Ex fructibus igitur eorum cognoscetis eos. Mt 7, 20

Prémisse
La crise dans l’Église est de nature théologique et non canonique. Et ce n’est pas tout : il ne s’agit pas d’une crise parmi tant d’autres, mais de la crise de l’Autorité, car c’est précisément l’Autorité qui fait l’objet d’une subversion qui, jusqu’à il y a soixante ans, n’était même pas imaginable au sein de l’Église Catholique. Si, en effet, l’Autorité, lorsqu’elle est exercée pour le bien, est certainement l’instrument le plus approprié pour assurer la bonne gouvernance de l’institution qu’elle préside, elle peut se transformer en un instrument tout aussi efficace pour la détruire, au moment où ceux qui la détiennent rompent leur lien d’obéissance à Dieu, qui est le garant suprême de l’Autorité [1].
C’est ce que firent les Jacobins en 1789, c’est ce que les partisans de la révolution conciliaire répétèrent en 1965 : s’approprier illégitimement l’Autorité pour forcer leurs sujets à accepter d’obéir à des ordres iniques, ordonnés à un plan subversif. Et les Jacobins comme les Modernistes profitèrent non seulement de la collaboration active de leurs complices et de l’inaction des lâches, mais aussi du consentement de ceux qui obéissaient de bonne foi et d’une masse progressivement amenée à accepter tout changement au nom de l’obéissance [2].
L’idéalisation de l’autorité
Au cours des dernières semaines, des « conservateurs » tels que Riccardo Cascioli, Luisella Scrosati, Daniele Trabucco et Giovanni Zanone ont soutenu que laïcs et clercs, face à la crise de la Hiérarchie catholique, ne devraient pas adopter de formes de résistance contre les mauvais Supérieurs, ni remettre en question leur Autorité, puisqu’elle émane directement de Notre-Seigneur. Ceux-ci affirment que l’indignité d’un évêque ou du pape n’invalide pas la légitimité de leur autorité, mais cela peut être vrai dans le cas d’une indignité personnelle qui n’implique pas l’exercice de l’autorité elle-même. Mais l’autorité ne peut pas être légitimement exercée en dehors des limites qui lui sont données, encore moins contre ses propres fins ou contre la volonté du divin Législateur. Un évêque qui coopère sciemment par des actes de gouvernement dans un but inique invalide la légitimité de ces actes et sa propre autorité, précisément parce que ces actes sont posés in fraudem legis. [3]
La vision idéaliste et déconnectée de la réalité des Auteurs cités, selon laquelle l’Autorité ne perdrait pas sa légitimité même lorsque ses ordres sont dirigés vers le mal, met en évidence le court-circuit logique entre la réalité de papes et d’évêques hérétiques – formels ou matériels, peu importe : c’est de toute façon quelque chose d’inouï – et la théorie d’une Autorité à l’abri de l’hérésie et les mauvaises intentions de ceux qui détiennent cette Autorité.

