Mgr Williamson : le sédévacantisme pourrait bien ne pas être la solution juste au grave problème posé par la succession des six papes conciliaires
EC No. DCCCXC (890)
Dis, si tu ne vois pas la monstruosité,
Un Rosaire par jour, en toute humilité.
Les tentatives désespérées du pape François d’engager tout le poids son autorité pontificale pour anéantir le rite tridentin de la Messe et l’éliminer définitivement du sein de l’Église catholique trouvent, à juste titre, de moins en moins d’écho parmi les catholiques. Comment le Bon Dieu a-t-il pu permettre que l’Autorité qu’Il confie à son Vicaire sur terre soit si mal utilisée ? Cela reste un mystère, car il est évident qu’Il la confie aux hommes pour qu’ils bâtissent son Église et non pour qu’ils la démolissent. De nombreux catholiques sont tellement tourmentés par la question qu’ils ont recours à la solution simple du sédévacantisme : selon cette thèse, il n’y a pas eu de pape valide depuis Jean XXIII (1958–1963), c’-à-d. que depuis Vatican II (1962–1965), les six papes n’ont pas été papes du tout. Mais cette thèse, qui semble résoudre sans frais le problème des papes conciliaires, prend de nombreuses formes contradictoires et peut conduire les catholiques à abandonner complètement la Foi au motif qu’il n’y a plus de sacerdoce valide : dans ce cas feraient-ils mieux de rester chez eux plutôt que d’aller à la messe. Le sédévacantisme peut ainsi soulever plus de problèmes qu’il ne semble en résoudre.
De tels fruits suggèrent que le sédévacantisme pourrait bien ne pas être la solution juste au grave problème posé par la succession des six papes conciliaires, et qui atteint en particulier des sommets avec les abominations du pape François. Peut-être est-ce le moment de rappeler la solution féconde de Mgr Lefebvre (1905–1991), le Traditionalisme, dont il a été le remarquable précurseur par son opposition au modernisme actuel de Vatican II.
La Tradition c’est le Catholicisme, disait-il, et le Catholicisme, c’est la Tradition. « Jésus est le même, hier, aujourd’hui et dans tous les siècles. » (Hébreux 13, 8). Or, des siècles de protestantisme et de libéralisme ont créé un monde moderne si fascinant, si séduisant, qu’en fin de compte même les Vicaires du Christ sur terre ont fini par se laisser persuader que c’était Notre Seigneur qui devait s’adapter à l’homme moderne, et non l’inverse. Mais Notre Seigneur et son Église n’ont pas besoin d’être modernisés : tout ce dont ils ont besoin, c’est d’être communiqués comme la Tradition catholique l’a toujours fait dans le passé. Et l’étonnant succès mondial de la Fraternité Saint Pie X de Mgr Lefebvre, au moins jusqu’à la mort de ce dernier en 1991, a prouvé que la présentation traditionnelle du Christ et de son Église peut encore prospérer en dépit de la modernité.
Qu’affirmait alors Mgr Lefebvre de l’autorité catholique moderniste ? Il disait que même les Papes catholiques restent en eux-mêmes des hommes faillibles, à moins qu’ils n’engagent leur Autorité infaillible, ce qu’ils ne peuvent faire qu’aux quatre conditions strictes et clairement énoncées dans la définition solennelle de l’Infaillibilité de 1870. Si ces quatre conditions ne sont pas réunies – et les papes conciliaires n’ont jamais réuni ces quatre conditions dans leur promotion des nouveautés conciliaires, alors les papes sont autant capables de se tromper que n’importe quel être humain ordinaire. Ainsi, les innovations modernistes de Vatican II ne peuvent en aucun cas bénéficier de la protection de l’infaillibilité pontificale, dont l’application pratique est extrêmement limitée.
Mais qu’en est-il des ordres du pape d’abandonner le rite traditionnel de la messe en latin ? Ne sommes-nous pas tenus de lui obéir ? Non, nous ne sommes pas tenus de lui obéir car de tels ordres ne sont pas légaux, comme l’a toujours dit Mgr Lefebvre et comme l’a toujours dit l’Église catholique. En effet, le pape n’a pas reçu de Dieu le pouvoir de décréter n’importe quoi. Car la loi se définit comme une ordonnance de la raison en vue du Bien commun, promulguée par ceux qui sont en charge de celui-ci. Donc si la loi n’est pas ordonnée au Bien commun, par exemple une loi prétendant légaliser l’avortement, elle n’est pas une loi du tout.
Par conséquent, le remplacement du Sacrifice de la Messe dans son rite le plus vénérable, le plus digne de l’Église catholique, en latin et centré sur Dieu, par un nouveau rite indigne, doctrinalement douteux, en langues modernes et inventé pour se centrer sur l’homme, est si manifestement opposé au véritable Bien commun de cette Église, que ce remplacement ne peut en aucun cas faire l’objet d’une véritable loi de l’Église. Padre Pio disait que notre planète Terre pouvait plus facilement se passer de la lumière du soleil que de ce Sacrifice. En conséquence, il n’est pas nécessaire d’obéir à une telle prétendue loi, peu important le nombre de fois où les papes Paul VI ou François ou leurs successeurs tenteront d’imposer une monstruosité de ce genre.
Kyrie Eleison
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