le fait même que le Vatican ait voulu cette lettre, et aujourd'hui la brandisse, comme un trophée de victoire.
C'est un signe de faiblesse extrême. Massimo Franco sur le "Corriere della Sera" observe que ce sont «des paroles très dures et inhabituelles» et il note: «Plus que se limiter à enregistrer le message insolite du Pape Benoît XVI pour la défense de François, on en vient à se demander pourquoi il l'a envoyé».
Affirmer - comme Benoît XVI semble le faire - que cette initiative éditoriale «veut s'opposer et réagir aux préjugés stupides» est très étrange.

Car - fait remarquer Franco - «soutenir que la série sur la théologie de François a été conçue pour s'opposer à "un préjugé stupide" envers lui, a plusieurs implications. Pendant ce temps, le soupçon grandit que ce préjugé existe au point d'être en quelque sorte officialisé, même si c'est involontairement; qu'il survit et risque même de se propager après cinq ans de pontificat; et qu'il semble si inquiétant qu'il suggère une réponse éditoriale de ce niveau». «Une autre implication, ajoute Franco, est l'insistance sur la continuité entre les deux pontificats. En théorie, elle devrait être considérée comme évidente. Mais le fait que l'harmonie entre le pape démissionnaire et celui qui est en fonction doive être réaffirmée et ponctuée par Ratzinger à travers des mots aux accents dramatiques, en fait une vérité complexe».

Comme on peut le constater, une simple analyse rationnelle de l'affaire révèle d'énormes et mystérieuses failles. Il me semble cependant très triste et emblématique que Bergoglio ait cette manie d'utiliser Benoît XVI pour perpétuer et légitimer un pontificat objectivement désastreux comme le sien.

A l'évidence, après cinq ans, Bergoglio sent que le peuple de Dieu ne le reconnaît pas comme son vrai pasteur. Ils tirent donc le vieux Pape Benoît par la soutane en essayant de s'en faire un bouclier, de se cacher derrière son autorité et de justifier ainsi l'injustifiable.

C'est un sentiment désagréable que de voir le Saint Père ainsi instrumentalisé. Laissez-le en paix.

Ils peuvent bien répéter jusqu'à la nausée la fable de la «continuité», mais ceux qui raisonnent sur les faits ont compris depuis longtemps que Bergoglio a jeté aux orties le magistère des grands papes qui l'ont précédé ainsi que le Concile Vatican II. Tout cela n'est pas un préjugé, mais une réalité qui peut être documentée par des centaines de textes et de faits.

Quant au reste, le mystère de la «renonciation à moitié» de Benoît XVI, qui demeure «pape émérite», cas unique dans l'histoire de l'Église, n'a pas encore été élucidé, mais un jour il sera enfin révélé et alors nous comprendrons beaucoup de choses et nous comprendrons ce qu'il a dû vivre.

POUR L'INSTANT, LES CATHOLIQUES SAVENT SEULEMENT QU'ILS DOIVENT PRIER POUR BENOÎT XVI, AFIN QUE LE SEIGNEUR LE GARDE...

Source : benoit-et-moi.fr/…/letrange-lettre…

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L'étrange lettre de Benoît XVI (II)

Commentaire de Marco Tosatti

("Benoît-et-moi", le 13/3/2018)

La façon dont la lettre est reçue, et annoncée urbi et orbi, justement le 13 mars (cf. Une lettre qui vient bien à propos), prouve qu’une fois de plus, Benoît XVI sert de paratonnerre à son successeur. Il est curieux, comme le souligne à juste titre, et malicieusement, Raffaella, que les mêmes qui n’avaient pas eu de mots assez durs pour dénoncer «l’ingérence» du Pape émérite lorsqu’il avait eu l’outrecuidance de prendre la défense du cardinal Müller, ou du cardinal Sarah sont aujourd’hui tout sucre tout miel et s’extasient sur le soutien à François.

Heureusement, comme prévu, quelques voix s’élèvent hors du chœur. Après Antonio Socci, voici celle, attendue, de Marco Tosatti (et un commentaire très intéressant d’un lecteur, à ne pas manquer), qui s’est livré à une recherche sémantique sur l’emploi du mot «stolto» (traduit par «insensé», ou «stupide ). Et qui remarque que le substantif «continuité» a été flanqué d’un adjectif limitatif «intérieure».


Réflexions en dehors du chœur des hosannahs de la cour

Marco Tosatti
13/3/2018
Ma traduction

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La source officielle, c'est-à-dire VaticanNews (en italien), dont le directeur a reçu la lettre de Benoît XVI, nous la présente ainsi:

« Une lettre personnelle de Benoît XVI sur la continuité avec le pontificat du Pape François XVI.

Elle a été rendue publique par le Préfet du Secrétariat pour la Communication, Mgr Dario Edoardo Viganò qui l'a reçue à l'occasion de la présentation de la collection "La Théologie du Pape François", publiée par la Libreria Editrice Vaticana (LEV) qui a eu lieu aujourd'hui lors d'une conférence de presse à Rome, à la Sala Marconi de Palazzo Pio. «J'applaudis à cette initiative - écrit Benoît XVI - qui veut s'opposer et réagir au préjugé stupide (stolto) selon lequel le Pape François ne serait qu'un homme pratique sans formation théologique ou philosophique particulière, alors que je n'aurais été qu'un théoricien de la théologie qui aurait eu peu de compréhension de la vie concrète d'un chrétien aujourd'hui». Le Pape émérite remercie d'avoir reçu en cadeau les onze livres écrits par onze théologiens de renommée internationale qui composent la série éditée par Don Roberto Repole, président de l'Association théologique italienne. Les petits ouvrages - ajoute Benoît XVI - montrent à juste titre que le Pape François est un homme de profonde formation philosophique et théologique, et aident à voir la continuité intérieure entre les deux pontificats, malgré toutes les différences de style et de tempérament». »

Comme nous l'avons vu et entendu, les musiciens de la cour se sont empressés de revendre ce message étrange comme un endorsement (en anglais dans le texte; "approbation") total du Pontife régnant par son prédécesseur, comme s'il avait ainsi étendu son manteau de garantie à tout ce que disait et faisait le Pape Bergoglio; et comme s'il avait voulu le défendre contre les critiques et les attaques de plus en plus fréquentes contre le gouvernement de l'Église, et pour la confusion magistérielle que beaucoup ressentent.

Permettons-nous quelques commentaires sur un message qui, aussi bref soit-il, est curieux.
Première chose. L'adjectif "stolto". Son choix est singulier, pour ne pas dire inédit. Nous avons cherché dans les encycliques, les exhortations apostoliques et diverses lettres apostoliques de Benoît XVI, sans réussir à trouver une seule fois où Joseph Ratzinger a utilisé ce terme: dans la lettre apostolique pour le bienheureux Andrea Bessette, écrite uniquement en latin, il utilise le terme "stolto", mais comme une citation de saint Paul: «Quae stulta sunt mundi, elegit Deus, ut confundat sapientes et infirma mundi elegit Deus, ut confundat fortia, et ignobilia mundi et contemptibilia elegit Deus, quae non sunt, ut ea, quae sunt, destrueret, ut non glorietur omnis caro in conspectu Dei» (1 Cor 1, 27-29)..