Une crise systémique
Ceux qui s’obstinent à juger des faits individuels, sans tenir compte de la cohérence évidente qui les unit et du cadre d’ensemble qui s’en dégage, falsifient la réalité en lui donnant une représentation trompeuse. Il s’agit d’une crise qui dure depuis soixante ans, toujours dans la même direction, toujours avec la connivence de l’Autorité, en contredisant toujours les mêmes articles de Foi et en soutenant les mêmes erreurs déjà condamnées. Les responsables de cette crise sont tous unis par le désir subversif de s’approprier et de conserver le pouvoir pour atteindre les objectifs qu’ils se sont fixés. Et comme preuve que l’état profond et l’église profonde agissent de concert, il suffit de voir comment les artisans de cette subversion dans le domaine ecclésiastique agissent à l’image de leurs homologues de la sphère civile, allant jusqu’à emprunter leur lexique et leurs techniques de manipulation de masse. L’évidence des résultats désastreux obtenus par les papes et les évêques conciliaires ne les a pas conduits à revenir sur leurs pas et à réparer les dommages causés, mais au contraire, nous les voyons continuer obstinément dans la même voie, confirmant malveillance et préméditation, c’est-à-dire la mens rea. [4]
Nous nous trouvons dans une situation de conflit institutionnel très grave, d’où il ressort que la majorité des évêques constitués en Autorité – sans l’ombre d’un doute – agissent avec l’intention déterminée et volontaire de commettre des actes illicites contre le bien de l’Église et des âmes, en étant conscients de leurs conséquences. S’il n’y avait pas en eux l’intention de faire le mal, c’est-à-dire s’ils étaient de bonne foi, ils ne persisteraient pas à répéter les mêmes erreurs, à poursuivre les mêmes résultats. Ils n’essaieraient pas non plus par tous les moyens à induire les fidèles et les prêtres à renier ce que la Sainte Église a enseigné pendant des siècles, en leur faisant embrasser ce qu’elle condamnait et punissait avec les peines les plus sévères.
L’acceptation de la fraude
Nous avons donc une Hiérarchie composée d’évêques et de papes traîtres qui exigent de leurs fidèles non seulement un silence inerte face aux pires scandales de ses membres, mais aussi l’enthousiaste acceptation et partage de cette trahison, selon ce principe ésotérique que le sataniste Aleyster Crowley avait résumé ainsi au début du XXe siècle : « Le mal doit se cacher à la lumière du jour, puisque les règles de l’univers imposent que ceux qui sont trompés consentent à leur tromperie ». C’est le modus operandi du diable et de ses serviteurs, que nous trouvons confirmé par le récit des tentations auxquelles Satan soumet Notre-Seigneur dans le désert : « Tout cela, je vous donnerai tout cela », dit le Malin au Christ, « si, tombant à mes pieds, vous m’adorez » (Mt 4, 9). En prétendant être adoré comme Dieu, Satan demande d’abord l’acceptation de la fraude, c’est-à-dire de la prémisse – Je vous donnerai tout cela –qui est absolument fausse, puisque Satan ne peut pas donner ce qui ne lui appartient pas. Si, par absurde, Notre-Seigneur s’était prosterné devant Satan et l’avait adoré, Il n’aurait reçu de lui même pas un grain de poussière du désert, et ce troc se serait avéré être une supercherie. C’est pourquoi le Seigneur lui répond : « Va-t’en, Satan ! Car il est écrit : « Tu adoreras le Seigneur, ton Dieu, et tu ne serviras que lui seul » (ibid., n. 10). Par ces paroles, Notre-Seigneur révèle l’identité du tentateur et ses supercheries. Même dans l’Eden, tentant Eve, le Serpent avait proposé aux Premiers Parents de devenir sicut dii (Gn 3, 5). Ils savaient très bien que Satan ne pourrait pas faire d’eux des dieux et qu’ils auraient à répondre à Dieu de leur désobéissance orgueilleuse, mais malgré cela, ils ont consenti au mensonge du Malin comme s’il était vrai, se rendant responsables de la subversion du Bien et du Mal et agissant comme si Dieu n’était pas tout-puissant et capable de les punir. C’est, en bref, l’ὕβρις, l’orgueil qui pousse l’homme à défier Dieu en choisissant de commettre le péché, qui a pour conséquence le νέμεσις, c’est-à-dire le châtiment inévitable qui frappe ceux qui ont violé l’ordre divin en dépassant les limites imposées par Dieu.

La « révélation de la méthode »
L’historien et expert en ingénierie sociale Michael A. Hoffman a abordé la même question sous un angle différent, en identifiant une élite cachée qui utilise des techniques de manipulation pour contrôler les masses. Elle ne veut pas seulement conquérir le pouvoir, mais entend mener une guerre psychologique qui transforme la réalité en un rituel magique et alchimique (et cela coïncide avec les mots de Crowley). Cette élite ne cache plus tout, mais révèle délibérément des parties de son plan (d’où la Révélation de la Méthode), comme un acte d’humiliation de ses sujets et d’affirmation de sa suprématie. Les études de psychologie sociale confirment que ce jeu cruel d’asservissement et de domination des victimes sert à provoquer une dissonance cognitive, c’est-à-dire cet état de détresse psychologique qui se produit lorsque nous sommes confrontés à deux déclarations ou faits contradictoires, comme cela s’est produit par exemple lorsque les autorités sanitaires ont prétendu, en mentant, que le sérum génique expérimental était « sûr et efficace » mais en même temps ils accordaient la protection pénale pour les médecins inoculateurs ; ou quand nous avons entendu Jorge Bergoglio dire que « Dieu n’est pas catholique ». Cette dissonance cognitive, cette perception d’une contradictio in terminis est délibérée, parce qu’elle nous démoralise (nous sommes conscients de notre impuissance), parce qu’elle nous induit à un consentement implicite (un consentement passif, comme pour dire : « Je vais te montrer ce que je fais, et tu ne fais rien, donc tu consens ») et enfin parce qu’elle nous conduit à l’acceptation d’un pouvoir despotique (même s’il se moque des masses, renforçant son contrôle psychologique sur nous) [5].

