S.-Th. Bonino #10 : Cette partie de la Somme n'est-elle pas trop spéculative ?
On est jamais trop spéculatif.
Ce qu’on reproche souvent à cette partie de La Somme, c’est d’être trop philosophique, d’utiliser trop de concepts philosophiques.
Je tiens à mettre les choses au point : il doit être clair que Le Traité de Dieu dans La Somme de théologie n’est pas un traité de philosophie. C’est un traité de théologie.
Un traité de théologie
D’abord parce que il y a des questions qui manifestement sont des questions théologiques. Dans ce traité vous avez des questions sur la justice et la miséricorde dans l’action de Dieu, ce qui est une question théologique.
Vous avez des questions sur la prédestination, c’est-à-dire cette action de la Providence qui conduit les hommes jusqu’au Salut, c’est totalement théologique, jusqu’à la Vision Béatifique : il n’y a pas plus théologique que la Vision Béatifique. Donc, nous ne sommes pas en philosophie !
Souvent, on cru que st Thomas …More
Souvent, on a cru que st Thomas traitait d’abord de Dieu en philosophe et ensuite passait avec la Trinité à des considérations théologiques. C’est archi-faux, tout est théologique dans La Somme de théologie, comme son nom l’indique.
Les concepts que st Thomas forment sont formés au contact d’une méditation de l’Écriture sainte.
Contrairement à une tendance qui s’est développée dans la théologie contemporaine, surtout de nature protestante, il n’y a pas eu une chute de la théologie catholique dans l’hellénisme ou dans la philosophie grecque.
Ce sont les pères de l’Église, puis les scolastiques qui se sont servis de ce qu’il y a de vrai dans la philosophie grecque pour rendre raison au mieux de ce que l’Écriture nous enseigne du mystère de Dieu.
Il ne s’agit pas du tout d’une contamination du christianisme par la philosophie grecque, mais au contraire d’une transfiguration de la philosophie au service de l’intelligence de la foi !