Une deuxième observation. Les médias ont souligné la réévaluation du Pape Bergoglio d'un point de vue philosophique et théologique. Maintenant, je n'ai pas souvenir qu'il existe des œuvres philosophiques et théologiques importantes du Pontife, qui n'a jamais terminé sa thèse de doctorat en théologie. Et les livres - petits, souligne le message - dont il est question, ce n'est pas le pape qui les a écrits mais d'autres sur lui... Nous avons tort d'envisager cette réévaluation, si elle vient de Benoît lui-même, comme une sorte d'amabilité courtoise; dans quelle mesure elle est crédible, l'auteur de ces lignes laisse les lecteurs en juger. Mais c'est une amabilité nécessaire pour introduire la seconde défense, celle qu'il fait de lui-même. C'est-à-dire, démentir que Joseph Ratzinger était seulement «un théoricien de la théologie». Accusation qui, sous diverses formes et de différentes manières, circule depuis des décennies, et continue de circuler. Et que, pour une raison inconnue de nous, on veut aujourd'hui combattre.

Une dernière observation concerne la «continuité». Le terme employé est «continuité intérieure». Intérieur est utilisé surtout pour ce qui concerne l'esprit et la conscience, nous enseignent les vocabulaires auxquels nous avons puisé. Mais un pontificat n'est pas seulement intériorité, bien au contraire: il est avant tout gouvernement, et surtout enseignement, magistère. Ici, il nous semble intéressant de noter l'usage particulier et limitatif de la «continuité» dans le billet de remerciement parvenu à Mgr Viganò. Même l'amabilité, ou le sens des responsabilités, ne pouvaient pas franchir les limites de la réalité visible et évidente, sous les yeux de tous.

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Le Commentaire de "Cesare Baronio"

Parmi les commentaires à cet article, je relève celui, très intéressant, de Cesare Baronio, pseudonyme "à clé" de l'auteur d'un blog très lu (et anti-bergoglien), opportuneimportune.blogspot.ro dont nous avons parlé récemment ICI (cf. Plaidoyer pour le Concile): il éclaire avec bonheur les propos de Marco Tosatti sur les "limitations/corrections" apportées (par Benoît XVI?) à l'éloge de François

« Il est d'usage que la présentation d'un livre soit rédigée non pas par celui qui la signe, mais par celui qui la demande: et ce pour des raisons pratiques, pour éviter au signataire le poids de la lecture de l'œuvre, pour lui permettre d'effectuer des changements minimes sans perdre de temps. Habituellement, celui qui présente ou préface un livre reçoit de nombreuses sollicitations, et il serait impensable de s'attendre à ce qu'il lise tout, surtout compte tenu des exigences de publication et du délai serré entre la rédaction finale et l'impression. Souvent, ce n'est pas la personne qui signe l'avant-propos ou la préface qui s'occupe de l'approbation, mais son secrétaire, qui se limite à en informer l'intéressé.
Je me demande donc si cette présentation, bien qu'autorisée, n'a pas été en quelque sorte suggérée et approuvée, en profitant de la confiance accordée aux collaborateurs...

Source : benoit-et-moi.fr/…/letrange-lettre…

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L'étrange lettre de Benoît XVI (III)

Le commentaire de Sandro Magister.

Il livre la version complète de la lettre... à savourer

("Benoît-et-moi", le 13/3/2018)

Le commentaire est à lire en italien ICI (au moment où j'écris ces lignes, la traduction en français n'est pas encore en ligne).

La lettre, comme l'avait dit mon amie MC porte bien la date du 9 février, mais n'a été rendue publique qu'à la veille du 13 mars, anniversaire de l'élection.
Sandro Magister note que dans la conférence de presse de présentation de la collection d'ouvrages sur la "théologie du Pape François", son destinataire, Dario Vigano, a omis de citer le paragraphe où Magister décèle la "très fine veine ironique" du Pape émérite:


« Toutefois, je n'écrirai pas (/je ne me sens pas d'écrire) sur eux une brève et dense page théologique parce que toute ma vie, il a toujours été clair que je n'écrirais et ne m'exprimerais que sur des livres que j'avais vraiment lus. Malheureusement, également pour des raisons physiques, je ne peux pas lire les onze volumes dans un avenir proche, d'autant plus que d'autres engagements que j'ai déjà pris m'attendent.

Je suis certain que vous comprendrez, et je vous salue cordialement. »

Conclusion: la lettre n'est pas vraiment un faux, c'est un simple exercice de courtoisie, mais à l'évidence, elle a été surinterprétée (et surexploitée) par la salle de presse, dans un but bien précis et pas de façon très subtile; et le texte complet que Sandro Magister a pu se procurer confirme ce que disait Cesare Baronio (cf. Le Commentaire de "Cesare Baronio"): sollicité, Benoît XVI s'esquive courtoisement lorsqu'il est question d'apporter un commentaire théologique, et il apporte sa correction personnelle, toute en franchise, à un texte...

Source : benoit-et-moi.fr/…/letrange-lettre…

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L'étrange lettre de Benoît XVI (IV)

Le commentaire de Riccardo Cascioli :
il résume parfaitement l'intégralité de l'épisode

("Benoît-et-moi", le 14/3/2018)

Benoît, François, et le polar de la lettre

Riccardo Cascioli
www.lanuovabq.it/it/benedetto-xvi-f…
14 mars 2018
Ma traduction

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La lettre du Pape émérite en faveur de François s'est révélée en réalité une opération médiatique gérée par le Préfet du Secrétariat aux Communications, Mgr Viganò, immédiatement démasquée.

Si c'est lui le "dominus" de la communication au Vatican, alors il serait bon que le Pape François commence à s'inquiéter sérieusement. Nous parlons évidemment de Mgr Dario Edoardo Viganò, puissant préfet du Secrétariat pour la Communication, qui retourne comme une chaussette tous les médias du Saint-Siège pour en faire une machine de guerre très efficace avec de multiples canons focalisés sur le même objectif.

Eh bien, pour le cinquième anniversaire du pontificat de François, Mgr Viganò avait préparé un grand coup de théâtre: une lettre de Benoît XVI qui exalte la profondeur théologique de François et souligne la continuité avec son pontificat. En fait, le coup avait réussi: hier, tous les journaux ont rapporté avec grand relief l'annonce de Benoît XVI fustigeant les détracteurs du Pape Bergoglio. La lettre a été présentée par Vatican News (le nouveau portail du Vatican créé par Mgr Viganò) comme une «contribution» que Benoît XVI «a voulu donner» pour témoigner de «l'unité spirituelle intérieure des deux pontificats». Il s'agit d'une lettre, dit encore Vatican News, reçue par Mgr Viganò à l'occasion de la présentation de la série "La Théologie du Pape François", 11 volumes publiés par la Bibliothèque Editrice Vaticana (LEV), dans laquelle divers théologiens du monde entier interprètent les lignes théologiques de ce pontificat.

Pendant la conférence de presse, Viganò a lu les passages centraux de cette lettre, qui ont indubitablement fait impression: «J'applaudis cette initiative - écrit Benoît XVI - qui veut s'opposer et réagir au préjugé stupide selon lequel le Pape François ne serait qu'un homme pratique sans formation théologique ou philosophique particulière, alors que je n'aurais été qu'un théoricien de la théologie qui aurait eu peu de compréhension de la vie concrète d'un chrétien aujourd'hui». Et encore: «Les petits ouvrages montrent à juste titre que le Pape François est un homme de formation philosophique et théologique profonde et aident donc à voir la continuité intérieure entre les deux pontificats, bien qu'avec toutes les différences de style et de tempérament».