La « dissonance cognitive » et le « gaslighting » des conservateurs
Il ne faut donc pas s’étonner que ces techniques de manipulation de masse soient également utilisées dans le domaine ecclésiastique, afin de provoquer la même dissonance cognitive chez les fidèles, la même démoralisation, le même consentement extorqué, la même acceptation de l’autorité qui fait étalage de la contradiction mais exige l’obéissance. Pensons au paradoxe de Léon qui déclare la liberté religieuse un droit de l’homme sur la base de Vatican II et canonise en même temps le bienheureux Bartolo Longo, qui dans ses écrits condamne l’indifférentisme religieux et le concept de liberté religieuse [6]; ou qui préside des rencontres œcuméniques avec les musulmans, mais canonise le bienheureux Ignace Choukrallah Maloyan, Évêque arménien martyrisé par les mahométans pour avoir refusé d’apostasier la vraie Foi.
Il ne faut pas non plus s’étonner que la Nouva Boussola se comporte exactement comme prévu dans ces cas par les manuels de psychologie sociale, niant obstinément la contradiction, pourtant évidente, dans une opérations de véritable de gaslighting [7]: « Ce que tu as vu n’est jamais arrivé ». L’utilisation de vidéos ou d’images générées par l’IA devient également un outil de déstabilisation, car celles-ci contribuent à éroder la base sensible de la connaissance de la réalité, rendant impossible de distinguer le vrai du faux et effaçant de fait la notion même de « réel » en la remplaçant par le « vraisemblable ». L’apparence prend ainsi la place de la substance, uniquement parce qu’étant véhiculée par l’image qui apparaît sur le téléphone portable ou sur l’ordinateur, nous ne savons pas si ce qui nous semble vrai est vraiment vrai ou en a seulement l’air. Comment ne pas voir dans ce phénomène nouveau une attaque par laquelle Satan défie avec ses artifices théâtraux et ses effets spéciaux la vérité de Dieu qui est simplex, sans plis ?

Il s’agit de tests de masse pour tester la dévotion à la religion synodale, tout comme cela se produit dans la sphère civile avec la religion sanitaire ou la religion verte. Et il n’en est pas autrement de demander aux fidèles d’accepter la messe protestantisée de Paul VI s’ils veulent avoir la permission d’assister à la Messe tridentine, qui est l’antithèse du Novus Ordo. Même l’« excommunication » que Jorge Bergoglio m’a infligée révèle une énorme contradiction : d’une part, j’ai été déclaré schismatique pour avoir dénoncé les mêmes erreurs que tous les papes jusqu’à Pie XII y compris ont condamnées ; d’autre part, les vrais hérétiques et schismatiques sont admis à la communicatio in sacris avec ceux qui me condamnent, sans aucune conséquence canonique. Le message est clair : « Nous pouvons vous montrer la contradiction entre nos paroles et nos actes, et vous ne ferez rien. Vous accepterez à la fois le mensonge et la preuve de celui-ci. »
Toute absurdité admise affaiblit la capacité de discernement des fidèles et du Clergé, afin de pouvoir obéir de manière responsable à leurs Pasteurs. Si notre Foi n’est pas forte et convaincue, cela nous conduit à une forme d’apathie face à chaque nouvelle provocation. C’est une forme d’humiliation rituelle qui ne fonctionne plus par le secret, mais par l’ostentation flagrante, surtout lorsque l’obéissance à l’Autorité qui donne des ordres abusifs et même criminels est exigée comme un sacrifice de sa propre rationalité, comme une immolation de la volonté selon une conception pervertie de l’autorité et de l’obéissance. Si l’Autorité de la Hiérarchie, jusqu’à ses plus hauts niveaux, est responsable de cette manipulation psychologique des fidèles destinée à perpétuer son propre pouvoir afin de démolir l’Église, vers qui les prêtres et les laïcs devraient-ils se tourner pour faire condamner les coupables d’une telle trahison ? À ces mêmes hérétiques manipulateurs, enkystés à Rome et dans tous les organes et institutions de l’Église Catholique ? Il n’est pas étonnant que trop de vocations sacerdotales se perdent et que de nombreux fidèles se résignent ou abandonnent la pratique religieuse. C’est le résultat souhaité et planifié de cette cruelle œuvre de destruction.

