L'Union Européenne est-elle une "cause sociale et structurelle de pauvreté" dénoncée par Leon XIV dans Dilexit te ?
Selon Asselineau, " l'UE a posé comme "valeurs" le principe du divorce, de l'avortement, de l'ultralibéralisme, de la privatisation à outrance" qui sont contraires aux valeurs de l'Eglise. Il aborde la question de la béatification de Robert Schuman. Selon Asselineau, l'Eglise est donc trés engagée dans la construction européenne alors qu'elle constate la paupérisation des uns et l'extrême pauvreté des autres au profit d'une "toute petite minorité de multimilliardaires", ce qui conduit au creusement "exponentiel" des inégalités sociales.
Les explications de Thomas Piketty en lien avec Dilexit te sont en commentaires.
Fondement théologique Le titre Dilexit Te (“Il t’a aimé”) exprime que l’amour du Christ pour les pauvres appelle à transformer les structures de la société : L’amour de Dieu n’est pas abstrait : il exige un engagement concret contre la misère. La pauvreté devient un signe de rupture du lien d’amour et de fraternité dans la société. Ainsi, dénoncer les causes sociales et structurelles de la pauvreté propres aux structures internes de l'Union européenne revient à appeler à une conversion du cœur et des structures : une société fondée sur la fraternité, la justice et le partage. L’exhortation apostolique Dilexit Te dénonce la pauvreté non pas comme un simple problème moral individuel, mais comme le résultat de structures économiques, politiques et sociales injustes. Elle appelle à une transformation des systèmes qui créent l’exclusion, à travers la justice sociale, la solidarité et une économie centrée sur la dignité humaine. « Structures économiques injustes, mondialisation et inégalités : croisement entre Dilexit Te, Piketty et le cas de l’Union européenne » I. Diagnostic commun : la pauvreté n’est pas naturelle mais structurelle 1. Perspective de Dilexit Te a) La pauvreté découle de structures économiques et sociales injustes, non d’un manque individuel. b) Ces structures reposent sur des logiques de profit, d’accumulation et d’exclusion qui désintègrent la solidarité humaine. c) L’exhortation appelle à réformer les systèmes qui concentrent la richesse et marginalisent les plus fragiles. 2. Perspective de Thomas Piketty a) Depuis les années 1980, le capital s’est accru plus vite que les revenus du travail : r > g (rendement du capital > croissance économique). b) La mondialisation, combinée à la dérégulation et à la concurrence fiscale, a favorisé la concentration du capital. c) Les États ont perdu des marges de manœuvre fiscales et sociales, ce qui a réduit la redistribution et creusé les inégalités. Lien de causalité commun : → Structures économiques libérales et inégalitaires → appauvrissement relatif des classes moyennes et populaires → fragilisation sociale et morale → pauvreté structurelle. II. La mondialisation comme accélérateur de ces inégalités 1. Vision morale et sociale (Dilexit Te) a) La mondialisation est vue comme une accélération de l’exclusion, lorsque les flux de capitaux et de marchandises sont détachés des exigences de justice. b) Elle engendre une “culture du déchet”, où les pauvres deviennent invisibles. c) Le texte appelle à une mondialisation de la solidarité, pas seulement des marchés. 2. Vision économique (Piketty) a) La mondialisation a intensifié la concurrence entre travailleurs et entre États : b) Pression à la baisse sur les salaires ; c) Baisse des impôts sur le capital et les entreprises ; d) Transferts de production vers des zones à bas salaires. Résultat : hausse des inégalités internes, même si certaines inégalités entre pays ont diminué. Lien de causalité : «La mondialisation, lorsqu’elle s’organise sans règles redistributives, renforce les structures injustes → ces structures produisent pauvreté et exclusion. “Because regulation of globalization was not really organised in a way that would mitigate the rising inequality, and it’s not that impossible … you could also say, ‘Okay, but then we also want to have a minimum tax rate on corporate profits that operate in this area…’” Source : Piketty explains why wealth inequality is … Français (traduction) : « Parce que la régulation de la mondialisation n’a pas été vraiment organisée d’une manière qui atténuerait l’augmentation des inégalités, et ce n’est pas si impossible… on pourrait aussi dire : « D’accord, mais alors nous voulons aussi avoir un taux d’imposition minimum sur les bénéfices des entreprises qui opèrent dans cette