Cela a suffi pour déchaîner l'enthousiasme des journaux laïcs et des habituels «gardiens de la révolution», avec une pointe de triomphalisme comme dans les tweets du Père Antonio Spadaro, directeur de la Civiltà Cattolica, qui n'a évidemment pas manqué l'occasion de se moquer une fois de plus des cardinaux des dubia.

En réalité, beaucoup de gens ont remarqué la singularité du message à la fois pour le style - si différent des autres discours du Pape émérite - et pour les contenus, même si la portée est beaucoup moins spectaculaire que ce qu'on a fait croire.

Mais voilà qu'hier, le blog de Sandro Magister a publié la lettre intégrale de Benoît XVI (jamais parue dans Vatican News) et là, on comprend que Mgr Viganò avait caché deux détails décisifs, en mesure d'inverser le sens de la lettre; le premier concerne les circonstances du message: la lettre est datée du 7 février (il y a plus d'un mois) et le Pape Benoît XVI répond à Mgr Viganò qui, le 12 janvier, lui avait envoyé les 11 volumes en lui demandant une contribution théologique. C'est donc une lettre de courtoisie qui n'a rien à voir avec la volonté de dire son soutien à François à l'occasion du cinquième anniversaire de son pontificat.

Mais le second détail est encore plus étonnant: Viganò citait en effet deux paragraphes de la lettre, laissant de côté le troisième qui vient peu après et qui, se référant aux 11 volumes reçus, dit ceci:

Toutefois, je ne me sens pas d'écrire sur eux une une page théologique brève et dense parce que toute ma vie, il a toujours été clair que je n'écrirais et ne m'exprimerais que sur des livres que j'avais vraiment lus. Malheureusement, également pour des raisons physiques, je ne peux pas lire les onze volumes dans un avenir proche, d'autant plus que d'autres engagements que j'ai déjà pris m'attendent.

Résumé: Viganò écrit à Benoît XVI pour lui arracher «une page théologique brève et dense» à insérer comme trophée en présentation de la série. Et le pape émérite, avec son style humble et vaguement ironique, lui envoie dire: «Non, merci. C'est très gentil, mais j'ai des choses plus importantes à faire que de lire ces contributions (qui d'après le seul sommaire ne sont pas particulièrement attrayantes) et d'écrire à mon tour un essai».
Une porte claquée au visage, donc, que Viganò a essayé d'utiliser selon le but originel.

En fait, les phrases qu'il a citées dans la conférence de presse semblent donner l'impression d'un fort soutien au pontificat de François par Ratzinger, mais presque certainement si nous pouvions lire la lettre que Mgr Viganò a envoyée à Benoît XVI le 12 janvier, nous en comprendrions mieux le sens. Dans de tels cas, en effet, il est assez habituel que l'interpelé réponde avec courtoisie en reprenant des phrases et des concepts de son interlocuteur.

En tout cas, quelles que soient les déclarations officielles, que la discontinuité du pontificat de François par rapport à son prédécesseur aille au-delà du style et du tempérament, seul un aveugle peut ne pas le remarquer, comme dirait le regretté Cardinal Carlo Caffarra. Mais ce n'est pas l'endroit pour développer ce point.

Ce que nous voulons remarquer ici, c'est la maladresse et l'idiotie de certaines opérations médiatiques: évidemment les grands médias ne se corrigeront pas et laisseront chez leurs lecteurs et auditeurs le sentiment d'un Pape Benoît XVI testimonial du Pape François. Aujourd'hui, cela les arrange. Mais il n'en demeure pas moins qu'à présent, les journalistes qui s'occupent de l'Église savent qu'ils ont affaire à une personne responsable de la communication au Vatican qui n'a pas de scrupule à manipuler l'information pour obtenir l'effet médiatique souhaité. Et ceci pourra créer beaucoup d'embarras, au Pape...

Source : benoit-et-moi.fr/…/letrange-lettre…

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L'étrange lettre de Benoît XVI (V)

Pêle-mêle: mise à jour d'Antonio Socci,

et un aperçu, pour la sphère anglo-saxonne, celui d'E. Pentin


("Benoît-et-moi", le 14/3/2018)

La lettre de Benoît XVI à Mgr Dario Vigano
Dommage!

Dans cette malheureuse affaire, il reste une chose regrettable: même si la maladresse (voire la manipulation grossière) de la Salle de presse a très vite été percée à jour par les observateurs les plus vigilants, l'impression qui restera dans l'opinion publique (au moins celle du microcosme qui s'intéresse de plus ou moins près à ce thème), globalement, c'est la première. Autrement dit, Benoît XVI a donné son soutien public et inconditionnel à son successeur. Parmi ceux qui s'en réjouisent, il y a évidemment les fameux thuriféraires - mais cela ne nous surprend pas, c'est de bonne guerre... Mais aussi (et c'est le plus préoccupant), les catholiques soi-disant traditionalistes qui voient, ou prétendent voir, avec jubilation, une confirmation de leur thèse: Benoît XVI est un moderniste, ni pire ni meilleur que Bergoglio, il n'y a pas de différence entre eux (ce qui renvoie aux accusations d'hérésie contenues dans un récent ouvrage préfacé par Mgr Livi, cf. Non, Benoît XVI n'est pas hérétique! ) et, pour parler familièrement, ils sont à mettre dans le même sac.

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Antonio Socci

Il a mis à jour et complété son article d'hier, après avoir lu la lettre telle que reproduite par Sandro Magister.

Je l'avais écrit immédiatement, à chaud, lundi soir, dès que le Vatican a fait circuler la nouvelle de cette lettre de Benoît XVI qui semblait - à première vue - une approbation éclatante de Bergoglio, pour l'anniversaire de son élection.
J'avais demandé: pourquoi ne publient-ils pas toute la lettre. Pourquoi extrapolent-ils seulement trois phrases?
[Ces livres] seront très utiles pour illustrer la pensée du pape argentin, mais lui, Benoît, nous dit qu'il ne les a pas lus et qu'il n'a même pas l'intention de les lire parce qu'il a mieux à faire. Est-ce que vous saisissez? A bon entendeur... et en peu de mots (moi, j'ai le sentiment d'une moquerie élégante et sublime).
Pour mieux comprendre cette réponse, il faut se rappeler que le pape émérite avait récemment écrit "de sa propre initiative" une belle préface théologique au livre du cardinal Robert Sarah. C'est probablement aussi pour cette raison qu'au Vatican ils en exigeaient une également pour Bergoglio. Mais Benoît a répondu qu'il avait à faire («des engagements déjà pris»).
Ironie magistrale!

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Edward Pentin

www.ncregister.com/…/full-text-of-be…

Dans un paragraphe omis dans le communiqué de presse du Vatican au sujet d'une nouvelle collection de livres sur la théologie du pape François, le Pape émérite admet ne pas avoir lu les 11 volumes.

Le Saint-Siège n'a pas encore publié le texte intégral de la lettre que le Pape émérite Benoît XVI a adressée à Mgr Dario Vigano, préfet du Secrétariat aux Communications, à propos de 11 fascicules sur la Théologie du Pape François, mais elle vient d'être publiée cet après-midi par Sandro Magister sur son blog Settimo Cielo.

Dans la lettre datée du 9 février et écrite en réponse à une demande de Mgr Viganò le 12 janvier dernier, Benoît XVI loue l'initiative, disant que les livres s'opposent et réagissent à un «préjugé insensé» selon lequel François n'est «qu'un homme pratique sans formation théologique ou philosophique particulière, alors que je n'ai été qu'un théoricien de la théologie avec peu de compréhension de la vie concrète d'un chrétien aujourd'hui».