Le « coup de maître » de Satan
Le diable veut obtenir notre adhésion au mal non pas par la tromperie, mais en nous amenant à accepter le mensonge par lequel il définit le mal comme bien, et à accepter la fiction par laquelle il nous présente le bien comme mal. Le coup de maître de Satan consiste en ceci : obtenir de notre part un assentiment irrationnel, même face à l’évidence de la fraude et de la subversion que nous reconnaissons comme telles mais que, dans un acte d’anéantissement suicidaire insensé, nous acceptons comme si elles étaient des vérités divinement révélées. Pour le Catholique, la Foi n’est jamais irrationnelle : rationabile sit obsequium vestrum, dit saint Paul (Rm 12, 1), parce que Dieu est l’auteur de la Foi et de la raison, et qu’il ne peut y avoir de contradiction dans la Vérité. Satan, au contraire, étant menteur et père du mensonge (Jn 8, 44), ne peut pas ne pas dissimuler ses tromperies par la fraude, pour lesquelles il exige de nous non pas une adhésion rationnelle, mais un consentement superstitieux, un acte de foi renversée, dans lequel l’assentiment de l’intellect aux erreurs et aux hérésies évidentes n’est pas motivé par l’autorité du vrai Dieu, mais par l’usurpation de cette autorité par une créature rebelle et menteuse dont nous savons qu’elle veut nous tromper et nous perdre. Satan veut que nous abdiquions la raison et le sensus fidei lui-même, transformant l’acte de foi en une folle apostasie.

L’absolutisation de l’obéissance

Absolutiser l’obéissance, la déliant de la cohérence nécessaire qu’elle suppose entre tous les sujets du corps hiérarchique dans lequel elle s’exerce [8], signifie remettre entre les mains de l’autorité vicaire de la Hiérarchie un pouvoir que le Législateur suprême ne lui a jamais accordé, c’est-à-dire la faculté de pouvoir légitimement légiférer contre la volonté du Législateur lui-même et au détriment des fidèles. Il ne s’agit pas ici d’ordres incidemment erronés, ou d’évêques individuels abusant de leur autorité dans un contexte ecclésial où la Vertu est encouragée et le péché condamné et puni. Il s’agit ici de tout un système hiérarchique qui a réussi – dans l’Église Catholique comme dans la sphère civile – à s’emparer du pouvoir, en obtenant reconnaissance et obéissance de ses subordonnés par l’utilisation de moyens coercitifs.
Et ce n’est pas tout : l’absolutisation de l’obéissance à l’autorité finit aussi par être déresponsabilisant : un alibi commode offert au nombreux, au trop nombreux Don Abbondio en robe filetée ou en clergyman, très attentif à ne déplaire à personne, à « éviter la polarisation » – selon le souhait de Léon – à bénéficier des faveurs du puissant que l’on sait injuste mais à qui l’on rend hommage par lâcheté ou par intérêt.