zone… » III. Illustration : l’Union européenne comme structure économique révélatrice 1. L’Union européenne, un cadre de mondialisation régionale a) Fondée sur la libre circulation des capitaux, des biens et des services : moteur de concurrence fiscale et sociale. b) Les politiques économiques (pacte de stabilité, contraintes budgétaires, absence d’harmonisation fiscale) ont limité la capacité redistributive des États « “In the absence of such accords [on common taxes and democratic governance] the risk is that the race to the bottom will continue, fiscal dumping will increase, inequality will continue to rise...” Source : mdpi.com/2199-8531/8/2/76 Français (traduction) : « En l’absence de tels accords [sur les taxes communes et la gouvernance démocratique], le risque est que la course vers le bas continue, que le dumping fiscal augmente, que les inégalités continuent de croître... » 2. Lecture selon Piketty a) L’UE a favorisé l’intégration des marchés sans développer de fiscalité commune sur le capital. “Otherwise, we have created a very dangerous system, where a very large part of the population feel that they are not gaining from globalisation — they are not gaining in particular from European integration — and that people at the top, large corporations or people with high wealth and high income, get a better deal because the system … allows them to transfer their wealth to another jurisdiction and nobody can follow them.” Source : Capital and ideology: interview with Thomas … Français (traduction) — « Sinon, nous avons créé un système très dangereux, où une grande partie de la population a le sentiment de ne pas bénéficier de la mondialisation — et en particulier de l’intégration européenne — tandis que les personnes au sommet, les grandes entreprises ou les très fortunés obtiennent de meilleurs arrangements parce que le système… leur permet de transférer leur richesse vers une autre juridiction sans qu’on puisse les suivre. » b) Les pays riches de l’Union (Allemagne, Pays-Bas) bénéficient d’excédents commerciaux tandis que d’autres (Grèce, Espagne, Italie) subissent des déséquilibres structurels. 3. Lecture selon Dilexit Te a) Cette structure illustre une économie déshumanisée, où la performance prime sur la dignité humaine. b) L’absence de justice redistributive européenne engendre pauvreté, chômage et exclusion dans les régions les plus fragiles. c) L’exhortation appellerait à réorienter l’Union vers la solidarité, la justice fiscale et la cohésion sociale. Lien causal global (UE) : Logique de marché intégral → concurrence entre travailleurs et États → inégalités internes → appauvrissement relatif → pauvreté structurelle. «“If we don’t change quite fundamentally the way we organize relations within Europe, and more generally in the way we organize globalization — basically you cannot have free trade and free circulation of capital without any common taxation, without any common objective to reduce inequality, without any common and verifiable targets.” Source :Thomas Piketty: Willing EU countries should … Français (traduction) « Si nous ne changeons pas de façon assez fondamentale la façon dont nous organisons les relations au sein de l’Europe, et plus généralement la façon dont nous organisons la mondialisation — essentiellement, on ne peut pas avoir libre-échange et libre circulation des capitaux sans aucune fiscalité commune, sans aucun objectif commun pour réduire l’inégalité, sans aucune cible commune et vérifiable. » Conclusion Dilexit Te et Piketty convergent dans un même constat : la pauvreté contemporaine n’est pas un accident mais le résultat d’un ordre économique mondial injuste, amplifié par la mondialisation et incarné dans certaines structures comme l’Union européenne : Thomas Piketty : « “Inequality is neither economic nor technological; it is ideological and political.” Source : « Capital and Ideology Quotes by Thomas PikettyFrançais (traduction) : « L’inégalité n’est ni économique ni technologique ; elle est idéologique et politique. » « Les structures d’injustice doivent être reconnues et détruites par la force du bien, par un changement de mentalités, mais aussi … par le développement de politiques efficaces pour la transformation de la société. » ( Dilexit te § 97) Dilexit Te et Piketty convergent dans un même constat : la pauvreté contemporaine n’est pas un accident mais le résultat d’un ordre économique mondial injuste, amplifié par la mondialisation et incarné dans certaines structures comme l’Union européenne.