Il dit aussi que les livres «montrent, à juste titre, que le Pape François est un homme de profonde formation philosophique et théologique, et qu'ils aident donc à voir la continuité intérieure entre les deux pontificats, malgré toutes les différences de style et de tempérament».

Mais dans le paragraphe final, Benoît reconnaît ne pas avoir lu les 11 volumes pour des "raisons physiques" et d'autres engagements.

Il n'est pas clair pourquoi le Vatican n a pas publié le texte intégral, mais seulement une photo obscure de la première page, avec le dernier paragraphe couvert par les 11 livres et la signature de Benoît XVI en bas (voir plus haut), bien que Mgr Viganò ait lu le texte intégral de la lettre lors de la présentation d'hier.

NCR a contacté hier le secrétaire de Benoît XVI, l'archevêque Georg Gänswein, pour préciser la lettre et expliquer ce que signifie «continuité intérieure», mais il ...

Source : benoit-et-moi.fr/…/letrange-lettre…

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La lettre de Benoît, nouveaux développements

Une mise au point de Sandro Magister qui prouve que déontologie et journalisme ne riment pas forcément ensemble. Et la fable de l'arroseur arrosé à propos de Vigano, champion autoproclamé de la lutte contre les fakenews.

("Benoît-et-moi", le 15/3/2018)
Riccardo Cascioli a complété son éditorial d'hier par un post-scriptum: il s'agit d'un billet qui lui a été adressé par Sandro Magister.

« Cher Cascioli, je te signale un autre détail dans l'affaire de la lettre de Benoît XVI. J'étais présent à la présentation des fascicules sur la théologie du Pape François. Et il y avait une vingtaine d'autres Vaticanistes avec moi. Eh bien, la lettre, Vigano l'a lue en entier, tandis que simultanément était distribué le communiqué de presse qui ne comportait, entre guillemets, que les deux paragraphes qui ont produit le résultat que nous connaissons.

Le lendemain, j'ai essayé de voir si le texte intégral de la lettre avait été publié quelque part. En vain. Et puis je me suis dit: ça suffit! J'ai récupéré l'enregistrement vidéo de l'intervention de Viganò et de là, de sa voix même, j'ai transcrit le texte complet de la lettre.

Ainsi, au moins une vingtaine de Vaticanistes avaient entendu de leurs oreilles tout ce qui était écrit dans la lettre de Benoît XVI, et pourtant l'effet a été ce que nous savons.

Ce n'était pas une page brillante pour la profession. Et la faute n'est pas seulement de Vigano. »

Il s'agit donc d'une transcription de la lettre, par un journaliste qui fait honneur à sa profession. Mais rien ne dit que Vigano a TOUT lu.

Marco Tosatti a d'ailleurs publié hier une nouvelle réflexion, s'ajoutant à celle de la veille (cf. L'étrange lettre de Benoît XVI (II)), où il s'interroge sur la façon dont Sandro Magister s'est procuré le texte de la lettre. Son titre "Quelqu'un au Vatican a dit basta" laisse supposer l'intervention d'un membre de l'entourage proche du Pape émérite (??).

La mise au point qui précède invaliderait (?) au moins en partie cette analyse.
Mais cela n'enlève rien à la pertinence de la suite:


La demi-fakenews sur Benoît et Bergoglio
Quelqu'un, au Vatican, a dit basta


Marco Tosatti
14 mars 2018
Ma traduction

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Tout laisse à penser qu'hier, quelqu'un au Vatican s'est indigné, et a dit «basta» à l'opération honteuse, une authentique fakenews, avec laquelle le Préfet du Secrétariat aux Communications, Mgr Dario Edoardo Viganò, a voulu accréditer une approbation à 360 degrés de la part de Benoît XVI de l'ensemble du pontificat du pape régnant. Quelqu'un qui était en possession d'une copie de la lettre que Benoît XVI a écrite - le 7 février dernier - en réponse à une demande de Mgr Viganò lui-même. Quelqu'un qui a fait en sorte que le collègue Magister la reçoive et démonte le petit jeu - au moins en partie, parce que les gros titres des journaux étaient d'hier matin, et ils ne seront certainement pas corrigés, par des collègues qui sont tous trop heureux de montrer que Ratzinger fait partie du fanclub de Bergoglio .

Les faits.
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Le 12 janvier, Mgr Viganò a écrit à Benoît XVI pour lui demander d'écrire quelque chose sur les onze petits livres, très petits, dans lesquels autant de théologiens parlent de la théologie du Pape Bergoglio. Malheureusement, nous n'avons pas la lettre de Viganò; il y a peut-être l'espoir qu'elle sortira aussi, même si c'est difficile. Car de cette façon, comme le souligne Riccardo Cascioli, on comprendrait mieux certains termes et certaines phrases de la lettre de réponse; qui semblent intuitivement, disons, sollicités par la lettre d'invitation.

Pour récapituler les données disponibles, voici la lettre de Benoît XVI:
www.diakonos.be/…/le-double-preju…

Lundi, Mgr Dario Edoardo Viganò en a parlé aux journalistes à l'occasion de la présentation des onze petits livres. Voici l'article de Vatican News, le portail d'information du Vatican dirigé par Viganò:

« Benoît XVI: continuité avec le pontificat du Pape François XVI.
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Le Pape Benoît XVI a voulu apporter une contribution, comme toujours très significative, à cette unité intérieure spirituelle de deux pontificats. Ce sont les mots de Dario Edoardo Viganò sur la lettre qui lui a été envoyée par le Pape émérite.

Une lettre personnelle de Benoît XVI sur la continuité avec le pontificat du Pape François XVI. C'est le Préfet du Secrétariat pour la Communication, Mgr Dario Edoardo Viganò qui l'a reçue à l'occasion de la présentation de la série "La Teologia di Papa Francesco" (La Théologie du Pape François), publiée par la Libreria Editrice Vaticana (LEV) qui a eu lieu aujourd'hui lors d'une conférence de presse à Rome à la Sala Marconi de Palazzo Pio. »

Notez bien: la lettre, datée du 7 février, devient «reçue à l'occasion» d'un événement qui a eu lieu le 12 mars.....

Le portail publie les deux premiers paragraphes du message, et omet le troisième, qui commence par «Cependant...» et dit que Benoît N'A PAS lu les onze volumes, qu'il n'a pas l'intention de les lire, encore moins d'écrire dessus. Ce qui vide par conséquent de leur substance les phrases aimables des paragraphes précédents, et la tentative d'accréditer l'approbation.

Qui pourtant est avalée, appât, hameçon et ligne, par tous ceux, musiciens de cour et collègues, qui se répandent dans des colonnes et des colonnes de commentaires pour dire qu'entre le règne de Benoît XVI et celui de François, il y a seulement une différence de nationalité, et combien sont vilains et mauvais les coincés qui soutiennent l'opposé et W lil Papa.

Par charité chrétienne, nous ne donnons pas les noms et les liens...

La nouvelle rebondit dans les réseaux sociaux et provoque des réactions
de toutes sortes. Et cela aussi serait intéressant à voir, mais l'espace manque. Nous vous offrons seulement le commentaire sur Twitter du Père Antonio Spadaro, conseiller média de Sainte Marthe.