Conclusion
L’Écriture Sainte, les Pères, les mystiques et la Vierge Marie elle-même à Fatima nous ont avertis d’une apostasie à laquelle l’Église devra faire face dans les derniers temps. Comment pouvons-nous penser que cette apostasie se concrétisera, si ce n’est par de faux pasteurs au lieu de bons pasteurs, et par des pseudo-christs et de faux prophètes au lieu du Christ et des Prophètes ? Comment les élus pourraient-ils être trompés par les hérétiques et les schismatiques (Mt 24, 24), si ce n’est lorsqu’ils occupent des postes d’autorité dans l’Église ? Mais l’Église est indéfectible, répètent certains avec pétulance. Et c’est vraiment le cas : bien que la grande majorité de ses évêques s’acharnent contre elle et agissent de concert avec les ennemis du Christ. L’Église Catholique est indéfectible en ce sens qu’elle ne peut jamais faillir dans sa mission de garder et de transmettre de la Vérité révélée par Dieu, ni tomber dans l’erreur définitive dans sa Foi et sa Morale. Et, de fait, cela ne se produit même pas lorsqu’une Hiérarchie hérétique et corrompue cherche à obscurcir ou à défigurer le Dépôt sacré de la Foi. N’oublions pas que l’Église n’est pas seulement celle qui est militante sur cette terre (hic) et aujourd’hui (nunc), mais elle est aussi celle qui est pénitente au Purgatoire et triomphante au Ciel. Sa composante céleste est la garantie de cette indéfectibilité que son divin Fondateur lui a promise et que l’Esprit Saint lui assure. Et si l’église conciliaire-et-synodale qui se présente aujourd’hui comme l’église militante contredit celle d’hier, en rompant la continuité et l’unité dans la Profession de l’unique Foi qui la rend une et apostolique même dans l’écoulement du temps et pas seulement dans sa diffusion dans l’espace, elle n’est plus la même Église. C’est pourquoi le Seigneur ne manque pas de susciter une vox clamantis in deserto qui brise le mur du silence et de complicité des conspirateurs : je me réfère aux « docteurs des derniers temps » mentionnés par Augustin Lémann [9] dans son essai L’Antéchrist. Ils sont les nouveaux saint Athanase emprisonnés, exilés, persécutés mais finalement récompensés par la Justice divine par la proclamation de leur sainteté. Voici comment le grand Évêque d’Alexandrie et Docteur de l’Église s’adresse aux fidèles lors de la grande hérésie arienne [10]:

Que Dieu vous console ! […] Ce qui attriste […] c’est le fait que d’autres ont violemment occupé les églises, alors que vous êtes dehors pendant ce temps. C’est un fait qu’ils ont la chaire, mais vous avez la Foi apostolique. Ils peuvent occuper nos églises, mais ils sont en dehors de la vraie Foi. Vous restez en dehors des lieux de culte, mais la Foi habite en vous. Voyons : qu’est-ce qui est le plus important, le lieu ou la Foi ? La vraie Foi, bien sûr. Qui a perdu et qui a gagné dans cette lutte – celui qui garde la chaire ou qui garde la Foi ? Il est vrai que les édifices sont bons quand la Foi apostolique y est prêchée ; ils sont saints, si tout est accompli de manière sainte… C’est vous qui êtes heureux, vous qui restez dans l’Église pour votre Foi, que vous maintenez ferme dans les fondements comme ils vous sont parvenus de la Tradition apostolique, et si quelque exécrable essaie jalousement de la secouer à diverses occasions, il n’y parvient pas. Ce sont eux qui se sont détachés d’elle dans la crise actuelle. Personne ne prévaudra jamais contre votre Foi, frères bien-aimés, et nous croyons que Dieu nous rendra un jour nos églises. Plus les violents tentent d’occuper les lieux de culte, plus ils se séparent de l’Église. Ils prétendent représenter l’Église, mais en réalité, ce sont eux qui en sont à leur tour expulsés et qui font fausse route. Même si les Catholiques fidèles à la Tradition sont réduits à une poignée, ce sont eux qui sont la véritable Église de Jésus-Christ.
L’accusation récurrente que les Conservateurs et les Synodaux adressent à ceux qui restent fermes dans la Foi et dénoncent leurs erreurs est qu’ils veulent créer leur propre église, se séparant par le schisme de l’Église Catholique, visible et hiérarchique, dont ils ont cependant pris possession par un véritable coup d’État et dans laquelle ils prétendent exercer une Autorité légitime à des fins opposées à celles que Notre-Seigneur lui a confiées. Mais n’est-ce pas ceux-là, avec leurs erreurs condamnées par tous les papes préconciliaires, qui se sont créés une église parallèle qui contredit l’immuable Magistère et subvertit la Papauté ? Comment une autorité rebelle au Christ, Tête du Corps mystique, peut-elle prétendre exercer l’Autorité du Christ afin de contredire sa Parole ? Comment ceux qui se sont séparés de la communion ecclésiale avec la véritable Église Catholique Apostolique Romaine peuvent-ils accuser de schisme ceux qui lui restent fidèles ?