En Iran, les femmes qui sont souvent au travail à l'extérieur du foyer, comme en Occident ont eu longtemps accès à des moyens contraceptifs. Le gouvernement a changé d'avis sur le sujet récemment à cause du faible nombre de naissances. Et en Russie, il y a toujours l'avortement, le divorce etc et nous sommes tous dans le mondialisme qui s'est révélé avec le COVID. 99% des pays ont appliqué la dictature sanitaire. S'il y a quelques différences dans les politiques (qui sont faibles au final), c'est sans doute pour des différences culturelles.
@Moira Forest La question posée ne releve pas de la theologie morale matrimoniale mais de la theologie morale economique, telle que développée par Leon....XIII
Ignorer et passer au contenu Vous avez dit : Thomas Pikettya établi un lien entre lecreusement des inégalités au sein des économies nationaleset ledéveloppement de la mondialisation, mais il le fait d’une manière nuancée et fondée sur des données historiques. Voici les points essentiels de son analyse : 1. Les inégalités internes se creusent depuis les années 1980 Dans Le Capital au XXIᵉ siècle (2013) et Capital et idéologie (2019), Piketty montre que : Après la Seconde Guerre mondiale, la plupart des pays développés ont connu une période de réduction des inégalités grâce à l’État-providence, à la fiscalité progressive et à la croissance partagée. À partir des années 1980, les inégalités de revenus et de patrimoine ont recommencé à augmenter, en particulier dans les pays anglo-saxons (États-Unis, Royaume-Uni), mais aussi ailleurs. 2. La mondialisation économique comme facteur amplificateur Piketty ne dit pas que la mondialisation cause mécaniquement les inégalités, mais qu’elle accentue certains mécanismes : Concurrence fiscale et salariale internationale : Les États ont été mis en concurrence pour attirer capitaux et entreprises, ce qui a conduit à une baisse de la fiscalité sur les hauts revenus et le capital, fragilisant les politiques redistributives. Délocalisations et pressions sur les salaires : L’ouverture commerciale et la libéralisation des échanges ont favorisé le transfert de certaines productions vers des pays à bas salaires, ce qui a freiné la progression des salaires dans les pays riches et contribué à la montée des inégalités internes. Inégalités mondiales vs inégalités nationales : Piketty souligne une distinction importante : la mondialisation a réduit les inégalités entre pays (notamment grâce à la croissance de la Chine et de l’Inde), mais augmenté les inégalités au sein de la plupart des pays. 3. Le rôle des choix politiques et institutionnels Pour Piketty, la montée des inégalités n’est pas une fatalité économique, mais le résultat de politiques néolibérales : Réduction de la progressivité de l’impôt ; Privatisations et affaiblissement des services publics ; Dérégulation financière. Ainsi, la mondialisation n’explique pas tout : ce sont les institutions et les politiques adoptées dans chaque pays qui déterminent comment ses effets se traduisent en termes d’inégalités. Or les principes de l'Union Européenne s'inscrivent clairement dans une acceleration de la mondialisation...
L'Iran et la Russie suivent-ils la théologie morale ? J'en doute, surtout que ces pays ne sont pas catholiques. Ils sont sans doute "moins avancés" dans le processus de désintégration en cours, mais c'est tout. Que l'UE soit un machin complètement mondialiste, oui, je n'ai pas dit le contraire. Mais on voit qu'un pays comme le Royaume Uni qui est sorti de l'UE continue néanmoins le processus mondialiste.
"Mais on voit qu'un pays comme le Royaume Uni qui est sorti de l'UE continue néanmoins le processus mondialiste." Vous avez raison mais on n'est bien obligé aussi de constater que les britanniques sont, depuis le Brexit, gouvernés par des traitres. Le parti de Nigel Farage pourrait bien mettre fin à ces trahisons si les élections n'etaient pas repoussées par ces memes traitres.