E #BenedettoXVI si smarca con eleganza e decisione da dubia e birignao teologici contro #PapaFrancesco. E si smarca pure dalle eteree eulogie che altri gli hanno costruito addosso...
— Antonio Spadaro (@antoniospadaro) 12 mars 2018
[Et Benoît XVI s'est démasqué avec élégance et détermination des dubia et birignao théologiques contre le Pape François. Et il rompt aussi avec les eulogies éthérées que d'autres ont construites sur lui....]

Tout cela doit avoir provoqué une réaction de quelque part dans les murs du Vatican, et la lettre originale, complète, a été révélée providentiellement sur un blog qui heureusement est diffusé dans différentes langues, et pas seulement en italien.

Maintenant, nous ne voulons pas porter de jugements professionnels et éthiques sur le comportement des responsables. La correction professionnelle minimale veut que si l'on rend un document public, on le publie dans son intégralité. Et au contraire, cela ne s'est pas produit ni sur le site web de la Salle de Presse du Saint-Siège ni, comme nous l'avons vu, sur Vatican News.

Mais dès lors que ce qui s'est passé a toutes les apparences et le contenu d'une fakenews d'école, il nous semble juste de citer cette prise de position:
«Les fakenews sont l'un des éléments qui empoisonnent les relations. Il s'agit de nouvelles qui ont le goût de la véridicité, mais en réalité sont non fondées, partielles ou même fausses. Dans les fakenews, le problème n'est pas la non-véridicité, qui est très évidente, mais la vraisemblance».

Voilà comment Mgr Dario Edoardo Viganò, Préfet du Secrétariat pour la Communication, a commenté dans une interview accordée au portail Vatican News le message du Pape à l'occasion de la 52ème Journée Mondiale de la Communication Sociale, célébrée le 13 mai, mais dont le texte a été diffusé aujourd'hui, selon la tradition, à l'occasion de la fête de saint François de Sales, patron des journalistes.

C'est ce que Mgr Dario Edoardo Viganò disait il y a quelques semaines, rapporté dans Avvenire:
Parfait, non?

Enfin, dernière nouvelle, l'agence Associated Press a mené une enquête dont il ressort que le Vatican a été obligé d'admettre le trucage de la fameuse photo montrant le fac-similé de la lettre avec les partie "gênantes" floutées, et d'autres artistiquement masquées par une pile de livres (voir leblogdejeannesmits.blogspot.ro/…/la-photo-de-la-…).

L'Agence rappelle notamment que :


« La plupart des médias indépendants respectent des normes strictes qui prohibent la manipulation digitale de photos. «Aucun élément ne doit être numériquement ajouté ou retiré sur une photo», précisent les normes de...

Source : benoit-et-moi.fr/…/la-lettre-de-be…

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La lettre mutilée
et le passage que NOUS aurions dû remarquer plus que le reste.

Beau et humble commentaire d'AM Valli

(qui ne bat pas sa coulpe sur la poitrine des autres)

("Benoît-et-moi", le 15/3/2018)


La lettre mutilée et l'information aujourd'hui

Aldo Maria Valli
15 mars 2018
Ma traduction

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Beaucoup me demandent un commentaire sur l'histoire de la lettre du Pape émérite Benoît XVI adressée au Préfet du Secrétariat pour la Communication du Vatican. Il me semble que la mosaïque des faits a été presque entièrement composée, et aujourd'hui mon collègue Marco Tosatti en offre un résumé qui nous donne un tableau complet.

Que dire? Ceux d'entre nous qui s'occupent de communication ne s'en sortent pas bien. Je n'étais pas présent à la conférence de presse dans la salle Marconi de Radio Vatican, parce que j'étais occupé par un autre service. Si j'avais été présent, aurais-je aussi commis l'erreur de ne pas lire toute la lettre du pape émérite et de ne pas en tirer les conclusions nécessaires? Franchement, je ne sais pas. Il serait facile de dire: non, je n'aurais jamais été aussi superficiel! Mais je sais très bien comment l'information fonctionne aujourd'hui. Avant tout, je sais que nous sommes tous sacrément pressés, de sorte qu'il y a de moins en moins de temps pour la vérification, le raisonnement calme, l'évaluation à la lumière du bon sens et non du sensationnalisme
(...)

En tant que simple journaliste, je voudrais simplement ajouter une remarque concernant un passage de la lettre de Benoît XVI. Celui où le pape émérite, s'excusant de ne pas pouvoir écrire à propos des livres consacrés à la théologie de François, dit:

«Toutefois, je ne peux pas rédiger une brève et dense page théologique à leur sujet parce que toute ma vie, il a toujours été clair que je n’écrirais et que je ne m’exprimerais jamais que sur les livres que j’aurais vraiment lus. Malheureusement, notamment pour des raisons physiques, je ne suis pas en mesure de lire les onze petits volumes dans un avenir proche, d’autant plus que d’autres engagements que j’ai déjà accepté m’attendent».

Nous y voilà. A propos de précipitation et de sérieux, Joseph Ratzinger nous donne ici une leçon: toujours et seulement écrire sur des livres qu'on a vraiment lus, un comportement à recommander, à une époque comme la nôtre, dans laquelle, pressés par l'urgence et la nécessité de faire mille choses simultanément, nous les professionnels de la communication parlons souvent de sujets dont nous n'avons entendu parler que par des textes auxquels nous n'avons accordé qu'un coup d'oeil à toute vitesse.

Et puis il y a cette dernière remarque: «... d’autant plus que d’autres engagements que j’ai déjà accepté m’attendent».

Cela signifie que le Pape émérite, en dépit de l'âge, des douleurs et des alarmes souvent relancées sur sa santé, continue à avoir une vie active, avec un agenda rempli d'engagements. Et cette nouvelle, pour ceux qui aiment Benoît XVI, ne peut...

Source : benoit-et-moi.fr/…/la-lettre-mutil…

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Benoît XVI (le vrai!) est de retour

... et c'est une superbe nouvelle.

Quelques réflexions sur la manipulation frauduleuse par le maître ès communication vaticane de la lettre de Benoît XVI


("Benoît-et-moi", le18/3/2018; mise à jour le 19)

Je n'ai pas eu l'occasion d'aller sur internet durant la journée d'hier, et le soir, de retour chez moi, lisant le dernier épisode (cf. Sandro Magister) de la falsification par le responsable de la communication du Vatican de la fameuse lettre de Benoît XVI, les bras m'en sont littéralement tombés. C'était bien pire que ce que nous avions cru inititialement. La falsification relevait en fait de l'escroquerie pure et simple.

Tous les détails sont donnés sur d'autres sites (toujours les mêmes, hélas, le risque est donc que l'information tourne en boucle et tombe dans l'oubli faute de relais), mais plutôt que de revenir sur les faits, désormais bien établis, remarquons que plusieurs très bonnes choses émergent de ce consternant pataquès:
Les médias dits mainstream dans leur ensemble se sont révélés égaux à eux-mêmes: catastrophiques.

Le rôle des blogs: C'est grâce aux blogs (circonscrits à un microcosme qui rendrait - paraît-il - leur influence inversement proportionnelle au bruit qu'ils font!), de quelques journalistes italiens, aussi courageux que curieux, que mes lecteurs connaissent bien, au premier rang desquels le grand Sandro Magister, ensuite relayés par l'agence Associated press qui malgré ses partis pris idéologiques a conservé (crédibilité oblige) un vrai sens du professionalisme, que la vérité a pu se faire jour. Les réseaux sociaux ont ensuite pris le relais (1).