+ Carlo Maria Viganò, Archevêque

24 Octobre 2025
S.cti Raphaëlis Archangeli
© Traduction F. de Villasmundo

NOTES
1 – Le terme auctoritas dérive de auctor, dans le sens dauteur et de garant se référant à Dieu.
2 – Saint Pie X rappelait que le succès des méchants est possible d’abord grâce à la paresse des bons.
3 – L’expression in fraudem legis désigne un comportement ou un acte juridique réalisé dans l’intention de contourner une règle, de contourner son but ou son application, tout en respectant formellement la lettre. En d’autres termes, il s’agit d’un acte qui, tout en apparaissant conforme à la loi, est effectué pour obtenir un résultat que la loi elle-même entend interdire ou limiter. Les caractéristiques de ce comportement sont la conformité formelle, l’intention insaisissable et l’effet contraire à l’esprit du législateur.
4 – La mens rea désigne l’élément psychologique du crime, c’est-à-dire l’intention ou la conscience d’enfreindre la loi.

5 – Hoffman écrit : « Le principe alchimique de la Révélation de la Méthode a pour composante principale une dérision moqueuse des victimes, semblable à celle d’un clown, comme une démonstration de puissance et d’arrogance macabre. Lorsqu’elle est exécutée de manière voilée, accompagnée de certains signes occultes et de mots symboliques, et qu’elle ne suscite aucune réponse significative d’opposition ou de résistance de la part des cibles, c’est l’une des techniques les plus efficaces de guerre psychologique et de violence mentale. » Voir Michael A. Hoffman II, Sociétés secrètes et guerre psychologique, 2001.

6 – Bartolo Longo écrivait : « Devant Dieu, l’homme n’a pas de vraie liberté de conscience, de culte et de pensée, comme nous l’entendons aujourd’hui, c’est-à-dire la faculté de choisir une religion et un culte selon ses caprices ; mais seulement la liberté des enfants de Dieu, comme le dit saint Paul, c’est-à-dire de quitter l’erreur et les séductions du monde pour courir librement au Ciel. Affirmer donc que l’homme a le droit devant Dieu de penser et de croire comme il lui plaît, est une erreur. » Cf. Bartolo Longo, San Domenico e l’Inquisizione al tribunale della Ragione e della Storia, Valle di Pompei, Scuola tipografica editrice Bartolo Longo, 1888.

7 – Le gaslighting est une forme de manipulation psychologique dans laquelle une personn(ou un groupe) amène une autre personne à remettre en question sa perception de la réalité, de la mémoire ou de la santé mentale, dans le but de contrôler, d’affaiblir ou de déstabiliser la victime.

8 – En effet, il ne peut y avoir de véritable obéissance si ceux qui sont constitués en autorité dans la Hiérarchie exigent qu’on leur obéisse, mais en même temps désobéissent à Dieu, qui est le garant et la source même de l’Autorité. Il ne peut pas non plus y avoir d’autorité légitime si ceux qui l’exercent au nom de Dieu ne se soumettent pas à leur tour à Son Autorité suprême.

9 – Augustin Lémann, L’Antéchrist, Marietti, 1919, p. 11. 53. « Le deuxième champion de la vérité chrétienne contre l’Antéchrist sera une phalange de docteurs suscités par Dieu en ces temps d’épreuve. […] Cette phalange de docteurs recevra, pour la défense et la consolation des bons, une plus grande compréhension de nos Saintes Écritures. » rassegnastampa-totustuus.it/…p- …
Le chanoine Augustin Lémann, un juif français, se converti au Catholicisme avec son frère. Devenus amis de Pie IX, ils furent tous deux consultants au du Concile Vatican I.
10 – Saint Athanase, Epistolæ festales, Lettre XXIX, dans : Coll. Selecta SS. Eccl. Patrum, édité par Caillaud et Guillon, vol. 32, pp. 411 et 412.
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