Le vrai visage du Pontificat
(le personnage central, mais aussi ceux qui l'entourent) est apparu au grand jour, tel qu'il est vraiment: manipulateur, menteur, prêt à tout. Des yeux commencent à s'ouvrir. C'est une bonne chose
Mais surtout: LE VRAI BENOÎT XVI EST DE RETOUR. Pour ceux qui en doutaient, il a gardé intacts son extraordinaire lucidité et son temparément batailleur lorsque l’Église est attaquée. Celui dont on craignait qu'il soit manipulé, voire prisonnier, réduit à une marionnette obligée de faire et dire ce qu'on lui dit de faire et de dire, a fait entendre sa voix (et quelle voix!!) pour rétablir les faits. Il pouvait difficilement aller plus loin, mais tout prouve qu'il était en colère - pour autant que puisse l'être une personne aussi réservée que lui -, et que la "continuité intérieure" qu'il évoque dans sa lettre n'est qu'une formule de politesse, qui cache à peine son vrai sentiment envers son successeur.

Nous aurons certainement l'occasion de lire d'autres analyses, mais en attendant, je laisse la parole au site <Cronacas de Papa Francisco>, qui a relevé dans la lettre un aspect passé il me semble inaperçu ailleurs:


Ce qui s'est passé est d'une gravité sans précédent parce que non seulement une partie importante du texte a été omise mais la signature d'une personne privée a été modifiée, un acte qui constitue un délit.

Dans la phrase de salutation, Benoît XVI avait expressément spécifié : «Je suis sûr que vous me comprendrez pour mon refus et je vous salue cordialement».
Ce «pour mon refus» a été supprimé du texte remis aux journalistes, et c'est un délit très grave.

Enfin, je voudrais souligner que la question (avec tout son refus pontifical), tourne autour de la manipulation de Veritatis splendor, la forteresse contre l'avancée hérétique de ceux qui interprètent Amoris Laetitae contre la doctrine éthique et morale de l'Église de toujours. Et, ne voulant pas aller trop loin, j'oserais douter des véritables intentions de la renonciation de Ratzinger, qui a montré ici qu'il tient encore tête à ceux qui ont toujours ramé contre lui, y compris pendant son pontificat.

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Mise à jour (19/3)

(1) Aux Etats-Unis: sur Twitter, un hashtag #releasetheletter (publiez la lettre) est vite devenu viral parmi les Catholiques conservateurs, tandis que le scandale s'amplifiait, souligné par une trouvaille médiatique accrocheuse: le lettergate.
(d'après AP, NYT, ...

Source : benoit-et-moi.fr/…/benoit-xvi-le-v…

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Pape cherche désespérément légitimation

La lettre mutilée: la dernière analyse d'Antonio Socci

("Benoît-et-moi", le 19/3/2018)

Je suis un peu réticente sur le paragraphe final, qui me semble tiré par les cheveux (je peux me tromper!).
Socci y donne son interprétation d'un adjectif mystérieux ("intérieure", accolé à "continuité") utilisé dans la lettre du Saint-Père; il le relie à un passage du dernier livre-interview avec Peter Seewald, où le même mot est employé (mais il faudrait contrôler en comparant avec le texte original en allemand du livre), lui fournissant une nouvelle justification à sa théorie selon laquelle Benoît XVI reste LE Pape.


LA HONTEUSE CENSURE VATICANE DES PASSAGES DE LA LETTRE DE BENOÎT XVI QUI DÉMOLISSENT LA THÉOLOGIE PRO-BERGOGLIO.
AVEC UNE RÉVÉLATION: LE "PETIT MOT" PASSÉ INAPERÇU NOUS DIT QUE LE PAPE BENOÎT EST ENCORE PAPE.


Antonio Socci
18 mars 2018
Ma traduction

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Même le "New York Times" a écrit vendredi que ce pontificat peut s'avérer «un désastre» pour l'Église [ndt: Ross Douthat, voir ICI].

En réalité, il l'est déjà, comme le confirme la piètre figure planétaire faite par le Vatican: hier, Bergoglio a été contraint de faire publier intégralement la lettre de Benoît XVI, y compris les passages controversés que de l'autre côté du Tibre, maladroitement, ils avaient omis (1).

Mais pourquoi a-t-on l'impression que les choses sont en train de se précipiter? Avec l'effondrement du grand sponsor impérial de Bergoglio (l'administration Obama/Clinton) et la consolidation de Trump, la légitimation géopolitique qui a vu naître ce pontificat a disparu. De là, la course spasmodique de Bergoglio et de sa cour pour étayer la saison sud-américaine branlante - car trop exposée à gauche - à la recherche d'un nouveau soutien (y compris dans la Russie de Poutine, sans grand succès).

IL CHERCHE UNE LÉGITIMATION
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Mais surtout, aujourd'hui, il cherche maladroitement la légitimation justement de cette Eglise ratzingérienne et wojtylienne que lui et sa cour ont bombardé pendant cinq ans avec toute l'artillerie polémique.

Hier, il s'est même rendu à Pietrelcina et à San Giovanni Rotondo, pour rendre hommage au saint le plus traditionnel (pour dire les choses selon ses catégories: le plus rigide et le plus conservateur), le plus éloigné de lui: Padre Pio (alors qu'il continue à persécuter ses fils spirituels, les Franciscains de l'Immaculée).

Il y a quelque temps, il a rendu hommage à Luther et à Fidel Castro. Hier à Padre Pio: il fait ce que l'opportunité politique du moment lui dicte (et juste au moment où il confie l'église chinoise persécutée au régime communiste).

Il croit ainsi récupérer le consensus perdu. Comme pour les problèmes récents non résolus mentionnés par le "New York Times": le cas de l'évêque chilien, émergé lors du récent voyage de Bergoglio et les polémiques qui ont investi «l'un de ses principaux conseillers, le cardinal hondurien Oscar Maradiaga».

Mais le plus grand problème est la confusion dans laquelle il a jeté les fidèles, les pasteurs et les évêques du monde entier. Ainsi, il y a quelques jours, le Vatican a tenté un mauvais coup, cherchant à «utiliser» la grande autorité de Benoît XVI pour légitimer une papauté qui fait eau de toutes parts. Sauf qu'il en est sorti un caffouillage planétaire. Un colossal but contre son camp.

DES CHOSES JAMAIS VUES
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Résumons les faits: le Préfet du Secrétariat à la Communication de Bergoglio, Mgr Viganò, écrit le 12 janvier à Benoît XVI pour lui demander d'écrire «une page théologique courte et dense» en commentaire de onze fascicules de divers auteurs, faisant l'éloge de la doctrine de Bergame.

Un mois s'écoule (on peut imaginer les pressions) et le 7 février Benoît XVI lui répond non, par une lettre "confidentielle" et "personnelle" (2).

Mais un mois plus tard, le 12 mars, à la veille de l'anniversaire de l'élection de Bergoglio, Viganò (au nom du Vatican) rend publics quelques passages extrapolés de cette lettre: «au grand public», écrit Sandro Magister, «elle est arrivée comme s'il s'agissait d'une sorte de "vote", plus que bon, donné par Benoît à son successeur, au terme de ses cinq premières années. Interprétation également favorisée par le communiqué de presse publié pour l'occasion par Viganò lui-même, qui n'a cité que les deuxième et troisième paragraphes de la lettre».

Ce n'est que plus tard qu'on a découvert qu'il y avait un autre paragraphe où Benoît XVI - précisément - répondait qu'il n'avait pas le temps de lire ces fascicules, pas même ultérieurement, parce qu'il avait autre chose à faire. Et qu'il n'écrirait pas le texte requis.

Avant-hier, on a appris que «le début de ce paragraphe avait été rendu artificiellement illisible dans la photo de la lettre diffusée par le secrétariat du Viganò» (Magister).

Enfin, hier, on a également appris que dans la lettre de Benoît, il y avait un autre paragraphe «que Viganò s'est bien gardé de lire en public et a pris soin de bien couvrir, sur la photo, avec les onze fascicules sur la théologie du Pape François» (Magister).

INDIGNATION
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Dans ce paragraphe, Benoît expliquait pourquoi il refusait d'écrire ce texte. Et ce sont des lignes explosives:

« Accessoirement, je voudrais vous faire part de ma surprise de voir également figurer parmi les auteurs le professeur Hünermann qui, au cours de mon pontificat, s’est distingué pour avoir mené des initiatives anti-papales. Il a largement participé à la publication de la « Kölner Erklärung » qui, en ce qui concerne l’encyclique « Veritatis splendor », a attaqué l’autorité magistérielle du pape de manière virulente, particulièrement sur des questions de théologie morale. Même la « Europäische Theologengesellschaft » fondée par lui a été au départ pensée comme une organisation en opposition au magistère papal. Par la suite, la sensibilité ecclésiale de nombreux théologiens a empêché cette orientation, transformant cette organisation en un espace de débat ordinaire entre théologiens.
Je suis certain que vous comprendrez mon refus et je vous prie d’accepter mes cordiales salutations.
Bien à vous, »

(www.diakonos.be/…/toujours-dans-l…)

Comme on peut le voir, il n'y a pas seulement le sarcasme du premier passage omis, où il refuse de lire les fascicules et d'écrire à leur sujet parce qu'il a d'autres choses à faire. Ici, il y a aussi la douce indignation d'un homme de Dieu qui subit un affront.

De plus, Hünermann était allé jusqu'à déclarer que le «fait marquant» de Benoît XVI dans l'Église avait été «de se retirer».

Donc, pour exalter Bergoglio, ils ont fait appel à un théologien qui avait publiquement pris parti contre Benoît XVI, «un théologien fondateur d'une organisation ouvertement opposée au magistère pontifical» (Badilla) [NDT: ilsismografo.blogspot.ro/…/vaticano-le-rag….

Cela suffit pour comprendre quelle "continuité" il y a entre le pontificat de Bergoglio et celui de ses prédécesseurs.

Le passage polémique de Benoît XVI nous fait aussi comprendre comment lire les mots que le Vatican avait brandis comme soutien à Bergoglio. Là où il semblait faire l'éloge de l'objectif de ces fascicules, «s'opposer au préjugé stupide» sur Bergoglio et montrer «sa profonde formation philosophique et théologique».
C'étaient des formules de politesse, dans lesquels Benoît reprenait probablement les expressions de la lettre de Viganò, mais relus à la lumière des passages omis, ils prennent une toute autre lumière: ils soulignent un problème colossal, et non une continuité.

IL EST ENCORE PAPE
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C'est précisément au mot «continuité» - à l'évidence suggéré dans la lettre de Viganò du 12 janvier - que Benoît XVI a accolé un petit mot: «intérieure». Notons l'étrangeté de ce concept : «continuité intérieure entre les deux pontificats».
Tout d'abord, il suggère qu'il n'y a pas de continuité extérieure dans les actes et dans les enseignements.

Mais avec ce mot, il rappelle une page cruciale de son dernier livre, "Dernières Conversations", dans laquelle Benoît explique que - même après le renoncement - il continue d'être pape en utilisant la métaphore du père : «Même un père (qui) arrête d'être père ne cesse pas de l'être, mais renonce à ses responsabilités concrètes. Il reste père dans un sens plus profond, plus intérieur, avec une relation et une responsabilité spéciale» (page 45 dans la version française, où le "intérieur" de la version italienne a été traduit par "intime").

Et encore : «le pape... s'il démissionne, maintient la responsabilité qu'il a assumée dans un sens intérieur, mais pas dans la fonction» (idem).

C'est de là que vient ce mot. Benoît confirme ainsi la conférence explosive donnée par son secrétaire, Mgr Georg Gaenswein, à la Grégorienne [cf. benoit-et-moi.fr/…/le-pas-historiq…], dans laquelle il affirmait - entre autres choses - que «depuis le 11 Février 2013, le ministère papal n'est plus celui d'avant. Il est et reste le fondement de l’Église catholique; et pourtant, c'est un fondement que Benoît XVI a profondément et durablement transformé dans son pontificat d'exception». Ganswein poursuit: «Avant et après sa démission Benoît a entendu et entend sa tâche comme participation à un tel "ministère pétrinien". Il a quitté le trône pontifical et pourtant, avec le pas du 11 Février 2013, il n'a pas abandonné ce ministère. Il a au contraire intégré l'office personnel dans une dimension collégiale et synodale, presque un ministère en commun»

La cour bergoglienne s'est déchaînée contre cette idée de «ministère commun», mais aujourd'hui Benoît lui a subtilement montré en action avec cette expression qu'ils n'ont pas comprise et qui dit que Benoît est toujours Pape.
Le mystère continue.

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NDT

(1) Remarque d'une lectrice, F:

La lettre était confidentielle. Vigano ne s'est pas contenté d'occulter une partie de la lettre. Il a rendu publique une lettre confidentielle destinée uniquement à celui qui avait sollicité l'apport du Pape émérite. On voit donc que Benoît XVI n'avait aucune intention de rendre un hommage public à François dans la première partie de sa lettre! Vigano est donc doublement coupable!

(2) Jean-Marie Guénois écrit dans le Figaro ce détail capital, qui souligne que c'est Benoît XVI lui-même qui a demandé un droit de réponse, sous la forme d'une requête pour que la lettre soit publiée en entier:

Ne pas publier ce paragraphe final revenait toutefois à changer le sens de la lettre de Benoît XVI, puisque le pape émérite émettait là une réserve de type théologique. Devant la confusion - et à la demande de Benoît XVI lui-même -, le Vatican a finalement publié la lettre intégrale.
...

Source : benoit-et-moi.fr/…/pape-cherche-de…

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La colère du Père Hunwicke

Le plus british et (en général) le plus flegmatique des prêtres blogueurs, s'exprime sans langue de bois sur la "lettre mutilée" de Benoît XVI

("Benoît-et-moi", le 19/3/2018)

"Like getting blood out of a stone" (*)

(*) « Faire sortir du sang d’une pierre », c’est essayer de faire parler quelqu’un qui s’y refusera de toute façon

liturgicalnotes.blogspot.ro/…/like-getting-bl…
18 mars 2018
Traduction par Isabelle

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Qui aurait pensé qu’il y avait, dans cette lettre du pape émérite Benoît, un autre paragraphe encore que Mgr Vigano a tenté de dissimuler ? Un paragraphe complet, révélant que Ratzinger, pour notre bonheur, n’est pas devenu mentalement faible et démuni dans sa vieillesse ; un paragraphe dans lequel il montre qu’il n’accepte pas d’être malmené par des ennemis ricanants, même s’il n'est plus pape [voir le blog <Settimo Cielo>].

Benoît XVI se dit stupéfait qu’on ait osé lui demander de vanter, par courtoisie, un théologien (parmi d’autres) qui, pendant les deux derniers pontificats, a été un adversaire tapageur et impénitent des papes.

Et il a très bien fait.

Je connais peu les autres pays, leurs normes politiques et culturelles et leurs modes de fonctionnement. Pour mon propre pays, je sais qu’il est loin d’être parfait et que sa vie publique est souvent dégradée par des gens qui s’en tireront toujours, usant de tous les moyens, jusqu’à ce qu'ils soient découverts. Sexuellement, financièrement ... tout ce que vous voulez. Mais ...

… dans mon pays, un tel épisode aurait, sans l’ombre d’un doute, abouti à une démission ou à un licenciement, tout cela dans un contexte de disgrâce publique. Y aurait-il un de mes compatriotes pour me contredire ?

Peut-être cet épisode se terminera-t-il effectivement ainsi. Nous verrons.

Si ce Monsieur Vigano devait être maintenu dans ses fonctions, ce serait le dernier détail qui viendrait illustrer publiquement la corruption morale qui se trouve au cœur même de ce pontificat qui a échoué (failed pontificate). Souvent, en politique, ce ne sont pas les grandes affaires qui provoquent une crise, mais des choses qui au début étaient tout à fait insignifiantes. Au cours de l’ère bergoglienne, les deux catastrophes majeures ont été la malhonnêteté dans le domaine de la pédophilie, accompagnée de fanfaronnades déplacées et d’opérations de protection et de copinage; et les tentatives de saper et de pervertir de manière sournoise l'enseignement moral de l'Église. Ces choses comptent infiniment plus que l’épisode idiot et mineur que nous vivons.

Néanmoins, ce « Lettergate » fournit un instantané vif et juste de sales petits bonshommes impliqués dans de sales petites affaires, poursuivant des buts tout à fait sales. Même les vétérans anti-ratzinguériens de la blogosphère comme le journaliste Robert Mickens disent que Vigano devrait démissionner ou être limogé.

Si l’on ne peut pas faire comprendre au pape qu’il doit nettoyer ses propres écuries d’Augias, on devrait sûrement l’obliger à partir. Non pas la semaine prochaine,...

Source : benoit-et-moi.fr/…/la-colere-du-pe…

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La lettre de Benoît XVI.... revisitée

Un lecteur s'est amusé à imaginer (*) ce qu'elle aurait pu être si Benoît n'était pas l'homme doux et courtois qu'il est. Après tout, puisque le Saint-Siège diffuse des "fakenews" pour promouvoir son chef, nous aurions tort de nous gêner.

("Benoît-et-moi", le 19/3/2018)

(*) bien sûr avec tout le respect et la vénération que nous avons pour le Saint-Père Benoît, et en nous excusant auprès de lui de la liberté que nous prenons ainsi! .

NB: Pour information, on relira le texte initialement transmis par le manipulateur Vigano le 12 mars dernier: Une lettre qui vient bien à propos


La vraie lettre ([en bleu],

dans la traduction de <diakonos> pour Sandro Magister)


et sa version "revisitée", [au-dessous]

Monseigneur,

Je vous remercie pour votre aimable lettre du 12 janvier et pour le cadeau qui y était joint contenant les onze petits volumes sous la direction de Roberto Repole.

J’applaudis à cette initiative visant à s’opposer et réagir contre le préjugé » stupide en vertu duquel le pape François ne serait qu’un homme pratique dénué de toute formation théologique ou philosophique tandis que je ne serais moi-même qu’un théoricien de la théologie qui n’aurait pas compris grand-chose de la vie concrète d’un chrétien d’aujourd’hui.

Ces petits volumes montrent, à juste titre, que le Pape François est un homme doté d’une profonde formation philosophique et théologique et ils aident en cela à voir la continuité intérieure entre les deux pontificats, nonobstant toutes les différences de style et de tempérament.

Toutefois, je ne peux pas rédiger une brève et dense page théologique à leur sujet parce que toute ma vie, il a toujours été clair que je n’écrirais et que je ne m’exprimerais jamais que sur les livres que j’aurais vraiment lus. Malheureusement, notamment pour des raisons physiques, je ne suis pas en mesure de lire les onze petits volumes dans un avenir proche, d’autant que m’attendent d’autres engagements que j’ai déjà acceptés.

Accessoirement, je voudrais vous faire part de ma surprise de voir également figurer parmi les auteurs le professeur Hünermann qui, au cours de mon pontificat, s’est distingué pour avoir mené des initiatives anti-papales. Il a largement participé à la publication de la «Kölner Erklärung» qui, en ce qui concerne l’encyclique «Veritatis splendor», a attaqué l’autorité magistérielle du pape de manière virulente, particulièrement sur des questions de théologie morale. Même la « Europäische Theologengesellschaft » fondée par lui a été au départ pensée comme une organisation en opposition au magistère papal. Par la suite, la sensibilité ecclésiale de nombreux théologiens a empêché cette orientation, transformant cette organisation en un espace de débat ordinaire entre théologiens.

Je suis certain que vous comprendrez mon refus et je vous prie d’accepter mes cordiales salutations.

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Monseigneur,

Je vous remercie pour votre lettre du 12 janvier et pour les onze opuscules publiés sous la direction de Roberto Repole.

Je dois reconnaître que l’intention qui a présidé à leur rédaction est louable. Il s’agit de réfuter le cliché simpliste d’un pape François, homme de la réforme pratique, opposé à moi-même théologien abstrait ne comprenant rien à la vie concrète.

Il est évident que le pape François, comme tout Jésuite, a reçu une formation philosophique et théologique sérieuse et qu’il y a une certaine continuité spirituelle entre nos deux pontificats, malgré nos différences de style.

Toutefois, si vous pensiez que j’allais accepter de rédiger une "brève et dense page théologique" pour présenter cette collection, vous vous trompiez lourdement. Sachez que je n’ai jamais eu l’habitude d'écrire sur des livres sans les avoir lus attentivement. Or je n’ai pas l’intention de lire les opuscules en question dans un avenir proche. Non seulement à cause de ma santé, mais surtout parce que j’ai des choses plus importantes à faire.

Enfin, last but not least, je tiens à vous dire que j’ai été très désagréablement surpris de voir parmi les auteurs le professeur Hünermann qui au cours de mon pontificat, s’est distingué par ses initiatives anti-papales. Il avait d'ailleurs largement participé (avec, entre autres, Hans Küng) à la publication en 1989 de la Kölner Erklärung, un mémorandum (ayant pour titre "Contre la mise sous tutelle — Pour une Eglise ouverte") qui a violemment attaqué le magistère pontifical. Il s’est opposé à l’encyclique Veritatis splendor (1993) de saint Jean-Paul II sur des questions fondamentales de théologie morale. Quant à la Europäische Theologengesellschaft qu’il a fondée, elle n’était autre, du moins à l’origine, qu’une organisation d’opposition au magistère pontifical…

J'espère que vous comprendrez mon refus catégorique, et vous prie d’accepter...

Source : benoit-et-moi.fr/…/la-lettre-de-be…

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GChevalier
Tous ces articles expliquent la saga hilarante de l'affaire de la fameuse lettre : tout est à lire, même si on ne partage pas forcément tous les points de vue, ce qui est d'ailleurs mon cas ; mais c'est tellement intéressant que ça vaut le détour.
GChevalier
Hélas, si nous savions ce que les âmes ont envie, en Purgatoire, de voir le bon Dieu !
Avec Vatican II et l'Antéchrist, de quoi as-tu envie ? De faire la fête !
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